Je sais: trouver du
Torchwood en hétéro ça paraît un peu bizarre non? Mais il se trouve que Dobby, a qui était destinée cette petite fiction, aime ce couple (que je ne connais pas plus que je ne connais Jack/Ianto à vrai dire, mais j'ai plus de référence fanfictives avec ces deux-là qu'avec ceux ci)... Donc voilou...
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Russel T Davies. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
C’est pas facile d’aimer
- Pourquoi ne pourrions-nous pas avoir une chance ?
- Quelle chance ? Avec la vie que nous menons, que veux-tu espérer ?
Elle l’avait regardé sans mot dire avec infiniment de tristesse au fond de ses yeux bruns, puis elle s’était détournée et était repartie s’installer devant son écran.
Owen donna un coup de poing rageur sur la table. Il s’en voulait tellement de lui avoir fait du mal, mais d’un autre côté, ne valait-il mieux pas souffrir un peu maintenant que beaucoup, plus tard, lorsqu’inévitablement la vie les rattraperait et leur ferait payer les quelques minutes de bonheur qu’ils lui auraient arrachées ?
Quand on est petit on a envie d'être embrassé
Et puis on vieillit, on tue sa vie, on est pressé
Et de maladresse en erreur on suit des sentiers
Où le mot bonheur tombe à côté.
- Tu es un idiot, tu le sais ça ?
Owen jeta un regard assassin à son chef qui venait de pénétrer dans l’infirmerie et de lui jeter ces mots définitifs. Il ne fit pas semblant de ne pas comprendre ce qui lui valait cette apostrophe, il se contenta d’attaquer de son côté.
- Ca te va bien de dire ça ! Crois-tu que ton comportement avec Ianto soit un modèle du genre ?
- Non et je le sais fort bien. Mais ce n’est pas parce que je suis stupide que tu es obligé de l’être aussi. En tant que médecin, tu devrais savoir que l’idiotie n’est pas contagieuse !
Malgré lui il réussit à sourire : Jack avait vraiment le don pour savoir quoi dire au bon moment. Puis il reprit son sérieux :
- Enfin… Ce n’est pas à toi que je vais devoir expliquer toutes les raisons pour lesquelles nous deux ce n’est pas possible.
C'est pas facile d'aimer comme on le voudrait
C'est pas facile d'aimer comme on le croyait
- Et tu sais aussi bien que moi que toutes ces raisons ne sont finalement que de foutues excuses parce que tu crèves de trouille de t’engager.
Il lui fit face, les yeux brillants de colère et répliqua un ton plus haut :
- Tu veux que je te dise que j’ai peur ? Alors je te le dis : oui j’ai peur ! Oui, comme tu le dis si bien, je crève de trouille ! Avec ce que l’on vit et ce que l’on voit, comment pourrai-je oser lui proposer de partager ma vie ? Combien de temps cela durera-t-il ? Nous ne sommes pas immortels nous, ni l’un ni l’autre. Combien de fois déjà a-t-elle failli perdre la vie ? Combien de fois suis-je passé à côté du pire ? Et si je pars le premier : dois-je la condamner au chagrin ? Imagine que nous ayons un enfant : quel avenir aura-t-il sans l’un ou l’autre de ses parents ? Et si c’est elle qui me laisse… Et puis il y a tout ça… Notre boulot… J’ai tellement, tellement de responsabilités, tellement d’études, de recherches qui accapare mon temps. Que me restera-t-il pour elle, pour nous ?
Face au temps qui passe on oublie quelques illusions
On est face à face avec : je vis et nous vivons
Quand il faut choisir entre mes amours et le tien
Je sens l'avenir très incertain.
- Comme tu l’as si bien dit, je suis immortel et justement parce que je le suis-je connais le poids de la solitude. Je connais le chagrin de perdre ceux qu’on aime. Mais entre le bonheur de vivre un amour et la douleur de le perdre, je choisirai toujours de tenter ma chance. Quel que soit le temps qui vous serait donné, tu aurais la chance de vivre avec elle, de t’endormir et de t’éveiller à ses côtés. Si elle part avant toi, tu chériras tous ces moments qui vous auront été donnés. Si c’est toi qui la quitte, elle aura aussi sa part de bonheur à se repasser et peut-être votre enfant pour lui rappeler ce qui aura été. Mais si demain elle venait à mourir tu n’aurais rien, rien que des regrets, rien que ces lancinants « si j’avais su… » et la nostalgie de ce qui aurait pu être.
- C’est si compliqué.
C'est pas facile d'aimer comme on le voudrait
C'est pas facile d'aimer comme on le croyait
- Rien n’est jamais facile Owen, le bonheur ne se décrète pas, il ne se cueille pas comme un fruit : il se gagne de haute lutte. A toi de savoir si tu veux prendre le risque d’être heureux, même pour peu de temps, ou si tu préfères vivre la grisaille pour le reste de ta vie.
Le médecin regarda son leader, puis soudain il tourna les talons et se dirigea vers le bureau de l’informaticienne et Jack sourit, sentant qu’il avait remporté cette bataille.
- Tosh…
La Japonaise leva les yeux vers lui et il vit qu’elle avait pleuré. Son cœur se serra : comment pouvait-il lui avoir fait du mal, lui qui aurait tout donné pour son bonheur.
- Tosh… Pardonne-moi… Je ne suis qu’un idiot. Si tu savais comme je t’aime ! Tellement que j’ai eu peur.
Quand on s'accompagne à vivre à deux le quotidien
C'est l'autre qui gagne même si on a tout dans les mains
Je te dévisage le coeur au bout de mes regrets
Tu es le voyage de mes après.
Elle le regardait, les yeux brillants et il s’inquiéta de son silence :
- Tu m’en veux encore ?
Alors elle se leva et vint se lover dans ses bras :
- Non grand idiot ! Non je ne t’en veux pas. Mais tu n’as pas intérêt à me refaire un coup comme ça ! Tu crois que ça m’a été facile de me jeter à ton cou comme je l’ai fait tout à l’heure ?
- Tu t’es jetée à mon cou, vraiment ? plaisanta-t-il pour tenter de masquer le trouble qui l’envahissait au contact de son corps souple contre le sien.
Elle lui donna un petit coup de poing sur l’épaule en guise de représailles tout en répliquant :
- Tu sais très bien de quoi je parle Owen Harper ! Je t’ai déclaré mon amour ! C’est très inconvenant dans ma culture qu’une femme fasse le premier pas ! Je t’ai déclaré mon amour et tu m’as rejetée !
C'est pas facile d'aimer comme on le voudrait
C'est pas facile d'aimer comme on le croyait
Il y avait un petit tremblement dans sa voix qui le fit resserrer son étreinte autour d’elle :
- Je suis désolé ! J’ai été un sombre idiot ! Je crois que je ne te mérite pas.
- Ca c’est sûr ! Seulement le hic c’est que je suis folle de toi !
- Folle de moi ? Vraiment ?
Il y avait un sourire dans sa voix et dans ses yeux tandis qu’il la repoussait à bout de bras pour plonger ses prunelles dans les siennes.
- Vraiment, renvoya-t-elle avec une moue mutine qui lui donna envie d’écraser ses lèvres sur les siennes.
Pourtant il devait être sûr qu’elle savait ce à quoi elle s’engageait :
- Tu sais que ce ne sera pas tous les jours facile et…
- Je déteste la facilité ! le coupa-t-elle. Rien n’a jamais été facile mais à deux je suis sûre que nous pouvons y arriver.
C'est pas facile d'aimer comme on le voudrait
C'est pas facile d'aimer comme on le croyait.
- A deux…, répéta-t-il d’un ton songeur.
- Oui… toi… et moi…
- Toi et moi…
- Toi et moi…
Elle était venue se poser sur son torse, à cet endroit qui semblait être fait juste pour elle et il referma les bras sur son corps frêle, se sentant soudain investi d’une mission sacrée : la protéger et la rendre heureuse. Elle leva son visage vers lui, quémandant un baiser qu’il lui accorda, connaissant enfin l’ivresse de goûter ses lèvres tendres, de découvrir sa bouche parfumée. Quel idiot il avait été de laisser passer tout ce temps !
Du haut de la passerelle, Jack les regardait en souriant : depuis le temps que ces deux-là se tournaient autour, il était temps qu’ils se trouvent enfin. Et à propos de se trouver, il devait mettre la main sur son Gallois parce que c’était bien beau de donner des leçons de morale à ses troupes, ce serait encore bien mieux que de les appliquer lui-même !
Ni Tosh ni Owen ne se rendirent compte de son départ, pas plus qu’ils ne l’avaient vu à son poste d’observation. Ils étaient dans leur monde, un monde où la peur et la souffrance avaient disparu pour ne laisser la place qu’à l’amour.
FIN
Chanson de Daniel Guichard