Allez, cessez de râler les filles... suite et fin de cette petite parenthèse... :mangaheinçacra
Ensuite il va falloir vous armer de patience pour le deuxième volet du Colby/Don... :mangadémoniaqu qui ne sera pas devant l'horizon, qu'on se le dise!!! (et ça n'étonnera pas grand monde... :mangaclind\'oe )Chapitre 3
flashback : trois semaines plus tôt – Hôtel Georges V - ParisRobin sortit de la salle de bain en pestant : évidemment pour une fois qu’elle avait un peu de temps devant elle pour se préparer, il fallait que ce foutu téléphone la rappelle à l’ordre.
- Robin Brooks, annonça-t-elle sèchement en portant le combiné à son visage.
- Madame Brooks, débita de l’autre côté la voix un peu obséquieuse du concierge qui ne se laissait pas démonter par si peu dans son métier, il y a ici un monsieur qui demande à vous voir.
- Un monsieur ? s’étonna-t-elle.
Voyons, toute l’équipe de juristes avait décidé de prendre deux jours de congé afin de recommencer les examens de lois et propositions de coordination avec un regard neuf. Depuis cinq jours ils butaient indéfiniment sur le même point de droit et le ton commençait à monter entre eux. Maître Ismolsen avait donc décidé qu’il leur fallait d’urgence se changer les idées sous peine de ruiner les avancées déjà effectuées sur leur projet titanesque.
Les quatre avocats américains dont elle faisait partie avaient décidé de s’offrir une soirée entre compatriotes. Enfin, ils avaient décidé, parce que pour sa part, une soirée avec maître Alison Stewart ne lui disait pas grand-chose. Elle aurait largement préféré, tant qu’à sortir entre confrères, inviter quelques uns des avocats étrangers avec qui elle avait noué des liens plus solides qu’avec la jeune louve de Philadelphie dont les manières et les procédés l’agaçaient prodigieusement. Mais James serait là et il semblait souhaiter cette petite parenthèse juste entre Américains qui parfois avaient le mal du pays qu’ils avaient quitté, alors elle avait accepté l’invitation. James avait proposé de passer la prendre vers vingt heures et il n’était pas encore dix-huit heures, il y avait donc peu de chance que ce soit lui.
- Vous a-t-il dit son nom ? s’enquit-elle.
- Il dit s’appeler Don… et que vous sauriez de qui il s’agit.
De saisissement elle faillit laisser tomber le combiné ! Don ! Voyons, c’était impossible ! Elle l’avait eu au téléphone deux jours auparavant et il ne lui avait pas fait part de son intention de venir la voir. A moins que… s’était-il passé quelque chose de grave ? Son cœur se serra à cette idée. Elle savait que l’agent avait été blessé en mission, et, même s’il avait refusé de lui fournir des détails, elle sentait qu’il était passé par des moments très difficiles. Quelque chose avait-il mal tourné ?
- Faites-le monter, dit-elle.
- Très bien, madame, répondit le concierge en raccrochant.
Elle fit de même, puis se rua dans la salle de bain pour se donner un coup de brosse. Son cœur battait la chamade : Don était ici ! Il lui semblait qu’il y avait une éternité qu’ils ne s’étaient vus… Qu’allait-elle lui dire ? Qu’allait-il lui dire ?
Deux coups secs frappés à la porte interrompirent ses réflexions.
*****
- Elle vous attend monsieur, indiqua le concierge à Don en lui donnant la localisation exacte de la chambre de Robin.
L’agent se dirigea vers les ascenseurs, se sentant de plus en plus oppressé à mesure qu’approchait le moment de faire face à Robin. Il y avait maintenant six jours que Colby et lui s’étaient retrouvés, six jours de bonheur qui lui avait fait comprendre qu’il voulait faire sa vie avec son coéquipier, et qu’aucun autre être au monde ne saurait le rendre plus heureux que lui.
Mais il savait aussi qu’il lui serait impossible d’être réellement heureux si sa conscience le taraudait. Il n’avait pas le droit de vivre avec Colby tandis qu’à Paris Robin pensait sans doute avoir encore un compagnon. Il lui devait bien la vérité, et, fidèle à sa nature honnête, il la lui devait face à face, les yeux dans les yeux. Elle avait le droit de lui dire ce qu’elle pensait de lui en direct, il lui devait bien ça pour toutes les joies qu’elle lui avait apporté depuis le début de leur relation.
Grâce à Wright qui leur avait octroyé une semaine de congés supplémentaires, petite compensation pour les épreuves endurées, Colby avait pu l’accompagner et il l’attendait dans la chambre de l’hôtel certes bien moins prestigieux qu’ils avaient louée, puisqu’en ce qui les concernait, ce n’était pas le gouvernement fédéral qui règlerait la note et que des salaires d’agents du F.B.I. ne leur aurait pas permis un séjour dans l’établissement où Robin était logée. Et de toute façon, Don aurait trouvé du dernier mauvais goût de résider avec son amant sous le même toit que celle qui était toujours officiellement sa fiancée.
A mesure qu’il avançait vers la chambre de la juriste, il devait mobiliser tout son courage et toute sa probité pour s’obliger à continuer. Il avait envie de s’enfuir. Il s’en voulait du mal qu’il risquait de lui faire, même si, en se basant sur les conversations téléphoniques qu’ils avaient eues depuis sa sortie de l’hôpital, il sentait que leurs liens s’étaient distendus. Et quoi d’étonnant à cela ?
Cela faisait maintenant cinq mois qu’ils étaient loin l’un de l’autre et chacun de leur côté ils avaient vécu des événements importants qu’ils n’avaient pas partagé avec leur compagnon. C’est le genre de chose qui met obligatoirement une certaine distance dans un couple. Mais cette distance peut toujours se combler. Et il avait aussi cette peur : que ferait-il si, en revoyant Robin, il s’apercevait qu’il tenait toujours à elle ? Bien sûr il était certain d’aimer Colby à la folie, mais pour autant, que se passerait-il s’il avait aussi besoin de Robin dans sa vie ? Après tout, jusqu’à très récemment, il ne s’était aucunement douté pouvoir être attiré par les hommes !
Il s’arrêta un instant, s’efforçant de rassembler ses idées et de reprendre son calme : il ne servait à rien de se mettre martel en tête. De toute façon, il allait bientôt avoir la réponse à ses questions et à ses angoisses. Il espérait simplement du fond du cœur ne pas faire trop de mal à cette femme qu’il chérissait et qu’il dont il aurait bien aimé conserver l’amitié.
Il avait à peine frappé deux coups secs que la porte s’ouvrait sur Robin. Il avait oublié combien elle était séduisante. Ils restèrent un instant interdits, un peu empruntés. Don hésita : devait-il l’embrasser sur la bouche, comme elle s’y attendait sans doute ? Mais si ce baiser lui donnait envie d’aller plus loin ? Et s’il cédait à son désir, comment revenir ensuite vers Colby qui l’attendait anxieusement, inquiet à l’idée justement qu’il s’aperçoive que Robin comptait plus que lui pour son amant ?
La jeune femme mit fin à son dilemme en lui posant un baiser léger sur le coin des lèvres, sans appuyer, un baiser qu’il jugea plus amical qu’amoureux.
- Entre…, dit-elle. Tu ne vas pas rester dans le couloir après avoir fait tout ce chemin.
- Oui, bien sûr…
Il passa le seuil et regarda autour de lui. Il était dans une pièce faisant office de salon-bureau, cossue, meublée avec goût. Par la porte ouverte, il voyait le grand lit de la chambre attenante.
- Tu es bien installée, remarqua-t-il platement, ne sachant vraiment comment commencer la conversation.
- Oui, convint-elle, bien mieux que je ne pourrais l’être si je devais régler la note. D’un autre côté, étant donné la durée de notre séjour, on comprend qu’on nous installe assez confortablement.
- Evidemment…
Le silence retomba entre eux.
- Bon, assieds-toi, repris l’avocate. Tu veux boire quelque chose ?
- Une bière, tu as ?
- Tu n’as aucune idée de ce qu’il peut y avoir dans un minibar, sourit-elle.
Cette réflexion le ramena plusieurs semaines en arrière, à ce jour où il avait pris conscience que son attirance pour Colby était réciproque, où son amant lui avait avoué être amoureux de lui. Pour cacher son trouble, il reprit :
- Oui… vraiment… tu es bien installée.
Robin lui tendit sa bière et s’installa dans le fauteuil qui lui faisait face. Elle prit sa voix de procureur pour l’interrompre :
- Eppes ! Tu n’as pas fait des milliers de kilomètres pour voir comment j’étais installée je présume… Alors si tu en venais au but de ta visite ?
- Robin… il faut que je te parle…
Son ton gêné, son teint pâle l’alarmèrent soudain. Qu’il doive lui parler elle s’en doutait bien, sinon il n’aurait pas été ici. Et s’il s’était déplacé, c’est que la nouvelle était importante.
- Qu’est-ce qui se passe ? Tu vas bien au moins ? s’inquiéta-t-elle.
- Oui, oui… Je vais très bien.
- Tu n’as pas de séquelles de ta blessure ?
Elle l’étudiait plus attentivement. Il lui semblait qu’il était plus maigre que dans son souvenir. Mais à part ça il semblait aller bien. Il ne s’était pas étendu sur ce qui lui était arrivé, et elle n’avait pas insisté, respectant son désir, mais puisqu’il était là, peut-être était-il temps de se renseigner exactement.
- Que t’est-il arrivé au juste ? poursuivit-elle alors.
- Une mission d’infiltration qui a mal tourné, lâcha-t-il après un instant de silence. Mais… Robin… je n’ai pas très envie de parle de ce qui s’est passé. C’est… ça a été très dur… Sans Colby je ne m’en serais sans doute pas sorti.
- Oh ! Colby était avec toi ?
- Oui, c’était une mission en c…, binôme, se reprit-il à temps.
Mais il avait oublié avoir à faire à un procureur chevronné, habitué à remarquer les hiatus dans les discours. Robin prit donc note de la très légère césure dans la phrase de son compagnon, mais ne poussa pas dans ce sens à ce moment-là. Elle sentait que ce n’était pas le moment. De toute façon si Don était là, c’était qu’il voulait lui parler : le tout était de le laisser aller à son rythme.
- Il n’a pas été blessé au moins ? s’enquit-elle.
- Rien de grave. Il va bien.
- Alors tant mieux. Et tu reprends le travail bientôt ?
- La semaine prochaine je pense.
A nouveau un silence pesant s’établit entre eux. Cette fois-ci, ce fut Don qui réattaqua :
- Et toi ? Ton boulot ?
- Il y a des côtés enthousiasmant et des côtés… barbants.
Il sourit :
- Et qu’est-ce qui l’emporte ?
- Ca dépend des jours.
- Pourtant tu n’as pas l’air de vouloir lâcher, commenta-t-il.
Un instant elle se demanda si c’était la raison de sa présence : et s’il était venu lui demander de rentrer avec lui parce qu’elle lui manquait trop ? S’il était passé près de la mort durant sa mission, cela avait pu lui faire prendre conscience de ses priorités et désormais il avait peut-être envie d’une vraie vie de famille. Et si c’était le cas, que devait-elle lui répondre ? Elle avait énormément de tendresse pour lui, certes, mais elle savait aussi qu’il n’était pas l’homme qu’elle souhaitait épouser, et elle avait peur de lui faire du mal en le lui avouant.
- Non, c’est vrai. C’est passionnant et puis il y a des collègues avec qui j’ai noué des relations vraiment fortes.
- Oui, j’ai remarqué que tu me parlais très souvent de cet avocat New-Yorkais… Comment s’appelle-t-il déjà ? Ah oui… James… Coasting…
- James Coasted, corrigea-t-elle machinalement avant de reporter son regard sur lui : qu’avait-il deviné ? En avait-elle trop dit en oubliant qu’elle avait au bout du fil un redoutable limier habitué à voir au-delà des apparences ?
- C’est ça… On dirait que vous vous entendez bien tous les deux.
- Serais-tu jaloux ?
Elle avait répondu avec une pointe de coquetterie mais aussi un peu d’inquiétude. En même temps son malaise grandissait.
- Non.. Non…
Soudain Don s’en voulut. Il eut l’impression qu’il était en train de chercher à la prendre en défaut pour mieux justifier sa propre conduite. Et ça c’était indigne de lui. Il était temps qu’il soit enfin franc avec Robin. Il posa sa bouteille de bière sur la table basse et planta son regard dans les yeux de cette femme que, trois mois plus tôt, il était sûr d’aimer plus que tout.
- Ecoute Robin… Je suis vraiment désolé mais… il faut que je te dise… Je n’ai pas envie de te mentir, tu ne le mérites pas…
Il se tut et elle s’énerva un peu :
- Bon sang Eppes ! Tu vas te décider à me dire ce que tu as sur le cœur oui !
Mais quelque part elle avait compris : le ton, les mots, l’embarras de son ami, tout lui disait comment cela allait se terminer.
- Robin… J’ai rencontré quelqu’un et… et je veux faire ma vie avec. Je suis désolé.
Voilà, c’était dit ! Désormais il n’avait plus qu’à attendre : il espérait que ce serait la colère plutôt que le désespoir. Au moins si elle l’insultait, si elle le frappait (mais non, Robin était trop bien élevée pour aller jusque là), il aurait l’impression d’expier un peu le mal qu’il lui faisait. Alors que si elle se mettait à pleurer, il en aurait le cœur déchiré.
Elle avait fermé les yeux, porté une main nerveuse à sa poitrine, comme si elle tentait de contenir les battements de son cœur et il s’inquiéta.
- Robin…, murmura-t-il.
Robin resta silencieuse encore quelques secondes. Elle gardait les yeux fermés, étourdie par la sensation qu’elle venait de ressentir. Libre ! Don venait de lui dire qu’elle était libre, elle qui, depuis plusieurs semaines, ne savait pas comment lui faire savoir qu’elle souhaitait mettre fin à leur relation. Au moment où elle s’y était décidée, elle avait appris qu’il avait été blessé. Il lui avait paru si fragile, si perdu, durant leurs conversations de l’époque, qu’elle n’avait pas pu se résoudre à lui infliger ce choc supplémentaire. Et voilà que c’était lui qui venait lui dire qu’il souhaitait vivre sa vie sans elle.
- Oh Don ! finit-elle par articuler, les yeux voilés de larmes.
- Robin, pardon…, balbutia-t-il alors, bouleversé, se méprenant sur son émotion.
- Non ! Non ! Don… C’est moi… C’est moi qui aurait dû te dire cela.
- Quoi ? Robin… Qu’essaies-tu de me faire comprendre ?
- Don… moi aussi j’ai rencontré quelqu’un. Mais je ne savais pas comment te le dire. Tu étais si loin… Et puis tu as été blessé et… Mais tu es là et je vois que nous avons suivi le même chemin sans le savoir.
- Oh… tu veux dire que… C’est ce James n’est-ce pas ?
- Oui, c’est lui… Tu m’en veux ?
- Je serai mal placé pour t’en vouloir non ? C’est un type bien ?
- Un type très bien, je suis très heureuse avec lui.
- Tant mieux… pour lui s’entend… parce que tu peux lui dire que s’il lui prenait envie de te rendre malheureuse, il me trouverait sur sa route !
- Oui… je crois lui avoir déjà dit quelque chose de ce genre, plaisanta la jeune femme.
Puis ils se regardèrent à nouveau, soulagés l’un comme l’autre que les choses qu’ils pensaient si difficiles s’avèrent finalement si simples. Comme quoi il devait bien exister quelque part une destinée qui faisait en sorte que chacun ait ce qu’il lui fallait au moment où ça lui était le plus nécessaire…
- On restera amis tous les deux, reprit Robin. Je tiens à toi Don, tu le sais.
- Je tiens à toi aussi Robin mais…
Don s’aperçut alors que Robin ne savait pas encore tout. Certes elle avait accepté qu’il ait un autre amour dans sa vie, mais elle était sans doute persuadée qu’il s’agissait d’une femme. Et si elle se détournait de lui en apprenant qu’il vivait avec Colby ?
- Quoi ? Tu as encore autre chose à me dire ?
- Oui… Je dois te parler de la personne avec qui je veux vivre… avec qui je vis… continua-t-il, embarrassé.
- Qu’est-ce qu’il y a, Don ?
- Robin…
Flûte ! Il n’y avait quand même pas trente six manières de présenter les choses ! Il décida de se jeter à l’eau.
- Il s’agit d’un homme…
Elle le regarda, interloquée :
- Tu veux dire que tu es gay ?
- Techniquement, on dirait plutôt bi…, répondit-il dans une piteuse tentative d’humour.
- Oui… bien sûr…
Elle resta un instant songeuse puis releva la tête et lui sourit :
- Tu sais quoi ? Finalement je préfère !
- Quoi ? fit-il, abasourdi.
- Oui… Si tu m’avais quitté pour une autre femme, je me serais demandé ce qu’elle avait de plus que moi, ce que j’avais raté… En l’occurrence, je sais exactement ce que je n’ai pas pour te satisfaire…, conclut-elle avec un petit rire auquel il se joignit, soulagé qu’elle le prenne de cette façon.
- Et… est-ce que je connais l’heureux élu ? se renseigna-t-elle.
Il hésita à nouveau : et si, en apprenant qu’il s’agissait de Colby, elle venait à penser qu’il la trompait de longue date ?
- Oui… Je n’aurais jamais imaginé vivre avec lui mais…
- Je vois…
Elle resta songeuse un instant, puis un sourire réapparut sur son visage : elle venait de se souvenir d’un petit détail de leur conversation.
- J’ai le droit de proposer un nom ? fit-elle, mutine.
- Vas-y… mais je doute que tu trouves, la provoqua son ami.
- Et bien je dirai… le superbe agent spécial Colby Granger !!!
La foudre s’abattant à ses pieds ne l’aurait pas plus stupéfait :
- Mais… Comment…, balbutia-t-il.
- Et Eppes ! Tu oublies à qui tu as à faire on dirait… Je te signale que j’ai été formée à déceler la moindre coupure dans les réponses. Et tu as failli dire : c’était une mission en couple…. non ?
- Tu es redoutable tu sais !
- Je sais ! C’est pour ça que tu m’aimes !!!
Elle se mordit la lèvre, se disant que ce n’était peut-être pas très adroit de faire ce genre de réflexion à l’homme avec qui on vient de rompre. Mais il ne releva pas et, au contraire, il appuya :
- Oui, c’est pour ça que je t’aimerai toujours Robin Brooks.
Ils s’enlacèrent, heureux de savoir que tout était clair entre eux, heureux de savoir que leur amitié était intacte et qu’ils pourraient toujours compter l’un sur l’autre, heureux de pouvoir vivre leur nouvelle vie au grand jour, sans remords.
Elle se dégagea pour demander :
- Colby est avec toi ?
- Oui, il m’attend à l’hôtel.
- Ecoute, nous avons deux jours de libre. J’aimerai que tu fasses la connaissance de James. Ce soir nous avons un dîner prévu avec nos deux autres collègues américains, mais demain on pourrait passer la journée ensemble… à moins que vous ne repartiez déjà…
- Non, notre avion ne part que dans deux jours. Tant qu’à faire, on a décidé d’un petit week-end en amoureux.
- Et vous avez eu raison, c’est l’une des villes les plus adéquate pour ça, lui sourit-elle. Alors on se retrouve… disons… neuf heures demain, ici. On prendra un petit déjeuner ensemble puis on ira faire un peu de tourisme. Ca te va ?
- Je vais demander à Colby, mais je pense qu’il n’y a aucun problème… Je te rappelle plus tard.
- D’accord, j’attends ton coup de téléphone.
Il se dirigea vers la sortie : il avait hâte d’aller rassurer Colby et se doutait que, de son côté, Robin était tout aussi pressée de parler à son nouvel amour. Il se retourna sur le seuil :
- Robin, tu sais que j’ai passé des moments merveilleux avec toi.
- C’est réciproque Don… Et je n’ai pas l’intention de les oublier figure-toi. Amis pour la vie ?
- Amis pour la vie !
Ils s’embrassèrent avec toute l’affection qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre et Don s’en retourna vers son amant, le cœur léger. Oui, ils avaient traversé l’enfer, mais maintenant, visiblement, ils avaient enfin droit à leur part de paradis.
Fin du flash-back*****
- Et… Enfin… Ta nouvelle amie… est-ce que… est-ce que je la connais ? osa-enfin demander Charlie, s’attendant à demi à ce que son frère lui réponde que ça ne le regardait pas.
Ainsi ramené à la conversation présente, Don prit une grande respiration : le moment qu’il redoutait était arrivé. Autant en finir vite.
- Ecoute Charlie… Il faut que je te dise…
Le mathématicien restait suspendu aux lèvres de son aîné, étonné de le voir si embarrassé. Quoi ? Que pouvait-il y avoir dans sa nouvelle relation qui le gênait à ce point ? Ce n’était pas une question de couleur de peau ou de religion, son aîné savait très bien que lui-même n’en avait cure… Sa nouvelle amie était-elle très jeune ? Une de ses étudiantes peut-être ? Charlie grimaça : il aurait un peu de mal à s’y faire, mais si son frère était heureux, il l’accepterait. Après tout, Don était le genre d’homme qui plaisait aussi aux jeunes femmes. Mais peut-être que c’était l’inverse… Peut-être s’était-il épris d’une femme bien plus âgée que lui… Et alors ? Quelle importance ? Pourquoi cette réticence… à moins que… Non ! Pas…
Il fixa des yeux un peu interloqués sur son frère, effaré de l’idée qui venait de naître dans son esprit : ce n’était pas possible, Don ne pouvait pas être tombé amoureux de…
- Charlie ?
L’aîné s’inquiétait du manque de réaction de son cadet. Celui-ci se refocalisa sur son frère, s’interdisant de continuer à imaginer cent sortes de scenarii. Après tout, il n’avait qu’à attendre que Don lui livre le fin mot de l’histoire, ce qu’il semblait décidé à faire… Mais il n’était pas sûr de sa réaction si le soupçon qu’il venait d’avoir se confirmait.
- Oui Don, je t’écoute.
- Tu as l’air à des lieues de là…
- Non… Alors dis-moi, je la connais ?
- Ecoute Charlie… Ce n’est pas exactement LA, vois-tu.
Charlie fixa un regard vide sur lui, hésitant à comprendre.
- Qu’est-ce que tu entends par : ce n’est pas exactement LA ? reprit-il en écho.
- Charlie…
Ne sachant pas comment dire les choses, Don décida de répondre à la question précédemment posée par son frère :
- Il se trouve qu’effectivement tu LE connais, dit-il alors en appuyant lourdement sur le pronom.
Le mathématicien le regarda, les yeux ronds, la bouche ouverte, comme si son esprit s’était bloqué et qu’il n’arrivait pas à assimiler ce qu’il entendait.
- LE ??? parvint-il à articuler, à coasser plutôt. Tu veux dire que…
Don décida d’en finir : ça avait assez duré, ça devenait ridicule !
- Que la personne dont je suis amoureux est un homme ! Oui Charlie !
- Don mais…
La réaction de son jeune frère le blessa. Il s’attendait à ce que celui-ci prenne sa relation avec autant de naturel que l’avait fait son père. Bien sûr les circonstances n’étaient pas les mêmes, mais si Alan avait accepté sans aucun problème la bisexualité de son fils, pourquoi Charlie, plus jeune, était-il incapable de la même ouverture d’esprit ?
Il eut l’impression que son frère était choqué, le condamnait et sa voix se fit alors plus sèche :
- Ca te pose un problème ?
C’est le ton employé qui tira Charlie de son immobilisme. Il comprit soudain ce qui se passait dans l’esprit de son frère. Il réalisa que celui-ci voyait son manque de réaction comme une réprobation. Ce n’était pas le cas : il ne portait pas de jugement et encore moins négatif. Simplement il était immensément surpris : jamais il n’aurait cru que son frère, si courtisé par les femmes et répondant avec tellement de ferveur à leurs avances, puisse se révéler être gay.
Bon, Don était gay… Et alors ? Le principal c’était qu’il soit heureux, et il n’y avait aucun doute qu’il l’était…
Mais à ce moment précis, à cause de lui, une ombre planait sur ce bonheur, une ombre qu’il devait dissiper au plus vite :
- Non ! Don, non ! Je suis juste un peu surpris… non… je suis très surpris ! Mais… Je n’ai aucun problème avec ça. Si cet homme te rend heureux c’est tout ce qui compte pour moi ! Et je serai ravi de l’accueillir dans la famille… Bon, j’avais déjà un frère, je n’en avais pas vraiment besoin d’un deuxième, mais on fera avec… ajouta-t-il pour détendre l’atmosphère.
A ces mots, les traits de Don se détendirent et un sourire radieux naquit sur ses lèvres : Charlie avait compris, Charlie était bien le petit frère qu’il espérait !
- Dis-donc… Mais qu’est-ce que tu ferais sans ton frère ? rétorqua-t-il d’un ton qu’il voulait rogue mais qui laissait simplement transparaître tout son amour pour son cadet.
- Tu as raison, répliqua Charlie soudain sérieux en pensant à ce qu’il avait ressenti lorsqu’il avait appris ce qui était arrivé, qu’est-ce que je ferais sans toi ?
Emu Don lui serra la main et ils restèrent quelques secondes sans parler. Puis Charlie s’aperçut qu’il n’avait toujours pas le fin mot de l’histoire et il réattaqua d’un ton ferme :
- Alors, qui est-ce ? Tu as dit que je le connaissais…
C’est ce moment que choisis Colby pour entrer dans la pièce. A travers la paroi vitrée il avait vu Don dans le fauteuil, Charlie étant dissimulé par le dossier de celui qui était adossé à la paroi. Il entra, ayant envie de passer un peu de temps avec son compagnon. Bien sûr il savait qu’il ne devait pas l’embrasser malgré l’envie qu’il en avait, les choses étaient très claires entre eux : pas de démonstration d’affection dans les bureaux ! Bien que l’équipe soit au courant de leur liaison, ils savaient que l’acceptation de leur couple était à ce prix. Si la hiérarchie venait à imaginer que leur relation entravait la bonne marche du service, l’un des deux serait automatiquement muté, Colby plus vraisemblablement, et ils n’avaient ni l’un ni l’autre envie de prendre ce risque. Mais rien ne l’empêchait de passer quelques minutes à siroter un bon café auprès de l’homme qu’il aimait.
Ce ne fut qu’une fois dans la pièce qu’il s’aperçut que Charlie était assis à côté de son frère. Il eut un mouvement de recul instinctif que le mathématicien ne perçut pas.
- Oh Colby ! Ravi de te revoir ! Comment vas-tu ?
Il y eut un moment de flottement. Colby interrogeait Don du regard : que fait Charlie ici ? que lui as-tu dit ? que sait-il ?
Le regard de l’agent blond passait alternativement de Charlie à Don, celui de Charlie de Don à Colby et celui de Don restait fixé sur son cadet, comprenant qu’à ce moment précis, le mathématicien fidèle à lui-même allait additionner un plus un… en l’occurrence : Don plus Colby égale couple. Le silence s’appesantit quelques secondes. Puis soudain Don vit un éclair dans les yeux de son frère, au moment même où Colby ouvrait la bouche pour demander :
- Tu lui as dit ?
Il se détourna alors prestement vers son amant, lui lançant un regard d’avertissement devenu bien inutile. Charlie venait de recoller les deux termes de l’équation ! La petite phrase de Colby avait suffit pour que le redoutable esprit de déduction du scientifique parvienne à la solution.
- C’est Colby ? s’exclama le cadet de Eppes. Tu veux dire que… toi et Colby… vous… Vous êtes en couple ?
Colby rougit jusqu’à la racine des cheveux.
- Tu ne lui avais pas dit ? murmura-t-il d’un ton penaud.
- Disons que je lui avais dit qu’il y avait un homme dans ma vie. Mais je n’avais pas encore eu le temps de lui dire de qui il s’agissait. Enfin… il savait l’essentiel, sourit Don.
- Colby ! tonna Charlie en s’avançant vers l’agent qui recula, un peu inquiet de cette réaction.
Cachant au mieux la lueur taquine qui brillait dans ses yeux, Charlie continuait :
- Alors comme ça tu as attendu que j’ai le dos tourné pour oser dévergonder mon grand frère ?
Colby eut un geste de défense. Il s‘étonnait : il n’aurait pas pensé que Charlie pourrait réagir ainsi. En même temps l’apparente nonchalance de Don devant l’attaque dont il semblait faire l’objet l’abasourdissait. Et puis soudain il remarqua les sourires et comprit qu’on le faisait marcher.
- Et oui, fanfaronna-t-il alors, j’ai dévergondé ton frère. Il faut dire que je n’ai pas eu à trop le prier… Et puis comme ça je suis sûr qu’il ne courra plus aucun danger. Je suis là pour veiller sur lui désormais. Je suis son garde du corps attitré…
Le mathématicien leva les mains en signe de protestation :
- Hé !!! Il y a des détails que je préfère ignorer je te signale ! rigola-t-il, tandis que Don rétorquait à son amant :
- Dans tes rêves oui… Je suis assez grand pour veiller sur moi !
Les deux hommes s’approchèrent l’un de l’autre et, ne pouvant s’embrasser à cet endroit, ils se contentèrent d’entrelacer leurs doigts. Charlie les regarda, attendri. Visiblement il y avait beaucoup d’amour entre ces deux là et ça le rendait heureux. Son frère méritait ce qu’il y avait de mieux. Et il semblait avoir enfin trouvé le bonheur.
- N’empêche… pour une surprise, reprit-il.
- Je sais, tu ne devais pas t’y attendre, lui dit Colby, un peu contrit. Ca a dû être un choc.
- Et bien je dois avouer que, lorsque Don a commencé à hésiter pour me parler de la personne qui partageait sa vie j’ai eu peur oui…
Il commença à pouffer de rire, sous les regards étonnés des deux amants.
- Quoi ? questionna Don, commençant à rire lui-même à voir son frère dans cet état.
- Tu sais ce que j’ai pensé pendant un instant ?
- Non, comment veux-tu ? articula Don, réjoui.
- J’ai pensé que…
Il s’interrompit, étouffé par les rires. Les deux hommes riaient à leur tour, sans comprendre, mais la gaité du mathématicien était communicative.
- J’ai pensé que… que… que… c’était Millie ! avoua Charlie avant de repartir de plus belle dans des éclats de rire.
- Millie ? Quoi Millie ? questionna Don, ne comprenant pas ce que sous-entendait son frère.
- Millie… J’ai pensé que… si… si tu n’osais pas… si tu hésitais… c’est parce que… c’était… Millie !!!
- Charlie, tu veux dire que…, s’étouffa l’agent, commençant à réaliser jusqu’où les petits neurones de son frère pouvaient aller.
- … oui ! J’ai cru un moment que tu sortais avec Millie ! explosa le consultant tandis que les deux agents éclataient à leur tour d’un rire tonitruant.
Ils restèrent ainsi un long moment à rire à gorge déployée, se souciant fort peu du spectacle étrange qu’ils présentaient aux personnes qui allaient et venaient de l’autre côté de la cloison et qui se demandaient quel sorte de mouche avait pu piquer ces trois hommes qui riaient à s’en tenir les côtes dans un lieu où ce que l’on côtoie quotidiennement ne prête certes pas à ce genre de manifestation.
Peu à peu cependant ils reprirent leur sérieux. Toutes les bonnes choses ont une fin. Mais ce moment de joie partagé avait définitivement dissipé le moindre vestige de malaise qui aurait pu perdurer entre eux. Désormais pour Charlie un nouveau paramètre venait de prendre place dans l’équation de sa vie : Don et Colby était un couple. Son frère était heureux avec l’homme de sa vie et il lui revenait de veiller sur ce bonheur chèrement acquis.
FIN
Voilà... je sais, c'est un peu guimauve... mais à force de m'empiffrer de chamalllow, ça devait bien arriver.... :mangadémoniaqu