Une songfic écrite l'an dernier pour l'anniv' de Chegevara.
Préambule : Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Cheryl Heuton & Nicolas Falacci. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Personnages : Don/Colby
Genre : Romance, songfic
Résumé : Un jour particulier dans la vie de Don et Colby.
Je te promets
Don se tenait debout, sous la tonnelle installée dans le jardin. Il était revêtu d’un magnifique smoking anthracite qui épousait parfaitement son corps musclé. Il était passé chez le coiffeur pour adopter à nouveau la coupe courte qui lui seyait si bien et était plus facile à dompter que la chevelure un peu longue qu’il avait depuis quelques mois.
Il se tenait là, debout, regardant l’amour de sa vie en face de lui et son cœur battait comme jamais. Il aurait tout donné pour avoir une tablette de chewing-gum en bouche, comme lors des interventions les plus dangereuses.
Aujourd’hui il jouait sa vie.
Je te promets le sel au baiser de ma bouche
Je te promets le miel à ma main qui te touche
Je te promets le ciel au dessus de ta couche
Des fleurs et des dentelles pour que tes nuits soient douces
Colby se noyait dans les yeux de l’homme qu’il aimait, se repaissant de sa vue et il sentait ses mains trembler malgré lui.
Qui aurait dit, quatre ans plus tôt, lorsqu’on lui avait présenté son chef de section, qu’il se tiendrait un jour face à lui, dans ce jardin, devant cette assemblée de parents et d’amis et qu’il serait ému comme jamais, les larmes au bord des yeux et le cœur battant si fort qu’il avait l’impression qu’il cherchait à s’échapper de sa poitrine.
Aujourd’hui il triomphait de l’adversité.
Je te promets la clé des secrets de mon âme
Je te promets ma vie de mes rires à mes larmes
Je te promets le feu à la place des armes
Plus jamais des adieux rien que des au-revoir
Ils avaient vécu tant de choses ensemble, tant de dangers, tant de moments joyeux, tant d’aventures cruelles ou magnifiques… Ils savaient pouvoir compter professionnellement l’un sur l’autre.
Mais avant tout, ils savaient, au plus profond d’eux-mêmes que ce chemin qu’ils avaient choisi d’officialiser en ce jour était celui qui leur était destiné. Pour la première fois depuis longtemps, chacun d’eux confiait son sort à un autre que lui, en ayant l’absolue certitude qu’il faisait le bon choix et qu’il ne risquait rien.
Aujourd’hui ils accordaient leur confiance d’un même cœur.
J'y crois comme à la terre, j'y crois comme au soleil
J'y crois comme un enfant, comme on peut croire au ciel
J'y crois comme à ta peau, à tes bras qui me serrent
J'te promets une histoire différente des autres
J'ai tant besoin d'y croire encore
Don regarda sa famille. Son père rayonnait, fou de joie d’avoir pu organiser cette cérémonie, lui qui pensait, puisqu’il n’avait eu que deux fils, qu’il n’aurait jamais ce privilège traditionnellement dévolu à la famille de la mariée.
Mais puisque son fils avait choisi d’unir sa vie à un homme, le problème se posait d’autant moins que Colby, originaire de l’Idaho, n’avait pas de famille proche à Los Angeles. Il avait bien sûr convié son oncle et sa tante, quelques cousins et amis de là-bas qui avaient fait le déplacement, mais n’auraient en aucun cas pu organiser la réception.
Alors oui, Alan était heureux : heureux de voir enfin son enfant s’engager et de lui voir cet air parfaitement serein qu’il ne lui avait plus vu depuis trop longtemps.
Quant à Charlie, rayonnant de fierté d’être le garçon d’honneur de son idole de grand frère, il arborait un sourire d’une oreille à l’autre qui faisait plaisir à voir, même s’il lui donnait l’air un peu benêt.
Aujourd’hui il rendait heureux ceux qu’il aimait.
Je te promets des jours tout bleus comme tes veines
Je te promets des nuits rouges comme tes rêves
Des heures incandescentes et des minutes blanches
Des secondes insouciantes au rythme de tes hanches
Un instant, en regardant l’assemblée, Colby sentit son cœur se serrer de n’y voir ni son père, trop tôt disparu, ni sa mère, morte quelques mois avant qu’il n’intègre la section des crimes violents de Los Angeles.
Au moins avait-elle eu le bonheur de voir son garçon revenir d’Afghanistan, ce que d’autres mères n’avaient pas eu la chance de vivre. Oui, il aurait aimé les avoir là, avec ce même sourire attendri et fier qu’il voyait sur les lèvres de Don, la même affection sans limite qu’il lisait dans les yeux de Charlie.
Bien sûr son oncle, sa tante, ses deux cousins et quelques amis d’enfance avait fait le déplacement, mais il lui semblait qu’il y avait deux places vides dans l’assemblée, deux places que rien ne comblerait. Et puis il se tourna à nouveau vers Don et il sut que tout l’amour que ses parents avaient pour lui, il le retrouvait auprès de son compagnon.
Aujourd’hui il choisissait sa famille.
Je te promets mes bras pour porter tes angoisses
Je te promets mes mains pour que tu les embrasses
Je te promets mes yeux si tu ne peux plus voir
J'te promets d'être heureux si tu n'as plus d'espoir
Le rabbin leur disait ces mots, tout simples mais beaux… Des mots qui parlaient d’engagement, de fidélité, de foi l’un en l’autre… Colby n’était pas particulièrement croyant, mais il avait respecté le choix de Don d’avoir une cérémonie religieuse. Pourtant il n’y croyait pas : comme la plupart des religions, la religion judaïque n’était pas particulièrement tolérante quant aux penchants sexuels.
Mais c’était ça aussi qui avait ramené Don à la foi : il avait trouvé un rabbin ouvert, large d’esprit, sachant qu’il n’y a pas qu’un chemin qui mène au bien et que l’amour, quel qu’il soit, est un don de Dieu, de Yahvé ou d’Allah, quel que soit le nom qu’on lui donne. Et il ne pouvait douter de l’amour qui unissait ces hommes.
Aujourd’hui ils s’engageaient devant les hommes comme devant le ciel.
J'y crois comme à la terre, j'y crois comme au soleil
J'y crois comme un enfant, comme on peut croire au ciel
J'y crois comme à ta peau, à tes bras qui me serrent
J'te promets une histoire différente des autres
Si tu m'aides à y croire encore
Que ferait-il si Colby venait à le quitter ? Comment imaginer la vie sans lui, sans sa douceur, sans sa tendresse ?
Il lui avait fallu du temps pour céder à ses pulsions, pour accepter de se reconnaître pour ce qu’il était, et surtout pour oser en parler à sa famille. Il avait eu si peur de les décevoir, de tomber du piédestal sur lequel Charlie l’avait installé, bien malgré lui, mais, puisqu’il existait, sur lequel il était tout de même flatteur de se dresser. Il craignait plus que tout la réaction de son père qui réclamait des petits enfants depuis si longtemps.
Pourtant l’un comme l’autre avait accepté son choix peut-être avec un peu d’étonnement, mais surtout avec un vrai bonheur pour lui, parce que ce qui leur importait plus que tout, c’était qu’il soit enfin pleinement heureux.
Et Colby l’avait encouragé, rassuré, consolé durant toute cette période où il hésitait, où il se cherchait, se montrant parfois brutal avec lui, comme s’il cherchait à le rendre responsable du bouleversement qui transformait sa vie. Et il savait que cet homme ne lâcherait plus sa main : il l’avait connu dans les pires moments de sa vie, il allait lui offrir maintenant le meilleur.
Aujourd’hui il offrait son coeur.
Et même si c'est pas vrai, si on te l'a trop fait
Si les mots sont usés, comme écris à la craie
On fait bien des grands feu en frottant des cailloux
Peut-être avec le temps à la force d'y croire
On peut juste essayer pour voir
C’était tellement incroyable d’être là, près de lui…
Même lorsqu’il s’était enfin avoué qu’il était amoureux de son chef, Colby n’avait jamais pensé d’abord qu’il avait une chance et ensuite qu’un jour il s’unirait officiellement à lui.
Il se souvenait de cette mission qui les avait rapprochés, qui les avait unis… Mais il n’avait pas été sûr encore… Ils avaient eu si peur ensemble que peut-être la réaction de Don n’était que liée au traumatisme.
Mais il avait quand même tenté sa chance, choisissant de risquer la souffrance plutôt que les regrets. Et il avait découvert un autre homme sous la carapace de l’agent du F.B.I. : un homme tendre, profondément attaché aux siens, bien moins sûr de lui qu’on aurait pu le croire, attentif à ne pas blesser ceux qu’il aimait même si, durant tout ce temps où ils avaient entretenu une relation clandestine, il l’avait souvent blessé sans le vouloir. Mais Colby avait tenu bon parce qu’il avait compris ce qui motivait l’attitude de Don : cette peur panique de perdre l’affection de sa famille, le respect de ses hommes…
Heureusement l’amour que son amant lui portait avait fini par avoir raison de ses craintes et un jour il avait décidé de vivre leur passion aux yeux de tous… Pourtant, même alors, Colby n’avait pas osé rêvé de ce jour.
Aujourd’hui il était béni.
Et même si c'est pas vrai, même si je mens
Si les mots sont usés, légers comme du vent
Et même si notre histoire se termine au matin
J'te promets un moment de fièvre et de douceur
Pas toute la nuit mais quelques heures ...
Le rabbin avait terminé son homélie et les deux hommes se tenaient face à face, les mains jointes, les yeux dans les yeux.
En les regardant, nul ne pouvait ignorer l’amour qui les unissait, cet amour immense qui les rendait plus forts. Ils avaient vaincu l’adversité, bousculé les préjugés, piétinés les tabous pour s’affirmer aux yeux de tous. Ils étaient la preuve que l’amour n’a pas de frontière, pas de barrière, qu’il n’est pas moins respectable, moins magnifique parce qu’il unit deux personnes de même sexe ou de même sang. On touchait du doigt sa réalité en les voyant se fixer, semblant avoir oublié les autres, pour ne plus faire qu’un.
Aujourd’hui, d’une même voix, ils prononçaient les mêmes mots.
Je te promets le sel au baiser de ma bouche
Je te promets le miel à me main qui te touche
Je te promets le ciel au dessus de ta couche
Des fleurs et des dentelles pour que tes nuits soient douces...
Et tandis que leurs lèvres s’unissaient et que l’assemblée éclatait en vivats et en applaudissements, Alan écrasa une petite larme à la fois d’attendrissement, mais aussi de tristesse en songeant que Margaret aurait adoré être là… Mais quelque chose en lui lui disait qu’elle était présente et qu’elle se réjouissait avec lui du bonheur de leur enfant.
Les deux hommes firent face à la foule, leurs mains enlacées, un sourire de pur bonheur sur les lèvres et un rayon de soleil, tombant directement sur eux les nimba dans une sorte d’auréole où ils étincelaient, comme si le ciel, en ce moment même leur accordait leur bénédiction.
Don et Colby échangèrent un regard complice : ils savaient que les proches disparus venaient de leur faire un signe, leur montrer qu’ils étaient à leur côté et prenaient part à leur nouveau bonheur.
- Je t’aime, souffla Don en portant la main de son époux à ses lèvres.
- Je t’aime, répondit Colby en caressant sa joue dans un geste plein de tendresse.
Aujourd’hui c’était le plus beau jour de leur vie.
FIN
Chanson de Johnny Hallyday