Petit reclassement d'une fic offerte à Vaunie l'an dernier...
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Anthony E. Zuiker. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Restons amants
- Nick…
Le policier se retourna, les larmes aux yeux, regardant l’homme qu’il aimait et lisant tous les regrets qu’il ressentait de son comportement. Son cœur se serra à cette vue et l’espace d’un instant il eut envie de revenir sur ses pas, de prendre Greg dans ses bras et de lui dire que tout irait bien, qu’il pardonnait, qu’il oublierait.
Mais la blessure était trop fraiche, il avait trop mal. Imaginer cet homme tenir son compagnon dans ses bras, fermer les yeux et voir ses mains courir sur le corps tant aimé…
Non, c’était au-dessus de ses forces !
- Pas maintenant Greg… S’il te plaît… Pas maintenant…
Qu'un jour les choses le temps pas rose
Les événements nous imposent
La fin des sentiments
Qu'un jour se suivent les invectives
Les égarements la dérive
Chacun séparément
Il était sorti et la porte avait claqué derrière lui, comme un coup de feu, le coup de feu qui portait un coup mortel à leur amour.
Greg se laissa tomber sur le canapé, ne cherchant plus à retenir les larmes qui l’étouffaient. Pour la millième fois depuis que c’était arrivé il se demanda pourquoi : pourquoi il avait cédé, pourquoi il avait, l’espace d’une heure, oublié qu’un homme l’aimait plus que lui-même, un homme qui ne lui avait jamais rien demandé d’autre que le respect et la fidélité. Un homme qui lui avait accordé une confiance qu’il avait piétiné sans vergogne !
Et si Nick partait… S’il le quittait ? Si plus jamais l’appartement de retentissait de son rire, de ses blagues, certes pourries, mais dont il ne pouvait plus se passer, parce qu’elles étaient lui, lui… l’homme qu’il aimait… l’homme qu’il venait de trahir.
Quoi qu'il arrive restons amants
Restons amants des hôtels sombres
Des rendez-vous dissimulés
Où vont s'entrelacer les ombres
Aux dangers mélangées
Pourtant tout allait bien pour eux. Il y avait maintenant près d’un an qu’ils avaient enfin dévoilé leur liaison à leurs amis et leurs familles et nul ne s’était détourné d’eux. Certains avaient même simplement souri en leur disant qu’il était plus que temps qu’ils annoncent enfin ce qui finissait par n’être qu’un secret de Polichinelle !
Il se souvenait de leur aménagement dans cet appartement et de tout le bonheur qui avait alors brillé dans leurs yeux. Finis les rendez-vous à la sauvette ! Finis les petits matins où ils se quittaient pour arriver chacun de leur côté au boulot ! Finie la frustration de ne pas oser se toucher devant les autres ! Finie cette auto-surveillance à laquelle ils s’astreignaient depuis si longtemps !
Désormais ils vivraient leur vie au grand jour et ils n’auraient plus rien à cacher !
Et aujourd’hui… aujourd’hui…
Restons amants des plages vides
Où novembre aimait nous jeter
Laissons frémir aux vents avides
Les lèvres dérobées
Il avait suffi d’une heure pour tout faire basculer ! Le regard de cet homme sur lui, la proximité de son corps, la fragrance d’une eau de toilette entêtante… et Nick… Nick qui était parti depuis cinq semaines et sa peau qui avait faim de lui…
Il avait suffi de quelques minutes d’ivresse, d’une perte de contrôle…
Et lorsque les sens enfin assouvis il s’était réveillé dans les draps froissés, il avait su qu’il venait de faire la pire des erreurs de son existence, celle qui pourrait lui coûter son amour et la vie qu’il avait enfin réussi à se bâtir.
Pourquoi ? Que lui avait-il manqué ? Qu’avait-il cherché ? Quel démon l’avait poussé dans ces bras inconnus ? La peur d’être comme les autres ? Le besoin de se sentir désirable ? Le sentiment qu’il avait perdu quelque chose dans cette vie bien rangée qui était désormais la leur ?
Et s’il avait tout gâché, tout perdu ? Et si jamais plus il n’y avait de lendemains pour eux ?
Même si les gares si les regards
Indifféremment nous séparent
De plus en plus souvent
Même si se tiennent ta main la mienne
Pour la fin des temps que nos vies deviennent
Celles de tous les gens
Nick… Son odeur, sa peau, son corps, ses yeux, ses mots, son rire…
Nick… sa douceur, son amour, sa gentillesse, sa bonté, sa tendresse…
Nick…
Tous ces jours à le désirer, à lutter, à s’approcher, à s’éloigner… Tous ces jours à avoir peur de construire quelque chose : peur du regard des autres, peur de ses propres sentiments, peur de décevoir, peur d’entreprendre, peur d’être simplement lui-même…
Tous ces mois à construire une relation qu’il voulait durable, à se rassurer, à se persuader qu’il était celui qu’il cherchait depuis la nuit des temps, l’autre moitié de son âme, sa chance et sa rédemption…
Tout ce temps partagé…
Tout cela balayé en quelques minutes, pour une étreinte sauvage qui lui avait simplement laissé un goût amer en bouche et un vide béant dans le cœur…
Quoi qu'il advienne restons amants
Restons amants des impatiences
Des minutes qui sont comptées
Des trésors de ruse et de science
Pour se retrouver
Il aurait pu, il aurait dû se taire… Mais se taire c’était ajouter la trahison à la trahison. Se taire c’était mentir encore, se sentir encore plus sale, encore plus abject.
Se taire c’était creuser la tombe de leur amour parce qu’il n’en pouvait plus de voir Nick aux petits soins pour lui, de l’entendre lui murmurer combien il l’aimait, combien il lui était précieux, de le voir le regarder comme si jamais il ne pourrait faillir.
Se taire c’était être indigne de lui, d’eux, de tout ce qu’ils voulaient construire.
Alors il avait parlé. Il avait parlé et il avait vu l’étincelle s’éteindre dans les yeux de son amour avant que celui-ci ne laisse filtrer une larme, avant que la colère ne l’emporte, avant qu’il ne lui jette ces mots si douloureux et tant mérités.
Il avait parlé et il avait froid dans la solitude de l’appartement vide.
Restons amants des corps à corps
Des peaux qui savent où se trouver
Laissons les coeurs qui battent encore
L'un à l'autre mêlés
- Pourquoi ?
Il sursauta, n’ayant pas entendu son compagnon rentrer. Celui-ci était devant lui : il n’y avait plus de colère sur son visage, mais une telle tristesse que son cœur flancha de savoir qu’il était responsable de cette souffrance et qu’il ne pouvait même pas expliquer pourquoi, même pas répondre à cette question si simple et si légitime.
- Je ne sais pas…
- Je ne te suffis pas ?
Il se jetait contre lui, l’enlaçant pour le rassurer : bien sûr qu’il lui suffisait ! Il avait tout ce qu’il fallait pour le combler !
Nick se reculait, défaisant l’étreinte, plongeant son regard dans le sien comme pour lire au fond de son âme :
- Est-ce que tu m’aimes ?
Bien sûr qu’il l’aimait ! Comme un damné ! Il était sa raison de vivre, son oxygène, son phare, son abri ! Il était tout ce dont il avait rêvé depuis qu’il rêvait de vie à deux ! Il était celui avec lequel il voulait bâtir quelque chose de solide, de durable, de ces amours qui défient le temps et les éléments !
- Je ne sais pas pourquoi ! Je ne sais pas ce qui s’est passé ! Je sais simplement que je t’aime ! Je t’aime plus que tout ! Sans toi je ne suis rien ! Et si je t’ai perdu ! Si tu ne veux plus de moi…
Les mots s’étranglaient dans sa gorge et soudain il fut contre lui, sentant son cœur battre la chamade, ses doigts s’immiscer sous sa chemise, ses mains commencer à courir sur son corps…
C’était plus un besoin primal : celui d’affirmer qu’il était à lui et que personne jamais ne pourrait le posséder comme lui le possédait, que nul ne saurait l’amener aussi haut qu’il l’amenait, qu’aucun autre homme ne serait capable d’imprimer son empreinte sur lui et en lui…
La petite mort
L'éternité...
- Pardonne-moi…
Nick ne répondit pas. Il ne savait pas encore s’il aurait la force d’oublier, le courage de pardonner. Il ne savait pas si un jour il arriverait à gommer les images que Greg lui avait mises en tête par son aveu.
Mais il savait que sans lui sa vie serait vide et vaine…
Greg avait fait une erreur… Ils allaient devoir apprendre à vivre avec. Après tout ils se l’étaient promis : pour le pire et pour le meilleur.
Ils venaient de traverser le pire. Il leur restait le meilleur.
FIN
Chanson de Maxime Leforestier