Songfic écrite l'an dernier pour l'anniversaire de Stéphanie
Préambule :
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Cheryl Heuton & Nicolas Falacci. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Personnages : Don/Colby
Genre : Angst – P.O.V. – Songfic
Résumé : Pensées de Don alors qu’avec Colby il se trouve dans une situation délicate.
Tu es mon autre
Lorsqu’il plongeait ses yeux dans ceux de son amant, Don savait qu’il avait fait le bon choix : Colby était l’homme de sa vie, celui pour qui il était prêt à tout, prêt à tuer ou à être tué…
Il avait été solitaire trop longtemps… Des femmes étaient passées dans sa vie, certaines très vite, d’autres, comme Kim ou Robin plus longuement. Il avait cru pouvoir être heureux avec elles, parce qu’il pensait, à cette époque à un petit bonheur bien conventionnel : une femme, des enfants, une maison à Pasadena si possible, pas trop loin de celle de Charlie….
Et puis un jour il s’était perdu dans les yeux de son adjoint, ces yeux qui lui semblaient tantôt verts, tantôt bleus, mais dans lesquels il aimait tant abandonner ce contrôle qu’il s’efforçait de garder à longueur de temps.
Colby était son âme sœur.
Ame ou sœur
Jumeau ou frère
De rien mais qui es-tu
Tu es mon plus grand mystère
Mon seul lien contigu
Tu m’enrubannes et m’embryonnes
Et tu me gardes à vue
Tu es le seul animal de mon arche perdue
Sans lui il n’était rien qu’un cœur vide, une âme abandonnée, un corps à l’abandon.
Dans ses bras il était enfin vivant, vivant comme il ne l’avait jamais été jusque là. Bien sûr il avait aimé, et avait été aimé en retour, mais rien n’était comparable à ce lien qui les unissait, qui faisait que leurs cœurs battaient à l’unisson, que leurs mains se cherchaient, que, lorsque leurs corps se frôlaient, ils prenaient feu, immédiatement et irrémédiablement.
Ca n’avait pas été si facile de faire admettre leur amour au sein du F.B.I. Même si les temps avaient bien changé depuis les règles étroites édictées par John Edgard Hoover, on ne pouvait tout de même pas dire que l’homosexualité y était particulièrement prisée. Mais sa réputation de chef intègre, juste et efficace, son aura de meneur, lui avaient permis d’obtenir les soutiens de son équipe. Et aussi leur attitude : au travail ils n’étaient pas amants, ils étaient deux agents dont l’un était le supérieur de l’autre, et rien ne transparaissait alors de leur amour, sinon dans cette entente parfaite qui faisait d’eux un binôme terriblement efficace tant ils se comprenaient sans avoir à parler.
Un simple clignement de l’œil, un mouvement de l’épaule, une moue esquissée et chacun savait parfaitement ce que l’autre attendait de lui. David disait que c’était parfois flippant cette capacité qu’ils avaient à saisir les volontés l’un de l’autre et à anticiper mutuellement leurs actions, un peu comme s’ils lisaient dans leurs pensées réciproques. Et lorsqu’il énonçait ce fait, il avait pourtant un large sourire qui disait combien l’ami qu’il était se réjouissait pour tous les deux d’avoir trouvé cette entente à laquelle chacun aspire et que bien peu parviennent à découvrir un jour.
Tu ne parles qu’une langue aucun mot déçu
Celle qui fait de toi mon autre
L’être reconnu
Il n’y a rien à comprendre
Et que passe l’intrus
Qui n’en pourra rien attendre
Car je suis seule à les entendre
Les silences et quand j’en tremble
Il avait fallu se battre avec la hiérarchie pour que Colby puisse continuer à faire partie de son équipe, pour leur démontrer que leurs liens privés ne seraient pas un problème sur le terrain. Don avait mis toute sa conviction dans cette bataille, allant jusqu’à menacer, à mots couverts, de quitter l’agence si on mutait son amant. Ce n’était pas qu’il se croit irremplaçable, mais il était conscient de sa valeur pour le bureau de Los Angeles. Son équipe avait l’un des meilleurs taux de réussite nationaux, grâce à leur cohésion, et à l’appui de Charlie. Et pour défendre son amour, il était prêt à faire ce qu’il n’aurait jamais fait pour lui-même : mettre dans la balance son départ qui aurait obligatoirement entraîné celui de son frère.
Une fois déjà il s’était aperçu qu’il pouvait ainsi remporter la bataille et certes il n’avait pas l’intention d’en faire une habitude, mais pour ce qui comptait pour lui, il le referait sans hésiter. Et rien n’en valait plus la peine à ses yeux que la possibilité de continuer à travailler avec l’homme qu’il aimait.
Colby était sa bouée, son phare, son point d’ancrage.
Toi, tu es mon autre
La force de ma foi
Ma faiblesse et ma loi
Mon insolence et mon droit
Moi, je suis ton autre
Si nous n’étions pas d’ici
Nous serions l’infini
Evidemment ce n’était pas facile de travailler côte à côte, d’imaginer les dangers qui menaçaient son compagnon, de résister à cette envie de le protéger, de le mettre à l’abri de tout ce qui pourrait lui faire du mal, physiquement ou moralement. Mais il savait que l’amour ne doit pas être égoïste, sous peine de s’étouffer lui-même. Tout comme lui Colby avait besoin de cette vie trépidante, de cette montée d’adrénaline lorsque le danger est présent et qu’il vous faut toute votre vivacité d’esprit, tout votre courage, toutes vos capacités physiques pour vous en sortir indemne. Bien des fois il avait eu peur pour lui. Bien des fois il lui avait fait peur à son tour.
Mais ils avaient un pacte : sur le terrain ils étaient partenaires, juste partenaires. Ils s’épaulaient, se protégeaient mutuellement, mais un étranger ne devait pas pouvoir deviner ce qui les unissait. Et en général ils y arrivaient très bien. De toute façon, Colby travaillait essentiellement avec David : c’était lui son coéquipier officiel et Don n’avait pas l’intention de changer cet état de fait. En aucun cas il ne donnerait prise à la moindre critique.
Alors il avait appris, jour après jour, à maîtriser ce petit pincement de cœur qu’il avait lorsqu’il envoyait son amant en mission, cette terreur fugace qui l’étreignait lorsqu’ils affrontaient des malfrats prêts à tout et que les armes faisaient entendre leur voix de mort. Il avait appris à ne pas se précipiter quand Colby se retrouvait au sol après un coup de poing asséné par un suspect, lorsqu’il essuyait d’un revers négligent le sang qui coulait d’une lèvre coupée dans une bagarre. Il avait appris à faire confiance : Colby était un agent bien entraîné et il savait prendre soin de lui. S’il se mettait à jouer les mères poules, leur amour était condamné à l’avance.
Pourtant parfois les cauchemars l’assaillaient où il voyait son amour tomber et ne plus se relever, où il s’entendait hurler à se briser les cordes vocales, où il sentait un désespoir infini monter en lui…
Colby était sa raison de vivre, il n’imaginait pas l’existence sans lui.
Et ils avaient réussi : contre les préjugés, contre les probabilités, contre le monde entier… Ils étaient compagnons, amants, coéquipiers… Ils avaient réussi le mariage improbable entre une profession exigeante et une vie de couple équilibrée…
Ensemble ils pouvaient tout.
Et si l’un de nous deux tombe
L’arbre de nos vies
Nous gardera loin de l’ombre
Entre ciel et fruit
Mais jamais trop loin de l’autre
Nous serions maudits
Tu seras ma dernière seconde
Car je suis seule à les entendre
Les silences et quand j’en tremble
Et à ce moment précis, ce moment où ses yeux se rivaient à ceux de son amant, où il voulait désespérément lui faire passer ce message que Colby ne voulait pas entendre, il se disait que le temps était venu de payer pour le bonheur.
Il n’avait rien vu venir : c’était une belle journée ensoleillée d’un printemps précoce et l’atmosphère au bureau était aussi légère que l’air extérieur. Ils avaient plusieurs affaires sur les bras, mais, pour une fois, aucune qui les mine au point de les priver d’appétit et de sommeil.
Et puis il y avait eu cet appel, ce suspect repéré dans l’entrepôt, puis la poursuite…
Comment s’était-il retrouvé seul sur cette passerelle à trente mètres au-dessus du sol ? Pourquoi ses coéquipiers étaient-ils si loin de lui au moment où le suspect s’était retourné et avait tiré ? Il ne se souvenait plus très bien.
Deux balles : l’une l’avait heurté au bras droit, juste à la lisière de son gilet pare-balles, lui faisant lâcher son arme ; l’autre l’avait atteint à la hanche, là où s’arrêtait la protection en kevlar. Il avait roulé, incapable de se retenir et il avait plongé vers le vide, sachant qu’il allait s’écraser trente mètres plus bas, sans réussir pour autant à freiner sa chute.
Mais au moment où il passait par-dessus le rebord de la passerelle, un étau s’était refermé sur son poignet gauche, et il s’était retrouvé pendu dans le vide tandis qu’un cri lui échappait en sentant son épaule se disloquer sous le choc. Il lui avait fallu quelques minutes pour comprendre, réaliser qu’il était pendu dans le vide, retenu par une poigne qui lui broyait les os.
Il avait levé les yeux vers celui qui le retenait et avait aperçu le visage rougi par l’effort de Colby. Celui-ci se retenait d’un bras à un montant de la passerelle et de l’autre, il resserrait son emprise sur son bras douloureux, l’empêchant d’aller s’exploser sur le sol de béton.
- Don… Accroche-toi à moi… Je vais te remonter… Accroche-toi !!
Il n’avait pas besoin de Charlie et de ses maths pour savoir que Colby n’y arriverait pas seul, malgré toute sa volonté, malgré tout son amour. Il était trop lourd pour qu’il puisse longtemps le retenir comme ça d’un seul bras. Il aurait fallu qu’il puisse l’attraper à deux mains pour avoir une chance, ou que lui-même puisse s’accrocher au rebord de la passerelle. Mais son bras droit pendait, inerte, ruisselant de sang et le moindre mouvement se répercutait douloureusement dans tout son corps. Il se sentait sans forces.
A cet instant précis, il savait que s’il ne lâchait pas prise, il risquait d’entraîner Colby dans sa chute avec lui.
- Colby… Tu n’y arriveras pas…, parvint-il à murmurer.
- Bien sûr que si ! Tu n’as qu’à te laisser faire et je vais te remonter.
- Colb…
Soudain il n’y avait plus l’agent spécial Donald Eppes, superviseur de la section des crimes violents de Los Angeles et l’agent spécial Colby Granger, son subordonné, il n’y avait plus que Don et Colby : deux amants, deux compagnons, deux hommes que la vie avait réunis et qui ne concevaient plus de continuer le chemin l’un sans l’autre.
Toi, tu es mon autre
La force de ma foi
Ma faiblesse et ma loi
Mon insolence et mon droit
- Colb… Tu sais que c’est impossible. Tu n’as pas assez de prise. Je suis trop lourd !!!
- Alors je te retiendrai jusqu’à ce que les autres arrivent ! On va te sortir de là bébé !!! Je ne te laisserai pas tomber.
Un petit rire nerveux secoua Don à cette phrase. Il se souvenait que, lorsqu’il hésitait encore à s’abandonner à ses sentiments, par peur d’un énième échec, Colby lui avait dit exactement la même chose. Mais à l’époque, c’était bien moins réaliste qu’à cet instant précis.
- Colby… si tu ne me lâches pas, on va tomber tout les deux.
- Alors on tombera ensemble ! affirma son compagnon d’une voix forte. Il n’y a aucun moyen pour que je te lâche Don, tu m’entends, aucun moyen !!!
Leurs yeux ne se lâchaient pas, se disant mille choses que leurs cœurs entendaient et, dans ceux de son amour, Don lisait toute la détermination qui l’habitait. Il n’avait pas l’intention de le lâcher, quoi qu’il puisse lui dire. Il chuterait avec lui plutôt que de renoncer à la prise sur son poignet douloureux. Et rien de ce qu’il pourrait dire, aucun argument ne lui ferait entendre raison, Don le savait, parce qu’il était conscient que, si les rôles avaient été inversés, rien au monde ne l’aurait convaincu de desserrer les doigts.
Pourtant il voulait essayer, il voulait que Colby vive, qu’il puisse continuer après lui. S’il devait mourir dans les minutes qui suivaient, qu’au moins son amant soit là, pour prendre soin de Charlie et de son père, pour les réconforter. Alan l’aimait comme un fils, Charlie comme un frère : avec lui en vie, la perte serait moins cruelle.
- Colb… Amour… Ca ne sert à rien…
- Si ça sert !!! Ils vont arriver Don !!! Tu les entends ? Ils sont là… Il faut juste tenir encore quelques minutes.
Oui… Il les entendait en bas : les cris, les interpellations et puis la course dans les escaliers métalliques.
- Juste quelques secondes bébé… Encore quelques secondes…
Il y avait des larmes dans les yeux de son amour… Il voyait la sueur ruisseler sur son visage, cette sueur qu’il ne pouvait pas éponger, et il la sentait aussi couler sur son bras… Il savait que ses doigts étaient en train de se crisper et qu’ils allaient bientôt relâcher leur étreinte, malgré toute la volonté de l’homme qui le retenait.
- Colb… Tu dois me laisser aller… Je t’aime !!!
- Non !!! Non !!!! Attends… Je vais attraper ton gilet et…
- Non !!! Si tu lâches cette balustrade tu n’auras plus assez d’appui et je t’entraînerai avec moi…
- J’ai les pieds bloqués dans le rebord de la passerelle. Ca peut marcher bébé… Ca va marcher…
- Non… Colb !!! Je t’interdis de faire ça tu m’entends ! Je te l’interdis !
- Tu ne peux pas m’interdire de respirer Don et te lâcher, c’est comme si tu me demandais de me priver de l’air dont j’ai besoin pour vivre, tu comprends ça ?
Bien sûr qu’il le comprenait, comme il comprenait que les forces de son amant s’épuisaient et qu’imperceptiblement il glissait entre ses doigts crispés.
- Colby…
- Don…
Moi, je suis ton autre
Si nous n’étions pas d’ici
Nous serions l’infini
Ils étaient suspendus hors du temps, reliés par un fil invisible qui les maintenait ensemble, faisait d’eux les deux faces d’une même pièce, indissolubles et inséparables…
Il y avait des cris… la passerelle tremblait sous les pas précipités des autres agents qui accouraient… Il y avait des larmes dans les yeux de son amour… Il y avait le sang… Il y avait la douleur…
- Encore quelques secondes bébé… On va y arriver…
Il y avait cette fine pellicule de sueur qui agissait comme un lubrifiant et cette main qui se desserrait…
Puis il y eut cette volonté farouche dans les yeux de Colby, cette décision irrévocable contre laquelle il ne pourrait rien.
- Colby… Ne fais pas ça…
- Je ne te laisserai pas tomber Don… Non… Ca jamais…
Il n’y eu plus que ses yeux… Ses yeux qui lui disaient l’amour, la tendresse, la confiance… Et, cessant de parler, il lui renvoya en écho le même amour, la même tendresse, la même confiance.
Colby lâcha la balustrade pour attraper son gilet.
Il n’y eut plus que l’amour…
Et si l’un de nous deux tombe
FIN
Chanson de Maurane