Reclassement de la fiction offerte l'an passée à Edw7625 pour son anniversaire.
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de:
Hubert Besson, Georges Desmouceaux, Bénédicte Achard, Magaly Richard-Serrano & Olivier Szulzynger. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Un jour ou l'autre
Il y avait tellement, tellement de choses qu’il aurait aimé lui dire encore, tellement de mots qu’il aurait voulu lui adresser pour lui faire savoir combien il regrettait, combien il espérait. Il y avait eu entre eux tellement de malentendus, tellement de non-dits ou de trop dit !!!
Il se tenait là, ne sachant pas s’il devait aller de l’avant où retourner sur ses pas. Il n’était pas sûr qu’il faisait le bon choix, ne savait pas si la vie lui offrirait une seconde chance. Il était déchiré entre deux émotions, deux tentations, deux volontés…
Puisque tu sais le temps qu'il m'a fallu
Pour arriver au coin de ta rue
Puisque derrière tes paupières baissées
Tu as suivi les routes où j'ai marché
Puisque tu vois la couleur de mes nuages
Et les photos qui rient dans mes bagages
Je garderais tous ces morceaux de nous
Que tu as laissés cassés un peu partout...
- Peut-être que j’aurais dû oser aller jusqu’au bout ce jour-là. Peut-être que si j’avais osé aller frapper à ta porte…
Il lui parlait en lui tenant la main, même s’il savait qu’il ne lui répondrait pas, qu’il ne l’entendait même pas. Il lui disait tous ces mots qu’il avait trop longtemps retenus, toutes ces pensées qui occupaient sa tête, ses désirs, ses remords, son chagrin…
Il essayait de s’expliquer, de se faire pardonner…
- Si seulement on pouvait revenir en arrière mon amour… Si seulement je pouvais changer les choses, faire d’autres choix, emprunter d’autres chemins. Mais où que tu sois maintenant, je sais qu’un jour, forcément, je te rejoindrai.
Un jour ou l'autre, on se retrouvera
Comme un matin d'enfance
Un jour tout autre, on se reconnaîtra
Pour une autre danse...
Il y avait tout ce monde debout autour de la fosse : les amis, les parents… Elodie qui pleurait et qu’il n’avait pas réussi à prendre dans ses bras.
Il y avait tellement, tellement de gens qui étaient là pour lui, pour lui dire un dernier au-revoir. Mais parmi eux, combien se souviendraient dans un mois, un an, dix ans ? La vie allait reprendre son cours, la vie sans Florian, la vie sans soleil… Et pour beaucoup d’entre eux, un jour il ne serait plus qu’un vague souvenir, une ombre dont ils auraient oublié le nom.
Mais pour lui, il serait toujours vivant, tel qu’il l’avait connu. Il se rappelait leurs éclats de rire, leurs étreintes, leurs moments tendres, leurs facéties, tout ce qui avait fait de leur vie à deux une vie heureuse, malgré les disputes, les coups durs et les coups bas.
Tu as réveillé des soleils endormis
Entre tes cils, ils m'ont souri
Par tes yeux clairs, j'ai vu des arcs-en-ciel
Là où j'avais laissé fondre mes ailes
Même si tu vis dans d'autres vies que moi
Si chaque nuit nous éloigne pas à pas
Même si j'ai peur des ombres qui s'avancent
Dans cette chambre qui part vers le silence.
Désormais il serait seul sur le chemin : Florian avait disparu dans la terre et Romain était tout aussi mort pour lui, enterré pour sa part dans un hôpital psychiatrique dont il ne sortirait pas de sitôt.
Il était seul dans ce qui avait été leur appartement et il se demandait comment continuer à vivre avec ce poids sur la conscience, ce remords qui le rongeait. Qu’aurait-il dû faire autrement pour que le destin s’inverse ? Et s’il avait écouté Florian lorsque celui-ci était venu lui demander pardon ? Et si, le jour où lui-même était allé le retrouver il ne s’était pas arrêté bêtement au coin de la rue avant de rebrousser chemin ?
Et si… et si… L’éternelle rengaine de ceux qui ne peuvent, qui ne veulent pas accepter et qui essaient de réécrire une histoire dont ils ne pourront jamais rien changer.
Un jour ou l'autre, on se retrouvera
Comme un matin d'enfance
Un jour tout autre, on se reconnaîtra
Au-delà du silence...
Finalement la vie suivait son cours, ni pire ni meilleure que pour un autre. Il continuait à travailler au café et il avait retrouvé le sourire, un sourire sur commande, ce sourire qui était devenu une seconde nature et qui allait avec le job. Son visage souriait mais son cœur restait grave. Simplement, il savait qu’il n’avait pas d’autre choix que de continuer.
Il avait gardé des liens avec Elodie : c’est vers lui qu’elle se tournait quand elle était seule, quand elle avait besoin qu’on lui parle de son père, quand elle voulait le retrouver vivant, souriant… Pourtant, petit à petit l’adolescente s’éloignait de lui, prise par la vie, ses amis, d’autres perspectives. Elle n’oubliait pas mais elle ne s’appesantissait pas sur un passé qu’elle ne pouvait pas changer.
Thomas savait qu’il devait lui aussi aller de l’avant : c’est ce que Florian aurait voulu pour lui, le meilleur…
Un jour ou l'autre, on se retrouvera
Comme un matin d'enfance
Un jour tout autre, on se retrouvera
Au-delà du silence...
Gabriel était entré dans sa vie comme un rayon de soleil. De nouveau son cœur battait, de nouveau son âme s’ouvrait. Parfois il se sentait coupable de ce bonheur qui était le sien, de ces projets qu’ils échafaudaient ensemble, de leurs rires complices, de leurs étreintes fiévreuses.
Parfois il pensait que, de là où il était à présent, c’était Florian qui lui avait envoyé ce nouveau compagnon de route et qu’il souriait avec bienveillance en les regardant être heureux, jouir de ce bonheur qui leur avait été refusé.
Parfois il le sentait là, près de lui… malgré tout l’amour qu’il avait pour Gabriel, il savait que rien ni personne, jamais, ne pourrait trancher le lien qui l’unissait à son compagnon trop tôt disparu.
Un jour ou l'autre, on se retrouvera
Comme un matin d'enfance
Un jour tout autre, on se retrouvera
Pour une autre danse...
La vie s’était écoulée, avec ses hauts et ses bas, ses échecs et ses victoires, ses petits bonheurs et ses grands malheurs.
Que retient-on d’une vie quand l’âge vous courbe le dos et ralentit vos gestes ? Que reste-t-il dans les mémoires quand la vôtre efface petit à petit les derniers souvenirs pour vous replonger dans les plus anciens, vous ramenant à ce passé qui n’a pas cessé de vous hanter ?
Un jour ou l'autre
Il était arrivé au bout de sa route… Elle aurait pu être solitaire du moment où la vie lui avait volé son grand amour. Pourtant il en avait fait quelque chose de bien finalement : il avait aimé encore, avait été aimé en retour… Il avait aidé des personnes dans le besoin, assisté des malheureux, déjoué des injustices…
Oui, il avait été quelqu’un de bien : c’est sans doute ce qu’on dirait de lui…
Mais il avait toujours eu au fond de lui ce manque que rien ni personne n’avait comblé, ce manque qu’au moment de partir, il comblait enfin dans un dernier soupir :
- Florian… Tu es là… Je t’attendais !
Un jour ou l'autre
FIN
Chanson d’Isabelle Boulay