Il n'en finit plus ce reclassement! Je vais finir par vous donner une indigestion...
Cette songfic était pour Djorie.
Préambule : Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Donald P. Bellisario & Don McGill. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Personnages : Tony/Gibbs
Genre : Songfic
Résumé : Petits clichés pris sur le vif de l’évolution d’une relation, tantôt du point de vue de Tony, tantôt de celui de Gibbs.
Mot à mot
- Boss je…
Gibbs posa simplement ses doigts sur les lèvres de Tony, lui intimant l’ordre de se taire par ce geste où, dans un frisson délicieux, le plus jeune reconnut toute l’autorité de son aîné, mais découvrit aussi une tendresse qu’il ne soupçonnait pas. Et tandis qu’il se laissait aller à cette sensation nouvelle, la voix tant aimée résonna à ses oreilles :
- Chut… ne parle pas… pas maintenant.
Je ne veux rien savoir
J'ai envie de te découvrir
Au hasard d'un soir
Dans une phrase, dans un sourire
De ses doigts fébriles Gibbs déboutonnait la fine chemise de coton et, enivré, laissait ses mains courir sur cette peau réactive qu’il découvrait enfin.
A quoi bon parler ? A quoi bon se raconter ? Depuis bien longtemps il aimait cet homme, sans jamais oser rien dire, en luttant de toutes ses forces contre ce sentiment, à la fois parce qu’il était son patron, et aussi parce qu’il y avait cette fichue différence d’âge.
Pourtant, ce soir, ils avaient franchi cette barrière invisible érigée entre eux.
Mais Gibbs avait peur, peur à en crever que si Tony se mettait à parler, il romprait le fragile équilibre de cette bulle hors du temps, presque magique.
Je n'aime pas les mots
Qui veulent expliquer trop les choses
Tout est si nouveau
Laissons encore les portes closes
*****
La tête rejetée en arrière, Tony avait abdiqué toute volonté. Tout ce qu’il voulait, c’était sentir encore ces mains sur sa peau, cette bouche sur la sienne, cette langue qui éveillait son désir de plus en plus brûlant.
Qu’importaient toutes ces questions qui se bousculaient dans sa tête ? Qu’importait que Gibbs ne lui raconte rien, ne lui parle pas plus…
Il y avait maintenant deux mois qu’ils étaient devenus amants et, petit à petit chacun découvrait chez l’autre ce que, par un accord tacite, on ne lui livrait pas. Pour les enquêteurs qu’ils étaient, ces petites victoires, ces grandes découvertes étaient grisantes et renforçaient encore ce vertige qui les prenait lorsqu’ils étaient enfin l’un avec l’autre, l’un contre l’autre, redevenus justes deux hommes qui s’aimaient.
Surtout ne change pas
Garde encore une part de mystère
J'ai besoin de ça
Comme l'ombre, la lumière
Deux mois…
Deux mois d’étreintes, de caresses, de volupté. Deux mois et leurs corps se connaissaient par cœur, mais leurs âmes avaient encore tant à apprendre l’une de l’autre.
Lorsque Tony s’abandonnait ainsi dans ses bras, savourant chacune de ses caresses en retenant ses gémissements, Gibbs avait l’impression de perdre la tête. Jamais il n’avait ressenti cela avec ses femmes, y compris Shannon.
L’amour avec Tony c’était le plaisir à l’état brut.
Laissons le désir
Seconde après seconde
Doucement relire
Nos ombres profondes
*****
- C’est pour moi ?
Un petit sourire presque timide se lisait sur le visage de Tony.
Depuis six mois maintenant qu’ils vivaient leur relation passionnée, il n’arrivait toujours pas à se persuader que Gibbs l’aimait autant que lui l’adorait. Alors chaque petit geste de la part de son amant si réservé, le surprenait et le ravissait.
Comme ce matin, où, avec un sourire un peu crispé, Jethro lui tendait ce petit paquet.
A l’intérieur cette clé et ce petit mot qui lui fit venir les larmes aux yeux.
Mot à mot
J'écrirai notre amour, notre histoire
Pas à pas
Je suivrai tes détours, tes hasards
Points par points
Je saurai de ton corps, les envies
Peu à peu
Je ferai pour nous deux
Pour nous deux une vie
Un peu nerveux, le chef du NCIS attendait la réaction de son amour.
Il y avait maintenant six mois qu’ils vivaient une liaison intense et incroyablement heureuse. Mais depuis quelques semaines, leur bonheur était parcouru de nuages sombres et il savait qu’il en était la cause, lui et sa fichue prudence, sa pudeur, sa peur que leur liaison ne s’ébruite.
Et Tony en souffrait : la clandestinité ce n’était pas pour lui. Lui il aimait vivre au grand jour, afficher ses sentiments et pouvoir proclamer à la face du monde qu’il était amoureux et aimé en retour.
Je veux seulement croire
Ce que mon coeur sait encore lire
Ce bonheur d'avoir
Un avenir à nous construire
La veille, la dispute avait été violente, douloureuse… et, pour la première fois depuis le début de leur liaison, ils avaient dormi chacun chez soi.
Toute la nuit Gibbs s’était tourné et retourné, incapable de trouver le sommeil, parfois furieux contre ce qu’il appelait la déraison de Tony, le plus souvent enragé contre lui-même, ses tabous, ses interdits, son incapacité à simplement ouvrir la porte au bonheur.
Au petit matin, il s’était assis à son bureau et avait écrit cette petite carte, puis il avait déniché une boîte dans un placard, et il y avait installé la clé de chez lui. Il pensait que Tony réagirait favorablement, mais il ne pouvait pas en être totalement sûr et son cœur battait violemment dans sa poitrine : il avait l’impression qu’une main de fer l’empêchait de respirer.
Que ferait-il si son amant le rejetait ? Comment réussirait-il à vivre sans lui, sans sa tendresse, son amour, ses facéties ?
Tony s’approcha de lui, la clé au creux de la paume, le regard noyé de larmes de joie :
- Tu es sûr ? souffla-t-il d’une voix bouleversée.
- Je n’ai jamais été aussi sûr, répondit Jethro de son ton calme dans lequel, pourtant, le plus jeune décela une émotion au moins égale à la sienne.
Alors leurs corps se rapprochèrent, s’imbriquèrent et, tandis que leurs bouches se trouvaient, tous les malentendus s’envolèrent.
Laissons le désir
Seconde après seconde
Doucement réunir
Nos ombres profondes
*****
- Moi Leroy Jethro Gibbs, je jure devant Dieu…
Ils y étaient ! A ce point qu’il n’aurait jamais cru atteindre un jour.
Le visage transfiguré par la joie, Tony écoutait son amant, son amour, son compagnon, s’engager devant Dieu et les hommes à le protéger, le chérir, l’honorer…
Un an qui avait filé comme un rêve…
Finies les larmes, les doutes, les angoisses.
Du moment où il avait accepté d’officialiser leur liaison, Gibbs, fidèle à lui-même, s’était engagé corps et âme, avec la même pugnacité qu’il mettait dans tout ce qu’il entreprenait.
Leur équipe, un instant désarçonnée par l’aveu, avait très vite fait corps avec eux.
Et aujourd’hui ils étaient tous là, les visages radieux, à regarder leurs amis vivre l’un des plus beaux jours de leur vie.
A son tour de parler, Tony prit une grande inspiration, puis il dit les phrases et, à mesure qu’il parlait, il vit l’expression de Gibbs changer, tandis qu’il reconnaissait ces mots qu’il lui avait écrits un an auparavant, à ce moment où leur histoire avait failli s’achever dans les larmes.
Et mot à mot
Tu m'écriras notre amour, notre histoire
Et pas à pas
Tu suivras mes détours, mes hasards
Points par points
Tu sauras de mon corps, les envies
Peu à peu tu feras pour nous deux
Pour nous deux une vie
C’étaient ses mots qu’il lui renvoyait en écho, ces mots qu’il avait jeté sur une carte, comme on jette une bouée à la mer, ces mots qui l’avaient sauvé, qui les avaient sauvés. Et de les entendre aujourd’hui résonner dans le temple où ils s’unissaient, lui faisait prendre conscience du chemin parcouru durant ces douze mois.
Il avait cessé de se poser des questions, cessé de se demander comment ses équipiers, ses subordonnés, ses supérieurs le jugeraient lorsqu’ils sauraient que lui, le chef d’équipe le plus réputé du NCIS, l’ancien marine marié à trois reprises, le dur à cuir, était éperdument amoureux de son jeune coéquipier.
La réaction qu’il craignait le plus était celle de son père : les militaires, présents ou passés, ne sont pas réputés pour leur tolérance à l’égard de l’homosexualité. Mais le vieil homme s’était contenté de sourire en déclarant :
- Hé bien… je commençais à croire que je serais dans la tombe avant que tu ne te décides enfin à regarder les choses en face fils.
C’est là qu’abasourdi, il s’était rendu-compte que son père savait, depuis bien longtemps et qu’il n’avait rien dit. Aujourd’hui il était là, au premier rang, à côté du père de Tony, en compagnie de sa dernière conquête.
Qui aurait pu penser que, ce qu’il voyait si compliqué serait finalement tellement facile, comme si leur amour pouvait faire tomber toutes les barrières ?
*****
Mot à mot
J'écrirai notre amour, notre histoire
Pas à pas
Je suivrai tes détours, tes hasards
Points par points
Je saurai de ton corps, les envies
Peu à peu
Je ferai pour nous deux
Pour nous deux une vie
Ils les avaient redits ensemble ces mots, prenant l’engagement devant tous de préserver ce bonheur qui leur était échu.
Et aujourd’hui, au seuil de l’hiver, ils étaient encore là, l’un contre l’autre, leurs mains enlacées tandis qu’ils assistaient à la remise de diplôme de Marc et Ambre, les jumeaux de leur fille, Julia, adoptée quarante ans plus tôt avec son frère Thomas.
Leurs yeux se croisèrent tandis qu’ils se souriaient, se voyant dans le regard de l’autre comme à l’aube de leur amour. Et au fond de leurs prunelles les mêmes trois mots silencieux s’échangèrent :
- Je t’aime.
- Je t’aime.
Il était temps d’aller féliciter les jeunes diplômés. Péniblement ils se mirent debout, Jethro appuyé sur sa canne, Tony accroché à son bras. Et tandis qu’ils traversaient les pelouses du campus, on s’écartait sur leur passage, comme si la foule autour d’eux était consciente de voir passer des gens rares : ceux qui ont su vivre leur amour et préserver leur bonheur.
FIN
Chanson de Chimène Badi