CAdeau de Noël destiné à CptJackHarkness sur un pairing qu'elle a imaginé dans l'une de ses fictions.
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Shane Brennan pour les uns et Cheryl Heuton & Nicolas Falacci pour les autres. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Le cadeau de Noël
- Ce soir tu viens dîner avec moi, et pas la peine de chercher une excuse foireuse pour décliner !
Le ton de David était sans réplique et, malgré les arguments qui lui montaient aux lèvres en foule, Colby comprit que, cette fois-ci, son ami était bien décidé à ne rien écouter. Au fond de lui, il savait que David avait raison : s’enfermer comme il le faisait n’était pas sain et ne l’aiderait pas à surmonter la déception et le chagrin qu’il traînait depuis trois mois. Mais il aurait pourtant préféré rentrer dans la maison déserte, prendre Midnight sur ses genoux et se laisser aller à sa morosité vespérale devenue coutumière. Seulement visiblement l’agent Granger avait décidé qu’il était plus que temps que son ami se reprenne en main et il savait qu’il ne l’emporterait pas contre l’esprit cartésien de l’adjoint du superviseur de l’unité des crimes violents. A croire qu’un certain mathématicien de leur connaissance avait déteint sur l’afro-américain. Autant faire contre mauvaise fortune bon cœur :
- D’accord… Et où tu m’emmènes ?
- Cache ta joie, ironisa David à l’entente du ton fort peu enthousiaste de son comparse.
- Désolé… Tu sais que depuis que… Enfin… Je ne suis pas beaucoup sorti en fait et…
- Dis plutôt que tu t’es terré chez toi comme un ermite ! Tu en as même perdu ton bronzage ! On dirait que tu ne sors plus que la nuit ! A croire que tu es devenu vampire !
- N’exagère pas tout de même, râla le blond.
- J’exagère à peine et tu le sais. Depuis combien de temps n’es-tu pas venu prendre un pot avec nous après le boulot ? Et ne me dis pas que c’est Midnight qui exige que tu sois rentré à heure fixe, ça ne marchera pas.
Colby soupira :
- Non… Je sais que je n’ai pas été très agréable mais…
- T’inquiète, on a tous compris et on a décidé de te laisser du temps. Mais là, ça suffit ! Tu vas me remettre le pied à l’étrier vite fait : après tout, quand on tombe, on dit bien qu’il faut remonter tout de suite non ?
- Est-ce que tu es en train de comparer mon histoire avec une vulgaire leçon d’équitation ? s’indigna Colby.
David sourit : il avait enfin réussi à secouer l’apathie qui s’était emparée de son ami depuis trois mois, depuis cette rupture aussi incompréhensible qu’inattendue qui l’avait totalement anéanti au point qu’il avait eu peur pour lui. Il lui avait laissé le temps, restant vigilant, disponible, toujours prêt à l’épauler et le reste de l’équipe avait agi de la même façon. Granger s’était renfermé sur lui-même, devenant morose, agressif, faisant son boulot dans la stricte limite du règlement, sans enthousiasme, sans intérêt, simplement parce que le sens du devoir qui lui collait à la peau lui interdisait de ne pas faire de son mieux. Ca avait été dur de le voir trainer sa tristesse en s’efforçant, plutôt mal d’ailleurs, de donner le change.
Mais quelques jours plus tôt, David avait décidé que cela suffisait : il était temps pour le blond d’affronter la réalité, dut-elle être cruelle. Il était bien décidé à lui permettre de reprendre pied dans sa vie et à retrouver sa joie naturelle, tout ce qui faisait de lui un excellent ami et partenaire.
Sans répondre à l’interrogation de Colby, qui de toute façon n’était que de pure forme, l’agent Sinclair reprit :
- Il y a un nouveau restaurant thaï qui vient d’ouvrir à Venice. J’avais envie d’aller le tester.
- C’est toi qui invites ?
Cette fois-ci un large sourire étira les lèvres de l’afro-américain :
- Je te reconnais bien là tiens ! Toujours des hérissons dans le porte-monnaie ! Oui… Si ça peut te permettre de sortir de ta tanière, c’est moi qui invite.
- Si ça se trouve c’est infâme !
- On verra bien… Ca m’étonnerait : j’en ai entendu de bons échos. De toute façon, si ça ne nous plaît pas, on pourra toujours aller voir ailleurs… Un bon petit restau et on termine la soirée dans une boîte de nuit. Ca fait un moment qu’on n’a pas bougé nos fesses sur la piste de danse ! Les filles doivent se languir !
- Parle pour toi mon pote ! Mes fesses, elles ne regardent pas les filles !
Le blond se mordit la lèvre mais David ne sembla pas relever la phrase : il lui fit simplement un clin d’œil avant d’onduler lascivement du bassin :
- Fille ou mec je m’en fous ! J’ai besoin de me déchaîner un peu.
- Etant donné ta manière de danser, tu ferais mieux de m’emmener au zoo, le nargua Colby qui récolta en retour un regard faussement noir dans lequel brillait une étincelle de gaieté : après quinze interminables semaines, il semblait qu’enfin l’agent blond ait retrouvé un peu de son allant coutumier et de la tchatche gouailleuse dont son partenaire avait si souvent fait les frais.
- Tu es simplement jaloux de mes succès, se contenta de répondre Sinclair avant d’enchaîner : bon, j’appelle pour réserver un salon particulier ?
- Ils ont des salons particuliers ?
- Il paraît mon pote…
- Ote-moi d’un doute : tu ne m’emmènes pas dans un pseudo « salon de massage » ? Parce que là je ne marche pas !
- Hé ! Tu oublies que je suis agent fédéral ! Je ne fréquente pas ce genre de lieu !
- Ouais… Je préfère te croire… Mais je te préviens que si on me propose une jolie fille pour venir nous servir dans ton salon particulier je me casse direct !
- T’inquiète : je vais demander qu’on nous alloue un garçon tout ce qu’il y a de laid ! Ca te va ?
Colby se contenta de hausser les épaules en levant les yeux au ciel d’un air accablé, puis il se replongea dans son dossier tandis que David décrochait son téléphone pour appeler le numéro qu’il avait noté quelques jours auparavant. Un sourire un peu crispé apparut sur son visage tandis que la sonnerie retentissait : il pensait avoir fait le bon choix. Restait à savoir si Colby serait de son avis lorsqu’ils arriveraient au restaurant et qu’il comprendrait ce qu’il en était.
*****
- Allez, terminé pour aujourd’hui ! Je t’embarque !
- Je suis assez grand pour rentrer seul chez moi ! maugréa G. Callen en fusillant son équipier du regard.
- Je sais que tu es assez grand, rétorqua Sam Hanna. Et je n’ai jamais dit que je te ramenais chez toi je te signale. Juste que je t’embarquais. Mauvaise déduction agent Callen !
Sa tentative d’humour fit chou blanc. Visiblement Callen n’était pas d’humeur à sourire. Seulement ça faisait un peu trop longtemps que ça durait et l’équipe s’inquiétait de cette dépression dans laquelle ils voyaient s’enfoncer leur coéquipier. Bien sûr il avait de bonnes raisons de déprimer, mais pour autant ils n’allaient pas le laisser dériver dans le marasme mental et s’y noyer. Sam avait décidé de prendre les choses en mains et il n’avait pas l’intention de se laisser rebuter par l’humeur morose de son ami.
- Des mauvaises déductions, je crois que j’en deviens spécialiste, rétorquait justement G. en réponse à la dernière remarque de son ami.
- Arrête un peu de gémir sur ton sort ! répliqua alors celui-ci d’un ton sévère.
Il avait tout essayé : la compassion, la gentillesse, la patience, la compréhension… Puisque rien ne semblait fonctionner, il avait décidé de secouer un peu son équipier, de piquer son amour propre et de le faire réagir parce qu’il savait que s’il n’y parvenait pas, il finirait par perdre le meilleur ami qu’il avait eu depuis bien longtemps. Et ça, pour lui, c’était hors de question ! Puisque la manière douce ne suffisait pas, en avant pour la manière forte, et advienne ce que pourrait !
Callen le regardait, le visage confus, visiblement presque choqué de la sortie de celui qui, depuis trois mois, veillait sur lui comme une mère louve. Mais une mère louve sait aussi donner des coups de dents à son petit lorsqu’il en a besoin et il était plus que temps que l’agent spécial G. Callen du NCIS de Los Angeles s’en rende compte !
- C’est vrai, enchaîna Sam : depuis quinze semaines c’est la même rengaine. Pauvre petit G. qui a des soucis de santé, un chagrin d’amour dont, soi dit en passant, il est le seul responsable et qui ne sait pas quoi faire de sa fichue vie ! Merde ! Y’en a marre à la fin. Ca fait trois mois que tu nous repasses tes malheurs en boucle ! Tu crois qu’on n’a pas aussi notre lot de misères !
- Hé ! Je ne vous ai rien demandé ! protesta Callen, vexé. Si je vous gêne tant que ça, je peux me barrer tu sais ! Après tout, c’est bien vous qui m’avez presque supplié de rester, me jurant qu’on avait encore besoin de moi et que je serais toujours utile à l’unité !
- Et on avait bien raison non ? Tu as repris le boulot il y a cinq semaines et tu as déjà sauvé la vie de Kensi. Sans compter que sans toi, il y a deux jours, je ne sais pas comment je m’en serais sorti. Tu m’as sauvé les fesses une fois de plus ! Alors arrête de dire que tu n’es plus bon à rien et que ta vie est foutue ! Arrête de t’apitoyer sur ton sort et va un peu de l’avant. Le G. Callen que je connais ne se laisserait pas aller comme ça.
- Oui, ben peut-être que le G. Callen que tu connais n’existe plus mon pote ! Peut-être que c’est juste toi qui veux croire qu’il est toujours là !
Sam sentit monter en lui une féroce envie de flanquer une paire de gifles à son ami. Mais, outre que ce n’était pas franchement le meilleur moyen de le raisonner, il se voyait mal lever la main sur lui. Il se contenta de tirer une chaise et de s’asseoir en face de lui, genoux contre genoux, lui interdisant toute retraite, et il planta ses yeux dans les siens :
- Merde G ! Que faut-il te dire ou faire pour que tu comprennes que tu es un élément clé de cette équipe ? Combien de fois nous as-tu tirés d’un mauvais pas, l’un ou l’autre d’entre nous hein ?
- Vous avez fait pareil pour moi.
- Parce qu’on est une équipe bordel ! Est-ce que tu peux te mettre ça dans ta sale petite caboche de gamin immature ? C’est à ça que ça sert une équipe : on se serre les coudes dans les moments difficiles, on s’entraide, on se couvre les uns les autres…
- On s’engueule…, compléta Callen, et, avec un soupir de soulagement, Sam vit une étincelle d’amusement briller dans son regard.
Il commença à croire que, peut-être, ça allait fonctionner. Mais il s’interdit de crier victoire trop tôt : avec un tempérament dans le genre de celui de G. rien n’était jamais acquis d’avance. Ballotté de famille d’accueil en famille d’accueil, le jeune homme n’avait pas appris la confiance et un rien le faisait se replier dans sa coquille protectrice, le seul moyen qu’il avait trouvé pour survivre.
- Oui on s’engueule ! Parce que c’est ça aussi une équipe : quand l’autre déconne, on le lui fait comprendre.
- Donc, d’après toi, j’ai déconné…
- Bien sûr : je le sais, tu le sais… On le sait tous ici. Tu n’as pas fait le bon choix.
- C’était le mien.
- Ca ne veut pas dire qu’il était bon ! Tu as réagi dans l’émotion du moment : tu aurais dû te laisser du temps… Regarde-toi ! Tu es devenu un vrai zombie !
- C’est vrai que je n’ai aucune raison de me sentir malheureux !
Cette fois-ci l’ironie amère était parfaitement perceptible dans le ton âpre de Callen. Un instant, Sam fut tenté de le prendre dans ses bras pour le réconforter puis il se durcit : ils avaient déjà essayé la tendresse, ça ne fonctionnait pas. Non, il s’en tiendrait à son plan, quitte à le modifier à vue s’il voyait que ça risquait d’aggraver les choses.
- Tu vois, tu recommences ! D’accord, tu as des raisons d’être malheureux ! Mais tu en as tout
autant, voire plus, d’être heureux : tu es en vie bordel ! Tu as des amis qui comptent sur toi et qui, je l’espère, compte pour toi ! Tu as l’un des métiers les plus passionnants du monde ! Tu es un l’un des meilleurs agents du NCIS ! Et puis, ajouta-t-il avec un sourire malicieux, tu as le meilleur équipier du monde !
Cette fois-ci un sourire fleurit aussi sur les lèvres de Callen, rassurant Sam : visiblement le sens de l’humour de son jeune partenaire n’avait pas totalement disparu.
- Le meilleur équipier du monde ? Rien que ça hein ? Pourtant il me semble que le meilleur équipier du monde, il y a deux jours, il a eu chaud aux fesses !
- C’est justement ce que je suis en train de t’expliquer tête de bois ! Il y a deux jours, si tu n’avais pas été là, aujourd’hui nous n’aurions pas cette conversation et vous seriez en train de me choisir le costume avec lequel on m’enterrerait !
- Ce serait vite trouvé : jean et tee-shirt, contra Callen, réprimant un frisson à l’idée qu’il aurait effectivement pu perdre son meilleur ami, son seul ami peut-être, s’il n’avait pas réagi aussi vite qu’il l’avait fait.
Cela le fit réfléchir : Hanna avait raison, il était encore utile, il l’avait montré à plusieurs reprises depuis cinq semaines. Il était effectivement sans doute temps qu’il cesse de s’apitoyer sur son sort et qu’il reprenne sa vie en main. D’autres que lui avaient traversé les mêmes épreuves et ils s’en étaient sortis. Après tout, sa vie n’avait été qu’une longue suite d’emmerdements dont il était toujours sorti vainqueur. Qui aurait parié sur lui lorsqu’il était adolescent ? Qui l’aurait vu se ranger du bon côté de la loi et devenir agent fédéral ? Il avait déjoué tous les pronostics, renvoyé à la niche tous les oiseaux de mauvais augure qui lui prédisait un futur à l’ombre des barreaux d’une prison. Il avait trouvé un équilibre, un boulot, des amis et même… Non… Il ne devait plus penser à son amour. Il avait choisi de le laisser au bord du chemin parce que c’était mieux pour lui, pour eux deux… L’amour c’était terminé pour G. Callen ! Mais pour autant, il lui restait toute une vie à mener et il n’avait pas le droit de se laisser aller. Sam comptait sur lui, l’équipe comptait sur lui et G. Callen était tout ce qu’on voudrait sauf un lâcheur.
Sam avait suivi le débat mental dans les yeux de son ami et il sentit son corps se détendre un peu : tout n’était peut-être pas gagné, mais rien n’était perdu, loin s’en fallait. Finalement il aurait peut-être dû réagir plus tôt… Quoique… Plus tôt, ça aurait peut-être été trop tôt… Qui savait jamais où se situait le bon timing ? Le principal c’était que visiblement Callen réagissait à ses propos comme le prouva sa répartie suivante :
- D’accord… Tu as sans doute raison. Je me suis un peu laissé aller.
- Un peu ? titilla Sam.
- Hé ! N’abuse pas ! Un peu, c’est déjà beaucoup pour moi.
- OK… Je t’accorde le point. Mais puisque tu reconnais tes torts, tu acceptes le gage.
- Ca dépend… C’est quoi le gage ? Si c’est improviser un twist endiablé sur le bureau de Hetty, désolé mon pote, mais ça sera sans moi !
Sam sentit son cœur se serrer au ton amer qui accompagnait ce trait d’humour désespéré. Il décida de passer outre et enchaîna :
- Pas de danse : tu sais que je ne suis pas un grand danseur alors je ne vais pas risquer qu’un jour tu me rendes la pareille ! Non… Le gage c’est de m’inviter au nouveau restaurant Thaï qui vient de s’ouvrir à Venice.
- Un restau Thaï ? Je croyais que pour toi la grande cuisine s’arrêtait aux hamburgers frites !
- Fous-toi de moi tant que tu veux mais j’ai envie d’essayer. Je n’en ai entendu que du bien.
- Vas-y avec Michelle. Je suis sûr qu’elle adorerait !
- Toi tu essaies de te défiler ! Tu sais très bien que Michelle est à Washington avec la petite. Et puis j’aurais l’occasion d’y aller une autre fois avec elle. Ce soir j’ai envie de partager un bon moment avec mon meilleur ami, même si c’est un sacré emmerdeur !
- Tu as des façons de lancer des invitations qui rendent un refus très difficile, ironisa Callen.
- Ca veut dire oui ? sourit Sam.
- Ca veut dire oui. Mais je te préviens que si la bouffe ne me plaît pas la prochaine fois que tu te mettras dans le pétrin, tu t’en sortiras tout seul.
- Aucun risque que ça arrive, contra Sam. Tu aurais bien trop peur de devoir affronter Michelle.
La mine de G. était éloquente lorsqu’il répondit :
- Je déteste lorsque tu as raison !
- Et moi j’adore ça ! Allez hop ! On file…
- Tu es sûr qu’il y aura une table libre ?
- Aucun souci, j’ai réservé un salon privé.
L’expression de Callen se fit suspicieuse :
- Un salon privé ? Tu m’emmènes au restau ou chez les putes ?
- Au restau ! Je tiens à ma peau figure-toi ! Les putes c’est fini depuis que j’ai rencontré Michelle !
- Ouais…. On dit ça… on dit ça…, plaisanta G. Et pourquoi un salon privé ? Et comment savais-tu que j’allais accepter hein ?
- Pour être tranquille avec mon partenaire préféré et parce que sinon je t’aurais menotté et emmené de force là bas. Ca te va comme réponses ?
Callen lui fit une grimace :
- Pas vraiment, mais je m’en contenterai… Seulement sache que je prendrai ma revanche.
- Mais bien sûr ma poule…. Je n’attends que ça…
Sam se sentait plus léger : bien sûr rien n’était gagné mais il semblait que sa démarche avait porté ses fruits. G. réagissait à sa manière habituelle, bien loin de son apathie des semaines passées. Peut-être que le plus dur était derrière eux. En tout cas il voulait y croire. Tout comme il voulait croire que la décision qu’il avait prise était la bonne et qu’il n’allait pas envenimer une situation déjà tendue.
*****
- Bonsoir messieurs, très honorée de vous accueillir au « Jardin d’Eden »… Avez-vous une réservation ?
- Le Jardin d’Eden, rien que ça ? maugréa Colby en suivant David à l’intérieur de l’établissement.
Sans tenir compte de la mauvaise humeur affichée de son équipier, l’afro-américain répondit à la jeune femme qui les avait accueillis :
- Oui… J’ai réservé un salon privé au nom de M. Sinclair.
- M. Sinclair… Oui… Effectivement. Nous vous avons réservé le salon Turquoise. J’espère que vous y passerez une excellente soirée.
- Je n’en doute pas, sourit David tandis que Colby et lui suivaient le garçon à qui l’hôtesse venait de faire un signe.
L’agent Granger laissa son partenaire passer devant, semblant chercher quelque chose du regard. Au point que Colby s’arrêta et le regarda :
- Qu’est-ce que tu manigances toi ?
- Moi ? Rien du tout. Qu’est-ce qui te fait croire que je manigance quelque chose.
- J’en sais rien… Cette invitation…
- Je n’ai pas le droit d’inviter mon meilleur pote au restau peut-être ?
- Si bien sûr… Mais depuis que j’ai accepté tu agis bizarrement.
- Je ne vois pas en quoi.
- D’abord tu as passé la moitié du trajet à envoyer des textos. Et ne me dis pas que c’était pour le boulot, je ne te croirais pas.
- J’avais des trucs à régler, répondit évasivement David.
- Des trucs dont, évidemment, tu ne veux pas me parler…
- Je t’en parlerai plus tard. Ce n’est pas le moment. On va passer une bonne soirée, bien manger et ensuite on verra…
- On verra quoi ?
- J’en sais rien ! Tu sais que tu me casses les pieds avec tes questions Granger. Tu es de la police ou quoi ?
Colby lui répondit par une grimace mi goguenarde mi inquiète. Il se demandait vraiment ce que complotait son ami et ce que pouvait bien cacher cette invitation. Il n’y avait d’abord pas vu de malice mais il n’aurait pas été un excellent agent fédéral si le comportement de David ne lui avait pas mis la puce à l’oreille depuis un peu plus d’une heure. Il sentait qu’il se tramait quelque chose et il aurait bien aimé savoir de quoi il s’agissait.
Soudain, le garçon s’arrêta devant une porte, leur indiquant qu’ils étaient arrivés à leur salon privé. L’homme ouvrit et s’écarta pour les laisser entrer. A ce moment-là, David recula d’un pas :
- Euh… Vous pourriez m’indiquer les toilettes ? demanda-t-il au serveur, puis, à l’intention de Colby il ajouta : Installe-toi, je te rejoins dans cinq minutes.
Et avant que Granger n’ait pu protester, il avait disparu à la suite de leur guide. Haussant les épaules, l’agent entra dans la pièce et la porte se referma silencieusement derrière lui. Il fit deux pas, appréciant le décor du petit salon, puis soudain il se figea en voyant la silhouette assise dans un fauteuil :
- Qu’est-ce que tu fais là ?
La même question avait jailli des deux bouches, simultanément. Les deux hommes se regardaient, abasourdis de se trouver face à face. Cela remontait à si longtemps maintenant, une éternité à leurs yeux.
*****
Flashback- Tu seras parti longtemps ?
- Je n’en sais rien… Tu sais comment c’est…
- Ouais… Enfin… J’en ai une vague idée.
- Je suis désolé…
- T’inquiète, je comprends, c’est le boulot.
G. sourit : si on lui avait dit un jour qu’il rencontrerait une personne capable de le comprendre, de le soutenir, de l’attendre lorsqu’il partait, sans lui mettre la pression, sans lui faire de reproches de ses longues absences, il aurait traité son interlocuteur de doux rêveur. Et pourtant c’était le cas. L’amour de sa vie, celui en lequel il avait cessé de croire depuis bien longtemps et que pourtant il avait toujours cherché était juste parfait : jamais de jalousie stupide, de plaintes abusives ou de suppliques larmoyantes. Il prenait ce qu’il lui donnait sans rien exiger de plus.
Callen se perdit dans le regard amoureux et il sentit son cœur se gonfler de bonheur. Il avait si longtemps cherché son âme sœur, papillonnant de jupon en jupon, voletant d’un joli minois à un autre, étreignant des corps qui ne lui laissaient d’autres souvenirs que celui d’un moment de plaisir délicieux. Il s’était souvent demandé pourquoi il n’arrivait pas à se fixer. Aujourd’hui il savait : sa quête avait été vaine parce qu’il ne cherchait pas là où il fallait. Son amour n’avait pas de poitrine voluptueuse, pas de chute de reins rebondie, pas de longs cheveux dans lesquels passer les doigts. Non… Son amour était grand, musclé, avait des cheveux coupés courts, presque à ras et n’avait rien à lui envier en ce qui concernait les attributs masculins.
La surprise avait été totale pour lui de tomber amoureux de cet homme lors de cette enquête conjointe entre le FBI et le NCIS. Ce qui devait être au départ un rôle était devenu la réalité : il aimait l’agent Granger comme il n’avait jamais aimé personne et bien qu’il crevât de trouille à l’idée de s’attacher à quelqu’un qui peut-être le laisserait choir à son tour, il avait fini par s’investir dans cette relation comme il ne s’était jamais investi avant. Une fois le premier moment de surprise passé, leurs équipes respectives avaient été heureuses pour eux et nulle voix ne s’était élevée contre leur amour. La chance ayant voulu qu’ils soient tous les deux basés à Los Angeles, ils s’étaient installés ensemble avec la petite Midnight, le chaton adopté lors de leur enquête, qui depuis avait d’ailleurs bien grandi, et ils coulaient des jours heureux.
Bien sûr, avec leurs métiers respectifs, on ne pouvait pas dire qu’ils formaient un couple plan-plan avec une vie bien tranquille, bien cadrée. Combien de fois l’un ou l’autre avait-il décommandé un rendez-vous au dernier moment, combien de fois s’étaient-ils dit au-revoir par téléphone alors qu’ils comptaient se retrouver le soir mais que le boulot les envoyait au loin ? Et à cet égard, G., de part son poste particulier, était le champion des restaus annulés, des concerts ratés, des cinés manqués et des repas en amoureux gâchés sur l’autel du devoir.
Mais jamais Colby ne lui avait fait le moindre reproche. Il savait mieux que personne combien était exigeant leur métier et il était hors de question qu’il exige de son compagnon de quitter ce boulot qui le passionnait pour le garder près de lui. Ca aurait été du pur égoïsme et, loin de l’action dont il avait besoin, G. se serait tout bonnement étiolé jusqu’à ne plus être que l’ombre de lui-même. Leur couple n’y aurait pas survécu. Alors l’agent du FBI s’était fait une raison et, quand bien même son cœur se serrait d’inquiétude chaque fois que son amant devait partir pour une mission dont, la plupart du temps, il ne pouvait rien lui dire, il muselait ses craintes pour que l’homme qu’il aimait emporte de lui son visage souriant et amoureux et que cela l’aide à revenir plus vite à ses côtés.
Et à cet instant précis, c’était exactement ce qu’il faisait tandis qu’il voyait G. entasser à la hâte quelques affaires dans son sac militaire. Où partait-il ? Pour combien de temps ? Quels dangers allait-il affronter de nouveau ? Il n’en savait rien et n’en saurait sans doute jamais rien. Mais il devait garder confiance : toujours son amant était revenu auprès de lui. Il n’y avait pas de raison pour que ça se passe autrement cette fois-ci.
- Non Midnight ! Tu ne viens pas avec moi. Tu restes avec papa et tu veilles à ce qu’il ne fasse pas de bêtises !
La voix de son amant arracha Colby à ses pensées et il se focalisa sur G. qui venait de retirer la minette du sac où elle s’était lovée et qui la lui apportait :
- Tiens… Garde-là bien…
- T’inquiète, je prendrai soin d’elle.
- Et elle de toi j’espère… Allez je file. Je te contacte dès que je peux.
Colby savait qu’il devait entendre : « Si je peux ».
- D’ac… Fais gaffe à toi Callen !
- T’inquiète Granger, je gère !
Ils se sourirent, toujours un peu crispés lorsqu’ils devaient se quitter. Mais ils étaient tous deux hommes d’action et n’auraient pas su se contenter d’un gentil boulot pépère qui les aurait ramenés à heures fixes chez eux.
G. déposa un baiser sur les lèvres de son compagnon :
- Prends soin de toi et d’elle. Je t’aime…
- Je t’aime aussi… Ne nous oublie pas…
- Pas de danger !
C’était le même rituel, à chaque fois, presque comme une superstition. Les mêmes trois dernières répliques depuis qu’ils avaient décidé de faire un bout de route ensemble. Et comme d’habitude, ce fut G. qui quitta la pièce, sans se retourner, laissant son amour derrière lui : pas d’embrassades sur le seuil de la maison, pas de grands adieux sur le quai de la gare, pas d’étreintes dans l’aérogare. Ca aussi c’était l’une de leurs conventions : ils se quittaient chez eux, partant chacun pour leur travail et ils se retrouvaient chez eux à leur retour, que ce soit quelques heures ou quelques semaines plus tard.
En dehors de ce lieu, ils étaient deux agents fédéraux, deux hommes qui avaient choisi de servir et de protéger, fut-ce au péril de leur propre vie. Il n’y avait qu’entre ces quatre murs qu’ils étaient un couple amoureux, comme les autres. Il n’y avait qu’entre ces quatre murs qu’ils s’autorisaient à trembler pour l’autre.
Et Colby trembla, de plus en plus, au fur et à mesure que les jours, puis les semaines passaient. Aucune nouvelle, rien ! C’était à en devenir dingue. Il avait fini par demander à Don de se renseigner auprès du NCIS et la réponse ne lui avait rien appris : « L’agent Callen est en mission, il n’est pas joignable pour le moment. » Ce n’était pas la première fois que G. s’absentait si longtemps, mais les autres fois il avait réussi à lui envoyer quelques petits messages. Là… ça commençait à être long.
Jusqu’à ce jour d’avril où le téléphone se mit à sonner vers deux heures du matin. Les sens tout de suite en alerte, Colby décrocha :
- Granger à l’appareil.
- Colby… C’est moi !
Tout à fait réveillé, l’agent du FBI se dressa dans son lit :
- G ? Enfin ! Tu es où ? Tu es rentré ? Tu vas bien ?
Il y eut un moment de silence et Colby sentit un frisson courir le long de sa colonne vertébrale. Puis la voix de G. s’éleva dans son oreille, froide, distante :
- Je vais bien oui… On ne peut mieux. Et non, je ne rentre pas.
- Pas encore ? Tu as une idée de quand tu vas revenir ?
La voix de Colby était empreinte d’appréhension. Il sentait qu’il y avait quelque chose derrière cet appel, quelque chose qu’il n’allait pas aimer.
- Je ne rentre pas Colby.
- Comment ça tu ne rentres pas ? Tu veux dire : pas maintenant ?
- Non… Je veux dire pas du tout !
La terre s’arrêta de tourner et Colby se figea, ne voulant pas croire ce qu’il venait d’entendre :
- Qu’est-ce que tu entends par « pas du tout », finit-il par demander d’une voix blanche.
- Ce que ça veut dire… Pas du tout ! Je suis désolé Colby. J’ai rencontré quelqu’un. Je l’aime… Je ne voulais pas te faire de mal mais… Voilà… C’est arrivé… comme ça !
- Mais… Ce n’est pas possible… Enfin… C’est… Tu es parti depuis un peu plus de deux mois… Ca ne peut pas… Pas si vite…
- Et nous ? Ca nous a pris combien de temps hein ? fut la réponse cinglante. Je suis désolé Colby. Je croyais être amoureux. Je me trompais… Tu mérites mieux que moi.
- Qui es-tu pour me dire ce que je mérite, hein ? s’emporta alors Granger. Qui es-tu pour rompre comme un lâche par téléphone ? Tu me diras, tu aurais pu faire pire : m’envoyer un texto par exemple ! J’ai le droit de comprendre G. J’ai le droit de te voir en face ! De toute façon tu as tes affaires à récupérer.
- J’enverrai quelqu’un les prendre pour moi. Je suis désolé Colby.
- Bien sûr ! Tu es désolé ! C’est si facile à dire ! Et Midnight, j’en fais quoi ?
- Tu la gardes. Elle sera mieux avec toi. Rien ne dit que mon amour d’aujourd’hui sera celui de demain… Je pensais que c’était toi que j’aimerais jusqu’à ma mort. Je me suis trompé. Peut-être que je me trompe encore… Et… Bref…
- Tu es où ? A Los Angeles ?
- Non… J’ai demandé ma mutation à Washington. C’est là-bas que vit mon nouveau compagnon.
Cette nouvelle acheva d’assommer Colby. Visiblement il n’y avait aucun espoir : G. était tombé amoureux d’un autre. G. ne reviendrait pas. Les larmes commencèrent à rouler sur ses joues sans même qu’il s’en rende compte tandis qu’il tentait d’affermir sa voix pour ne pas montrer son désarroi :
-Bien. J’ai compris. Je te souhaite d’être heureux G.
- Toi aussi… Colby… Tu es un type bien.
- C’est ça ! Tellement bien que tu m’as trompé avec le premier venu ! Inutile de me passer de la pommade ! Je suis un grand garçon ! Je m’en remettrai !
- Colby…
- Va au diable G. !
Fin du flashback *****
C’était le dernier mot qu’il lui avait dit avant de raccrocher. « Va au diable ! ». Et G. n’avait plus donné signe de vie. Comme convenu, un agent du NCIS était venu récupérer ses affaires, un agent que Colby ne connaissait pas. Il aurait aimé que ce soit Sam ou Deeks : peut-être aurait-il pu leur tirer les vers du nez. Mais ce jeunot, revêche et mutique n’avait su que lui dire qu’il « avait des ordres » comme si c’était la seule phrase qu’il ait jamais apprise.
Et la vie s’était organisée, la vie sans G., la vie sans amour, sans saveur, sans bonheur.
Et aujourd’hui il était là, devant lui, aussi pâle que lui-même devait l’être, l’air tout aussi abasourdi qu’il l’était et l’espace d’un instant Colby n’eut qu’une envie : repasser cette putain de porte et s’enfuir, après avoir collé une bonne droite à Sinclair qui était forcément au courant de tout ça et qui semblait se prendre pour un entremetteur.
- Colby… Qu’est-ce que tu fais là ?
- Ce que je fais là ? Figure-toi que j’ai suivi un type que je croyais mon ami, qui voulait, parait-il, goûter les spécialités de ce nouveau restau.
Un sourire un peu pâle vint distendre les lèvres de Callen :
- Ouais… Même chose pour moi…
- Quoi ?
- Sam… Il m’a amené ici quasiment de force.
Colby hocha la tête, comprenant qu’ils venaient de tomber dans un traquenard tendu par leurs amis respectifs. Mais pour qui se prenaient-ils ces imbéciles ? Est-ce que lui et G. n’étaient pas assez grands pour régler leurs problèmes tout seuls ? Est-ce qu’ils avaient vraiment besoin qu’on se mêle de leur vie privée ?
- Bon… Ben… Je suis content de t’avoir revu mais excuse-moi de ne pas rester…
Il ébaucha un geste pour s’en retourner :
- Non ! Attends ! Colby…
Et soudain G. bougea de derrière la table où il était assis. Ce fut seulement alors que Colby vit le fauteuil roulant. Il blêmit :
- G…. Qu’est-ce que…
Callen afficha une moue triste :
- Voilà… C’est ça que je ne voulais pas que tu saches Colby…
- Quoi ? Qu’est-ce que… De quoi tu parles ?
Colby s’assit, incapable de tenir sur ses jambes. Il regardait son ex-amant sans comprendre, l’esprit en déroute.
- J’ai été blessé lors de la mission : moelle épinière atteinte. Je ne remarcherai sans doute plus jamais.
- Oh mon Dieu ! G. ! Je suis désolé ! Tellement désolé pour toi ! Si j’avais su… Tu sais bien que je serai venu…
Et puis soudain, une lumière s’alluma dans l’esprit de Colby. D’une voix plus dure il enchaîna :
- Attends… Pendant la mission ? C’est-à-dire… C’est pour ça que tu as rompu ? Il n’y a pas eu d’autre homme ? C’était juste…
La mine de son compagnon le renseigna plus que n’auraient pu le faire les mots. Alors la colère le submergea :
- C’est donc tout le respect que tu as pour moi ? Qu’est-ce que tu as cru bordel ? Que j’allais te quitter parce que tu étais en fauteuil ? Je t’aime abruti ! Je t’aime plus que tout ! Tu crois vraiment qu’un putain de fauteuil peut m’éloigner de toi ? Mais pour qui tu me prends G ? Je suis quoi pour toi hein ?
G. le laissa évacuer toute sa colère, sa frustration, sa douleur et lorsque Colby se tut, il prit la parole à son tour :
- Je ne voulais pas t’imposer un infirme. Tu mérites mieux qu’un type incapable de bander !
- Merde G. ! Y’a pas que le cul dans la vie ! Tu crois vraiment que c’est pour ça que j’étais avec toi : parce que tu baises comme un Dieu ? Je t’aime ! Je n’ai pas besoin qu’on fasse l’amour pour t’aimer !
- C’est pas juste l’amour… C’est… Je ne suis plus celui dont tu es tombé amoureux.
- Bien sûr que si ! Sur tes jambes ou sur des roues, tu es toujours l’homme que j’aime !
Ils étaient face à face maintenant et l’intensité de leurs émotions se lisait sur leurs visages : désespoir, chagrin, colère, frustration, souffrance… Tout cela se mêlait, s’enchevêtrait, les emportait par vagues successives, les laissant pantelants et épuisés à se bouffer du regard avec l’avidité d’un affamé à qui on vient de servir son premier repas depuis des jours. Et c’était bien ça qui se passait : des jours de famine, de solitude, de douleur s’effaçaient un à un à ce moment par la simple magie de leurs présences.
*****
Dans la salle du bas, Sam et David n’en menaient pas large. Ils avaient décidé d’obliger les deux hommes à se retrouver face à face, mais ils étaient conscients que leur choix pouvait avoir l’effet inverse de ce qu’ils espéraient.
L’idée leur en était venue quelques jours plus tôt lorsqu’ils s’étaient rencontrés durant une enquête : David et Sam avaient déboulé au même moment chez le même suspect que les deux équipes traquaient pour des raisons différentes, ignorant que l’autre agence était aussi sur ses traces.
Les deux hommes s’appréciaient, sans être amis. Leurs liens étaient essentiellement dus au fait qu’ils étaient les meilleurs amis l’un de G. et l’autre de Colby. C’était par eux qu’ils s’étaient rencontrés la première fois mais ils n’avaient pas grand-chose en commun hormis la couleur de leur peau. Pourtant un vrai respect mutuel prévalait à leurs rencontres. Et lorsqu’ils s’étaient retrouvés en présence l’un de l’autre, ils avaient appréhendé ensemble le suspect et l’avaient interrogé en binôme. Puis, l’affaire réglée, ils avaient décidé d’aller boire un verre à la victoire de la collaboration entre deux agences d’habitude plutôt adversaires.
Il ne leur avait pas fallu longtemps pour aborder le sujet qui tenait à cœur à chacun : la rupture incompréhensible entre Colby et G. David soupçonnait Sam de savoir pourquoi son partenaire s’était ainsi éloigné de l’homme qu’il aimait, le laissant totalement désemparé. Sam avait quelque peu tergiversé puis avait fini par avouer la vérité à l’agent Sinclair.
Lors d’une opération, quelques mois plus tôt, durant la mission qui avait éloigné G. de Colby, son partenaire avait été touché par une balle alors qu’ils s’apprêtaient à appréhender un suspect. La blessure en elle-même n’aurait pas été grave si malheureusement l’agent du NCIS ne s’était pas trouvé à ce moment précis au sommet d’un précipice. Le choc l’avait propulsé en arrière et il avait franchi le garde-fou, s’écrasant une dizaine de mètres plus bas.
Tandis qu’il racontait, Sam revivait l’horreur de ce moment : son cri lorsqu’il avait vu G. tituber puis basculer dans le vide. Il se souvenait avoir assommé l’homme puis s’être précipité vers le bord. Son ami gisait sur le sol dur, immobile et, risquant la chute à son tour, il s’était précipité vers lui, désespéré à l’idée de le retrouver mort.
G. avait survécu à la chute, mais il s’était brisé la colonne vertébrale et les médecins avaient laissé peu d’espoir quant à ses chances de recouvrer un jour la mobilité de ses jambes. A son réveil, l’agent avait été anéanti par la nouvelle et il avait décidé que, n’étant plus tout à fait un homme, il était hors de question qu’il enchaîne son compagnon à son fauteuil. Sam avait tout fait pour le dissuader de rompre, l’avait encouragé à dire la vérité à Colby, mais Callen était plus têtu qu’une bourrique et, une nuit, il avait mis son plan à exécution. Sam s’était alors attaché à lui permettre d’aller mieux, souffrant de le voir si triste sans rien pouvoir faire pour lui.
Cinq semaines auparavant, Callen avait réintégré l’équipe, mais en restant au QG d’où il dirigeait ses partenaires sur le terrain. Il s’était montré aussi efficace à ce poste qu’il l’était lorsqu’il était dans les rues et il avait déjà sauvé la vie de Kensi et celle de Sam en réagissant au quart de tour alors qu’ils se trouvaient l’un et l’autre en difficulté. Cela lui avait permis de reprendre pied dans sa vie, de s’apercevoir qu’il n’était pas devenu l’épave inutile qu’il croyait être. Pour autant, il n’avait pas envisagé une seconde de tenter de renouer avec Colby, persuadé qu’il ne serait pour lui qu’un fardeau que l’agent du FBI ne pourrait jamais quitter même s’il le voulait, parce que son handicap exacerberait chez lui le sentiment de protection et de loyauté qui lui interdirait de lui faire le moindre mal, dut-il, lui, en souffrir.
Sam s’était incliné, une fois de plus, même s’il pensait que son ami avait tort. Mais sa rencontre avec David lui était apparue comme un signe du destin, un moyen peut-être d’obliger sa tête de bois de partenaire à se rendre compte qu’il faisait fausse route. En apprenant que, de son côté, Colby traînait sa misère depuis trois mois, il avait conclu que de toute façon, la situation ne pourrait pas s’aggraver.
Les deux hommes avaient donc concocté ce petit piège et, depuis le début de la soirée, ils étaient en contact continu pour s’assurer que tout fonctionnait comme ils le voulaient. Maintenant, ils avaient peur d’avoir outrepassé leurs droits. Et si Colby et G. ne leur pardonnaient pas leur intervention ? Si le premier ne pouvait pas supporter l’infirmité du second ou tout simplement si la rancune qu’il conservait envers lui avait effacé tout l’amour qui les avait unis ? Que se passerait-il si, chacun de leur côté, les deux hommes reprochaient à leurs amis respectifs cette rencontre forcée ? Que leur resterait-il au cas où, suite à leur choix, ils rejetaient leurs partenaires ? Ils seraient encore plus seuls qu’ils ne l’étaient avant cette soirée.
- Tu crois qu’on a fait le bon choix ? questionna Sam, tendu comme un arc, l’oreille aux aguets, tentant de déceler des éclats de voix.
- J’espère… En tout cas, on n’a toujours pas entendu de coup de feu, c’est plutôt encourageant, tenta de plaisanter David.
Mais le cœur n’y était vraiment pas.
Et puis soudain ils virent arriver Colby, le visage fermé, qui se dirigeait vers eux et leurs cœurs se serrèrent d’appréhension à sa mine revêche et à son regard accusateur. Visiblement les choses ne s’étaient pas bien passées. Avant qu’ils n’aient pu se lever, l’agent du FBI était à leurs côtés :
- Alors vous êtes contents de vous ? les apostropha-t-il d’une voix sèche.
- Ecoute Colb…
- Non ! Mais pour qui vous vous prenez ? Vous croyez que nous ne sommes pas capables de prendre notre vie en main ? Vous pensez que de nous mettre en présence l’un de l’autre va suffire ? Vous étiez persuadés qu’au moment où nous nous reverrions tout s’effacerait comme par miracle ?
Les deux hommes étaient dans leurs petits souliers. Sam tendait le cou au maximum pour voir si G. arrivait à son tour, inquiet de le savoir seul dans la pièce, désespéré sans doute du départ de Colby. Ils avaient échoué ! Ils avaient joué la dernière carte qu’ils avaient en main et visiblement les choses ne s’étaient pas passées comme ils l’avaient espéré. Peut-être même avaient-ils fait plus de mal encore à leurs amis en se mêlant de ce qui ne les regardait pas. David cherchait les mots qu’il pourrait dire pour faire comprendre à Colby qu’il n’avait pas voulu le trahir, qu’il avait juste pensé à son bonheur, à redonner une chance à cet amour qu’il savait toujours présent en son cœur.
- Vous voulez que je vous dise ? continuait Colby sans se soucier des mines contrites de ses interlocuteurs.
Ceux-ci se crispèrent plus encore, s’attendant à une condamnation sans rémission, pensant que l’un et l’autre allaient perdre une amitié qui leur était précieuse.
Et puis soudain le visage de Colby se détendit et un sourire vint s’afficher sur ses lèvres tandis que ses yeux s’allumaient d’une lueur moqueuse :
- Et bien vous aviez tout à fait raison !
Les deux hommes le regardèrent, bouches bée, les yeux écarquillés de surprise et il se mit à rire aux éclats, d’un rire clair et heureux comme David n’en avait plus entendu de sa part depuis sa rupture :
- Regarde-moi leur tête G. ! Ca vaut une photo !
- Oui… Je viens de la prendre !
G. venait d’arriver derrière lui, sans qu’ils l’aient vu et il riait à son tour de leurs mines stupéfaites. Sa main vint saisir celle de Colby et les deux hommes sortirent de leur stupeur à ce geste qui résumait tout :
- Vous nous faisiez marcher ? s’indigna David.
- Vous le méritiez bien non ? On n’a pas idée de se mêler ainsi de la vie des gens ! rétorqua G. faussement fâché.
- Quand c’est pour leur bien…, commença Sam.
- Tututu…. Trop facile, se moqua Colby.
Puis, reprenant son sérieux, il regarda les deux hommes en face avant de dire :
- Merci. Merci à vous deux.
- Tout est arrangé alors ? demanda Sam.
- Disons que nous avons parlé et… Colby a bien voulu me donner une autre chance, répliqua G. en couvant l’agent du FBI d’un regard empreint d’amour.
- C’est une merveilleuse nouvelle ! s’exclama David.
- Je n’ai pas beaucoup de mérite, expliqua Colby. Sans G. je suis une coquille vide. Qu’il marche ou non, il est l’homme que j’aime… le seul que j’aie jamais aimé.
Sa main se referma plus fermement sur les doigts de son compagnon retrouvé et il continua :
- Maintenant que je le tiens, je ne le laisserai plus jamais partir.
- Je n’aurai plus jamais envie de te quitter, répliqua G.
Les deux hommes se regardèrent avant d’échanger un baiser qui s’intensifia au point que leurs amis se sentirent de trop :
- Bon ben… On va vous laisser, commença David.
- Ah non ! Pas question ! s’interposa Colby.
- Quoi ? s’étonna l’afro-américain.
- Tu m’as promis de m’inviter à manger ! Tu as intérêt à t’exécuter. Et désolé pour toi mon pote mais les émotions ça me creuse alors prépare-toi à une note salée.
- Pareil pour toi ma caille, gouailla G. à l’intention de Sam.
Sinclair et Hanna se regardèrent, faussement catastrophés à l’idée de devoir régaler leurs commensaux mais on voyait bien dans leurs regards qu’ils se seraient acquittés de bien d’autres additions salées pour le bonheur de leurs amis.
La soirée se termina dans les rires et l’émotion, Colby et G. ne se quittant guère ni du regard ni du toucher, comme s’ils avaient besoin de s’assurer qu’ils ne rêvaient pas. Et lorsque le repas fut terminé, ce fut l’agent du FBI qui roula le fauteuil se celui qui était redevenu son compagnon et qui, cette nuit-là, retrouva leur maison et Midnight qui, pas rancunière pour deux sous, vint aussitôt ronronner tout son soul sur les genoux du revenant.
Bien sûr ils n’étaient pas stupides : ils savaient que ce ne serait pas facile tous les jours. Mais ils étaient ensemble de nouveau et c’était le plus important. A eux deux, ils n’avaient rien à craindre. Le pire était derrière eux désormais, ils ne pouvaient aller que vers le meilleur.
*****
Colby jeta un dernier regard à la pièce et sourit de contentement. Tout était parfait ! Ce n’était pas pour rien qu’il avait demandé à Don de lui accorder cette journée de congé, si difficile à obtenir parce que très convoitée par tous les agents. Mais Don avait fait remarquer qu’il n’avait jamais demandé à profiter de son 24 décembre depuis qu’il avait intégré l’équipe, acceptant systématiquement de remplacer un quelconque collègue qui sollicitait cette faveur. Il lui avait donc promis que, sauf enquête qui aurait nécessité impérativement sa présence, il pourrait profiter de la journée demandée. Et pour une fois le sort était de son côté puisque rien de grave n’était survenu annulant tous les congés comme cela se produisait malheureusement trop fréquemment.
En regardant la table apprêtée, les décorations scintillantes et en humant les bonnes odeurs de la dinde qui rôtissait doucement dans le four, Colby se sentit heureux, l’âme en paix, enfin à sa place. Nichée dans le creux d’un fauteuil, Midnight l’observait à travers ses yeux mi-clos, attendant simplement qu’il quitte la pièce pour repartir à l’assaut du sapin qui faisait ses délices avec les boules qu’il était si amusant de décrocher ou les guirlandes dans lesquelles on pouvait s’emberlificoter à loisir !
- Toi, tu ne bouges pas de là ! avertit Colby en direction de la facétieuse qui le regarda d’un air dédaigneux, se lécha la patte puis, d’un air de déesse outragée, descendit de son perchoir, passant devant lui tête haute et queue relevée pour bien marquer sa désapprobation. L’humain était sur ses gardes : peu importait… Tôt ou tard sa vigilance se relâcherait, et alors…
Bien loin de ces considérations félines, l’agent Granger alla chercher les verres de fin cristal achetés la semaine précédente et les disposa devant chaque assiette. Ce serait un grand dîner, leur premier dîner de réception… Cette année, ils voulaient que Noël se passe chez eux pour s’assurer que le temps du bonheur était revenu.
Cinq mois maintenant que G. était revenu dans sa vie. Cinq mois de hauts et de bas mais surtout cinq mois de partage. Ils s’étaient retrouvés, avaient surmonté toutes les difficultés liées au handicap de l’agent du NCIS. Celui-ci avait fini par avouer à son amant qu’un médecin lui avait proposé une intervention chirurgicale qui pourrait lui rendre l’usage de ses jambes… ou qui pourrait aggraver son état, voire le tuer. Seul, il n’avait jamais eu le courage d’accepter, mais avec son compagnon à ses côtés, il avait décidé de tenter sa chance.
L’opération avait eu lieu six semaines plus tôt et si elle n’avait rien aggravé, fort heureusement, elle ne semblait pas non plus avoir permis de grandes améliorations. Pourtant G. semblait retrouver une certaine sensibilité, comme en témoignait leurs ébats de plus en plus satisfaisants. Au départ, à leurs retrouvailles, Colby avait dû apprendre à apprivoiser ce corps inconnu que pourtant il connaissait si bien. Petit à petit ils avaient trouvé leurs marques et le plaisir était au rendez-vous de leurs unions charnelles, un autre plaisir certes, peut-être moins animal, mais tout aussi agréable à partager. G. suivait une thérapie depuis son opération mais les progrès n’étaient pas probants en ce qui concernait la marche. Pourtant l’espoir ne les quittait pas : sa sensibilité retrouvée sous la ceinture permettait de penser qu’un jour prochain Callen pourrait enfin remarcher.
Colby se moquait bien que l’homme qu’il aimait soit en fauteuil, mais il savait combien celui-ci souffrait d’être éloigné du terrain, de ne plus pouvoir faire tout ce qu’il faisait avant. Ils avaient aménagé la chambre d’amis qui possédait une salle de bain contigüe afin d’éviter les escaliers, mais l’agent du FBI voyait bien passer dans le regard de son compagnon toute la frustration de ne plus être tout à fait « entier », comme il disait. Dans ces moments-là, il le prenait dans ses bras, couvrait ses lèvres de baisers et lui répétait qu’il était juste parfait pour lui et qu’il n’avait besoin de rien d’autre que de son sourire pour être heureux.
Six semaines c’était long et, bien que refusant de se montrer défaitiste, Colby commençait à penser que jamais son compagnon ne remarcherait. Il dépensait une énergie folle à lui prouver que, même en fauteuil, il était capable de pratiquer les mêmes activités qu’avant : ils avaient sauté en parachute, en duo et, pour Noël, Colby comptait lui offrir un séjour au ski dans une station qui louait des fauteuils adaptés. G. adorait skier : nul doute que de s’apercevoir qu’il pourrait encore le faire le réconforterait.
Ce soir ce serait leur soir. Colby voulait que tout soit parfait. Outre les équipiers de G, il avait invité ses propres partenaires ainsi que Don et sa famille. Une grande tablée heureuse, témoin de leur bonheur, devant laquelle il avait décidé de demander son compagnon en mariage. Il tâta dans sa poche les deux anneaux d’or blanc qu’il ne quittait pas, par superstition sans doute, et son cœur battit plus vite à l’idée de ce cadeau pour l’homme avec lequel il voulait finir ses jours.
G. n’avait pas obtenu de congé et Colby préférait cela : il voulait tout préparer à sa façon pour voir fleurir ce sourire ému et heureux qui lui réchauffait le cœur lorsqu’il naissait sur les lèvres de son amour. L’agent du NCIS ne tarderait pas à rentrer et le temps de se changer et de prendre une douche, leurs invités seraient là. Il fallait que tout se passe bien : ils avaient le droit à leur part de bonheur.
Quelques heures plus tard, la soirée battait son plein et des éclats de rire s’entrecroisaient. Les mines étaient rougies par la bonne chair et les vins capiteux en même temps que par la douce chaleur qui régnait dans la pièce. Assis à chaque extrémité de la table, Colby et G. se parlaient des yeux et se sentaient tout simplement bien.
Puis vint le moment des cadeaux. En recevant les réservations pour le ski, G. afficha le sourire qu’attendait Colby et un baiser appuyé vint récompenser le donateur. Celui-ci s’agenouilla alors près du fauteuil et, tendant l’écrin où se trouvait l’anneau d’or, il dit d’une voix émue :
- G. Callen, tu es l’homme le plus merveilleux du monde. Je ne veux plus jamais avoir peur de te perdre et je ne vois qu’un moyen pour cela : veux-tu m’épouser ?
Les conversations dans la pièce s’étaient tues, chacun était suspendu aux lèvres de l’agent du NCIS dont les yeux brillaient étrangement. D’une voix rendue rauque d’émotion, il demanda :
- Tu veux m’épouser ? Mais… Je suis dans un fauteuil…
- Et alors ? Quelle importance ! J’aime ce que tu es… Ton fauteuil, je ne le vois même plus. Sans toi ma vie n’a pas de saveur… Ce fauteuil je l’aime parce que c’est un morceau de toi. Il n’est pas, il ne sera jamais un obstacle.
- Tu as raison, dit alors Callen qui posa ses mains sur les roues pour reculer de quelques mètres sous le regard étonné puis inquiet de son amant qui se demandait ce que cela voulait dire : G. allait-il refuser sa demande ?
- Moi aussi j’ai un cadeau pour toi. J’ai cherché ce qui pourrait te faire vraiment plaisir et je crois que j’ai trouvé.
Et sous le regard ébahi de l’assistance, G. bloqua le fauteuil contre le mur, prit appui sur les accoudoirs et se dressa puis il fit quelques pas un peu chancelants en direction de Colby qui se précipita au moment où il vacillait et le réceptionna dans ses bras :
- G. Mais… Tu marches…
- Pas très bien encore mais oui… Ca fait une semaine maintenant que je tiens debout sans appui.
- Pourquoi ne m’as-tu rien dit ?
- Je voulais t’en faire la surprise, t’offrir ce cadeau pour un Noël inoubliable.
- Ta seule présence l’aurait de toute façon rendu inoubliable.
- Oui… Mais avoue que tu ne t’attendais pas à celle-là, sourit G. blotti contre son amant, heureux au-delà de toute expression de pouvoir enfin se dresser à sa hauteur, même s’il avait encore besoin de son soutien pour se stabiliser.
- G…
Ce fut tout ce que Colby réussit à dire tandis que ses yeux se remplissaient de larmes. Ils avaient vécu l’enfer chacun de leur côté et il semblait que désormais c’était le paradis qui les attendait.
- Oui…, dit soudain G.
- Quoi ? questionna Colby un peu perdu.
- Oui, je veux t’épouser.
Ce fut seulement alors que leurs invités, qui retenaient leurs souffles depuis un moment, éclatèrent en vivats heureux et accoururent pour féliciter les deux hommes. Sam récupéra son petit frère dans ses bras en le grondant pour ses cachotteries d’un ton qui laissait surtout paraître sa joie de le voir sur le chemin de la guérison.
Ce soir là, lorsque le calme fut revenu dans la maison, les deux hommes s’aimèrent avec toute la tendresse, l’amour, le respect qu’ils avaient l’un pour l’autre. Noël leur avait offert le plus beau des cadeaux et ils n’auraient pas trop de toute leur vie pour le déballer ensemble.
Dans le salon, Midnight, les yeux luisants de convoitise, s’envola soudain vers le haut du sapin, là où brillait l’étoile qui l’avait narguée toute la soirée. Parole de chat : elle allait la décrocher.
Et tandis que le chat le faisait au sens propre, ses maîtres décrochaient leurs propres étoiles dans un ciel où il n’y avait plus aucun nuage.
FIN