Songfic offerte pour l'anniversaire de Christie
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Brad Wright & Robert Cooper. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Contre l’amour
Rodney McKay regardait de loin le colonel Sheppard qui pérorait au milieu d’un groupe de jolies jeunes femmes toutes suspendues aux lèvres du sémillant militaire.
- Quelque chose ne va pas professeur ?
Il sursauta et toisa l’assistant qui venait de l’arracher ainsi à ses pensées :
- Bien sûr que tout va bien ! De quoi je me mêle d’abord ! Vous n’avez rien de mieux à faire qu’à rester planté là à poser des questions idiotes ? Les analyses que je vous avais demandées sont terminées ?
- Oui… Les voilà ! répliqua l’assistant effarouché en tendant une liasse de feuillets à son supérieur avant de disparaître au plus vite, peu soucieux de se faire à nouveau houspiller par lui.
McKay passa une main lasse dans ses cheveux : il était conscient d’avoir été injuste avec le jeune homme et que l’objet de son courroux était tout autre qu’un hypothétique retard dans un rapport qui n’avait pas vraiment d’importance. Mais après tout, les assistants étaient là pour l’épauler, et si l’aide dont il avait besoin était du genre « soupape de sécurité » et bien tant pis pour eux. Ils se battaient pour bosser avec l’un des plus grands génies de tous les temps, ils n’avaient qu’à assumer les tout petits travers qui allaient de pair avec. C’était aussi leur job !
Haussant les épaules, il cessa de s’en faire pour la réaction potentielle de son assistant et replongea dans son tourment premier qui n’avait rien à voir avec les papiers qu’il avait en main.
Contre les migraines tenaces, j´prends une aspirine
Contre les refroidissements, une rasade de gin
Contre la montée d´angoisse, anti-dépresseurs
Contre les remords tardifs, j´ai un confesseur
Pouvait-on être plus stupide qu’il était de se sentir attiré par un militaire sans un sou de cervelle et qui papillonnait de fille en fille ? Ce n’était pas parce que son vrai prénom était Mérédith qu’il avait la moindre chance de lui inspirer un quelconque sentiment autre que le mépris qu’il semblait éprouver à son encontre.
Oh certes Sheppard reconnaissait son intelligence supérieure : il pouvait difficilement faire autrement, mais il ne manquait jamais de souligner ses faiblesses ou ses petits défauts. Etait-ce sa faute à lui s’il était allergique à un tas de chose, s’il craignait la violence, s’il lui arrivait d’émettre des hypothèses qui s’avéraient parfois erronées ? Après tout, ce n’était pas parce qu’il était génial qu’il était aussi omniscient !
Enfin bref… Pourquoi fallait-il qu’il se soit épris du seul type de l’univers qui ne verrait jamais en lui autre chose qu’un bagage encombrant avec lequel il devait composer.
Contre la crise d´insomnie, j´avale un valium
Contre la mélancolie, j´envisage l´opium
Contre les réveils pénibles, un alka-seltzer
Et puis contre l´avis d´mon médecin, la même chose qu´hier.
A quoi lui servait-il de tout connaître, ou presque sur l’univers, les planètes, les technologies les plus poussées ? Quelle était l’utilité de savoir communiquer avec des peuples inconnus, de traverser les portes l’une après l’autre pour enrichir des connaissances toujours plus grandes ? A quoi tout cela aboutissait-il s’il était totalement incapable de comprendre ce qui se passait dans on cœur et dans sa tête, cette tête censée être la plus brillante de la base ? Comment lui, détenteur de tant de savoirs, pouvait-il ne pas venir à bout d’un sentiment qu’il n’avait pas cherché et qu’il ne comprenait pas ?
Contre l´amour hélas les savants
N´en sont toujours pas beaucoup plus loin qu´avant
Contre l´amour pilules et cachets
Jusqu´à ce jour rien de ça n´a marché.
Mais qu’est-ce qui lui était arrivé ? Comment pouvait-il perdre son temps à soupirer après un homme qui ne serait jamais à lui ? S’il devait aimer, il pourrait au moins choisir un être de son acabit, qui le comprendrait, qui saurait ce qui était bon pour lui, une de ces femmes qui n’aurait rien demandé de plus que de s’occuper de lui, l’amener à se blottir dans son giron, l’aurait bercé comme l’enfant qui sommeillait en lui en avait parfois besoin.
Si vraiment il devait s’amouracher d’un homme, pourquoi ne pas chercher son âme sœur parmi ses pairs, des hommes ayant les mêmes centres d’intérêts que lui, un QI, non pas équivalent, c’était impossible, mais le plus proche possible, avec lequel il pourrait partager des recherches, des moments intellectuellement stimulants.
Pourquoi celui-ci ? Que faire ?
Contre les mouches, les moustiques, vaporisateur
Contre les pieds, les pipelettes, j´branche le répondeur
Contre les cambrioleurs, le système d´alarme
Enfin contre ma propre personne, j´ai le choix des armes
Il n’y avait qu’à le regarder ce militaire à l’intelligence d’un primate ! Tout ce qui l’intéressait c’était de foncer comme un taureau excité par un chiffon rouge, tirer sur tout ce qui bougeait, envoyer son poing dans la figure du premier contradicteur et surtout, surtout, se vautrer dans le lit de toutes les femmes sans cervelles qui venaient batifoler autour de lui !
Franchement ! Comment pouvait-il sentir son cœur s’emballer lorsque le colonel lui adressait un sourire, un de ces sourires si craquants qu’il se serait damné pour le recevoir ? Comment pouvait-il, quand il fermait les yeux, entendre sa voix chaude lui susurrer des mots doux, imaginer ses mains courir sur sa peau nue ?
Il devait y avoir quelque chose à faire pour échapper à cette stupidité ! Il y avait bien quelque part un remède, une solution, un moyen de cesser de se comporter de cette manière ridicule !
Contre l´amour hélas la recherche
Piétine toujours, c´qu´on a trouvé c´est pas lerche
Contre l´amour on continue l´combat
Mais à ce jour faut dire nous ne gagnons pas.
Dégoûté de lui-même, démoralisé par la vue de l’homme qu’il aimait jouant les coqs au milieu de poules stupides, McKay tourna les talons et s’engagea dans la coursive : il était plus que temps qu’il se décide à se comporter comme le savant qu’il était et pas comme une minette attirée par les jolies moustaches d’un matou qui ne se préoccupait guère de lui.
Alors qu’il arrivait chez lui, il sentit deux bras l’enlacer et il se retourna, alarmé. Son cœur manqua un battement. Il était juste contre le torse dont il rêvait depuis si longtemps. Pourtant il se débattit, tentant de se dégager :
- Qu’est-ce qui vous prend Sheppard, lâchez-moi !
- Oh non ! Pas avant que vous m’ayez expliqué les regards que vous me jetez depuis quelques jours.
- Quels regards ? De quoi vous parlez ? Vous avez un peu trop bu ma parole ! tenta-t-il de se défendre.
Le colonel Sheppard se mit à rire, resserrant son étreinte :
- Allons Rodney, tu es le pire menteur que je connaisse.
Rodney… Il l’avait appelé Rodney… Et cet accent dans sa voix… McKay, durant une fraction de seconde se laissa bercer par l’espoir. Puis soudain la raison reprit sa place :
- Je ne vois pas de quoi vous parlez colonel ! J’ai du travail maintenant alors si vous pouviez me laisser aller.
- Va donc, murmura alors Sheppard en relâchant son étreinte… Va… Mais tu sais bien que tu ne pourras pas te débarrasser de moi comme ça.
- Si je le voulais…., commença-t-il, souhaitant pouvoir le prendre de haut.
- Mais tu ne le veux pas… Je sais que ce n’est pas facile pour toi. Ca ne l’est pas pour moi non plus, crois moi.
- Je ne comprends rien à ce que vous racontez.
- Oh si tu comprends… Mais si vraiment tu as besoin d’une explication supplémentaire.
Et avant que le scientifique n’ait pu esquisser le moindre geste de retrait, Sheppard l’avait de nouveau pris contre lui et sa bouche se posa sur la sienne. Durant une fraction de seconde, Rodney McKay voulut se débattre et puis soudain il renonça, s’abandonna à la caresse, s’offrit… Pour la première fois depuis bien longtemps, il décida de laisser son cerveau en veille et de simplement ressentir. Et ce qu’il ressentait à cet instant précis était au-delà des mots.
Est-ce que ça durerait ? Est-ce que c’était un caprice ? Il ne le savait pas et ne voulait pas le savoir. Il était simplement là où il avait toujours voulu être, là où il devait tout simplement être. Le reste… tout le reste… n’avait aucune importance.
FIN
Chanson d’Alain Chamfort