Reclassement du cadeau d'UldAses
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Jeff Davis. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Mieux Qu'ici Bas
Derek se demandait parfois si tout cela en valait la peine. Pour un criminel mis hors d’état de nuire, dix autres se révélaient dans son sillage. Une lutte sans fin qui aurait usé les nerfs de plus brave que lui. La tentation pouvait être grande d’abandonner ce combat inégal. Mais qui aurait repris sa lance s’il l’avait laissée tomber ? Chaque innocent sauvé justifiait au centuple les efforts fournis. Chaque sourire revenu sur les lèvres d’une victime qui apprenait que son bourreau ne nuirait plus à personne était la plus précieuse des récompenses.
Et lorsque l’envie de tout laisser tomber se faisait plus pressante, il lui suffisait de se réfugier entre les bras de son amour et tout reprenait sa place.
Un ange par-ci, un ange par-là
Un diable aussi quand tu es là
Et rien ne va mieux qu'ici-bas
Il n’avait jamais vraiment cru au pouvoir d’aimer. Son père parti trop tôt, sa sœur divorcée, ces couples qui se défaisaient autour de lui, l’avaient conduit à penser que le bonheur des débuts ne valait pas la souffrance apparemment inhérente à tout attachement. Il s’était donc bien gardé de s’engager. Certes il y avait eu des femmes dans sa vie, parce qu’il n’était pas moine et ne ferait jamais vœu de chasteté. Mais aussi belles et intelligentes soient elles, il venait toujours un moment où il se lassait, où il partait vers d’autres bras avant de trop s’attacher, avant que le quotidien ne vienne jeter un voile terne sur l’enthousiasme des premières fois.
Et puis il avait rendu les armes.
On change de vie, on change de mois
De jour aussi quand on se voit
Et rien ne va mieux qu'ici-bas
Il aurait pu, il aurait dû peut-être continuer sur la voie qu’il s’était tracée. Pourtant l’amour s’était imposé à lui avec une force qui avait vaincu tous ses préjugés. S’il devait souffrir un jour, il ne regretterait jamais d’avoir laissé son cœur s’ouvrir à cet ange que lui avait envoyé la destinée.
Pénélope était faite pour lui comme il était fait pour elle. C’était ainsi et rien ni personne ne pourrait jamais y changer quoi que ce soit.
Comme tout est fait pour aller haut
Les ailes souvent ont des oiseaux
Comme tout est fait pour rester chaud
Les flammes, les flammes ont des bourreaux
Il leur avait fallu du temps, à tous les deux, pour admettre que cette magnifique amitié, qui les liait depuis le premier jour où leurs regards s’étaient croisés, avait petit à petit laissé la place à un sentiment bien plus fort, plus exigeant et enivrant.
Lui qui avait toujours eu peur de l’engagement, il avait tout fait pour s’éloigner, s’obliger à croire qu’elle ne serait jamais sienne parce qu’il ne saurait pas la rendre heureuse. Elle ne pouvait pas imaginer que l’Apollon dont elle rêvait certaines nuits pourrait un jour poser son regard sur l’affreux petit canard qu’elle était et la regarder comme une femme et non juste comme une amie, un vieil oreiller confortable où on aime se blottir mais qui ne vous transportera jamais au septième ciel.
L’un comme l’autre avaient surtout eu peur de gâcher cette amitié si solide et si réconfortante qui les liait, peur de s’éloigner l’un de l’autre quand ils se sentaient si bien ensemble.
Et puis ils avaient compris que la lutte était vaine et depuis chacun avait trouvé la place qui lui revenait en ce bas monde.
Et rien ne va mieux qu'ici-bas
Et rien ne va mieux qu'ici-bas
Mieux qu'ici-bas, rassure-toi
Lorsqu’il doutait, qu’il avait peur, qu’il était triste ou fatigué, elle était là à l’accueillir, le réconforter, le cajoler, lui faire entendre raison.
Elle était son havre de paix, son repos du guerrier, ce qui le poussai en avant quand l’horreur de sa tâche quotidienne pesait lourd sur son esprit et son cœur.
Elle était ce qui lui était arrivé de mieux dans la vie, le soleil après la tempête, l’espérance d’un monde meilleur.
Auprès d’elle il ne craignait rien.
Un temps de pluie comme tant de fois
Un ciel aussi rose que le bois
Et rien ne va mieux qu'ici-bas
Leur vie à deux s’était peu à peu organisée. Ils s’étaient découverts, jour après jour et la première fois où leurs corps s’étaient unis, ça avait été une révélation, l’évidence qu’ils étaient faits l’un pour l’autre et que rien ni personne ne pourrait jamais les séparer.
Nuit après nuit, ils repeignaient leur monde de ces couleurs vives et gaies qu’adorait l’analyste et leur entente se soudait au gré de ces moments où ils ne faisaient plus qu’un, se reconnaissant de tout leur être.
Autant de nuits que de toi et moi
Un lit aussi grand que tes bras
Et rien ne va mieux qu'ici-bas
Pénélope était son graal, sa victoire, sa raison d’être.
Lorsqu’il l’avait épousée, treize mois plus tôt, dans la grande propriété de Rossi, ravi de jouer le rôle du père de la mariée, Derek avait compris que cette longue quête, qu’il n’avait pas eu conscience de mener de corps en corps et de lèvres en lèvres, venait de s’achever.
Il avait surtout compris qu’il avait une chance inouïe que trop peu d’hommes connaissaient : celle d’avoir retrouvé son âme sœur. Lui ne se contenterait pas d’un succédané d’amour qu’on pare trop souvent des couleurs de ses rêves et qui se termine dans les larmes et la déception.
Il était à sa place.
Comme tout est fait pour prendre l'eau
Les îles, les îles ont des bateaux
Comme tout est fait pour faire des mots
Je t'aime tant, je t'aime trop
S’il avait encore des moments de doutes, ce n’était jamais sur son avenir avec sa douce, sa magnifique épouse. Si elle-même s’étonnait encore parfois de s’entendre appeler Mme Morgan, ne réussissant toujours pas à comprendre ce qui, chez elle, avait pu faire craquer son magnifique époux, lui savait toujours trouver les mots pour la rassurer. Elle était tout simplement l’idéal qu’il avait enfoui au fond de son cœur à tel point qu’il avait mis du temps à la reconnaître.
Désormais, ses yeux étaient décillés et jamais plus il ne la laisserait partir loin de lui. Auprès d’elle tout était parfait et quand le métier se faisait trop lourd, elle était là pour le rassurer et l’encourager.
Et rien ne va mieux qu'ici-bas
Et rien ne va mieux qu'ici-bas
Mieux qu'ici-bas, rassure-moi
- Je t’aime…
Derek sursauta et regarda les prunelles bleues qui le fixaient.
- Tu es réveillée ?
- Oui… Pourtant, je n’ai pas senti le baiser de mon prince charmant.
Il se leva aussitôt, et déposa sur les lèvres ourlées le baiser qu’elle demandait et qui fit s’enflammer ses sens, comme à chaque fois. Il se recula et elle eut une petite moue désappointée :
- C’est tout ?
- Oui mon ange… Tu me fais trop d’effet et tu as besoin de repos.
Pénélope regarda alors autour d’elle, et son regard se posa sur la nacelle transparente. Aussitôt une lueur d’amour et de fierté traversa ses yeux :
- Il est beau n’est-ce pas ? C’est le portrait de son papa.
- Il est magnifique mon amour… Comme sa maman… Je vous aime tant !
Aujourd’hui, son épouse lui avait fait le plus beau des cadeaux : ce petit ange qui dormait profondément et qui serait une nouvelle raison de se battre pour un monde meilleur.
Mari et père, Derek Morgan était le plus heureux des hommes.
FIN
Chanson d’Isabelle Boulay