Ecrit pour le concours du Printemps FFF
Pairing : Yann/Kévin
Les personnages ne m'appartiennent aucunement et je ne gagne pas d'argent avec eux.
Ceci n'est pas une songfic, je me suis juste inspirée de la chanson Toi et Moi de Guillaume Grand et les paroles en italique lui appartiennent.
Et si je te racontais… que je t'attendais
Face à la mer, mes écouteurs sur les oreilles, j’écoute cette chanson qui me parle tellement de nous, de ce que j’aurais aimé vivre avec toi…Loin de tout, loin d’eux, de leurs jugements. Mais tu n’es pas là. Je ne t’ai plus auprès de moi. Je ne peux même pas te faire part de tout ce dont j’ai rêvé et espéré depuis que nous nous sommes quittés.
« Je voudrais partir, jusqu’à la mer, allongé sur le sable, prendre un peu l’air… » Je suis parti. Enfin. J’ai respiré. Momentanément. Mais ton absence m’est vite revenue en plein visage, explosant mon cœur déjà bien ébréché. Si je me suis remis de toutes mes blessures physiques, je porte encore ta trace. Indélébile.
Je ne l’ai jamais rejoint, tu sais. Bien qu’il ait insisté, je ne pouvais plus voir en lui que l’homme qui avait semé le doute et le trouble dans ma vie, celui qui m’avait finalement séparé de toi. Mauvaise erreur de calcul de ma part que de lui avoir céder… Je ne me le pardonnerai jamais.
Bien sûr, tu n’étais pas innocent… Ton attitude de cow-boy buté et cette obstination à ne jamais vouloir céder la moindre parcelle de toi, ne jamais fléchir devant les autres, même pas devant moi, ont eu raison de ma patience. Mais pas de mon amour.
Le sable fin encore tiède me file entre les doigts. Le cadre est magique. La ligne d’horizon m’hypnotise et le soleil couchant est magnifique. J’aurais adoré partager ce moment avec toi. Je me demande ce que tu fais, avec qui tu es, ce que tu penses. Juste là, à cette minute précise. Mes mains se crispent sur mes genoux en réalisant que peut-être quelqu’un m’a remplacé dans tes bras.
Et je me souviens de ce matin où tu m’as laissé partir… J’ai traversé Paris une dernière fois, imprimé dans ma mémoire ces quelques endroits qui étaient nôtres, mon sac sur l’épaule. Jusqu’à l’aéroport j’ai espéré. Un appel. Ta venue… jusque dans l’avion, sur mon siège près du hublot, j’ai rêvé que tu prenais place à mes côtés et que l’on s’envolait vers un nouveau paradis…
Et je me souviens de cette tension, de ces engueulades, de tes incartades. Et de la mienne. De nos potes et de leurs problèmes personnels. Ils me manquent presque autant que toi… J’ai quelques nouvelles par Moreno, mais il ne parle jamais de toi. Sujet tabou. J’en crève de lui demander mais je ne peux pas… Cela me ferait trop mal si…
…
Ça fait deux heures que je planche sur un dossier qui me prend vraiment la tête ! Une sale histoire… Tout comme celle de ma vie de merde. Pourquoi ton visage m’apparaît-il encore dans un flash alors que j’aurais du tourner la page en même temps que tu as tourné les talons ? Je t’ai presque supplié contre ce frigidaire. Je me suis mis à nu pour toi. Je te l’ai dit et j’étais prêt à te le montrer…
Je regarde le temps morne par la fenêtre. Le ciel est aussi déprimé que moi aujourd’hui. Ou dirais-je depuis au moins six mois ? Mon esprit s’égare et je t’imagine la peau dorée, un cocktail à la main, exhibant fièrement ta musculature sous un ciel sans nuage et ensoleillé.
Je crève de jalousie en m’imaginant qu’un autre te caresse, passant délicatement ses doigts sur tes épaules, tes pectoraux… Tiago ou un autre, peu importe, c’est le même tableau aussi dévastateur. Mon ulcère se réveille et j’ai une aigreur qui remonte et me prend à la gorge.
« Yann ? » Moreno vient de frapper à ma porte. Je le regarde d’un air aimable. Je suis ironique bien sûr, et je lui aboie dessus.
« Qu’est-ce que tu veux ? »
« Ça ne peut plus durer… Fais quelque chose. Les gars n’en peuvent plus. Depuis que tu es passé commissaire, c’est infernal. T’étais déjà pas super cool, mais là tu bats les records ! »
« T’as intérêt à te barrer de ma vue si tu ne veux pas te retrouver illico à la circulation, Moreno ! Si les gars ont quelque chose à dire, qu’ils viennent me voir directement ! »
« On sait tous les deux ce qui cloche. Va le retrouver, merde ! Parlez-vous, baisez, ce que tu veux mais faut que tu crèves l’abcès. Et ne reviens que quand tu seras un peu plus zen ! »
Il a claqué la porte après avoir balancé un papier sur mon bureau. Je crois que tout le commissariat a entendu sa dernière tirade. Il hurlait. Je ne suis vraiment qu’une loque pour laisser un subordonné me ridiculiser comme cela devant mes hommes.
J’en ai la confirmation quand je quitte mon bureau. Je m’aperçois des regards qui se détournent de moi quand je les croise. Oh, personne ne rit. C’est plus la pitié que je vois. Et je hais ce sentiment. Comme je me hais de me savoir si faible sans lui.
Sans savoir comment, je me retrouve dans mon appart à remplir un sac de voyage, le papier bien en vue sur mon lit avec l’écriture informe de Moreno. Puis dans ce même aéroport qu’il a parcouru, et enfin dans un avion après avoir fait des pieds et des mains pour obtenir une place. Rapidement mes pensées décollent avec l’appareil tandis que la musique envahit mes oreilles…
« Cachés pas les dunes, entre terre et mer, voler un peu de paix, des refrains à la nef, bien sûr tu serais là, moi blotti contre toi, je te raconterais ce rêve, quand tu veux on y va ». J’aime cette chanson. Je pense toujours à toi quand je l’entends. Et je pars dans un monde plus doux en fermant les paupières…
…
Je ne sursaute pas. Je rêve. Ses bras et sa chaleur m’entourent. Me bercent. Je laisse aller ma tête sur son épaule. Sa bouche m’embrasse tendrement sous mon oreille, comme j’aime. Et je m’abandonne. Je réalise qu’il est vraiment là. Contre moi.
« Il n’est pas trop tard ? » Sa voix m’a tellement manqué. Il manque d’assurance. Je l’ai rarement vu ainsi.
Il n’est jamais trop tard. Sans pudeur, mes yeux laissent s’écouler tous ces mois de douleur, de solitude. Et je lui fais face. Je retire un des écouteurs pour lui prêter et tandis qu’il se penche pour m’embrasser enfin, les paroles nous inondent de leur sens.
« Là-bas tu peux mentir, Là-bas tu peux tricher, Là-bas on peut salir, Là-bas…On peut… être juste Toi et Moi »« Tu as mis longtemps pour te décider »
« Faudra remercier ton pote. J’ai toujours été borné, tu le sais… Mais... avant d’aller plus loin, je voulais savoir une seule chose… Tiago ? »
« Je t’attendais… Je ne pouvais pas tirer un trait sur toi et moi. Je suis parti seul et arrivé seul. Je ne l’ai plus jamais revu. »
« Ben honnêtement, je dois t’avouer que je préfère, même si… je te reproche rien, Kévin. J’ai fait le con plus souvent qu’à mon tour, alors… Je voudrais juste qu’on reparte à zéro. Si tu veux encore de moi... »
« Alors ici c’est l’idéal… pour une nouvelle lune de miel, mon amour »
Viendrait le temps des explications. Pour l'instant, ils savouraient leurs retrouvailles et leurs corps de nouveau enlacés. Tournés vers l’horizon, ils pouvaient attendre le lever du jour, entre baisers et mots doux, leurs doigts croisés et leurs alliances de nouveau scintillantes.
FIN