Une songfic offerte à Fanncis l'an passé.
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Donald P. Bellisario & Don McGill. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Extrait basé sur l’épisode où Tony est infecté par l’I-pestis
Amis
Gibbs était assis au chevet de son agent senior. Dans sa tête repassaient en boucle les derniers mots qu’il lui avait adressés : « Je t’interdis de mourir DiNozzo, tu m’entends ! » C’était un « Oui patron » bien faible qui lui avait répondu. Mais un « Oui patron » qui lui avait fait comprendre qu’Anthony se battrait de toutes ses forces contre l’I-pestis qui l’avait infecté.
Si le sort était avec lui, il pourrait conserver son ami.
Et même nos silences
En disaisent long quelquefois
Je sentais d'avance
Ce qui ne t'échapperait pas
Savais de tes pièges les lieux les manèges
Prenais mes distances quand trop lourde ma présence
Te devinais rien qu'à la chaleur de ta voix
Amis….
C’était venu comme ça, insensiblement, sans s’annoncer. Lui était le patron, le boss, intimidant et strict, cachant son humanité sous sa sévérité. Tony c’était le gamin fougueux, le policier tête brûlée auquel il s’était heurté lors d’une enquête.
Qui aurait dit, cette première fois où leurs routes s’étaient croisées qu’ils feraient tant de chemin ensemble et surtout que cette amitié indéfectible allait naître et croître entre eux.
Pour toutes ces heures qu'on aura passées
A essayer de faire exister
Nos rêves et nos avions de papier
Qui chaque fois retombaient
Comme si jamais décollé
Bien sûr, dès le début, une mystérieuse alchimie l’avait poussé vers le détective Di Nozzo. Sinon pourquoi celui-ci plutôt qu’un autre ? Pourquoi lui proposer de rejoindre le NCIS, lui qui n’y pensait même pas, quand tant d’autres candidats valeureux n’attendaient qu’un signe pour rejoindre les rangs du service de la marine ?
Peut-on dire qu’au premier coup d’œil on sait la valeur d’un être ? Gibbs était passé maître dans le fait de juger très vite et quasi-infailliblement ceux qu’il croisait pour la première fois. Chez Tony il avait décelé tout ce potentiel inexploité derrière l’attitude hâbleuse et horripilante. Il avait compris qu’il avait à faire à un homme droit, un homme de valeur, un homme avec lequel il aurait plaisir à travailler et qui saurait, au fil du temps, se plier à ses règles.
Il n’avait pas tout de suite compris l’intérêt personnel qui le poussait vers celui-ci plutôt qu’un autre.
Amis amis
Pour toutes ces belles qui nous ont laissés
Pour mieux jouer dans la cour d'à côté
Toujours plus beaux que nous elles trouvaient
Leurs mots d'amour reprenaient
Quand elles changeaient de poupée.
Et pourtant…
Cinq ans maintenant qu’ils travaillaient côte à côte, qu’ils se parlaient, qu’ils s’écoutaient. Il savait tout des erreurs et des peurs de Tony et celui-ci, en retour, connaissait ses angoisses et ses démons.
Avait-il jamais eu quelqu’un comme lui dans sa vie, quelqu’un à qui il pouvait tout confier, quelqu’un qui ne le jugeait pas, qui se contentait d’être là, pour lui ? Avait-il jamais connu ce lien si fort qu’on pourrait le confondre avec l’amour ?
Ce n’était pas de l’amour. Il aimait trop les femmes et leurs courbes rebondies pour ressentir envers son subordonné ce type d’élan et celui-ci, de son côté, n’avait aucun penchant pour le corps plat et sec d’un homme.
Ce n’était pas de l’amour et pourtant c’était si fort. Plus fort peut-être que ce qu’il avait jamais connu. Ce qu’il ressentait pour Tony était unique. Il était pour lui le père, le frère, l’enfant parfois… Il était avant tout l’ami.
Amis amis
Tenu hors de l'eau
Quand trop de gîte à mon bord
Que j'étais K.O.
Réussie la mise à mort
Assez de banderilles pour que je vacille
Elle m'avait fauché j'avais plus qu'à tomber
Pas si facile de sauver l'autre quand il se noie
Tony avait été là pour lui lorsqu’il avait perdu cette fille à laquelle il s’était attachée. Il avait tenté de le mettre en garde pourtant mais de tout son cœur avide d’affection, il s’était jeté dans ce qui, pour elle, n’était qu’une aventure. Un chagrin d’amour à plus de quarante ans ! C’était pitoyable.
Mais Tony ne s’était pas moqué. Il avait juste été là, sans proclamer le « Je te l’avais bien dit », qu’il aurait été légitimement en droit de prononcer. Il avait été là pour le faire rire des mille petits travers que lui n’avait pas su voir à temps. Il avait été là pour lui faire comprendre que finalement, elle n’avait pas compté tant que cela. Bien sûr elle ressemblait un peu à Sharon. Mais il n’y aurait jamais qu’une Sharon et tenter de la retrouver en une autre ne ferait que le conduire d’échec en échec.
Sharon… Tony était le seul au monde qui savait combien la blessure saignait encore. Sharon… Kelly…
Avec lui il pouvait les faire revivre et, l’espace de quelques heures, réinventer le passé.
Pour tout ce bien que tu m'auras fait
Aux heures de mes comas dépassés
Instants où tu donnais sans compter
Pour que j'oublie de penser
Qu'elle avait même existé
Tony avait une place particulière dans sa vie, même si, évidemment, il ne le montrait pas aux autres. Pas question qu’on puisse le taxer de favoritisme. Alors, parfois, il en était même injuste avec lui à force de ne pas vouloir que leur lien privé transparaisse dans leurs relations professionnelles. Et jamais son subordonné ne lui en avait fait le reproche. Il était comme ça Tony sous ses dehors de plaisantin immature : il comprenait tout sans qu’on ait besoin de lui expliquer.
C’est pourquoi Gibbs savait que son agent ne le laisserait pas tomber, pas comme ça, pas parce qu’une foutue poudre était entrée dans son nez et avait migré jusqu’à ses poumons, y déposant cette bactérie tueuse qui risquait de l’emporter loin de lui. Il détaillait le visage pâle et aminci de son ami, s’attardait sur les larges cernes qui soulignaient ses yeux clos, écoutait son souffle rauque et, pour la première fois depuis longtemps, une prière lui monta aux lèvres : « S’il Vous plaît… Pas Lui… Pas comme ça… Pas maintenant. » Il n’était pas prêt à le laisser partir et il ne le serait jamais. En toute logique, étant donné leur écart d’âge, c’était à lui de partir le premier.
Il ne voulait pas perdre ce lien : ils avaient encore tant de choses à vivre ensemble, tant de découvertes à faire, tant d’enquêtes à mener, tant de secrets à se confier…
Amis amis
Pour tous les jours qui restent à venir
Comme autant de chapitres à relire
Gravé à tout jamais ton visage
Sur les barreaux de ces cages
D'où je ne pourrai m'enfuir
- Alors patron… On rêve…
Gibbs sursauta et son regard perdu se focalisa soudain sur les yeux verts qui le fixaient. La voix n’avait été guère plus qu’un murmure mais le regard était clair bien qu’épuisé.
- Tony !
- Présent patron…. Enfin presque…
Un imperceptible sourire détendit les lèvres pâles et Gibbs comprit alors que son ami était revenu, qu’il était là et qu’il ne partirait pas, pas cette fois. Un immense soupir de soulagement s’exhala et il serra la main du jeune homme.
- T’as pas intérêt à me refaire un coup comme ça DiNozzo !
- J’ai pas l’intention de recommencer, t’inquiète.
Tout était dit. Ils s’étaient compris.
Amis amis
FIN
Chanson de Nicolas Peyrac