Reclassement de l'anniversaire de Chégévara
Préambule : Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Cheryl Heuton & Nicolas Falacci. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Genre : Romance – Songfic
Personnages : Don/Colby
Résumé : Au chevet de Don, Colby livre enfin ce qu’il a sur le cœur.
Là je t’emmènerai
Colby regardait son amour si pâle et si faible. Les larmes lui montèrent aux yeux à cette vue. Il aurait tellement aimé pouvoir prendre sa douleur et l’arracher à ce lit d’hôpital où l’avait couché cette balle. Il avait beau se dire que ça aurait pu être plus grave, qu’il aurait pu le perdre trois jours plus tôt, il n’arrivait pas à s’y faire : il l’avait toujours connu si plein de vie, si actif. Le voir ainsi c’était un crève-cœur.
« Arrête donc ton mélo !, se reprocha-t-il intérieurement, Don est là, il est vivant, il va se remettre ! Alors occupe-toi de lui au lieu de gémir sur ce qui aurait pu arriver. »
Il plaqua un sourire sur ses lèvres et s’approcha du lit, prit la main de son amour, dans ce geste qu’il n’aurait pas osé s’il avait été éveillé, posa un baiser dessus en faisant attention à ne pas déranger la ligne de l’intraveineuse qui y était implantée et il se mit à lui parler :
- Remets-toi vite bébé… Ensuite je vais poser des vacances et nous partirons tous les deux, loin d’ici, pour nous retrouver.
C'est au bout du regard
Là où les bateaux quittent la mer
Là, où l'horizon est tellement plus clair
Sous la belle étoile celle qui te dit que la vie ici
Ne sera jamais rien que ton amie
C'est au fond de tes yeux
Là, où le monde effleure tes rêves
Là, où le bonheur n'est plus un mystère
- Je veux que tu saches ce que tu représentes pour moi : je veux m’occuper de toi, être là quand tu en auras besoin. Je veux que nous oubliions que tu es mon chef et que je suis ton subordonné. Je veux que nous soyons juste toi et moi, sans nous soucier de personne, sans avoir à protéger quiconque, sans devoir annuler nos projets parce qu’un enfant a disparu, qu’un virus vient d’être répandu ou qu’un chercheur a été assassiné. Il n’y aura que toi et moi, la plage et le soleil… Je pourrai enfin te dorloter comme j’en rêve depuis si longtemps. Je pourrai t’aimer sur le sable parce qu’il n’y aura personne pour nous déranger. Je pourrai m’endormir près de toi et me réveiller à tes côtés. Je pourrai enfin te dire tous ces mots qui me brûlent les lèvres depuis trop longtemps, découvrir ce corps dont je rêve depuis ce premier jour où tu m’as accueilli dans l’équipe.
C'est là que je t'emmènerai sur la route
Et si le soleil le savait
Mais j'en doute, il viendrait
Là, où je t'emmènerai
Aucun doute, il s'inviterait
Pour nous éclairer
- Tu vois… Il aura fallu que ce malade te prenne pour cible pour que j’ose enfin te dire ce que j’ai sur le cœur. Pourtant ça fait déjà quatre ans que nous travaillons ensemble, quatre ans de bonheur à te voir jour après jour, mais aussi quatre ans de torture à ne pas pouvoir t’avouer tout mon amour.
Sais-tu combien je les ai détestées toutes ces femmes qui ont traversé ta vie ? Même Robin, même Liz… J’aurais tant voulu être à leur place, pouvoir t’aimer comme tu le mérites, te rendre enfin heureux, arrêter cette quête vaine que tu mènes.
Parfois je me prends à espérer que je pourrai être plus pour toi que ton ami, et à chaque fois il y en a une autre qui entre dans ton existence : je le devine, à chaque fois, à cause de ce petit sourire que tu arbores, de cette énergie nouvelle qui t’habite, de cette lueur dans tes yeux…
Bien sûr je n’en parle pas. Sauf à Liz… Tu sais, lorsque vous avez rompu, on est un peu sortis ensemble, histoire de faire taire les rumeurs qui commençaient à courir sur moi, ces rumeurs que tu n’as jamais entendues ou que tu n’as pas voulu entendre, ce serait bien ton style ça. D’ailleurs je suis sûr que tu te fous que je sois gay… Liz a vite deviné que je me servais d’elle et on a mis les choses au point. Bien sûr, je n’avais pas envisagé qu’elle devine qui j’aimais en secret, mais bon… c’est Liz. Avec elle je sais que je ne risque rien : c’est une fille fantastique !
Puis il y a eu Robin, encore…
Mais lorsque vous avez rompu cet hiver, je me suis repris à espérer. Surtout que depuis il n’y a personne d’autre. Je suis stupide hein ?
Mais je m’en fous ! Après tout, j’ai bien le droit de rêver aussi, bien le droit de penser à veiller sur celui que j’aime sans avoir à refouler mes sentiments réels.
Tu vois, lorsque tu te réveilleras, je sais exactement à quel endroit je t’emmènerai : là où nous pourrons vivre sans nous cacher, où enfin je pourrai te dire tout ce que mon cœur ressent.
Nous longerons la mer
Nos vies couleront sans un hiver
Comme un matin d'été, un courant d'air
Et tout au long de ta vie
Que s'écartent les nuages
Je serai là à chaque fois que tu auras besoin de moi
Regarde là-bas
- C’est mon petit paradis à moi… Lorsque je vous dis que je pars dans l’Idaho voir ma famille, parfois ce n’est pas vrai. Parfois je vais simplement là-bas, lorsque j’ai besoin d’être seul, de penser à ce que je devrais faire ou dire, de penser à toi…
De toute façon, je m’arrange pour y aller régulièrement : un petit coin de plage avec une jolie petite bicoque que j’ai racheté pour un bout de pain il y a trois ans. C’est mon chez moi, là où personne n’est jamais venu, même pas David, même pas Liz et aucune de mes rencontres d’un soir ou d’une semaine.
Parce que je ne vais pas te mentir : bien sûr que depuis quatre ans je ne mène pas une vie de moine, d’ailleurs tu le sais bien… Tu as rencontré certaines de mes conquêtes, toujours féminines d’ailleurs. Finalement je crois que personne au monde ne se doute que j’aime aussi les hommes, que j’aime surtout un homme !
Et mon petit coin je ne veux le partager qu’avec toi. Personne d’autre n’y accèdera… Lorsque je l’ai vu, la première fois, c’est à toi que j’ai pensé, à nous.
C'est là que je t'emmènerai sur la route
Et le soleil s'il le savait
Mais j'en doute, il viendrait
Là, où je t'emmènerai
Aucun doute, il s'inviterait
Pour nous réchauffer
Nous accompagner
- Tu vas guérir Don, mon amour, bébé…
Bébé… Tu sais que c’est comme ça que je t’appelle à l’intérieur ? Même que parfois, lorsque je te réponds, je me demande si je n’ai pas laissé échapper ce surnom.
Pourquoi bébé ? Je ne sais pas… Parce que tu es plus âgé que moi et je ne suis pas sûr que tu apprécierais outre mesure d’être ainsi appelé. Pourtant c’est ce qui me monte spontanément aux lèvres lorsque je te parle : bébé… A cause de cette moue que tu as parfois lorsque tu ne comprends pas ? A cause de ton air un peu perdu, de ce malaise d’avoir toujours été le numéro deux dans la fratrie bien qu’étant l’aîné ? A cause de cette fragilité que tu prends tellement de soin à dissimuler mais qui transparaît par moment ?
Je n’en sais rien… Tout ce que je sais c’est que tu es mon bébé, celui sur lequel je veux veiller, que je veux éveiller à la vie, la vie avec moi, la vie près de moi… Je veux veiller sur toi, toi si farouchement indépendant, je veux qu’enfin tu acceptes qu’on s’occupe de toi, que tu saches que tu es l’être le plus important pour quelqu’un et que personne jamais ne sera aussi essentiel que toi à ses yeux. Je veux que tu déposes enfin ton fardeau entre mes mains et que tu te laisses aller.
Là-bas, il n’y aura que nous deux et je t’apprendrai à t’abandonner, à être juste ce que tu es, sans avoir besoin de te cacher, sans crainte d’être jugé, sans peur de déchoir.
Là où je t'emmènerai
Aucune peur, ni aucun doute
Le monde est toujours en été
Pas de douleur et pas de déroute
C'est là que je t'emmènerai
Sur ma route
Pour te réchauffer et te protéger
Sans t'étouffer
Je t'emmènerai
- C’est bête hein ? Moi le bi, toi l’hétéro pur et dur… Est-ce que ça a un sens tout ça ? Quand ton père m’a demandé de te tenir compagnie parce qu’il ne veut surtout pas que tu te réveilles seul, quand il m’a demandé de te parler parce que les toubibs ont dit qu’il fallait te stimuler pour te ramener à nous, je suis sûr qu’il n’a pas imaginé une seule seconde le genre de discours que je pourrais te tenir… Sans doute que s’il l’avait su il m’aurait jeté dehors par la peau des fesses. Sans doute d’ailleurs que si toi-même tu m’entendais tu me ferais jeter dehors de la même manière…
- Pourquoi ?
Colby sursauta violemment en entendant la voix rauque de son amour résonner faiblement dans la pièce entre deux bips du moniteur cardiaque. Il releva les yeux et croisa le regard chocolat fixé sur lui, ce regard où il y avait de la douleur, de l’épuisement, mais aussi quelque chose qu’il n’arrivait pas bien à identifier mais qui fit courir le sang plus vite dans ses veines.
- Don ! Tu es réveillé…
Un léger sourire distendit les lèvres pâles qui se crispèrent ensuite :
- Tu as mal ? Attends, j’appelle l’infirmière !
Mais avant qu’il ne puisse se lever, une poigne étrangement vigoureuse se referma sur son poignet. Il s’arrêta net tandis que Don reprenait :
- Pourquoi ?
- Pourquoi quoi ? répliqua-t-il, inquiet, se demandant ce que l’homme qu’il aimait en secret avait bien pu surprendre de son discours.
- … tu m’as rien dit ?
Alors il sut. Il sut que Don avait tout entendu : un dieu, ou un démon, lui avait permis de revenir juste pour entendre son aveu. Et désormais il devrait faire face : pour le meilleur ou pour le pire, qui savait ? Il ne lisait pas de condamnation dans les prunelles fixées sur lui, juste une immense interrogation et toujours ce petit quelque chose qui faisait battre son cœur délicieusement.
- Don… Je dois appeler l’infirmière… On reparlera plus tard.
Don, épuisé, referma les yeux en murmurant :
- Oui… plus tard…
Et au moment où Colby le croyait endormi, il souleva de nouveau les paupières pour planter son regard dans le sien :
- Mais je n’oublierai pas… Ne compte pas dessus.
- Oh… Je ne compte pas dessus, murmura-t-il sans savoir si c’était de la peur ou de l’espoir qui l’étreignait en ce moment, tandis qu’il s’éloignait vers la porte.
Alors qu’il l’atteignait, la voix de Don l’arrêta :
- Tu promets ?
Il se retourna vers lui, s’approcha de nouveau du lit en demandant :
- Je promets quoi ?
- Tu m’emmèneras là-bas ?
La joie qui l’inonda à cette demande, il ne se rappelait pas en avoir jamais ressentie une semblable. En deux pas il fut de nouveau au chevet de son amour et reprit sa main qu’il porta à sa bouche avant de la serrer contre son cœur :
- Je promets… Oh oui ! Je te promets bébé…
Un léger sourire apparut sur la face du blessé qui sourit en se rendormant.
FIN
Chanson de Florent Pagny