Songfic écrite l'an dernier pour l'anniversaire d'Yseult
Préambule :
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de: Hubert Besson, Georges Desmouceaux, Bénédicte Achard, Magaly Richard-Serrano & Olivier Szulzynger. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Personnages : Thomas/
FlorianGenre : Drame – P.O.V. – songfic
Résumé :
Florian vient de mourir. Comment Thomas va-t-il accueillir l’affreuse nouvelle ?
Après toi le déluge
Il revenait à l’hôpital après s’être changé et un peu reposé. Il était passé voir Benjamin, et, en regardant ce gosse perdu, il n’avait pas compris comment ils en étaient arrivés là, pourquoi il avait chassé
Florian, pourquoi il était tombé dans les bras de ce môme qui aurait pu être son fils, pourquoi il n’avait pas reconnu les signes précurseurs de la tragédie, qui pourtant s’amoncelaient dans le ciel du mistral.
Mais ça irait… Il fallait que ça aille. On devait lui accorder le temps de se racheter, le temps de se retrouver dans les bras de
Florian, le temps de lui dire combien il l’aimait, combien il comptait pour lui.
Il fallait que
Florian se remette, il fallait qu’on leur accorde une chance encore.
Et puis, dans le couloir, il vit Roland, et avant même que celui-ci n’ouvre la bouche, il avait compris.
Après toi le déluge
La saison des pleurs
C'est ma peine que je purge
Tu es parti ailleurs
Après toi le déluge
Mon cœur se débat
Tu as fait du grabuge
Au plus profond de moi
Il s’approcha du lit étroit sur lequel son amour gisait. Il était pâle certes, mais il lui semblait que la vie ne l’avait pas encore quitté. Non… Il ne pouvait pas y croire !
-
Florian…
Les larmes roulaient sur ses joues tandis qu’il s’asseyait près de l’homme de sa vie et prenait la main encore tiède. Ca ne pouvait pas se terminer comme ça… Ca ne pouvait pas être possible.
-
Florian… Ouvre les yeux mon amour, regarde-moi…
Il se pencha sur le beau visage inerte et posa ses lèvres sur la bouche close. Il voulait le faire réagir à son baiser, le sentir s’animer sous son souffle. Mais les contes de fées n’existent pas dans la vraie vie et
Florian n’était pas plus la Belle au Bois Dormant que lui-même n’était le Prince Charmant.
Aucun souffle ne s’exhala de la poitrine immobile, les yeux ne cillèrent pas, pas un frémissement ne parcourut le corps si réceptif de son amant.
Ce fut comme si son cœur s’arrêtait de battre à son tour.
Même quand le ciel est dégagé
Qui peut parler d'éternité ?
L'amour explose et tout à coup
Tout part dans un torrent de boue
Seul.
Il était seul au monde désormais.
Bien sûr il y avait Roland, Mélanie, Blanche… tous ceux qui allaient compatir à sa douleur, l’entourer, s’occuper de lui.
Mais personne ne pourrait comprendre la sensation de vide qu’il ressentait déjà au plus profond de lui, ce froid qui l’avait envahi et dont il savait que rien jamais ne pourrait le débarrasser.
Le seul qui aurait pu réchauffer son corps transi, faire fondre la glace qui lui gelait les os, gisait là, inerte, plus froid de seconde en seconde et son sommeil durerait toute l’éternité.
-
Florian… Je t’en supplie…
Sa raison lui disait qu’il suppliait en vain, que plus jamais il ne plongerait dans les beaux yeux bruns, que plus jamais ses mains ne parcourraient ce corps qu’il aurait pu dessiner les yeux fermés tant il en connaissait chaque recoin, chaque courbe, chaque monts et vallées, que plus jamais sa peau ne frémirait au contact de cette chair brûlante, qu’il ne percevrait plus les halètements voluptueux qui le faisaient frissonner tandis qu’il lui faisait l’amour…
Tellement de souvenirs, tellement de gestes, de mots, de sensations… C’était tout une vie qui s’envolait soudain, irrémédiablement.
Tellement de luttes pour obtenir leur part de bonheur et tout ça pour aboutir à ce gâchis !
Après toi le déluge
Les nuits diluviennes
Où trouver refuge
Loin des cauchemars qui me viennent ?
Après toi le déluge
Mon âme est perdue
Que Satan me juge
Et on n'en parlera plus
-
Florian… Laisse-moi encore une chance…
Une chance !!! La voix mauvaise grinçait dans sa tête, lui martelant que des chances ils en avaient eu, encore et encore…
Des chances de quoi ? De se déchirer ? De se faire encore plus mal ? De se reprendre pour mieux se quitter ?
Qu’en avaient-ils fait de ces chances qu’on leur avait offertes, crise après crise ?
Etait-ce ça aimer ? Se rejoindre pour se séparer encore ? Se tromper ? Chercher dans d’autres bras une réponse à des questions qu’on ne comprenait même pas ? Combien de fois avait-il fait mal à
Florian avec ses bêtises, ses infidélités, ses erreurs ? Et combien de fois son amour l’avait-il fait souffrir en retour ?
Etaient-ils condamnés avant même de se rencontrer ? Cette fin avait-elle été écrite pour eux du jour où leurs regards s’étaient croisés ? Etait-ce le prix à payer pour quelques mois de vrai bonheur, de passion, d’amour fou ?
Alors si c’était le prix, il était trop élevé, bien trop, bien plus qu’il ne pouvait l’assumer.
Je t'aime encore, ça c'est bien moi !
Un manteau d' remords, ça tient froid
Comme un animal écorché
J'attends mon arche de Noé
Thomas avait posé sa tête sur la poitrine de
Florian. Il caressait doucement la main qu’il tenait serrée dans les siennes et il attendait, il attendait un signe.
Ca ne pouvait pas s’arrêter là, c’était aussi simple que ça : il refusait que ça s’arrête comme ça. Il refusait cette douleur qui lui broyait le cœur, lui déchirait les entrailles, lui donnant envie de hurler comme une bête. Il refusait la culpabilité, le remords qui déjà le crucifiaient. Il refusait la litanie des « si », qui ne cessait de marteler son cerveau endolori.
-
Florian… Parle-moi bon Dieu ! Tu ne peux pas me faire ça tu m’entends ! Tu ne peux pas !
Il était en colère maintenant et il prit le corps aux épaules, le secouant violemment, comme si, puisque l’amour semblait inutile, la brutalité allait le faire réagir.
Il lui sembla qu’il secouait une poupée de chiffon et les sanglots déchirèrent sa gorge tandis qu’il enroulait les bras autour de son amour pour le bercer doucement en picorant son visage de baisers.
- Pardon… Pardon mon amour… J’étais fou… Je ne suis pas en colère tu sais… Je te le suis plus… Je t’aime… J’ai besoin de toi… Ouvre tes beaux yeux mon amour… Pour moi… Pour nous…
Rien… Le silence…
Le silence et le froid…
Le silence et l’obscurité…
Le silence et le désespoir…
- Non….
Il hurlait son refus, sa rage, sa peine dans un cri qui lui vrilla les oreilles.
Après toi le déluge
L'angoisse et la peur
Appelle-moi de Bruges
De Londres ou de l'Équateur
Après toi le déluge
La saison des pleurs
C'est ma peine que je purge
Tu es parti ailleurs
- Non !!!!!
- Thomas, réveille-toi, réveille-toi mon amour !
Il sursauta, ouvrit les yeux, ne sachant plus où il était, ni ce qui arrivait. La première chose qu’il vit ce fut les yeux anxieux de
Florian fixés sur lui. Il ne fit qu’un bond jusqu’au lit, saisit son amour dans ses bras et le serra dans une étreinte désespérée.
- Oh mon Dieu, Flo !!! Tu es là… J’ai eu si peur !! Si peur…
Les mains de
Florian couraient sur son dos, apaisante…
- Chut… Je vais bien… Tout va bien… Ce n’était qu’un cauchemar.
Enfin il réussit à s’arracher à l’embrassade, il se força à laisser un peu d’espace entre eux mais sa main restait cramponnée à celle de
Florian,
Florian miraculeusement retrouvé.
- Ce n’était qu’un cauchemar ? demanda-t-il d’une voix soucieuse, comme s’il ne pouvait vraiment y croire.
- Oui… J’ai eu de la chance une fois encore.
Il se souvenait maintenant : cette longue attente, cette peur qui lui avait broyé le corps jusqu’à la délivrance.
Florian était vivant,
Florian vivrait ! Les médecins avaient réussi à le sauver in extremis. Mais ils étaient confiants : tout irait bien.
- Oui… Nous avons eu de la chance. Et je te jure que celle-ci je ne la gâcherai pas, promit-il en se rapprochant encore de son amant.
- Je n’ai pas l’intention d’en gâcher une seule minute non plus mon amour.
Leurs lèvres s’unirent et le baiser devint de plus en plus exigeant, refoulant au loin les regrets, les remords, l’épouvante et tous ces mois d’erreurs et d’errances.
Ils étaient là, tous les deux, l’un contre l’autre et plus jamais ils ne laisseraient quiconque ou quoi que ce soit se dresser entre eux.
FIN
Chanson de Marie-Paule Belle