Reclassement de la fiction offerte à Tyoris l'an passé.
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Donald P. Bellisario & Don McGill. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Fais moi mal
- Et bien Mctrouillard, tu n’oses pas entrer ? Qu’est-ce que tu as encore fait ?
McGee sursauta à l’interpellation et se retourna vers Tony qui le regardait avec ce sourire exaspérant qui lui donnait envie de lui envoyer son poing dans la figure, juste pour le plaisir de ne plus voir les éclatantes dents blanches si bien alignées… Mais bien évidemment il ne se résoudrait jamais à cette extrémité : il tenait trop à son boulot et un tel geste aurait sans doute comme conséquence de le faire muter dans un quelconque trou perdu d’Alaska d’où il lui serait bien difficile de revenir un jour.
- C’est bon Tony ! se contenta-t-il de dire d’un ton agacé tout en jetant un regard inquiet autour de lui comme s’il s’attendait à ce que la misère du monde lui tombe dessus.
Tony le regarda longuement puis son œil s’alluma… Il n’était pas enquêteur pour rien et il pensait avoir compris ce qui tourmentait son ami. Parce que oui, il avait beau le faire tourner en bourrique et, pour des yeux étrangers, le traiter parfois comme un moins que rien, Tim était son partenaire, son équipier et son ami. Il savait pouvoir compter sur lui comme lui-même comptait sur celui qui n’était désormais plus un bleu. Il s’approcha donc, faussement miséricordieux et chuchota à son oreille :
- Qu’est-ce qu’Abby a encore inventé ?
Tim le regarda, mi-étonné, mi-reconnaissant. Il savait parfaitement que, sous ses dehors je m’en foutistes, Tony était quelqu’un d’observateur et d’attentif, sinon il n’aurait pas été l’un des meilleurs agents du
NCIS. Et il savait aussi qu’il pouvait compter sur lui : lorsqu’il le fallait, le hâbleur de service pouvait se révéler d’excellent conseil.
- Ecoute-la…, murmura-t-il alors d’un ton malheureux en entrouvrant la porte du labo devant laquelle il se tenait.
Tony ouvrit le battant plus franchement et sourit quand Tim se faufila derrière lui pour disparaître ainsi à la vue des occupants à l’intérieur. Le sourire du plus âgé se fit carrément sarcastique en voyant la scène que fuyait son amant. Une Abby qui avait visiblement abusé de ces boissons énergétiques dont elle raffolait, tenait à un Gibbs fataliste et une Ziva ébahie un discours quelque peu étrange compte tenu du lieu.
Il s´est levé à mon approche
Debout, il était bien plus p´tit
Je me suis dit c´est dans la poche
Ce mignon-là, c´est pour mon lit
Il m´arrivait jusqu´à l´épaule
Mais il était râblé comme tout
Il m´a suivie jusqu´à ma piaule
Et j´ai crié vas-y mon loup !
La bouche de Tony s’arrondit tandis que MacGee rougissait de plus belle :
- Vous avez enfin conclu ? interrogea l’agent sénior, ne récoltant en réponse qu’un regard furibond de son cadet qui ne fit que faire refleurir le sourire suffisant qu’arborait si souvent le premier, ce sourire qui s’étira d’une oreille à l’autre, façon chat du Cheschire tandis qu’on entendait Abby claironner :
Fais-moi mal, Timmy, Timmy, Timmy
Envole-moi au ciel... zoum!
Fais-moi mal, Timmy, Timmy, Timmy
Moi j´aim´ l´amour qui fait boum!
A cet instant précis Tim aurait aimé disparaître. La voix criarde d’Abby, le sourire narquois de Tony étaient déjà particulièrement stressants pour quelqu’un dans son genre, mais de savoir que le discours avait pour public une agente israélienne fort capable de le tuer d’un simple coup de petit doigt et un patron dont un seul regard le faisait redevenir un petit garçon timide et emprunté n’était pas fait pour le rasséréner.
Il l’aimait pourtant son Abby, mais bon sang, parfois il l’aurait bien étripée ! Quelle idée d’aller claironner leur vie sexuelle… enfin… leur supposée vie sexuelle parce que pour le coup, fidèle à elle-même, la chère Abby en rajoutait un peu beaucoup !
Il n´avait plus que ses chaussettes
Des bell´ jaunes avec des raies bleues
Il m´a regardé d´un œil bête
Il comprenait rien, l´malheureux
Et il m´a dit l´air désolé
Je n´ferais pas d´mal à une mouche
Il m´énervait! Je l´ai giflé
Et j´ai grincé d´un air farouche.
Le regard de Tony descendit le long de ses jambes et Tim, qui pensait ne plus pouvoir rougir, vira littéralement au cramoisi lorsqu’il s’aperçut que Di Nozzo fixait ses chevilles d’où, entre le bas du pantalon et le haut de la chaussure, on pouvait effectivement admirer l’objet du délit :
- Belles chaussettes Mac rayures ! se moqua Tony, faisant grincer des dents à son partenaire qui se demandait s’il ne devait pas remonter tout de suite au bureau, taper une lettre de démission expresse et disparaître pendant quelques années tant il imaginait l’interminable litanie de sarcasmes à laquelle les confidences de sa trop confiante maîtresse l’exposaient.
Fais-moi mal, Timmy, Timmy, Timmy
Je n´suis pas une mouche... zoum!
Fais-moi mal, Timmy, Timmy, Timmy
Moi j´aim´ l´amour qui fait boum!
Il cherchait vainement un moyen de faire taire Abby. Difficile alors qu’il restait en retrait à la porte, se demandant ce que l’excitée qu’il avait pour amante ferait si elle le voyait entrer. Mais qu’est-ce qui lui avait pris de s’éprendre d’une demi-folle ? se demanda-t-il dans un éclair de colère qui disparut vite en se souvenant de tout ce que la demi-folle et lui avaient partagé la nuit précédente.
Il est vrai que ça faisait longtemps qu’ils se tournaient autour tous les deux, tout aussi vrai qu’il avait toujours su que céder à Abby ce serait comme se lancer dans un manège incontrôlable sans savoir où et quand ça s’arrêterait et surtout tout ce qui se passerait le temps que ça durerait !
Mais ça… ça… il ne l’avait vraiment pas pressenti.
Voyant qu´il ne s´excitait guère
Je l´ai insulté sauvagement
J´y ai donné tous les noms d´la terre
Et encor´ d´aut´s bien moins courants
Ça l´a réveillé aussi sec
Et il m´a dit arrête ton char
Tu m´prends vraiment pour un pauve mec
J´vais t´en r´filer, d´la série noire !
Il eut un haut le corps à cette dernière déclaration et regarda Tony avec un brin d’inquiétude, sachant que si celui-ci prenait au sérieux les déclarations de la laborantine, il risquait d’avoir de fameux ennuis parce qu’il était bien connu que l’agent sénior la considérait comme sa petite sœur et que quiconque aurait osé s’en prendre à elle, l’aurait trouvé lui sur son chemin. Mais il n’était pas la pire menace qui pouvait peser sur lui à cet instant s’il en jugeait par le visage figé de Gibbs et les yeux noirs de Ziva soudain traversés d’une lueur meurtrière tandis qu’Abby poursuivait sa complainte :
Tu m´fais mal, Timmy, Timmy, Timmy
Pas avec des pieds... zing!
Tu m´fais mal, Timmy, Timmy, Timmy
J´aim´ pas l´amour qui fait bing!
- Tony, j’te jure que…
- Ne jure pas Mac brutal ! On tirera ça au clair après ! Tu sais que ça se soigne ce genre de pulsion ?
Tim ouvrit la bouche pour répliquer, se défendre, s’indigner qu’on puisse le croire capable de brutaliser une femme en général et celle qu’il aimait en particulier, puis il se tut, constatant que le regard qu’attachait sur lui son équipier n’avait rien de furieux. Non… Il était plutôt mi-moqueur, mi-apitoyé. Visiblement l’agent sénior ne prenait pas ce que disait Abby au pied de la lettre.
Mais quelle mouche la piquait ? se demanda une fois encore Tim, se décidant enfin à réunir son courage pour entrer dans la pièce et exiger des explications. Ne l’ayant pas vu, Abby en terminait de son récit pathétique.
Il a remis sa p´tite chemise
Son p´tit complet, ses p´tits souliers
Il est descendu l´escalier
En m´laissant une épaule démise
Pour des voyous de cette espèce
C´est bien la peine de faire des frais
Maintenant, j´ai des bleus plein les fesses
Et plus jamais je ne dirai.
Tous les regards se tournèrent vers lui et Tim se sentit se liquéfier sous les feux conjugués de deux yeux bleus aciers et noirs d’encre qui le regardaient, tandis que les mines étaient franchement réprobatrices. Allez donc expliquer à ces deux-là qu’Abby était en plein trip « victime » depuis que, lors des ébats fort acrobatiques qu’elle avait exigés il l’avait, sans le vouloir, frappée au visage, lui occasionnant un bel œil au beurre noir sur lequel, bien sûr, arrivés au labo, Gibbs et Ziva n’avaient pas manqué de l’interroger.
Il imaginait bien la difficulté qu’aurait eu la laborantine à leur décrire la position qui avait entraîné l’accident, pas plus qu’il n’aurait d’ailleurs été capable de leur expliquer la réaction de sa maîtresse tandis que lui était totalement catastrophé, au point d’en perdre ses moyens qu’elle n’avait pas tardé à rallumer avec sa science d’experte de la chose… Mais il est vrai que son petit : « Tu vas me payer ça mon Timmy… » prononcé avec un sourire qui lui avait fait froid dans le dos, ou plutôt qui avait fait glissé le long de son épiderme un délicieux frisson d’anticipation, aurait dû lui mettre la puce à l’oreille.
Pourtant il avait pensé avoir assez prouvé ses remords dans les heures qui avaient suivi l’incident et qu’Abby s’était largement estimée vengée par les supplices qu’elle n’avait pas manqué de lui faire endurer ensuite… supplices dont la simple pensée l’amenaient automatiquement à sentir une certaine partie de son anatomie réagir. Désormais il n’était plus cramoisi, il était devenu quasi violet tandis qu’Abby, l’ayant finalement aperçu, se précipitait vers lui et se jetait dans ses bras en hurlant :
Fais-moi mal, Timmy, Timmy, Timmy
Envole-moi au ciel... zoum!
Fais-moi mal, Timmy, Timmy, Timmy
Moi j´aim´ l´amour qui fait boum!
Il la pressa contre elle tout en jetant un regard de bête traquée à son patron qui le regardait, le visage figé arborant une expression totalement illisible. Tony, lui, avait rejoint Ziva et, sans même qu’ils y pensent, leurs mains s’étaient enlacées. Un instant, Tim les envia : ça devait être reposant d’aimer quelqu’un de prévisible ! Quoique… Ziva était-elle la femme la plus prévisible au monde ? A tout prendre, il préférait l’excitation perpétuelle et le tempérament tout feu tout flamme de son Abby. Au moins, si un jour il la trompait, il ne risquait pas de se retrouver à devoir avaler ses bijoux de famille… D’un autre côté pensa-t-il aussitôt, sa laborantine adorée aurait bien été capable de manier des poisons qui ne laisseraient aucune trace…
Une claque à l’arrière de la nuque le sortit de ses pensées anarchiques.
- Gibbs pourquoi tu le frappes ? s’indigna Abby tandis que Tim articulait :
- Patron… Vous ne pensez pas que…
- Ce que je pense n’a aucune importance McGee ! On a du boulot ! Abby ! J’attends tes résultats !
- Voilà ce que c’est que d’avoir un patron sans cœur ! Incapable de comprendre vos malheurs ! grogna la laborantine en s’arrachant des bras de son homme après lui avoir donné un baiser qui fut salué par un sifflement de Tony.
Tandis que la jeune femme retournait à ses appareils adorés, les quatre agents remontèrent dans l’ascenseur.
- Patron… tenta alors McGee.
Il aurait voulu s’expliquer, lui raconter la vérité, s’assurer qu’il n’avait pas cru l’histoire abracadabrante qu’Abby avait cru bon de raconter… Mais sous le regard goguenard de Tony, celui franchement moqueur de Ziva et inquisiteur de Gibbs, il ne savait plus vraiment comment aborder les choses.
- C’est bon McGee, détendez-vous, finit par laisser échapper le patron, permettant enfin à un sourire amusé de venir fleurir sur ses lèvres. Je connais Abby depuis plus longtemps que vous…
- Donc vous… Enfin… Vous savez que…
- Vous voulez que je vous dise ? Si un type se permettait un jour de porter la main sur elle, pour de bon… Je ne donnerai pas cher de sa peau. Or, vous êtes là, visiblement entier donc…
Et comme le plus jeune se détendait enfin, il ajouta d’un ton glacial :
- Mais si jamais je découvrais que c’était vrai… C’est à moi que vous auriez à faire…
Le ricanement de Tony fut le seul écho à la déclaration de Gibbs et, au moment où ils sortirent de l’ascenseur, l’agent sénior reçut une claque magistrale derrière la tête. Outré il se tourna vers son chef :
- C’était quoi ça patron ? C’est McGee qui fait des siennes et c’est moi que tu frappes ?
- Juste pour te prévenir de le laisser en paix. Gare à toi si tu remets cette histoire sur le tapis.
- Patron ! gémit Tony d’un air catastrophé tandis que McGee se rassérénait à vue d’œil, retrouvant un teint rosé plutôt que carmin, c’est pas juste… C’aurait été tellement…
Le coup d’œil de Gibbs suffit pour que Di Nozzo se taise immédiatement. Ce fut Ziva, pince sans rire, qui reprit :
- Gibbs a raison Tony… Le pauvre McGee a déjà bien assez à faire comme ça avec Abby. Inutile d’en rajouter !
En entendant cette réflexion, McGee se sentit un instant pris au piège. Puis un immense sourire se peignit sur son visage : ce type de piège, il était prêt à retomber dedans autant qu’il le pourrait et surtout à y rester le plus longtemps possible !
FIN
Chanson de Magali Noël
Dans la chanson originale le prénom est Johnny