Reclassement de la fiction offerte à Christie:
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Brad Wright & Robert Cooper. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Notre monde à nous
- Viens…
Il n’avait pas eu besoin d’autre mot, pas besoin d’autre geste que ces bras qui se tendaient vers lui pour l’accueillir.
Il était là, blotti contre le corps chaud de l’homme qu’il aimait en secret depuis le premier regard et il se sentait bien, à sa place. Plus rien ne pouvait l’atteindre, ni la température glaciale de cette planète perdue, ni la peur qu’on ne les retrouve jamais, ni la culpabilité d’avoir actionné ce vortex par imprudence.
Il était à sa place, la seule qui comptait.
Il fait froid dehors
Réchauffons nos corps
Cette chaleur que l'on gâche
Ce soleil qu'on se cache
Pour le chercher ailleurs…
Enfin il le tenait dans ses bras cet homme horripilant qui avait trop longtemps joué avec ses nerfs et surtout avec son cœur ! Enfin il était là contre lui et les mots n’avaient plus de sens, ces mots dont il se repaissait trop souvent et qui l’empêchait, lui, de dire l’essentiel, incapable qu’il était d’arrêter la logorrhée qui sortait de ces lèvres qu’il aurait voulu clore d’un baiser.
Alors à cet instant, il savourait ce silence au sein duquel ils se disaient tant de chose, tout ce qu’ils n’avaient jamais osé ce dire jusqu’à ce moment.
Dans notre monde à nous
Le soleil est partout
Dans chacun de nous
Même si ce monde est fou
Pas toujours très doux
Il est fait comme nous
Si c’était la fin, s’ils devaient mourir là, tous les deux, alors il était temps d’aller à l’essentiel, de s’avouer enfin leurs sentiments pour ne pas mourir seuls.
Ils étaient blottis l’un contre l’autre dans l’abri de branchage que Sheppard avait réussi à construire et qui craquait sous les assauts du vent, laissant passer quelques flocons glacés, et ils se parlaient des yeux et des mains. Rien d’autre n’avait d’importance que leurs lèvres qui se joignaient, que leurs lèvres qui se goûtaient pour la première fois, la dernière peut-être.
Non ! Ca ne pouvait pas se terminer ainsi, ici, dans cet enfer blanc au milieu de nulle part ! Ils ne pouvaient pas mourir alors qu’ils venaient enfin de se trouver après tant de temps à se cacher l’un de l’autre de peur de gâcher leur amitié ! Il y avait forcément un moyen de sortir de là !
Mais McKay n’arrivait plus vraiment à penser : le froid semblait avoir gelé son cerveau tandis que les baisers de celui qui peut-être ne serait jamais son amant faisaient courir son sang plus vite dans ses veines.
Si tout s’arrêtait là, il aurait au moins eu la chance de savoir que son amour était partagé.
Il n'est pas trop tard
Récrivons l'histoire
Si la vie s'éloigne
Que la peur nous gagne
C'est la loi du plus fort
Qui frappera encore
C'est nous qui aurons tort…
L’un contre l’autre, corps contre corps, cœur contre cœur… Ils étaient seuls dans un monde hostile mais à cet instant précis ils s’en moquaient.
Les mots étaient venus, ces mots qui disaient le pourquoi, le comment, les regrets d’avoir attendu si longtemps. Bizarrement McKay ne s’était pas lancé dans de grandes explications absconses, non, il avait parlé en mots simples et bref, écoutant en retour ce que Sheppard avait à lui dire, ce qui en soi était aussi une grande première.
Ils savaient, l’un comme l’autre, qu’ils ne reviendraient plus en arrière et que s’ils survivaient à cette nouvelle aventure, rien ni personne ne déferait ce qu’ils avaient enfin eu la force de construire.
L’instinct de survie les avait poussés à se serrer l’un contre l’autre pour résister au froid, ce même instinct les pousserait à affronter les bourrasques qui ne manqueraient pas de se déchaîner sur Atlantis si jamais ils y retournaient. Parce que désormais, l’un sans l’autre, la vie n’aurait plus aucune valeur : autant en finir ici, dans la chaleur de la découverte et l’ivresse d’un amour enfin partagé !
Dans notre monde à nous
Des chiens et des loups
Il y en a partout
Même si on rit de nous
Que les vents nous secouent
Faut rester debout
Ils s’étaient endormis, l’un contre l’autre à bout de mots, à bout de forces… Petit à petit la neige les recouvrait de son blanc linceul tandis que leurs corps se refroidissaient et que leurs cœurs ralentissaient en cadence.
Ils s’étaient endormis paisiblement, sachant que quoi qu’il arrive désormais ils étaient ensemble et que plus jamais ils ne ressentiraient la solitude d’une âme qui n’a pas retrouvé sa moitié.
Ils s’étaient endormis et dans leurs cerveaux qui s’éteignaient petit à petit la même paix était descendue : où qu’ils aillent désormais, ils y seraient ensemble.
Dans notre monde à nous
Le soleil est partout
Dans chacun de nous
Ce fut une sensation de vide douloureux qui le ramena à la conscience. Il se redressa brusquement ne comprenant pas ce qu’il faisait là.
- Hé bien ! On peut dire que vous nous aurez fait peur docteur McKay.
La voix chaleureuse de Carson le ramena dans un monde de vie et de lumière et son cerveau, un instant en stase, se remit à fonctionner à sa cadence normale c’est-à-dire à une vitesse phénoménale pour le commun des mortels. Visiblement on les avait retrouvés et ramenés sur Atlantis. Et il était vivant !
Mais non ! Il ne pouvait pas être vivant, pas seul, pas sans lui…
- John ? demanda-t-il, le cœur étreint par une peur horrible qu’on lui apprenne que le pilote n’avait pas survécu, ou que ce qu’il pensait être la réalité n’était que le fruit de son imagination décuplée par le froid.
Carson sourit et s’écarta, le laissant apercevoir Sheppard allongé comme lui sur un lit de l’infirmerie, les yeux clos.
- Est-ce que…
- Ca ira, le rassura aussitôt le médecin. Il était un peu plus gelé que vous étant donné qu’il vous enlaçait contre le fond de l’abri, mais ça ira.
Non, ça n’irait pas tant qu’il n’aurait pas sa réponse, tant qu’il n’aurait pas croisé le regard de l’homme qu’il aimait pour savoir si ce retour à la vie serait l’enfer ou le paradis.
A ce moment-là, comme appelé par le désir du scientifique, le militaire s’agita à son tour et ses yeux s’ouvrirent, regardèrent, égarés autour de lui puis croisèrent les siens. Dans le sourire qui éclaira alors le visage aimé, McKay lu tout l’amour que lui-même renvoyait à son âme sœur et le soulagement s’insinua dans ses veines.
Ils étaient vivants, ils étaient indemnes et ils étaient amoureux. Et dès qu’ils sortiraient de cette foutue infirmerie, ils se bâtiraient un monde à eux où personne ne viendrait les déranger, d’où aucune tempête jamais ne les délogerait et tant pis pour ceux que ça gênerait ! Ils n’avaient que faire des imbéciles rétrogrades.
Même si ce monde est fou
Pas à notre goût
Il est fait pour nous
Ils se parlaient des yeux, trop faibles encore pour se toucher, mais ils lisaient l’un dans l’autre comme un livre ouvert. Une nouvelle ère s’ouvrait pour eux, une ère de bonheur et d’amour dont ils étaient les seuls à détenir la clé.
Par nous…
FIN
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