Une fiction offerte l'an passé à Catouchka sur un couple fort bizarre à mes yeux mais apparemment pas aux siens...
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Donald P. Bellisario & Don McGill. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Je suis quand même là
- Tim…
- Non ! C’est bon ! J’ai compris, crois-moi ! Pas la peine de me faire un grand discours ! Pas la peine de me dire que tu regrettes, que c’était fantastique et que tu garderas un souvenir très doux de nous deux ! Pas la peine de m’assurer qu’on restera amis et que je pourrai toujours compter sur toi !
- Mais qu’est-ce que tu racontes ?
- Ce que je raconte ? Mais ce que toi tu n’arrives pas à me raconter Jethro : la fin de notre histoire.
- Quoi ? Mais non ? Tim !!! Ecoute-moi ! S’il te plaît !
Et pour la première fois depuis aussi longtemps qu’il se souvenait, Leroy Jethro Gibbs décida d’abandonner toute pudeur et de laisser parler son cœur, rien que son cœur.
Je sais bien qu´ c´est pas facile, de voir l´homme qu´on aime si fragile.
Je sais bien qu´ j´ai ma part, dans le froid de ton regard.
Je t´ai trahi* peut-être, j´ me suis menti sûrement.
J´ sais pas c´ que j´ voulais être, mais qui le sait vraiment...
Y avait une place pour toi, et c´est toi qui l´a prise.
Même si j´ai pas pris l´ temps, d´ouvrir mieux tes valises.
Il s’en voulait : il avait été absent trop longtemps, parti chercher une paix qui ne lui avait pas apporté le bonheur. Son bonheur il était là, auprès de Tim, pas sur une plage du Mexique. Comment avait-il pu rester si longtemps loin de lui, loin de son équipe, loin de tout ça ? Comment avait-il même pu penser qu’il pourrait être heureux sans l’homme qu’il aimait à ses côtés.
Maintenant il lui fallait le rassurer, lui faire comprendre qu’il ne repartirait plus et qu’il pouvait compter sur lui. Maintenant il fallait combler les brèches que son absence avait ouvertes.
J´ suis quand même là... j´ suis quand même là...
Même immobile, même maladroit.
Malgré tous mes retards,
On vit la même histoire.
Maintenant j´ suis là...
Si tu veux d´ moi.
Leroy Jethro Gibbs n’avait jamais aimé les grands mots, les grands serments, les engagements qu’on ne tiendra jamais parce qu’ils nous fixent un objectif bien trop difficile à atteindre. La seule qui avait réussi à percer son armure c’était Sharon. Il n’y avait eu qu’elle pour voir le vrai Gibbs, l’homme de chair et de sang, de doutes et de craintes, de tendresse et de douceur.
Mais Tim avait réveillé cette part de lui enfouie au plus profond de sa mémoire : certes il savait que rien ne serait facile, mais il voulait essayer parce que sans son Italien il sentait qu’il ne serait jamais entier.
Y aura des réveils difficiles, y aura des mots lancés pour rien,
Tous ces pièges inutiles qui font du mal mais qui font rien,
Puis ces éclats de rire, tellement plus forts que nous
Qu´on osera enfin se dire qu´on s´aime et puis c´est tout.
Bien sûr y a eu l´absence, bien sûr y a eu le doute.
Si tu m´ rends ta confiance, j´ me perdrai plus en route.
Il devait le convaincre que sans lui il n’était rien, qu’il était le principal moteur de son retour. Là-bas, auprès de Mike, dans ce décor paradisiaque, jour après jour il avait imaginé Tim à ses côtés, les réactions qu’il aurait eues, les mots qu’il aurait dits. Il avait si souvent rêvé de leurs étreintes, de leur corps s’unissant sur le sable chaud ou dans la moiteur de la cahute où il vivait.
Certes revenir signifiait reprendre sa vie avec le stress, les obligations, les difficultés. Mais rester signifiait ne plus vivre vraiment. L’absence lui avait fait comprendre combien il tenait à Tim, combien il avait besoin de lui pour être entier.
Alors il devait à son tour faire comprendre à son amant que tout était possible, que désormais il était revenu et qu’il n’avait plus l’intention de partir.
J´ suis quand même là... j´ suis quand même là...
Même immobile, même maladroit.
On y croyait si fort...
Normal qu´ j´y croie encore...
Maintenant j´ suis là...
Si tu veux d´ moi.
Il ne ferait pas de ces belles promesses proférées dans le feu de la passion et oubliées dès que celle-ci cède le pas à quelque chose de plus doux, de moins exigeant mais de tout aussi apaisant pour l’âme et le cœur. Il ne s’engagerait à rien qu’il ne soit sûr de pouvoir tenir : être simplement là, tenter d’être moins renfermé, moins strict, ne plus jamais partir et savoir se livrer quand il le faudrait.
Et à ce moment précis il le fallait : Tim avait besoin de savoir ce qu’il avait fait durant ces trop longs mois d’absence, de comprendre pourquoi il l’avait laissé derrière lui, sans un mot, sans un regard, de s’assurer que plus jamais cela ne recommencerait, ni demain, ni dans dix ans.
Allez viens, on va s´ parler, tu veux.
On s´est pas tout dit, on mérite mieux.
Allez viens, faut qu´ ça ait d´ l´allure.
J´ vais t´aimer, j´ vais t´aimer, j´ te jure!
Comment trouver les mots pour rassurer celui qui se sent trahi ? Comment lui faire comprendre que, loin de lui, on a découvert qu’il était notre moteur, notre oxygène, notre phare dans la nuit et que désormais on ne s’écartera plus de la chaleur de sa présence ? Comment exprimer ses regrets, ses désirs, ses angoisses, ses engagements ? Comment dire que ce mal d’hier était nécessaire pour se transformer dans le bien d’aujourd’hui ?
Gibbs n’avait jamais tant parlé, ne s’était jamais tant livré : il découvrait son cœur et son âme parce qu’il savait que si Tim franchissait cette porte sans espoir de retour, l’un et l’autre ne seraient plus que des enveloppes vides.
- Je suis revenu Tim…. Je suis revenu pour toi, pour nous… et je ne partirai plus !
J´ suis quand même là... j´ suis quand même là.
Regarde-moi, faut qu´ tu m´ croies.
Si les mots qui me manquent
Veulent sortir de leur planque,
Tu verras...
Je s´rai là.
Tim hésitait sur le seuil. Les larmes embuaient ses yeux. Tout ce temps sans nouvelles, sans savoir ce que l’homme qu’il aimait vivait, si même il vivait encore. Tout ce temps à faire de son mieux pour se montrer à la hauteur devant le reste du groupe, pour tenter de cacher à tous le vide de son cœur et le chaos de son esprit. Tout ce temps à penser que lorsqu’on aime on ne part pas, pas comme ça, pas sans un mot. Tout ce temps passé et pas une explication au retour, rien… Comme s’il suffisait simplement de reprendre le cours des choses là où elles s’étaient arrêtées.
Alors aujourd’hui il avait explosé : il n’en pouvait plus des silences, des non-dits, des secrets, des réticentes. Il n’y a pas d’amour possible sans confiance. Si Gibbs ne pouvait pas se confier à lui, c’est que son amour n’était pas aussi profond que le sien.
Mais maintenant il savait que ce n’était pas le cas. Il savait que Jethro l’aimait autant que lui l’aimait, il comprenait ce qui s’était passé, tous les pourquoi et les comment trouvaient une réponse pendant que son amour se livrait à cœur ouvert comme il ne s’était jamais livré avant.
J´ suis quand même là... j´ suis quand même là...
Jj´ suis quand même là.
Regarde-moi, on y croyait si fort.
Normal qu´ j´y croie encore...
Je suis là... oui, vraiment là!
Je suis là... si tu veux d´ moi...
- Oh oui je veux de toi Gibbs ! Je veux de toi jusqu’à ce que toi tu ne veuilles plus de moi, murmura Tim en venant se lover dans les bras ouverts de son amant.
- Alors tu vas vouloir de moi bien longtemps Tim, parce que je te jure que désormais seule la mort pourra m’éloigner de toi.
Tim frémit à cette idée et, pour la chasser, il pressa son corps contre celui de son compagnon et chercha sa bouche pour initier un baiser : la mort, elle viendrait bien assez tôt. Pour le moment ils étaient vivants, et les mains qui couraient sur les peaux enfiévrés, le désir qui montait irrépressiblement entre eux, leurs corps qui se fondirent bientôt l’un dans l’autre, les gémissements de plaisir qui leur échappèrent, tout le prouvait : ils étaient vivants, vivants et amoureux. Ils étaient tout simplement heureux.
FIN
Chanson de Patrick Bruel
* paroles originales : trahie