Petit cadeau pour Duneline...
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Léonard Freeman, Alex Kurtzman, Roberto Orci, Peter M. Lenkov. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Cette histoire est AU, avant la série. Danny est à
Hawaii, toujours marié à Rachel et il a rencontré Steve lors de l’enquête sur la mort de son père mais pour le moment le 5-0 n’existe pas.
Le cœur trop grand pour moi
Le lieutenant Daniel Williams tournait et retournait dans sa tête les mots qu’il devait dire et il était incapable de les coordonner. D’ailleurs comment trouver les mots pour faire souffrir ceux que l’on aime ? Comment dire à la femme qui partage votre vie que soudain une rencontre, un regard a bouleversé toutes vos certitudes ?
Je n’en sais pas la raison (1)
Mais je sais qu'il m'a dit non
Il était sous le lilas
De sa villa
Ce soir comment te le dire
Bien sûr tu vas me maudire
Mais je l'aime et je t'aime
Quand même.
Il revoyait cette première rencontre, lui venu en enquêteur et cet homme, si grand, si beau, le regard perdu de douleur qui voulait vengeance pour la mort de son père. Il ne se souvenait pas vraiment de ce qu’il lui avait dit alors, tentant à la fois d’apaiser sa souffrance et de lui faire comprendre qu’il ne tolèrerait pas de vendetta personnel sur son île. Parce que, à son propre étonnement,
Hawaii était devenue son île.
A la base pourtant, il n’était venu là que pour suivre Rachel qui avait eu cette promotion inespérée. Il savait fort bien que s’il avait refusé de rechercher un poste dans ce nouvel état, fort de sa réputation dans le New Jersey, il l’aurait perdue, et la perdre signifiait perdre aussi Grace, sa princesse, son amour inconditionnel. Alors il était venu, en grognant certes, mais il avait suivi le mouvement.
Et finalement il s’en était plutôt bien porté. Même s’il avait encore un peu de mal à se faire aux traditions autochtones, notamment à la pizza à l’ananas, ses collègues étaient sympathiques, ouverts, professionnels et il avait vite trouvé ses marques, au point de diriger maintenant l’équipe d’inspecteurs de la criminelle depuis le départ du lieutenant Lester qui avait suivi le chemin inverse, quittant l’île pour le continent.
Après tant de bouleversements, il avait pensé que sa vie allait reprendre un cours normal, un cours paisible : un deuxième enfant peut-être viendrait renforcer leur bonheur…
Et puis ce coup de tonnerre dans son ciel si bleu !
J'ai le cœur trop grand pour moi
Il s'appelle Steve tu vois (2)
Oui, c'est ça...
Comment pouvait-il aimer un homme autant qu’il aimait Rachel ? Comment pouvait-il rêver de lui, le désirer, vouloir sa peau contre la sienne, sa bouche sur la sienne ?
A quel jeu jouait le destin qui bouleversait ainsi tout ce en quoi il croyait, tout ce qu’il pensait être au plus profond de lui ?
Il ne comprenait pas vraiment ce qui lui arrivait, mais il savait qu’il ne mentirait pas.
Dans toutes vos différences
Il n'est qu'une ressemblance
C'est cet amour flou
Que j'ai pour vous
Elle pleurait maintenant en le regardant fixement. D’abord elle n’avait pas voulu comprendre, elle avait même ri en pensant qu’il lui faisait une mauvaise blague et puis son ton sérieux, la déchirure intérieure qu’elle lisait sur son visage lui avait fait comprendre que c’était bien réel, que l’homme qu’elle aimait voulait la quitter pour un autre homme.
Comment aurait-elle pu se douter ? Pourtant, une petite voix au fond d’elle-même lui disait qu’il y avait mille petites choses qui auraient dû lui mettre la puce à l’oreille. Elle aurait dû savoir, elle n’avait rien voulu voir.
Il aurait préféré peut-être qu’elle crie, qu’elle le frappe, qu’elle le maudisse, il aurait eu moins l’impression d’être méprisable tandis qu’il continuait à tenter d’expliquer, comme pour y voir clair lui-même.
Oh je t'aime
Oh je l'aime
Vous êtes la tourmente
De mon âme violente
Je vous aime
Je vous aime
- Tu ne peux pas dire ça Danny ! Tu ne peux pas me dire que tu m’aimes et que tu l’aimes !
- C’est pourtant ça Rachel… Je ne sais plus où j’en suis. Je ne sais plus qui je suis !
Il n’y avait pas de colère dans la voix de la jeune femme et Danny savait très bien que ce n’était pas seulement pour ne pas réveiller Grace qui dormait à côté.
Non, simplement pour le moment, Rachel était en état de choc, incapable de réellement comprendre ce qui arrivait. Comment l’aurait-elle pu quand lui-même ne comprenait rien ?
Je ne suis pas homme à drame (3)
Dans ma vie la solitude
Si souvent, souvent
A pris ses habitudes
Je serais plutôt de ceux
Qui parlent en baissant les yeux
Et qui disent encore madame aux dames.
Il avait toujours détesté les hommes qui menaient une double vie, faisant au final souffrir ceux qu’ils disaient avoir voulu protéger. Il ne serait pas de ceux-là.
Bien sûr il ne savait pas vraiment ce qu’il devait faire, déchiré entre deux amours contradictoires, entre une vie toute tracée et ce grand saut dans l’inconnu que représenterait son existence auprès de Steve. Pourtant celui-ci avait été très clair : il ne serait pas l’homme de l’ombre, celui que l’on cache, celui qu’on retrouve en catimini pendant que l’épouse a un repas professionnel ou part visiter sa famille.
Danny savait qu’il devait choisir sous peine de tout perdre.
J'ai le cœur trop grand pour moi
Il bat trop fort pour moi
Oui, c'est ça.
Il regardait Rachel et il revoyait tous leurs moments heureux. Il se disait alors qu’il était un fieffé idiot, en train de tout gâcher.
Et puis soudain il se remémorait les yeux de Steve, son sourire si rare, lui qui portait tant de peine et de colère en lui, son rire qu’il avait eu le bonheur d’entendre résonner quelques fois tandis qu’ils passaient un moment ensemble, sous couvert de l’enquête le plus souvent, mais parfois juste pour être tous les deux.
Il savait que Steve l’aimait : le seal ne lui avait pas caché être homosexuel et le trouver à son goût. Il savait que Rachel l’aimait tout autant.
Quoi qu’il choisisse, il allait faire du mal à quelqu’un.
Et tes larmes me désarment
Mais son rire me fait souffrir
Et je pars ce soir pour le hasard.
- Tu m’as trompée ?
- Non… Jamais…
Il n’était pas tout à fait franc en disant cela. S’il n’avait tenu qu’à lui, Steve et lui seraient allés bien plus loin que quelques caresses et quelques baisers qui lui avaient mis le corps en feu. C’était le militaire qui l’avait repoussé d’un :
- Non… Tu es marié…
Il avait fallu qu’il tombe sur un type qui avait des principes, avait-il alors fulminé intérieurement avant de s’en vouloir de cette réaction. C’était Steve qui avait raison… Steve… comme il aimait la sonorité de ce prénom, comme il l’aimait le dire et le redire…
Steve… Rachel…
Oh je t'aime
Oh je l'aime
Vous êtes la tourmente
De mon âme violente
Je vous aime
Je vous aime
Elle s’était approchée, l’avait pris dans ses bras mais quand il chercha ses lèvres elle détourna la tête. Elle savait que, même s’il n’en était pas conscient, il avait déjà fait son choix. Sinon, il ne lui aurait pas parlé, il se serait tu.
Elle savait que la colère viendrait et que sans doute elle le détesterait plus ou moins longtemps, mais pour le moment tout ce qu’elle ressentait c’était un immense chagrin en même temps qu’une immense tendresse pour cet homme qu’elle aimait mais qui allait la quitter parce qu’elle ne le retiendrait pas.
Peut-être que ça rendait les choses plus facile qu’il la quitte pour un homme plutôt que pour une autre femme. Elle ne se poserait jamais la question de savoir ce qu’elle avait raté, ce qu’elle aurait dû faire, ce qu’il lui avait manqué… Rien de ce qu’elle aurait pu dire, faire ou être n’aurait empêché son époux d’être attiré par un homme si telle était sa nature.
Elle recula d’un pas et posa sa main à plat sur la poitrine de Danny, le repoussant doucement :
- Va… Va le retrouver…
- Rachel…
- Non ! Ne dis rien… Va…
Il la regarda et la trouva belle dans sa dignité, s’efforçant de retenir ses larmes, les lèvres tremblantes et le regard noyé. Un instant il fut tenté de lui dire que tout cela était stupide, qu’il s’était trompé, qu’il allait rester, que tout cela était un simple malentendu…
Mais non, elle valait mieux que ça, mieux que la vie mièvre qu’il lui offrirait, lui qui rêverait toujours à d’autres bras, d’autres étreintes…
Elle l’avait su avant lui.
C'est cet amour flou
Que j'ai pour vous
Alors il tourna les talons et sortit de la maison, sachant qu’il sortait aussi de sa vie de couple. Demain il faudrait parler à Grace, tenter de lui expliquer…
Ce soir… Ce soir il allait vers l’inconnu, un inconnu aux yeux bleus qui s’appelait Steve McGarrett et si c’était la plus belle erreur de sa vie, tant pis, il en courait le risque.
FIN
Chanson de Julien Clerc
Paroles originales :
Les « il » remplacent des « elle »
(1) Je ne sais pas son prénom
(2) Elle s'appelle Jeanne je crois
(3) Je ne suis pas homme à femme