Reclassement du cadeau de DSandrine
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Donald P. Bellisario & Don McGill. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Dans tes yeux
C’était le moment. Le moment d’enfin ôter son masque. Le moment de dire une vérité qu’il fuyait depuis des mois. Le moment de choisir : la joie ou la peine, le bonheur ou le malheur, la vie ou la mort.
Oui… La vie ou la mort. Parce que s’il était incapable de laisser parler son cœur à cet instant crucial où tout pouvait basculer, il signerait l’arrêt d’une vie : celle de leur amour.
La vie et tout ce qu'elle implique
Les bonheurs et les souvenirs
La douleur et les tragédies
Y faut faire avec, c'est ça la vie.
Il n’était pas idiot, du moins il le pensait. Il savait que quelques mots ne feraient pas tout. Il savait que leur histoire n’allait pas être teintée de rose juste parce qu’enfin il aurait le courage d’admettre que, justement, il y avait une histoire, ce que, jusqu’à présent, il s’était efforcé de nier par mille artifices.
C’était si facile de trouver des excuses : le boulot, les enquêtes, un suspect à interroger dans une autre ville, un criminel à appréhender aux antipodes, des renseignements à collecter sur un sous-marin… Ce n’était jamais des mensonges, c’étaient toujours des priorités, aux yeux de Gibbs et à ses propres yeux.
Mais il savait… Au fond de lui il savait.
Le travail, il est essentiel
Rien ne tombe du ciel
Les coups de chance et les déveines
Font partie de ce monde quand même
Aujourd’hui il se rendait compte qu’il était plus que temps de remettre de l’ordre dans ses priorités. Certes il aimait son boulot, rectification : il l’adorait et il ne pourrait jamais s’en passer. Mais il y avait forcément un moyen de concilier les deux. Forcément une façon de laisser son amour entrer dans sa vie professionnelle.
Ca avait été une surprise pour lui que de tomber amoureux d’un homme et surtout de cet homme-là, mais c’était ainsi. Il avait voulu se persuader que c’était une passade, un moment d’égarement, le besoin d’autres horizons à l’aube de la quarantaine…
A cet instant précis, debout en face de lui, il savait qu’il avait tort.
Y a des jours qui se lèvent où vraiment plus rien ne m'étonne
Ni la terre, ni le ciel, ni les sept merveilles
Rien de tout cela ne m'impressionne.
Les yeux de Tim étaient ancrés dans les siens. Ce n’était plus le moment de fuir, plus le moment de trouver des faux semblants, plus le moment de jouer la comédie.
Son amour avait assez attendu, sans rien demander, sans rien exiger, souffrant en silence de cette clandestinité à laquelle il les condamnait. Finalement, le moment était arrivé où il n’en pouvait juste plus, où il avait besoin de savoir pour trouver la force de donner une suite à leur histoire.
Et lui, il savait qu’il se tenait sur le fil, à cet instant fugace où tout peut basculer pour le meilleur ou pour le pire. Et ce qu’il voulait, c’était le meilleur, c’était la vie près de lui, c’était le voir s’endormir et le contempler s’éveiller, c’était, jour après jour, pouvoir plonger dans les prunelles qui le hantaient même au plus profond de son sommeil.
Car dans tes yeux
Y a les plus beaux tableaux
Y a la mer, les châteaux
Dans tes yeux
Je vois ce que j'aime
Peu importe le reste.
Avait-il trop tardé ? Avait-il perdu ce qu’il n’avait pas su reconnaître assez vite ?
Tony se remémorait toutes leurs soirées d’amour, toutes leurs nuits torrides, tous leurs petits matins amoureux mais aussi toutes ces fois où Tim avait tenté de se faire entendre, tenté de lui faire comprendre qu’il en avait assez d’être l’amant qu’on cache, de se sentir sali par la manière qu’avait son partenaire de minimiser l’importance de ce qui les liait.
Lorsqu’il avait vu le sac à la porte, au petit matin, il avait compris qu’il allait perdre ce qui avait le plus d’importance à ses yeux. Alors il avait enfin permis aux mots de se frayer un chemin jusqu’à ses lèvres.
La mort, elle ne m'effraie pas
Quand ce sera le temps, elle viendra
Pourtant, elle me peine quand y pense
J'aimerais quand même vivre longtemps
Il parlait. Il parlait comme il savait le faire, comme peu de personnes l’imaginaient capable de le faire, lui le hâbleur, le beau parleur, le bellâtre sans cervelle qu’il paraissait pour ceux qui ne le connaissaient que superficiellement, qui ne s’arrêtaient qu’à l’image qu’il voulait montrer.
Tim était allé au-delà de cette apparence. Il avait su percer la carapace, déceler ce besoin viscéral d’être aimé, cette peur panique d’être rejeté, cette nécessité vitale de partager ce qui lui importait. Et pourtant il n’avait pas été capable de se livrer totalement, toujours freiné par cette stupide peur du qu’en dira-t-on, par ce besoin idiot de « normalité ».
La normalité, n’est-ce pas juste d’aimer et d’être aimé ? Peu importait qui, quand ou comment. Mais ce n’était que maintenant qu’il se rendait compte de l’importance de tout ce qu’il n’avait jamais voulu dire.
Le voyage vers l'au-delà...
Ce sera comment, je ne le sais pas
Le premier de nous qui s'en va
Attendra l'autre là-bas
Tim l’écoutait, encore pâle de la décision qu’il avait prise, hésitant toujours à laisser l’espoir l’envahir, à oser penser qu’ils allaient enfin être un couple, au vu et au su de tous. Il avait atteint son point de rupture, le moment où il est devenu impossible de continuer dans la voie où on s’est engagé. Il n’en pouvait plus des cachotteries, des précautions, de cette attitude désinvolte qu’ils devaient avoir l’un envers l’autre en dehors de leur intimité.
Il avait pourtant essayé d’être celui que Tony voulait, parce qu’il l’aimait de toute son âme. Mais il y a un moment où on s’épuise à donner sans recevoir et pour lui c’était ce jour-là que la digue avait cédé.
Et d’entendre l’homme qu’il aimait lui dire toutes ces choses qu’il avait pensé ne jamais entendre, c’était un bouleversement total, mais c’était tellement bon !
Tony s’approcha de lui, le prit dans ses bras et il cala sa tête contre son épaule, comme il aimait tant le faire, en continuant à lui susurrer combien il tenait à lui.
Ni la terre, ni le ciel, ni les sept merveilles
Rien de tout cela ne m'impressionne.
- Et Gibbs ?
Tony se recula un peu pour croiser le regard de son amant. Il déglutit difficilement.
Gibbs… Ouais… C’était autre chose que la terre, le ciel et les sept merveilles réunis !
Et puis il vit cette lueur au fond des prunelles de Tim, cette lueur faite d’inquiétude et de chagrin. Alors tout fut clair dans sa tête :
- Gibbs, j’en fais mon affaire !
- Mais…
- Il n’y a pas de mais.
C’était le moment. Le moment précis où on décide du reste de sa vie :
- S’il n’accepte pas alors nous irons voir ailleurs.
- Tu adores ton boulot.
- Toi aussi. Mais toi et moi, c’est plus important que n’importe quel boulot au monde.
C’est à cet instant précis que Tim comprit que son histoire était réelle, qu’enfin Tony acceptait qu’ils soient un couple et pas juste une « amitié améliorée » comme il le proclamait depuis le début.
C’est à cet instant précis que Tony DiNozzo et Timothée McGee se jurèrent de s’aimer, quoi qu’il advienne, parce qu’ils préféraient vivre isolés ensemble qu’entourés et séparés.
C’est à cet instant précis que leur amour devint la chose la plus importante pour eux, la chose qui valait tous les sacrifices, toutes les audaces.
C’est à cet instant précis qu’ils surent qu’entre eux c’était pour toujours et le baiser qui les unit avait le goût de la victoire.
FIN
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