Un petit cadeau pour remercier Cali d'avoir réparé notre fofo...
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Ann Donahue & Anthony E. Zuiker. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Parle plus bas
Ils avaient fait l’amour tendrement, longuement, s’enivrant mutuellement du corps de leur partenaire, vibrant sous les caresses, ces touches qui venaient effleurer les endroits les plus sensibles, éveiller leur ardeur, faire monter graduellement leur plaisir jusqu’à l’explosion finale dans deux cris qui se confondaient. Ils se savaient par cœur maintenant : chacun était capable de dire quel geste allait faire décoller son amant, quelle caresse allait entretenir son désir ou alimenter sa frustration. Ils savaient jusqu’aux réactions les plus intimes de ce corps qu’ils exploraient sans se lasser, comme un musicien découvre toujours de nouvelles sonorités à son instrument de prédilection.
Ils reposaient, blottis l’un contre l’autre, humant la fragrance de leurs peaux en sueur, leurs doigts enlacés comme s’ils craignaient qu’on ne les arrache l’un à l’autre. C’était l’un de ces moments où ils se sentaient exister et où leur amour devenait presque palpable. L’un de ces moments où l’on se sent invulnérable.
- Amour…
- Oui ?
- Et si nous leur parlions. Il est temps tu ne crois pas ?
Il lut dans le regard de son compagnon les mots qu’il ne formulait pas.
Parle plus bas car on pourrait bien nous entendre
Le monde n'est pas prêt pour tes paroles tendres
Le monde n'est pas prêt pour nous
Il dirait tout simplement que nous sommes fous
Don soupira, se détacha un peu de son amant. Il n’en pouvait plus de vivre dans le secret. Il lui semblait que celui-ci salissait leur amour.
Pourtant il s’était promis d’être patient, de ne pas bousculer celui qu’il aimait.
Celui qu’il aimait…
Six mois plus tôt il n’aurait même pas pensé être capable de formuler ces mots : « celui que j’aime ». Il s’était cantonné dans cette attitude amicale, un peu distante, qui semblait convenir à Mac, la juste attitude qui seyait à un lieutenant de la police new-yorkaise envers le directeur des services scientifiques avec lequel il était amené à collaborer quotidiennement. Il avait réussi à étouffer ses désirs, ses élans, ses souffrances pour se composer cette armure qu’il comptait porter jour après jour jusqu’à ce qu’il prenne sa retraite ou qu’un malfrat un peu plus hargneux, un peu plus habile que les autres, le couche à son tour dans quelque caniveau de cette ville qu’il avait juré de défendre.
Mais la blessure de Mac avait tout changé : lorsqu’il l’avait vu, sur ce lit d’hôpital, luttant pour sa survie, toutes ses craintes, toutes ses hésitations s’étaient envolées. Il n’était plus resté que cette terreur sans nom : et s’il mourait, s’il mourait sans jamais avoir su ?… Il s’était alors juré de se faire violence et de lui avouer ses véritables sentiments, quitte à mettre en péril leur amitié, quitte à devoir partir loin de cette ville qu’il aimait, loin de cet homme qu’il adorait.
Leur premier regard, lorsque Mac était revenu parmi eux, avait fait s’envoler toutes ses craintes. Il avait lu dans les prunelles du scientifique, trop faible pour être sur ses gardes, un amour semblable au sien, et la même peur de partir sans avoir dit les mots qui importaient.
Ces mots ils se les étaient dits dans le secret de la nuit, alors qu’il restait auprès de lui tandis que les autres membres de l’équipe rentraient. Des mots qui résonnaient encore dans sa tête et qui l’aidaient les jours où tout paraissait plus compliqué entre eux.
Parle plus bas mais parle encore
De l'amour fou de l'amour fort
La suite avait semblé allé de soi : Mac était sorti de l’hôpital et était rentré chez lui où Don lui rendait régulièrement visite. Ils avaient parlé encore, mis à nu leurs cœurs, ces deux grands pudiques qui craignaient autant les sentiments que leur expression. Mais ils avaient besoin de se rassurer, besoin d’être sûrs, besoin de savoir que l’autre n’était pas guidé par un sentiment d’amitié exacerbée que la proximité de la mort avait faussé.
Leurs raisons avaient finalement capitulé devant leurs cœurs et surtout devant leurs corps. Ils s’étaient apprivoisés petit à petits, découvrant leur pouvoir sur l’autre, apprenant les moindres gestes, les plus petites effleurements, les baisers légers, les caresses intimes qui les amenaient à ce plaisir durant lequel ils ne faisaient plus qu’un. L’ivresse du pouvoir sur l’autre les avait grisés mutuellement : l’entendre gémir, supplier, le voir se tordre sous ses mains, lui qui, habituellement était tout en maîtrise et retenue, c’était un aphrodisiaque plus puissant que n’importe quelle substance.
Six mois… six mois de bonheur et de douceur, entachés par cette clandestinité que Don ressentait de plus en plus comme une tache à leur amour.
Parle plus bas car on pourrait bien nous surprendre
Tu sais très bien qu'ils ne voudraient jamais comprendre
Que dans nos coeurs moi, j'ai trouvé
Ce que le monde refusait de nous donner
- Ils ne pourraient pas comprendre…
Mac s’était rapproché de lui, le serrait dans ses bras, conscient de l’avoir blessé par son silence presque plus que par un refus net qu’il aurait pu tenter de contrer.
Don se retourna pour lui faire face et plongea ses yeux dans les siens pour tenter de lire au fond de son âme : la crainte de son amant était-elle due plus à la peur de la réaction des autres ou à ses propres réticences à avouer qu’il aimait un homme ? Après tout, ancien militaire, le patron du service scientifique avait sans doute gardé quelques réflexes de l’armée, le fameux Don’t Ask Don’t Tell…
- Non… N’y pense même pas ! rétorqua Mac à son interrogation muette. Je n’ai pas honte de t’aimer et je serai prêt à l’assumer devant tous. J’ai simplement peur de ce qui pourrait arriver si nous parlons : qu’en dira l’équipe ? Et tes coéquipiers ? C’est surtout pour toi que les choses pourraient être difficiles : tu sais que les flics new-yorkais ne brillent par particulièrement par leur tolérance envers les homosexuels.
- Je suis assez grand pour me défendre.
- Mais je ne veux pas que tu sois en danger, je ne le supporterai pas.
Il le serrait plus fort contre lui comme s’il ne pouvait pas s’en empêcher, comme si l’idée même que l’homme qu’il aimait puisse un jour se trouver en danger lui était insupportable. Leurs lèvres se joignirent dans un baiser presque désespéré tandis qu’ils se parlaient dans le silence de leurs souffles qui s’accéléraient.
Parle plus bas mais parle encore
de l'amour fou de l'amour fort
Encore trois mois passés, trois mois à s’aimer, à se désirer, à goûter ce bonheur simple d’être simplement tous les deux, à savoir qu’on comptait plus que tout pour au moins un être au monde, à se sentir exister dans ses yeux…
Mais la discussion revenait bien souvent entre eux : fallait-il ou non parler ? Fallait-il oser prendre le risque de se dévoiler, de livrer leur bonheur tout neuf en pâture aux méchants, aux jaloux, aux fielleux ? Fallait-il enfin proclamer à la face de tous qu’ils s’aimaient et qu’ils étaient heureux l’un par l’autre ? A bouleverser leur fragile équilibre, ne risquaient-ils pas tout simplement de tout perdre ?
Mac s’inquiétait surtout pour son amant : dans leur milieu l’homosexualité n’était pas franchement le nec plus ultra des tendances et il savait que, plus que lui, Don serait en bute aux exactions en tout genre : l’imagination des imbéciles pétris de la conviction qu’un couple c’est un homme et une femme et qu’un flic gay n’est pas fiable n’avait aucune limite pour pousser le collègue incriminé au départ, mutation ou démission ; et si ça ne suffisait pas… un accident est si vite arrivé quand on est flic dans une ville aussi dangereuse que la grosse pomme !... Pour sa part, le chef de la section scientifique ne pensait pas risquer grand-chose : il imaginait mal son équipe, en tout cas ceux qui comptaient pour lui au sein de celle-ci, s’offusquer de son mode de vie. Que ce soit Danny, Lindsay, Sheldon, Adam, Sidney ou Jo, aucun ne lui avait jamais semblé homophobe. D’un autre côté il n’était pas naïf au point de croire qu’il n’y a pas une marge entre tolérer et accepter, mais il se sentait de taille à remettre à sa place n’importe quel fâcheux qui tenterait de l’attaquer sur sa vie privée. Certes il y aurait peut-être un moment délicat à passer avec le chef de la police, mais celui-ci était un politique trop averti pour risquer d’être accusé d’homophobie en prenant des sanctions à son égard à cause de son coming-out. Bien sûr, il y avait ensuite mille façons de prendre en faute un élément qu’on jugeait perturbateur ou gênant, mais là encore Mac pensait avoir les épaules assez larges et assez de bouteille pour ne pas se laisser prendre au piège. Et quand bien même il perdrait son emploi il s’en fichait : seul le bonheur de Don comptait à ses yeux.
Mais pour ce dernier les choses risquaient d’être beaucoup plus compliquées parce qu’il n’occupait pas la même position de force que son amant et qu’il risquait d’être quotidiennement moqué, harcelé, voire agressé, sans compter les langues de vipères qui insinueraient que sa liaison avec le chef de la section scientifique lui ouvraient des portes quand d’autres crieraient au conflit d’intérêt !
Don, lorsque son compagnon lui faisait part de ses craintes, lui affirmait qu’il tiendrait le coup, que pour lui il était prêt à affronter le diable en personne !
Mais la crainte ne s’efface pas d’un coup de chiffon !
Parle plus bas car on pourrait bien nous entendre
Tu sais très bien que nous ne pouvons rien attendre
De ceux qui ont fait des chansons
Sans un "je t'aime" ou l'amour rime avec raison.
« Alors il vous en aura fallu du temps ! »
Un grand éclat de rire répondit à l’apostrophe de Sheldon qui leva son verre en direction du couple souriant.
Les deux hommes n’en revenaient pas : ainsi c’était si facile ! Eux qui se faisaient une montagne de cette révélation !
Mac souriait largement, couvant son compagnon du regard : ils étaient passés si près du désastre quand cette bombe avait explosé quelques jours plus tôt ! Il frissonna au souvenir de sa terreur quand il croyait que Don n’avait pas pu sortir du bâtiment, du vide qui s’était installé en lui lorsqu’il avait pensé que le sort le frappait de nouveau en lui arrachant celui qui faisait son bonheur. Mais cette fois-ci le destin s’était montré clément : Don avait pu s’abriter à temps et il en était quitte pour une sérieuse commotion.
De tout ce qui s’était passé entre le moment où l’explosion s’était produite et celle où un médecin était venu le rassurer sur l’état de l’homme qu’il aimait, il ne gardait qu’un souvenir flou : mais il savait que sa terreur avait parlé pour lui et que chacun des membres de son équipe était désormais au courant de ce lien qu’il y avait entre lui et le policier, chacun des membres de son équipe et chaque personne présente sur les lieux d’ailleurs ajouta-t-il en grimaçant légèrement en se remémorant combien il avait perdu son sang froid et les mots qu’il avait hurlé tandis qu’il s’élançait pour retrouver son amant malgré les injonctions des secouristes.
Et lorsqu’enfin on lui avait permis de se rendre au chevet de Don, il l’avait pris dans ses bras et embrassé tendrement sur les lèvres, sans se soucier de ceux qui l’avaient suivi et qui s’étaient contentés de sourire à la scène, simplement heureux pour eux.
Simplement heureux pour eux…
Finalement le monde n’était pas si noir qu’il l’avait cru et désormais ils pouvaient marcher ensemble à visages découverts pour affronter les lendemains difficiles.
FIN