Fiction offerte à Slashdinozzo
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Léonard Freeman, Alex Kurtzman, Roberto Orci, Peter M. Lenkov. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Plus bleu que tes yeux
- Qu’est-ce que tu regardes encore ? S’il n’y a pas un hélico sur le point de nous dégringoler sur le coin de la figure ? Monsieur Super Seal n’a pas eu assez d’émotions pour aujourd’hui ? Il te faut encore ta dose d’adrénaline ?
Mais lorsque Steve se tourna vers lui, Danny se tut instantanément, incapable de comprendre pourquoi la manière dont son ami le regardait faisait soudain courir un frisson sur son échine.
Et les mots qui sortirent des lèvres de Mac Garrett n’étaient pas vraiment faits pour lui permettre de relier ses sensations et son audition.
Lorsque je lève les yeux,
Je rencontre le ciel
Et je me dis : "Mon Dieu,
Mais c'est sensationnel,
Tant de bleu."
Danny le fixa, interloqué, puis sentit de nouveau sa colère monter :
- Waouh ! Mais quelle déclaration !!! Du ciel bleu à
Hawaii !!! C’est vrai qu’il y a de quoi s’émerveiller ! Je n’aurais même pas pensé que tu te serais rendu compte que le ciel pouvait être bleu et…
Soudain Steve s’approcha d’un pas, rivant ses yeux aux siens et sous l’intensité des prunelles fixées sur lui, Danny, sans savoir vraiment pourquoi s’interrompit net. Il avait l’impression d’être aimanté au regard du SEAL.
Lorsque je lève les yeux,
Je rencontre tes yeux
Et je me dis : "Mon Dieu,
C'est vraiment merveilleux,
Tant de bleu."
Danny était sonné. Lorsqu’il s’était levé le matin même, vaguement irrité, trainant sa mauvaise humeur devenue chronique ces temps-ci sans qu’il sache vraiment pourquoi, il avait imaginé mille et une façons dont les heures à venir pourraient se dérouler, mais jamais, au grand jamais, il n’aurait pu penser qu’il se trouverait là, figé sur place, à écouter son chef et ami lui débiter les paroles auxquelles il n’arrivait pas vraiment à mettre du sens.
Plus bleu que le bleu de tes yeux,
Je ne vois rien de mieux,
Même le bleu des cieux.
Plus blond que tes cheveux dorés
Ne peut s'imaginer,
Même le blond des blés.
Plus pur que ton souffle si doux,
Le vent, même au mois d'août,
Ne peut être plus doux.
Il rêvait… Sans doute il rêvait… Il était encore dans son lit, faisant un de ces fichus rêves qui le laissaient insatisfait à chaque fois tant ils étaient éloignés de sa réalité habituelle. Il avait toujours su, au plus profond de lui, qu’il était autant attiré par les hommes que par les femmes. S’il était devenu un « honnête homme », c’était parce qu’il avait rencontré Rachel à une époque où il refusait de se voir autrement qu’en flic sans peur et sans reproche, menant une vie bien rangée et intégré dans sa communauté.
Il ne regrettait rien : s’il avait, à cette époque, suivi la vague voix qui chuchotait parfois à son oreille et le conduisait à regarder certains hommes avec un drôle de petit creux au ventre, Grace n’aurait pas existé et il serait sans doute passé à côté d’une des plus belles choses qu’ait pu lui apporter cette fichue existence.
Mais parfois… parfois il imaginait ce qui aurait pu être, ce qui serait peut-être un jour… Et depuis qu’il bossait avec cette tête brûlée de militaire mal dégrossi, les songes récurrents où ils n’avaient pas des activités typiquement professionnelles venaient le hanter de plus en plus souvent. Et ce rappel nocturne de ce qui ne serait jamais ne contribuait pas peu à entretenir sa mauvaise humeur chronique.
Comment se sentir bien lorsqu’il devait jour après jour côtoyer un homme auquel il ne pouvait et ne pourrait jamais révéler les sentiments réels qui l’animaient ? Il imaginait bien comment son aveu aurait été reçu par un individu bourré de testostérone, élevé dans un monde où les mecs couchaient avec des filles et où les taffioles n’avaient pas bonne presse !
Et pourtant c’était justement ledit individu testostéroné qui, pas après pas, avançait vers lui, en lui murmurant des phrases qu’il n’avait jamais, même dans ses rêves les plus fous, imaginé entendre tomber de cette bouche.
Plus fort que mon amour pour toi,
La mer, même en furie,
Ne s'en approche pas.
Plus bleu que le bleu de tes yeux,
Je ne vois rien de mieux,
Même le bleu des cieux.
Oui… Définitivement il rêvait ! Steve ne pouvait pas être en train de lui déclarer son amour comme ça, tout de go, au beau milieu du sermon qu’il était en train de lui faire pour avoir encore une fois agi comme une fichue tête brûlée de navy seal sans cervelle !
Ou alors c’était un truc… Juste un truc pour l’amener à se taire, pour détourner sa colère, ou, qui sait ? pour se venger des petites piques qu’il lui avait lancées. Mais non…Steve était tout sauf un type capable de faire du mal avec des mots, pour le plaisir de se venger. S’il avait voulu lui imposer le silence, il aurait plutôt choisi de lui envoyer son poing dans la figure ce qui aurait, sans aucun doute, mis fin d’office à tous les discours qu’il aurait pu préparer, tout en le privant d’une partie de son râtelier par la même occasion.
Mais alors… que devait-il croire ? Que devait-il penser ? Que devait-il faire tandis que, sur un ton qu’il ne lui avait jamais entendu, Steve continuait :
Si un jour tu devais t'en aller
Et me quitter,
Mon destin changerait tout-à-coup
Du tout au tout.
S’en aller ? Il avait beau l’en menacer dix fois par jour, jamais il ne pourrait s’éloigner de lui !
Si on lui avait dit ça quatre ans plus tôt, lorsqu’il braquait son arme sur celui qu’il prenait alors pour un cambrioleur ou, pire, un assassin revenu sur les lieux de son crime…
Il l’avait détesté au début… Ou peut-être que déjà, au plus profond de lui, son âme l’avait reconnu sans qu’il lui laisse alors le loisir de s’exprimer. Il cherchait à ce moment-là à reconquérir Rachel, refusant de voir que son couple était déjà derrière lui et que la page était définitivement tournée, voulant surtout, plus que tout, rester dans la vie de sa petite princesse, celle pour laquelle il était venu fouler le sable d’
Hawaii, lui qui détestait tant le sable et la pizza à l’ananas !
Et puis, insensiblement, il s’était fait à l’idée que jamais il ne reconquerrait Rachel et finalement il s’en fichait. Son cœur ne battait plus pour elle mais il avait fallu l’arrivée de l’ouragan Mac Garrett dans sa vie pour qu’il accepte enfin de s’en rendre compte et de se laisser tenter par d’autres possibles.
Et même s’il passait la moitié de son temps à tempêter contre son partenaire, les mots de celui-ci, décrivant son désarroi s’il venait à partir résonnaient dans son cœur et y trouvait un écho.
Plus gris que le gris de ma vie,
Rien ne serait plus gris,
Pas même un ciel de pluie.
Plus noir que le noir de mon coeur,
La terre en profondeur
N'aurait pas sa noirceur.
Plus vide que mes jours sans toi,
Aucun gouffre sans fond
Ne s'en approchera.
Alors c’était vrai ? Il était bien là, dans ce bureau, de retour d’une mission qui aurait pu, une fois de plus tourner très mal ? Il était là à écouter celui qu’il avait cru perdre quelques heures plus tôt ? Il était là à entendre des mots qu’il ne pensait pas entendre un jour, en tout cas pas dans cette bouche-là ?
Est-ce qu’ils avaient cheminé sur des chemins parallèles ? Est-ce que tout ce qu’il avait ressenti depuis des mois, Steve le ressentait aussi ? Est-ce que lui aussi avait ces rêves, ces rêves à la fois merveilleux et si douloureux, ces rêves où ils étaient ensemble, unis de corps et d’âme ? Est-ce qu’il pouvait croire qu’un jour ses joies seraient celles de Steve, que leurs peines seraient les mêmes et leurs espoirs dirigés vers un même but ?
En tout cas, une chose était sûre : si un jour il ne pouvait plus voir son horripilant, exaspérant, adorable partenaire, sa vie n’aurait plus aucune saveur, aucune odeur, aucune raison d’être, et ces mots qu’il recevait, il les renvoyait de toute son âme.
Plus long que mon chagrin d'amour,
Même l'éternité
Près de lui serait court.
Plus gris que le gris de ma vie,
Rien ne serait plus gris,
Pas même un ciel de pluie.
Ils étaient maintenant à une longueur de bras l’un de l’autre : enfin, une longueur du bras du SEAL, ce qui signifiait que pour lui, il fallait ajouter encore facilement un avant bras ! On n’avait pas idée aussi d’être si grand… ni d’être si fou… ni, surtout, d’être si beau !!!!
Et voilà qu’à nouveau son esprit décrochait ! Un peu comme votre système nerveux se met en veille après une décharge de taseur. Là… Ses sens, son esprit, sa réflexion… tout était court-circuité.
Qui aurait pensé que son si peu prolixe partenaire pourrait être capable de tenir un si long discours et surtout quel discours !
On a tort de penser, je sais bien,
Aux lendemains.
A quoi bon se compliquer la vie
Puisqu'aujourd'hui...
Ah bien voilà ! Là il le reconnaissait : on fonce d’abord et on réfléchit aux conséquences après ! Nul doute que dans leur couple les rôles étaient déjà bien répartis entre la tête et les muscles ! Mais qu’est-ce qui lui prenait ? Est-ce qu’il venait vraiment de penser à lui et Steve comme à un « couple » ? Est-ce qu’on mariait l’eau et le feu, le chaud et le froid, les charentaises et les rangers ?
Et pourtant… pourtant… maintenant que l’homme de ses rêves, après tout il pouvait bien se l’avouer, était quasi-contre lui, qu’il devait maintenant lever les yeux pour continuer à fixer son regard (a-t-on idée de pousser comme une asperge folle ?), pourtant…
Ces mots… cet accent de sincérité… Si cela était vrai, alors tout… absolument tout était possible.
Plus bleu que le bleu de tes yeux,
Je ne vois rien de mieux,
Même le bleu des cieux.
Plus blond que tes cheveux dorés
Ne peut s'imaginer,
Même le blond des blés.
Plus pur que ton souffle si doux,
Le vent, même au mois d'août,
Ne peut être plus doux.
Plus fort que mon amour pour toi
La mer, même en furie,
Ne s'en approche pas.
Comment son visage avait-il atterri dans ces mains, ces mains fortes et fermes posées de chaque côté de ses joues tandis qu’un doigt tendre passait sur ses lèvres avec une douceur qu’il n’aurait jamais imaginé chez le Seal ?
Et cette caresse faisait naître en lui l’irrépressible besoin d’autres caresses, plus fortes, plus viriles, sur son corps et plus seulement sur son visage. Soudain ses rêves devenaient réels, possible, juste à portée d’un geste, d’un mot peut-être ou simplement d’un silence, ce silence qu’il gardait depuis de longues minutes maintenant, sidéré par ce qu’il entendait, lui d’habitude si difficile à faire taire….
Nul doute que, tôt ou tard, fier de son exploit, son insupportable seal se vanterait de sa victoire, mais visiblement, à cet instant précis, ce n’était pas ce qu’il avait en tête.
Plus bleu que le bleu de tes yeux,
Je ne vois que les rêves
Que m'apportent tes yeux...
Non, décidément il ne rêvait pas, parce qu’au plus fort de ses rêves les plus fous, les plus osés, les plus chauds, de ceux qui lui mettaient le corps en feu et lui rougissaient les joues lorsqu’il s’en souvenait à son réveil, jamais il n’avait connu cette douceur, ce regard intense vrillé au sien, et puis cette bouche, cette bouche sur la sienne, douce d’abord et puis exigeante, si exigeante, si douce, si bonne….
Non… Il ne rêvait pas… Il ne rêvait plus… Ou alors il refusait de se réveiller… jamais… Parce qu’à cet instant précis, lui, Danny Williams, avait trouvé son ancre et rien au monde ne pourrait jamais plus le faire dériver.
Il n’avait rien à répondre, rien à redire, rien à exiger… Juste cette bouche sur la sienne, cette langue qui venait découvrir sa jumelle et….
Rien à dire… Mac Garrett serait toujours du genre à foncer d’abord et à appréhender les conséquences après. Mais à cet instant précis, le dernier à lui reprocher sa fougue, ce serait lui parce que Bordel, que c’était bon !
FIN
Chanson d’Edith Piaf et Charles Aznavour