Reclassement du cadeau d'anniv' 2013 de Steph' qui a la bonne idée d'aimer mes chouchous...
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Cheryl Heuton & Nicolas Falacci. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Aime-moi
Il ouvrit les yeux, s’étonnant l’espace d’une seconde de ne pas reconnaître sa chambre sous le rayon indiscret de la lune. Puis le souffle dans son cou et la main sur sa hanche lui firent comprendre pourquoi il n’était pas chez lui, pourquoi il était là, dans ce lit, près de cet homme qui semblait dormir, ce qui n’avait rien d’étonnant après la fougue de leurs ébats.
Il se retourna doucement pour scruter les traits endormis, se retint de faire courir sa main sur le visage tant aimé, ce visage qu’il avait vu, pour la première fois, transfiguré par la passion.
Et soudain il eut peur, peur que cette première fois reste unique, une parenthèse, une folie passagère de la part de celui qu’il aimait à la folie. Alors, du plus profond de son cœur naquit une prière.
Aime-moi
Comme tu n'as jamais aimé
Aime-moi
Aussi fort que je t'aime
Et n'aies plus peur de rien
Tu verras que tout ira bien
Depuis combien de temps aimait-il cet homme qui dormait contre lui ? Combien de mois avait-il soupiré après lui, rêvé de pouvoir lui murmurer les mots qui chantaient dans sa tête et qu’il avait clamés au plus fort de la jouissance, lorsqu’enchâssé au plus profond du corps adoré il s’était senti partir, fauché par un plaisir qu’il n’avait alors jamais atteint?
Cet homme-là, il était celui qui le rendrait meilleur, qui le rendrait plus fort. Cet homme-là, il l’avait attendu toute sa vie et rien au monde ne pourrait le lui enlever. Rien, sauf peut-être lui-même.
Qui pourra lutter contre moi
Si je me sens aimé de toi
Ferme les yeux
Et aime-moi
Comme j'ai rêvé d'être aimé
Rien n’avait laissé présager que cette journée serait différente des autres lorsqu’il s’était levé le matin même pour se rendre au bureau. Le ciel était plombé, l’orage menaçait, tout le monde était un peu à cran. Non… Si on lui avait dit que ce jour parmi tous le verrait finir dans les bras de l’homme qu’il aimait, il aurait sans doute ri.
Pourtant c’était un fait : à l’issue de cette enquête désastreuse, il avait raccompagné son patron et celui-ci l’avait invité à entrer, à prendre un verre…
Qui avait fait un pas vers l’autre ? Qui le premier avait posé ses lèvres sur la bouche de son partenaire ? Qui avait glissé ses mains sous un tee-shirt ? Comment avaient-ils terminé dans ce lit, enchevêtrés, enlacés, embarquant pour un monde qui n’appartenait qu’à eux ?
Ca avait été magnifique, magique ! Mais à présent que la passion avait déserté son corps, il lui restait comme un goût d’inachevé : il n’avait pas entendu les mots qu’il espérait.
Aime-moi
Mais de toute ton âme
Je donnerais tu vois
Je donnerais n'importe quoi
Pour que tu sois cet homme qui n'aimera que moi
Il avait découvert un homme sensuel, inventif, qui donnait autant qu’il recevait. A son grand étonnement, et non moins grand plaisir, Don s’était abandonné à lui, lui avait laissé les rênes de leur union, comme si c’était naturel, comme si, de tout temps, c’était lui qui était destiné à devenir le patron dans la moiteur d’une chambre.
Pour autant, comment savoir si, au réveil, il retrouverait l’amant où le supérieur ? Comment être sûr que celui-ci n’avait pas simplement tenté de noyer dans la fusion de leurs corps toute la tension nerveuse qui les habitait depuis le début de leur enquête ? Est-ce qu’au petit matin il ne devrait pas partir sans espoir de voir jamais se reproduire les heures sublimes qu’il venait de vivre ?
Colby savait qu’il ne se contenterait pas d’être un amant de passage, un de ceux qu’on appelle lorsque le corps s’ennuie et qu’on oublie lorsque les sens sont apaisés, un de ceux qu’on voit entre deux portes, entre deux maîtresses. La rupture d’avec Liz était récente encore : comment être sûr que Don n’avait pas simplement effacé sa frustration dans d’autres bras ?
Il voulait être pour lui l’Unique, celui devant lequel il n’aurait pas peur d’être faible, celui qu’il laisserait prendre soin de lui, celui qui serait son égal, son alter-ego, son soutien, son ami, son amour… son seul amour !
Aime-moi
Comme tu n'as jamais aimé
Aime-moi,
Aussi fort que je t'aime
Je ne peux être heureux
Que si je me vois dans tes yeux
Dans tes chagrins et dans tes joies
Que si je fais partie de toi
Maintenant qu’il avait eu cette parenthèse dont il rêvait depuis si longtemps, depuis le premier jour où il avait posé les yeux sur celui qui allait devenir son chef, il savait qu’il voulait plus, beaucoup plus. Son amour pour celui devenu désormais son amant semblait s’être décuplé durant le rapprochement de leurs corps. Il voulait maintenant que leurs âmes aussi s’ouvrent l’une à l’autre, qu’ils ne fassent désormais plus qu’un devant l’Eternel.
Certes il savait que son beau rêve risquait tout simplement de tomber en morceaux dès que l’homme qui dormait à ses côtés ouvrirait les yeux. Parce qu’il y avait tant d’obstacle à leur amour, à commencer par leurs équipiers et leurs familles. Don avait mis toute son énergie à paraître parfait : comment accepterait-il de bouleverser ainsi l’image qu’on avait de lui ?
La lune qui éclairait la chambre de son halo indiscret, puisque pris dans l’urgence de leur désir ils n’avaient pas songé à baisser le store, était son alliée. Les premiers rayons du soleil risquaient d’être ses ennemis en ramenant son amour à leur réalité. Cette réalité ou, peut-être, sans doute même, il n’avait pas sa place dans son lit et encore moins dans son cœur.
Ferme les yeux et donne-moi
Ce que tu n'as jamais donné
Et ce que moi
Je te donne moi même
Sois près de moi toujours
Pour partager mes nuits mes jours
Et nulle force au monde
Pas même une seconde
N’arrêtera la ronde
De notre tendre amour.
Soudain il s’aperçut que les prunelles noisette étaient fixées sur lui et il sentit son souffle s’arrêter : c’était le moment où Don allait s’étonner de le trouver là, s’emporter peut-être, lui demander de partir en lui signifiant de ne plus jamais revenir, de ne plus poser ses mains sur lui. Il ferma les yeux, attendant les mots qui allaient le tuer plus sûrement qu’une balle, ces mots qui diraient la colère, le dégoût, qui le rejetteraient définitivement et lui arracheraient le cœur.
Il sentit une main sur sa joue, un doigt fit le tour de ses lèvres et il souleva les paupières, étonné de la douceur de l’effleurement. Et ce qu’il vit alors dans les yeux de l’homme qui le regardait fit battre son cœur plus vite. Soudain Don sourit, de ce sourire irrésistible qui creusait une fossette au coin de ses lèvres, ce sourire qui lui avait donné mille fois envie d’écraser sa bouche sur la sienne.
- Toi… tu es en train de te demander si nous n’avons pas fait une bêtise, murmura le superviseur.
- Tu crois que c’est ce que nous avons fait ? répliqua-t-il en retour, ayant peur comme jamais de la réponse.
- Non… Je crois qu’on a juste fait ce qu’il fallait, au moment où il le fallait.
- Oh…
Il était déçu de la réponse : il aurait aimé plus, beaucoup plus. Avec une telle entrée en matière, il était évident que Don risquait de continuer d’un « Mais ça ne doit pas se reproduire. »
Un petit rire moqueur l’arracha à ses pensées :
- Arrête de penser à ma place.
- Mais comment…, s’étonna-t-il.
- Comment je sais ce que tu penses ? Parce que j’ai sans doute pensé la même chose. Ou alors parce que je t’aime tellement que je peux lire en toi comme dans un livre ouvert.
Il se redressa sur un coude, n’osant croire ce qu’il venait d’entendre :
- Qu’est-ce que tu as dit ? balbutia-t-il.
- Que j’ai pensé la même chose ?
- Non ! Après…
- Que je peux lire en toi comme…
- Non ! Avant ! s’exaspéra-t-il avant d’apercevoir le sourire moqueur de son amant, lui faisant comprendre que celui-ci s’amusait à le torturer.
- J’ai dit que je t’aimais Colby Granger, comme un fou, comme je croyais ne jamais pouvoir aimer. Et j’espère que tu es prêt à faire un sacré bout de chemin avec moi, parce que je n’ai pas l’intention de te laisser partir de sitôt.
La déclaration le suffoqua tout autant que le baiser qu’initia son compagnon. Et tandis que son cœur et sa tête tressaillaient d’allégresse, il se laissa aller dans l’étreinte qui scellait leur union, pour maintenant et pour longtemps.
FIN
Chanson de Charles Aznavour
1) Pour que tu sois la femme qui n'aimera que moi
2) Ne me prendra la blonde
Qui m'aimera d'amour.