Ceux qui me connaissent vont être fort surpris de ce couple, sachant que je n'en suis pas fan, mais JB, elle, l'aime beaucoup, et comme ce texte lui était destiné, ceci explique cela...
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Cheryl Heuton & Nicolas Falacci. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
L’amour explore
- Charlie, tu es où ?
- Ici !
L’agent du F.B.I. se dirigea rapidement vers le garage où la voix du mathématicien avait répondu, tout en se disant que pour un policier censé faire partie de l’élite, il n’était pas très malin : il aurait dû savoir où trouver le consultant.
Celui-ci se retourna vers le nouvel arrivant :
- Colby ? Qu’est-ce que tu fais-là ? Vous avez besoin de moi ?
Il s’étonna de voir le subordonné de son frère se dandiner bêtement d’une jambe sur l’autre, comme s’il avait du mal à trouver ses mots. Soudain la peur le saisit :
- Il n’est rien arrivé à Don ?
- Non ! Non ! Rassure-toi, ton frère va bien ! s’empressa de répondre l’agent qui enchaîna : Grâce à tes calculs on a réussi à cueillir notre homme.
- Je vous l’avais dit ! se contenta de répondre le génie. Content d’avoir pu vous être utile. Maintenant, si tu n’as pas besoin de moi, j’ai à faire…, conclut-il en se retournant vers le tableau.
- Charlie !
La voix presque suppliante de Colby l’obligea à faire volte-face. L’agent avait fait un pas vers lui et le mathématicien retint son souffle devant l’expression qu’il lut sur le visage de son interlocuteur. Il lui sembla que son cœur ratait un battement tandis que Colby faisait un autre pas, se tenant maintenant tout contre lui, avant de l’envelopper dans ses bras et de le presser contre son torse.
- Qu’est-ce que tu fais ? balbutia-t-il, sans pour autant tenter de se dégager de l’étreinte.
- Chut… S’il te plaît, juste un moment.
Colby sentait le cœur du professeur palpiter contre lui, au même rythme que son propre organe. Il respirait cette odeur délicieuse faite d’after shave boisé et de craie, et soudain ses dernières réticences, ses barrages cédèrent comme une digue sous la pression d’un flot devenu incontrôlable.
Si je te dis qu'il y a en moi
Contre mon coeur le tien qui bat
Si je te dis accroche ton coeur caché en moi
Il y avait si longtemps maintenant qu’il rêvait de ce moment, si longtemps qu’il luttait contre cette attirance qui lui semblait d’autant plus dangereuse que le mathématicien était le frère de son supérieur hiérarchique ! Il y avait si longtemps qu’il s’efforçait de juguler ces élans qui le poussaient vers lui.
Mais aujourd’hui ce n’était plus possible ! Il avait eu trop peur ! Cet homme qui harcelait le consultant et qu’ils avaient enfin réussi à appréhender l’avait obligé à ouvrir les yeux.
Mais Charlie voudrait-il, de son côté, se laisser aller à la vérité ?
Si je te dis qu'il y a en toi
A contre coeur un coeur qui bat
Qui passe des heures à prendre peur quand il reçoit
Donne lui des ailes pour qu'il parvienne
A vivre libre dans mes veines
A voler ivre mais sans peines
Colby savait que, contrairement à lui, le plus jeune des Eppes n’avait pas encore admis qu’il était, sinon homosexuel, du moins bisexuel. Chaque fois qu’ils se trouvaient tous les deux un peu trop proches, le consultant reculait tandis qu’une brusque rougeur envahissait ses joues. L’agent ne s’y était pas trompé.
Mais trop de choses se dressaient entre eux. Tout d’abord, évidemment, le fait que Charlie lui-même se refuse à voir la réalité en face, mais aussi la possible réaction de Don au coming-out de son frère d’une part et à sa liaison avec son subordonné d’autre part. Non, pas sa liaison ! Ce n’était pas une liaison qu’il souhaitait, mais une vraie histoire, une vie de couple, un mariage, des enfants…
Colby se secoua : est-ce qu’il n’était pas en train de brûler les étapes en peu vite ? Parce qu’après Charlie et Don, il restait encore Amita qui était la fiancée et pour laquelle il avait énormément de tendresse, comme pour une petite sœur : pouvait-il décemment construire son bonheur sur le malheur de celle-ci ? Et puis, évidemment, il y avait Alan, cet homme qui avait pris la place du père trop tôt disparu. Comment pouvait-il le décevoir, lui qui rêvait de petits enfants ? Comment pouvait-il risquer de perdre son estime, son affection ?
Il avait tant à perdre à se dévoiler…
Mais il avait eu si peur ! Si peur que cet homme ne parvienne à ses fins ! Ils étaient passés si près trois semaines auparavant. Il revoyait encore le visage effrayé du mathématicien, l’arme pointée sur lui… Il se revoyait le jetant au sol, le sentant frémir sous lui. Il l’avait serré contre lui, un peu plus longtemps que nécessaire avant que Don, accouru à son tour, ne lui arrache son petit frère des bras pour l’étreindre lui aussi, passé en mode mère poule affolée.
Mais il y avait eu ce regard de Charlie tandis que son frère l’entraînait… Ce regard qui depuis trois semaines le hantait et lui donnait la force aujourd’hui de braver le destin.
L'amour explore
Nos trésors
Ce qui dort dans nos coffres-forts
Remplis d'or
Deux raisons qui ont eu tort
C'est nos faiblesses qui nous rendent forts
Nous rendent forts
- Colby… Colby qu’est-ce que tu fais ?
- A ton avis Charlie ? Qu’est-ce que je suis en train de faire, murmura l’agent du F.B.I en relevant d’une main le menton du génie pour plonger dans son regard.
Un flot d’émotions quasi-insupportable le traversa en lisant ce qu’il y avait dans les prunelles sombres : du désarroi, de la peur, de l’hésitation mais surtout de l’amour et un désir grandissant tandis que le mathématicien refermait ses bras sur lui, lui rendant son étreinte.
C’était étrange ce sentiment de plénitude mêlé d’appréhension qui l’habitait à cet instant, le même qui devait envahir Charlie.
Le rassurer… le rassurer à tout prix pour qu’il accepte de déposer les armes…
Si je te dis qu'il y a en eux
Trop de non-dits de désaveux
Si je te dis qu'on n's'ra que deux
Voudras-tu mieux ?
- Mais qu’est-ce qui nous arrive ? balbutia le professeur en enfouissant sa tête dans l’épaule de l’homme qui le tenait contre lui.
- Il nous arrive ce qui était écrit depuis longtemps, répondit Colby en caressant doucement les cheveux bouclés. Il nous arrive ce qui ne pouvait manquer d’arriver. Il faut un jour que la vérité éclate.
- Mais comment peut-on même envisager… Il y a tant de paramètres, tant de…
- Non… Il n’y a que deux paramètres qui comptent : toi et moi !
Si je te dis qu'on n's'ra pas ceux
Qui se versent à boire dans les yeux
Qui cessent de croire aux mots précieux
Aux francs enjeux
Laisse un sourire sur ton coeur
Pour qu'il oublie toutes ses peurs
Et qu'il se batte pour un bonheur
Il avait su, du moment où Don lui avait présenté son cadet, que celui-ci était le prince de ses rêves. Il avait su qu’il devrait bientôt accepter d’arracher ce masque qu’il portait depuis trop longtemps, cesser de sauvegarder les apparences, permettre aux autres de le voir tel qu’il était, tel qu’il se savait depuis l’adolescence, tel qu’il ne s’était jamais permis d’être !
Il avait su que Charlie serait son paradis et son enfer, son sauveur et sa perdition.
Il avait su et il s’était tu.
Jusqu’à ce qu’il voit le regard du mathématicien changer lorsqu’il se posait sur lui. Jusqu’à ce qu’il s’aperçoive que, lorsque leurs doigts se frôlaient par inadvertance, Charlie ôtait les siens comme s’il venait de se brûler et que son visage s’enflammait. Jusqu’à ce qu’il sente cette tension lorsqu’ils étaient juste tous les deux…
C’est à ce moment-là qu’il avait commencé à espérer. Mais le temps passait sans que Charlie semble vouloir baisser sa garde et lui, de son côté, avait trop à perdre pour oser brusquer l’ordre naturel des choses.
Jusqu’à cet homme… Jusqu’à cette panique incontrôlable lorsqu’il avait compris qui était sa cible, lorsqu’il s’était élancé pour plaquer le mathématicien tétanisé au sol. Il avait alors compris que la vie est trop brève pour renoncer à ce qui vous tient le plus à cœur.
Quelques secondes plus tard, quelques centimètres de plus à droite ou à gauche et il aurait perdu Charlie, sans que celui-ci sache jamais ce qu’il ressentait pour lui.
C’est cela qui le poussait aujourd’hui à brûler ses vaisseaux, quitte à tout perdre.
L'amour explore
Nos trésors
Ce qui dort dans nos coffres-forts
Remplis d'or
Deux raisons qui ont eu tort
C'est nos faiblesses qui nous rendent fort
Nous rendent forts
- Colby…
- Chut…
Il ne voulait pas de mots, pas de grands raisonnements mathématiques, pas d’explications, pas de justifications, pas d’exposition de tout ce qu’ils auraient à affronter s’ils osaient enfin se révéler aux yeux de tous.
Il voulait juste profiter de cet instant, de ce corps contre le sien, de leurs cœurs qui se parlaient, de leurs âmes qui se reconnaissaient.
Les mots, ils passaient dans leurs mains qui s’étaient glissées sous les tee-shirts et remontaient le long des dos, dans leurs lèvres qui se rapprochaient pour se toucher, dans leurs langues qui se découvraient, timidement, puis avec un appétit de plus en plus grand, dans ce désir qui commençait à enflammer leurs sens.
Les mots, c’était des barrières de tissu qui volaient, des corps qui se plaquaient l’un contre l’autre, des gémissements, des cris et le plaisir soudain qui jaillissait dans une même clameur de jouissance et de victoire.
L'amour explore
Nos trésors
Ce qui dort dans nos coffres-forts
Remplis d'or
Deux raisons qui ont eu tort
C'est nos faiblesses qui nous rendent fort
Nous rendent forts
Ils reposaient, l’un contre l’autre, sur le vieux plaid qu’ils avaient jeté au sol à la hâte dans l’urgence de la passion. Leurs corps s’apaisaient, leurs cœurs se calmaient.
- Comment on va faire ? murmura Charlie, blotti contre le flanc de celui qui était désormais son amant. Je ne veux pas me cacher.
- Moi non plus.
- Et s’ils nous détestent ?
- Alors tant pis pour eux ! Mais je ne crois pas que ça sera le cas.
- Don…
- Don est ton frère, il t’adore ! Celui qui risque le plus dans cette affaire c’est moi. D’ici à ce que je me retrouve muté au fin fond de l’Alaska !
- Alors je t’y suivrai : il y a plein d’études intéressantes à faire sur…
- Tu sais quelle étude j’ai envie de faire là, à cet instant ? coupa Colby.
- Non…, répliqua innocemment le professeur, avec un sourire qui en disait long sur cette prétendue innocence.
- Je vais te montrer alors…, sourit l’agent en recouvrant de son corps celui de son amant qui l’entoura aussitôt de ses bras.
Il serait toujours temps d’affronter le monde extérieur après. Pour le moment ils avaient trop à se raconter, à apprendre l’un de l’autre, à découvrir mutuellement, trop à se donner et à recevoir.
Le monde viendrait plus tard.
FIN
Chanson de Chimène Badi