Merci. Suite et fin de cette petite histoire....
Chapitre 12
- Doucement les filles, papa est fatigué.
- Laisse… Je suis content de les voir. Venez mes douces…
Les petites ne se le firent pas dire deux fois et pénétrèrent comme des tornades dans la chambre avant de sauter sur le lit et d’enlacer tendrement leur père. Celui-ci réprima une grimace lorsque Deryn appuya sur son abdomen douloureux.
- Caron ! Deryn ! tonna Ianto à qui la réaction de l’immortel n’avait pas échappé. Qu’est-ce que je vous ai expliqué !
Penaudes, les deux gamines descendirent du lit et coulèrent un regard vers leur daddy pour voir s’il était réellement fâché :
- Que papa était fatigué, dit Caron tandis que Deryn complétait :
- Et qu’il avait mal à son ventre
- Et que… ? termina Ianto en dissimulant tant bien que mal son sourire, trop heureux en ce jour pour être vraiment sévère :
- Et que… qu’il ne fallait pas sauter sur lui ! acheva l’aînée des fillette d’un ton contrit.
- Bah… Laisse-les…, coupa l’immortel toujours indulgent et les deux gamines lui adressèrent un regard d’adoration qui fit soupirer Ianto : pourquoi fallait-il toujours que ce soit lui qui ait le mauvais rôle ?
Mais le spectacle de ses trois amours enlacés dissipa vite cette minuscule contrariété. Jack était redevenu celui d’avant son épreuve. Certes parfois des cauchemars le réveillaient la nuit, qui prouvaient que les cicatrices invisibles étaient encore douloureuses, mais désormais, il laissait Ianto le réconforter et finissait par se rendormir entre ses bras. Leur vie sexuelle était redevenue épanouie, du moins autant que faire se pouvait étant donné la grossesse de l’immortel qui, selon ses propres mots, l’avaient transformé en baleine. Les filles l’avaient un jour entendu dire cela et elles avaient éclaté d’un rire spontané en assurant leur papa qu’il ne ressemblait pas du tout à une baleine, ce qui n’avait pas manqué de rendre sa bonne humeur au capitaine.
Caron et Deryn avait retrouvé leur père aimant, joueur et tendre, souvent trop indulgent au gré de Ianto. Mais il semblait que l’immortel ne savait toujours pas comment se faire pardonner son moment d’égarement, quand bien même les fillettes elles-mêmes n’y pensaient plus du tout. Bien évidemment, elles avaient compris que leur papa ne pourrait plus faire certaines activités avec elles jusqu’à la naissance des petits frères.
Les deux hommes se souvenaient encore avec émotion de leur réaction à la nouvelle de la grossesse de leur père : les deux petites filles avaient été folles de joie à l’idée d’avoir une petite sœur. Il avait alors fallu leur expliquer qu’il n’y aurait pas de petite sœur mais trois petits frères ce qui n’avait pas manqué de provoquer une infinité de questions de la part des deux curieuses. Après une première déception, les gamines avaient accepté la venue des garçons avec une certaine impatience, et leur enthousiasme lorsque leurs pères avaient installé la nouvelle chambre avec trois petits lits, avait été à la fois rafraîchissant et plein de promesses de bien des jours heureux avec leur grande famille.
Conformément aux ordres du médecin, Jack se reposait beaucoup : la grossesse avait démarré sous les pires des auspices et désormais il avait bien l’intention de ne plus prendre aucun risque. A l’idée qu’il avait été sur le point de supprimer les vies de ses enfants, il frissonnait encore et, lorsque le Gallois le surprenait les yeux dans le vide, une main amoureusement posée sur son abdomen rebondi, il venait se coller à son dos, ramenant ses mains sur le ventre qui abritait leurs garçons, sachant ce qui l’obsédait à cet instant précis :
- N’y pense plus cariad, chuchotait-il alors. Tu as fait ce qu’il fallait faire et nos enfants vont bien. Et bientôt nous aurons de l’occupation à plein temps !
Et le baiser qui les unissait alors était plein de promesses pour ce futur qu’ils espéraient sans nuage, tout en sachant qu’il n’existait aucune assurance bonheur.
Au sixième mois, Jack passa les rênes de l’agence à Vernon, se contentant de téléconférences quotidiennes pour se tenir au courant et passer ses directives, mais il avait toute confiance en son adjoint pour tenir le cap durant son absence. A partir du septième mois, son amant ne pouvant plus se déplacer, ce fut Ianto qui, lorsqu’il le fallait, allait passer quelques heures à l’agence où personne ne lui déniait ce droit : Vernon avait eu l’occasion de voir que, même s’il avait choisi de ne pas travailler avec eux, le Gallois était tout aussi qualifié pour le faire que le meilleur de leurs hommes et il appréciait cela.
Lorsqu’il entama le huitième mois, l’immortel commença à éprouver des difficultés pour se déplacer et Ianto fit installer un lit dans le salon, voulant lui éviter d’emprunter les escaliers. Cela fit râler son amant qui se sentait diminué, mais il sut le rassurer par des mots et des gestes tendres, lui rappelant que c’était provisoire et que très bientôt il retrouverait sa ligne et sa forme d’avant.
- Il serait plus que temps ! avait maugréé Jack.
Mais quelle que soit sa mauvaise humeur, il ne s’énervait plus jamais après les deux petites et seul, parfois, son compagnon faisait les frais de son agacement, ce qui ne manquait en général pas de finir en une étreinte où le capitaine se faisait largement pardonner son mouvement d’humeur.
La veille, les deux hommes s’étaient endormis, lovés l’un contre l’autre et au petit matin Ianto avait été éveillé par un gémissement :
- Jack ? appela-t-il sur le qui-vive.
Il se tourna vers son amant et vit celui-ci porter la main à son ventre, en même temps qu’une grimace de douleur traversait son visage couvert de sueur :
- Jack ! Que se passe-t-il.
- Je crois que… c’est le moment…, murmura l’immortel.
- Pourquoi ne m’as-tu pas réveillé ? Il y a longtemps que tu as mal ?
- C’est trop tôt Ianto… C’est trop tôt ! balbutia Jack les larmes aux yeux.
Le Gallois prit le visage de son époux entre ses mains pour le forcer à le regarder :
- Jack ! Tu es à plus de huit mois ! Ce n’est pas trop tôt ! Tout ira bien ! Allez viens ! Je t’emmène à la clinique !
- Les filles…, s’inquiéta l’immortel.
- J’appelle Mabel, elle va venir s’occuper d’elles.
Quelques minutes plus tard, après avoir confié leurs princesses à leur amie, les deux hommes partirent pour la clinique et, trois heures plus tard, les larmes coulant librement sur leurs visages, ils accueillaient leurs trois fils, tous trois en excellente santé et munis de sacrés poumons comme le fit remarquer Ianto à Jack.
A peine l’immortel délivré, les enfants lavés, testés et enregistrés, la famille reprit le chemin de leur maison : désormais on n’hospitalisait plus pour un accouchement, tout le suivi étant assuré par des unités de contrôle dans les maisons des parents. Il n’y avait qu’en cas de complications qu’on restait un peu plus longtemps dans un milieu médicalisé.
Jack, heureux d’avoir, sinon retrouvé sa taille d’avant, du moins de ne plus ressembler qu’à un « bébé baleine », selon ses propres mots, insista pour regagner leur chambre plutôt que le lit du salon.
- Je vais bien ! J’ai envie de retrouver ma chambre ! Et puis les garçons ont la leur juste à côté ! Ce sera bien plus pratique !
Comprenant qu’il ne servirait à rien de discuter, Ianto se contenta de le suivre de près, prêt à le rattraper s’il venait à trébucher dans l’escalier. Mais l’immortel n’avait pas présumé de ses forces et il fut bientôt dans son lit, où il ne tarda pas à s’endormir. Vers quatorze heures, Ianto lui apporta de quoi manger après avoir passé un long moment à s’occuper de leurs trois garçons :
- Ils vont bien ? s’inquiéta l’immortel.
- Ils vont très bien, ils sont magnifiques et ce sont de vrais affamés, comme leur père ! répliqua Ianto.
- Tu as appelé Mabel ?
- Oui… Les filles vont venir nous rendre visite.
- Nous rendre visite ? Comment ça ? Elles restent j’espère !
- Jack… Tu les connais : deux vraies tornades, tu as besoin de repos.
- Je me reposerai mieux en les sachant à la maison.
Le soupir de Ianto ne lui échappa pas et il enchaîna :
- Mais c’est peut-être égoïste non ? Ca va faire beaucoup pour toi cinq enfants.
- Non… Mabel pourra nous aider : elle surveillera leurs cours durant la journée. Mais c’est surtout pour toi que je m’inquiète.
- J’irai bien mieux avec toute ma famille autour de moi.
- Alors d’accord… Elles vont revenir, mais après ta sieste.
- Comment ça après ma sieste ? Je n’ai pas l’intention de faire une sieste !
- Que tu en aies l’intention ou pas, tu vas en faire une Jack Harkness-Jones ! Je veux que tu récupères vite pour m’aider à m’occuper de ces trois monstres, sinon je te jure que je vais en vendre deux ! gronda Ianto avec un large sourire.
- Dans ce cas…, murmura l’immortel dont les yeux se fermaient déjà.
Avec un sourire Ianto déposa un baiser sur son front puis retourna à la chambre des garçons et, voyant que ceux-ci dormaient comme des bienheureux, il en profita pour s’allonger près de son époux afin de faire une petite sieste, ayant déjà compris que tous les moments pour prendre un peu de sommeil allaient être les bienvenus dans les semaines, voire les mois, à venir. L’immortel avait proposé de faire venir une nourrice à domicile. Dans un premier temps le Gallois avait refusé : il n’avait pas envie d’une étrangère dans leur maison. Mais quelques heures passées à s’occuper des triplés lui avait fait changer d’avis : avec deux enfants encore jeunes et trois bébés il ne s’en sortirait pas, d’autant qu’il savait que Jack allait reprendre le travail le plus vite possible et que lui-même n’avait pas l’intention de devenir père au foyer. Et Mabel avait ses propres occupations : ils ne pouvaient pas sans arrêt faire appel à elle, quand bien même elle travaillait à domicile, comme c’était devenu la règle générale à cette époque, ce qui ne concourrait d’ailleurs pas à resserrer les liens sociaux.
Les pleurs des enfants l’arrachèrent à son sommeil et il alla s’occuper d’eux bientôt rejoint par Jack lui aussi réveillé :
- Jack ! Tu dois te reposer ! le gronda Ianto.
- Je ne vais pas te laisser t’occuper seul de nos fils ! contra l’immortel. Et puis je les ai à peine vus depuis ce matin ! Ils sont magnifiques ! s’extasia-t-il.
- Magnifiques, affamés, braillards et puants ! rigola Ianto tout en s’afférant. Puisque tu veux te rendre utile, change-les pendant que je vais préparer les biberons !
Jack fit la grimace : changer les couches n’était pas ce qu’il préférait faire. En trois mille ans, on n’avait toujours pas découvert comment faire en sorte que leur contenu ait une odeur un peu plus supportable ! Cependant il ne discuta pas et, lorsqu’il en eut terminé avec les trois nouveau-nés, Ianto lui passa un biberon qu’il s’empressa de donner à l’un des garçons, retrouvant avec bonheur la sensation d’un petit corps blotti contre lui.
- Maintenant au lit Jack ! Tu dois te reposer.
- Je vais bien Ian…
- Et tu iras encore mieux en te reposant ! Je vais avoir besoin d’aide avec les monstres alors pas question que tu mettes des semaines à récupérer !
- Arrête de les appeler les monstres ! protesta Jack.
- D’accord. A condition que tu ailles te coucher alors, répliqua le Gallois.
- Tu viens avec moi ? proposa le capitaine d’un ton plein de sous-entendu.
- Jack ! Tu viens d’accoucher ! Ta cicatrice n’est pas encore refermée ! A quoi tu penses !
- Tu veux vraiment que je te le dise ?
- Non ! Je sais à quoi tu penses mais…. Aargh !!! Arrête de me regarder comme ça ! Va te coucher ! Les filles ne vont pas tarder !
Et maintenant elles étaient là, juchées sur le lit auprès de leur père et il les regardait, attendri : elles avaient désormais trois et quatre ans et étaient magnifiques. Puis il vit leurs regards s’attarder sur les moïses qu’il avait apporté dans leur chambre pour pouvoir faire les présentations sans que Jack ne s’estime obligé de se lever une fois de plus.
- On peut les prendre dans nos bras ? demanda Caron.
- Si vous vous asseyez bien sagement, oui, répondit Ianto.
- Je veux le plus grand ! exigea alors l’aînée des filles.
- Et moi le plus petit ! répliqua en écho la plus jeune.
- Alors moi je prendrai le troisième, conclut l’immortel, lui aussi assis contre le dosseret du lit, ses deux filles se tenant bien droites de chaque côté de lui.
- D’accord… Alors Caron, je te donne Aneurin, Deryn voici Cynfelyn et toi, Jack, tu auras Bleizian. Je vous apporte les biberons !
Ce fut la première photo d’une longue série : Caron, Jack et Deryn assis sur le lit, donnant chacun le biberon à l’un des triplés. La photo d’un bonheur enfin retrouvé.
FIN