Toujours dans les reclassements: songfic destinée l'an passé à Tarma.
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Ann Donahue & Anthony E. Zuiker. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
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Un souffle, un geste, un grognement… Une main qui s’agite, qui cherche dans l’ombre, sans savoir quoi… Un frémissement de cil, une lèvre qui palpite…
Danny regardait son amant dormir et il avait le cœur gonflé d’amour et d’angoisse : comment continuer à faire comme si de rien n’était ? Comment continuer cette mascarade de « juste une relation entre adultes consentants » ?
Comment réussir à aller de l’avant avec cette peur continuelle de le perdre ?
Tout le jour tu es loin de moi
Mais lorsque tombe la nuit
Que tu viens dormir près de moi
J'oublie toute ma vie
Quand se ferment sur notre amour
Les portes de ton sommeil
En moi que de tourments s'éveillent.
C’était au creux de la nuit que ses craintes étaient les plus fortes, à ce moment où, abandonné dans le sommeil son amant était à ses yeux le plus vulnérable, ce moment où il dépendait entièrement de lui, où le protecteur devait à son tour être protégé.
Combien de fois s’était-il ainsi éveillé, alors que son corps aspirait encore au repos, juste pour regarder dormir l’homme qui partageait son lit ? C’était le seul moment où il pouvait s’adonner à sa contemplation paisible. Lorsque Don était réveillé, s’il sentait le regard de son amant sur lui, il relevait la tête et demandait d’un ton plus ou moins amène selon son humeur du moment :
- Quoi ? J’ai une tache sur le nez ?
Et à chaque fois Danny détournait le regard, lui adressant un simple sourire mi-provoquant, mi-contrit, qui détournait les soupçons du policier. Il imaginait bien la réaction de celui-ci s’il avait alors laissé fuser les mots qui tournaient dans sa tête tandis qu’il l’observait à la dérobée.
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J'ai le cœur qui soupire
J'voudrais crier, sangloter ou bien rire
A t'regarder
Je sens comme une angoisse
Si tu savais ce que tu tiens de place.
Don avait été clair dès le début : Danny était son ami, son meilleur ami et il ne voulait pas que cela change. Ils se faisaient du bien, ils passaient d’excellents moments ensemble mais les grands serments, les engagements définitifs, l’amour passion, ce n’était pas pour lui, pas pour eux. Certes il prenait et donnait du plaisir à son amant, mais ce n’était qu’un passage, un moment T dans sa vie, qui ne signifiait absolument pas qu’il envisage de s’installer un jour avec un homme. Il voulait se marier, avoir des enfants peut-être, une vie « normale », du moins aussi normale qu’on pouvait l’avoir avec ce satané boulot.
Et Danny avait été d’accord : lui non plus n’était pas gay, d’ailleurs Lucy était là pour en témoigner… Lui non plus n’était pas prêt à se lancer dans autre chose qu’une aventure sans lendemain et lui non plus ne tenait pas à risquer l’amitié si précieuse qui les unissait. C’était désormais une amitié « améliorée » de ces moments de fusion qui les rapprochaient encore et les laissaient épuisés mais comblés, mais ça ne devait rester que cela : une amitié.
Il avait été d’accord, idiot qu’il était, inconscient qu’il avait déjà perdu la bataille de l’amour et qu’il y avait bien longtemps que son âme avait reconnu celle de Don, même si son esprit s’acharnait à le convaincre du contraire, épaulé par son cœur timoré… Mais il avait fini par baisser pavillon devant l’évidence : Don était son complément, sa moitié d’âme, sa fontaine de jouvence… Il était la silhouette qui venait hanter ses rêves depuis son enfance, celle qui lui chuchotait qu’un jour il aimerait et qu’il serait aimé à la mesure de ses espoirs.
Et depuis qu’il avait pris conscience de l’immensité de son amour pour son amant, il passait ses journées à retenir ses mots et ses nuits à le regarder dormir et à les lui chuchoter dans le silence épais qui les entourait.
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J'ai le cœur qui chavire
Et mes pensées me font mal
Me déchirent
Si tu devais rêver à quelqu'un d ‘autre
Et partager ces joies qui sont les nôtres.
Parfois, comme ce soir-là, il étouffait de ne pas pouvoir prononcer ces phrases qui résonnait dans son cœur et dans sa tête. Ca devenait de plus en plus difficile de faire semblant, de retenir les gestes, les mots, les baisers…
De plus en plus souvent il avait envie de se lâcher, de mettre Don devant le fait accompli, de l’obliger à regarder la vérité en face. Mais quelle vérité ? Parce que pouvait-il être sûr que ses sentiments étaient partagés ? Pouvait-il être certain que le policier l’aimait autant que lui l’adorait et que ses dénégations n’étaient que combat d’arrière-garde, comme celui que lui-même avait mené durant si longtemps ?
Et si finalement ce n’était que l’affligeante réalité : aimer à la folie un homme pour lequel il n’était qu’un exutoire sexuel, un ami qui lui permettait d’évacuer le trop plein d’adrénaline engendré par un métier de dingue ou le danger pouvait surgir à n’importe quel coin de rue et sous des formes aussi bizarres qu’inoffensives au premier abord ? Que dirait-il si c’était ce que répondait Don à ses déclarations ?
Valait-il mieux savoir ou garder l’espoir ? Valait-il mieux faire comme si ou faire sans ?
Il était déchiré entre deux désirs contradictoires : celui d’obliger son amant à se découvrir et celui de préserver ce qu’il possédait, à tout prix.
Et nuit après nuit, il veillait sur le sommeil de son homme et se permettait de lui dire ce qu’il ne pourrait pas dire à voix haute, pas encore, peut-être jamais…
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Quand la peur me domine
Pour arracher
Ce cri de ma poitrine
J'veux t'éveiller
Te voir de venir blême
Et m'effondrer
En te criant
Je t'aime.
- Je t’aime aussi Danny… Si tu savais combien je t’aime…
La voix ensommeillée de Don fit sursauter le scientifique qui sentit une sueur froide courir le long de son dos en s’apercevant qu’il avait parlé à voix haute et que son compagnon était réveillé. Et puis les mots que venait de prononcer celui-ci parvinrent à son cerveau un instant tétanisé et ses yeux s’écarquillèrent :
- Qu’est-ce que tu viens de dire ? murmura-t-il d’une voix mal assurée.
Alors Don se redressa sur un coude, plantant ses yeux dans ceux de son amant et, articulant clairement il répéta :
- Je t’aime Danny Messer… Je t’aime comme un fou et j’ai été idiot de vouloir faire comme si ce n’était rien de tout ça. Je t’aime et si jamais tu ne voulais plus de moi pour avoir rompu notre pacte alors…
Danny ne sut jamais ce qu’aurait été cet alors parce qu’il vint s’emparer de la bouche de son compagnon et le baiser qui les unit ne fut que le prélude d’une union bien plus torride entrecoupée enfin de ces « Je t’aime », qu’ils s’étaient jusque là interdits de dire et qui fusèrent pendant qu’ils s’aimaient comme une première fois jusqu’au moment où, épuisés, enchevêtrés l’un dans l’autre, ils se rendormirent après s’être susurré une dernière fois le sésame par lequel il venait d’ouvrir la porte qui menait droit au bonheur.
FIN
Chanson de Charles Aznavour