Pour l'anniversaire de Tarma (évidemment si ça avait été pour moi, ça n'aurait pas été Danny avec Don...
)
Préambule : Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Ann Donahue & Anthony E. Zuiker. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Personnages : Don/Danny
Genre : Romance – P.O.V. - Songfic
Résumé : Don et Danny vont enfin pouvoir légalement réaliser l’un de leur rêve.
JE M'EN REMETS À TOI
- Ils ont dit oui !
Don, en pleine conversation avec ses collègues tourna la tête vers Danny qui arrivait, excité au plus haut point, un sourire magnifique éclairant son visage.
- Quoi ?
- Ils ont dit oui !
Un instant le policier chercha qui avait pu dire oui, et pourquoi ce oui mettait son compagnon dans un tel état. Et puis il se souvint : ce jour-là, la cour suprême de New-York devait valider le mariage homosexuel. Alors, à son tour il arbora un sourire épanoui tandis qu’il questionnait :
- Tu es sûr ?
- Et comment ! Je n’ai pas quitté la radio de la journée !
Alors, sans se soucier des autres qui les regardaient, ils s’enlacèrent. Cette nouvelle loi, ils en avaient rêvé depuis que Danny s’était agenouillé devant Don en lui murmurant :
Pour ce qui est de vivre
Ou de ne vivre pas,
Pour ce qui est de rire
Ou de ne rire plus,
Je m'en remets à toi
Ce moment-là, le policier s’en souvenait comme si c’était hier. La journée avait été éprouvante, la semaine avait été malheureuse et le poids de ce boulot que pourtant il aimait pesait si lourd sur ses épaules ce soir-là. Il se sentait démuni, inutile, découragé par ces morts qu’il ne pouvait éviter, ces victimes qu’il ne pouvait consoler, ces règles imbéciles qu’il ne pouvait contourner…
Même l’idée de retrouver son bienaimé de l’avait pas déridé, incapable de se détacher de ce visage si jeune, trop jeune, de ces yeux vides, et de ce rire, ce rire dément qui avait retenti lorsque ce malade s’était jeté du haut de la tour sans qu’il puisse rien faire pour l’arrêter…
Danny lui parlait et il n’entendait rien, rien que ce rire qui résonnait dans sa tête comme un prémisse à la folie qui semblait vouloir l’emporter.
C’est alors que le laborantin, après l’avoir embrassé tendrement, s’était laissé glisser à terre, sous son regard étonné, qu’il avait sorti cet écrin tout en déclarant :
Pour ce qui est d'aimer,
Pour une part de chance,
Pour ce qui est d'espérer
Ou de désespérance,
Je m'en remets à toi
Les yeux s’étaient fermés, le rire s’était tu. Il n’y avait plus eu pour lui que cet homme à ses pieds, cet homme qu’il aimait comme il n’aurait jamais pensé être capable d’aimer.
Ils s’étaient battus pour cet amour, battus contre les préjugés, battus contre des collègues stupides, battus contre une hiérarchie obtuse… Mais cette lutte les avait rendus plus forts, plus sûrs d’eux et de leur amour. Et puis ils avaient eu l’appui de leurs amis : Mac, Lindsay, Sheldon, Adam… tous ceux pour qui seul l’amour comptait pas les êtres qu’il réunissait.
Petit à petit on s’était habitué à les voir ensemble, même s’ils veillaient à rester discrets, à ne pas s’afficher sur leur lieu de travail : inutile de provoquer les imbéciles, même si l’envie n’en manquait pas parfois à son bouillant Italien.
Ils avaient eu des hauts et des bas, ils s’étaient tour à tour rejetés et réconfortés, effrayés et rassurés…
Mais petit à petit ils avaient construit une relation solide dont la confiance, la fidélité, la franchise étaient les fondements sur lesquels reposait leur amour chaque jour plus fort.
Jusqu’à ce soir-là, jusqu’à ces mots :
Oui mais,
Pour ce qui est des pleurs,
Comme autant de cerises,
Pour ce qui est du coeur,
Qui se tord et se brise,
Je m'en remets encore,
Je m'en remets à moi
Il y avait pensé aussi… Lui aussi aurait aimé ce sacrement devant les hommes et devant Dieu. Il était Irlandais, catholique, et même s’il n’était pas pratiquant, il lui restait de son enfance des souvenirs des offices auxquels il assistait avec sa grand-mère…
Qu’aurait-elle pensé la mamie de son petit-fils, elle qui brandissait la bible comme seul référence à la « bonne » ou « mauvaise » vie ? Curieusement le policier pensait qu’elle l’aurait compris et qu’elle aurait aimé Danny. Parce qu’elle n’avait jamais été de ces bigotes au cœur aussi étriqué que leur cerveau et qui récrivent le message à leur sauce, comme si elles en étaient les seules dépositaires, les seules destinataires… Non, ce que sa Granny lui avait transmis c’était la compassion, la compréhension, la tolérance et, par-dessus tout, l’idée que tout amour vient du Créateur et que comme tel aucun humain n’a le droit de le juger ou de le condamner.
Granny aurait compris, elle aurait aimé Danny.
Quelque part peut-être elle le regardait tandis qu’il lui parlait, les yeux dans les yeux, qu’il disait ces mots qui n’avaient jamais quitté sa mémoire depuis :
Pour que ce soit demain
Plutôt que le passé,
Pour que ce soit l'airain
Plutôt que le laurier,
Je m'en remets à toi
A cet instant précis, alors que les paroles de son compagnon faisaient couler des larmes de bonheur sur ses joues, il n’avait pas pensé à la loi, à ce qui était possible ou non.
Tout ce qu’il savait, au plus profond de son cœur, c’est que l’homme qui lui parlait lui était aussi indispensable que l’air ou l’eau… Sans lui il n’aurait plus rien, il ne serait plus rien.
Alors qu’importait si la loi ne leur permettait pas cette union qu’ils appelaient tous les deux de leurs vœux ? Un jour peut-être la loi changerait…
Un jour…
Mais cette demande, cette déclaration, il ne pouvait pas y répondre par un rappel de la loi, et de toute façon il ne le voulait pas. Quand bien même sa raison aurait pris le pas sur son cœur, comment résister à cette chevalière qui scintillait à la lumière artificielle et à ces mots qui le pénétraient jusqu’à l’âme :
Pour que ce soit la vie
Plutôt qu'une saison,
Pour qu'elle soit symphonie
Plutôt qu'une chanson,
Je m'en remets à toi
Il avait dit oui… Bien sûr… Parce que la demande de Danny répondait à ses vœux les plus chers, à son désir le plus brûlant.
Il avait dit oui et ils s’étaient unis, juste symboliquement puisqu’ils ne pouvaient pas encore le faire légalement. Mais leurs amis étaient là, tous ceux qui comptaient à leurs yeux, et il y avait un prêtre, l’un de ces hommes qui n’ont pas oublié que la première règle c’est d’aimer et qui ne jugent ni ne condamnent parce que ce n’est pas de leur ressort.
Ils avaient fait la fête et échangé des alliances : trois ors pour sceller une union qu’ils voulaient éternelle.
Et toujours il y avait ces mots qui chantaient dans sa tête :
Oui mais,
Pour accrocher aux branches
Notre amour qui vacille,
Pour briser la faucille
Du temps qui se revanche,
Je m'en remets encore,
Je m'en remets à moi
Pour leurs proches ils étaient désormais un couple, mais ils auraient voulu l’être aux yeux de tous les autres et, lorsqu’à nouveau le débat sur le mariage homosexuel était revenu sur le devant de la scène médiatique, ils s’étaient pris à espérer, sans vouloir cependant triompher par avance, de peur d’être déçus.
Et aujourd’hui ils avaient gagné : le droit à la différence, le droit à la ressemblance, le droit à n’avoir plus à demander de droits… Ils en avaient rêvé de cet instant où ils pourraient enfin choisir comme les autres… Ils l’avaient attendu ce moment, ce moment où ce oui qu’ils s’étaient dit, ils pourraient enfin le hurler à la face du monde.
Aujourd’hui c’était leur victoire, la victoire de l’intelligence sur la bêtise, de la tolérance sur l’obscurantisme.
Et tandis qu’ils s’étreignaient, Danny lui redisait à l’oreille :
Tu vois,
Tu peux faire l'été
Tu vois,
Je peux porter l'hiver
Tu vois,
On peut appareiller,
Tu vois,
On peut croquer la terre.
Ils se séparèrent, s’aperçurent soudain qu’on les regardait et rougirent un peu. Mais qu’importait finalement ? Pour une fois, une fois seulement, ils avaient bien le droit de s’afficher, bien le droit de proclamer qu’ils étaient et seraient toujours un couple, au même titre que les autres.
Demain…
Demain ils pourraient enfin, officiellement, légalement, échanger ce oui qui leur permettrait de mêler leurs noms : Don et Danny Messer-Flack. Ils avaient depuis longtemps choisi l’ordre de leurs patronymes simplement parce que la consonance ainsi leur plaisait mieux, leur semblait plus douce, plus chargée d’espoir.
Demain…
Et tandis que leurs lèvres s’unissaient dans un baiser où tout leur amour transparaissait, tandis que leurs âmes fusionnaient et que leurs cœurs battaient à l’unisson, ils pensaient : demain… et pour toujours.
FIN
Chanson de Jacques Brel