Reclassement du cadeau 2016 de Pandi
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Ann Donahue & Anthony E. Zuiker. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Ne retiens pas tes larmes
- Je suis désolé Danny.
Daniel Messer regarda son ami et lut dans son regard de la peine et beaucoup de sincérité. Don Flack était réellement triste pour lui, il compatissait à son chagrin, comprenait les heures sombres qu’il était en train de traverser.
Une histoire qui tombe à l'eau
Quelques mots sur ton piano
C'est fini
C'est toute une vie
Qui s'assombrit
Il y avait pourtant cru de toutes ses forces. Pour une fois il allait faire les choses comme il fallait, il serait un bon époux et un bon père, pas du genre qu’avait été le sien !
Et ça avait marché… Enfin, il l’avait cru. Jusqu’à la veille, ce soir-là. Lorsqu’il était rentré Lindsay l’attendait et il avait lu dans son regard que quelque chose n’allait pas. Elle avait ce petit sourire triste qu’elle arborait de plus en plus souvent mais aussi cette détermination sans faille dans le regard. Il ne fallait pas s’y tromper : sous ses dehors fragiles, Lindsay était très forte, c’était une survivante et rien ni personne ne l’empêcherait de tracer son chemin.
Elle lui avait parlé, longuement et il avait tenté de la raisonner, mais sa décision était prise. Vers deux heures du matin, elle était partie, emmenant Lucy.
Et maintenant il était là, face à son meilleur ami, celui vers qui il avait couru pour partager ce nouveau coup du sort.
Flack regardait le désespoir de son ami et avait du mal à trouver les mots.
Je l'ai vu dans ton regard
J'ai senti ton désespoir
A quoi bon
Faire semblant
D'y croire
Danny avait pourtant le droit au bonheur ! Auprès de Lindsay et de Lucy il avait enfin trouvé un équilibre et Don se réjouissait de le voir apaisé, heureux, ayant enfin un but dans la vie.
Pourtant…
Pourtant parfois son cœur se serrait à le voir si heureux. Heureux sans lui. Heureux de ce que lui ne lui offrirait jamais. Il savait bien qu’il n’avait pas le droit d’avoir ces pensées. Il savait bien que ne serait-ce qu’une allusion à ce qu’il ressentait vraiment anéantirait à jamais leur belle amitié. Mais on ne musèle pas un cœur, on ne réduit pas les sentiments par la force d’une pensée.
Il avait gardé au fond du cœur l’espoir infime que, peut-être, un jour, il pourrait enfin se dévoiler. Mais les mois avaient passé.
Et aujourd’hui, Danny avait besoin de son ami et seulement de son ami.
Ne retiens pas tes larmes
Laisse aller ton chagrin
C'est une page qui se tourne
Et tu n'y peux rien
Ne retiens pas tes larmes
Pleurer ça fait du bien
Et si tu as de la peine
Souviens toi que je t'aime
Je ne serai jamais loin
Trois mois maintenant. Trois mois que Lindsay avait quitté le domicile conjugal, selon la formule convenue. Et Danny n’avait pas réintégré l’appartement trop vide. Même lorsque Lucy venait le voir, il restait chez Don qui lui avait offert spontanément sa chambre d’amis. Ils avaient aménagé l’ancien bureau du policier pour faire une jolie chambre à la fillette.
Ils partaient ensemble le matin, revenaient ensemble le soir, partageaient les corvées, les dépenses… Et jour après jour le malaise de Don s’intensifiait.
Il vivait auprès de l’homme dont il rêvait depuis si longtemps, il était là lors de ses coups de blues, il l’aidait avec sa fille lorsqu’elle était avec lui, ce qui arrivait de plus en plus souvent, de plus en plus longtemps, le couple s’acheminant naturellement vers une garde partagée.
Et malgré tout, il ne pouvait pas poser les gestes qui le tentaient tant : prendre sa main, enlacer leurs doigts, poser ses lèvres sur les siennes, laisser ses mains courir sur son corps…
Parfois, en rigolant, leurs collègues les appelaient « le petit couple ». Danny souriait un peu tristement et lui ne disait rien, espérant simplement qu’on ne puisse pas lire au fond de son regard.
Il aurait aimé que Danny tourne la page mais il ne se sentait pas le droit de le lui dire. Quel avenir pourraient-ils avoir ensemble s’il était celui qui détruisait le couple auquel le laborantin croyait encore ?
Tu t'accroches à ton passé
Comme si tout s'était figé
Aujourd'hui
Il faut céder
Abandonner
La douleur qui s'installe
Cette absence qui fait si mal
N'aie pas peur
Écoute ton cœur
Le plus dur, c’était ces soirs de cafard, lorsque Lucy était chez sa mère, lorsque Lindsay avait refusé de discuter avec Danny, lorsqu’il l’avait vue sourire au nouveau procureur qui venait de plus en plus souvent dans leurs bureaux.
Ces soirs-là, il devait juste être l’ami, le confident, celui qui recevait les craintes, la colère, la peine de Danny. Celui qui trouvait les mots pour le réconforter, lui donner un peu d’espoir, pas trop, parce qu’il n’y croyait plus.
Lindsay lui avait parlé quelques jours auparavant. A lui elle avait expliqué la raison de sa rupture et il avait d’abord tenté de se défendre et surtout de défendre Danny qui n’était pas responsable des sentiments qu’il pouvait avoir pour lui. Mais les mots de Lindsay avaient aussi instillé dans son cœur un espoir tenace, l’espoir qu’elle ait raison, l’espoir que ses yeux d’épouse et d’amante aient été plus clairvoyants que les siens.
Seulement, un soir comme celui-là, alors qu’il écoutait Danny pleurer son amour perdu, il n’y croyait plus et se contentait d’être la présence dont il avait besoin.
Ne retiens pas tes larmes
Laisse aller ton chagrin
C'est une page qui se tourne
Et tu n'y peux rien
Ne retiens pas tes larmes
Pleurer ça fait du bien
Et si tu as de la peine
Souviens toi que je t'aime
Je ne serai jamais loin
- Pourquoi est-ce que tu es toujours là pour moi ?
Don sursauta à ces mots.
- Je suis ton ami Danny. Je serai toujours là pour toi. Tu ferais pareil pour moi.
Danny sembla réfléchir. Ce soir-là, il y avait dans son regard autre chose que le chagrin habituel, quelque chose qui fit frémir Don sans qu’il comprenne vraiment pourquoi.
- Ami ? Vraiment ?
Le policier se figea :
- Bien sûr ! Qu’est-ce que tu sous-entends ?
Danny se mordilla la lèvre, regardant son ami fixement, comme s’il tentait de lire au plus profond de lui. Il semblait soupeser le pour et le contre mais pour la première fois depuis des semaines il y avait une lueur de vie dans son regard, une lueur presque joyeuse.
Il hésita encore quelques secondes puis laissa tomber :
- J’ai parlé à Lindsay aujourd’hui.
Les yeux de Don s’emplirent de larmes. Alors c’était ça ! Ils avaient décidé de se réinstaller ensemble ! C’était ça la cause de ce regain de bonheur sur le visage de Danny. Mais pourquoi Lindsay lui avait-elle donné des espoirs si c’était pour que ça finisse comme ça ? Mais après tout, peut-être avait-elle été sincère et que son manque de réaction l’avait amené à penser qu’elle avait fait erreur. Et comme il était la cause de la rupture, celle-ci n’avait plus lieu d’être.
Danny allait repartir vers les siens. Il serait heureux. Heureux sans lui.
Il ne se rendait même pas compte qu’une larme avait roulé sur sa joue, une larme que Danny vint effleurer de son doigt avant de prendre Don dans ses bras, un peu comme on prend un enfant malheureux.
Ne retiens pas tes larmes
Laisse aller ton chagrin
Et si tu as de la peine
N' oublie pas que je t'aime
Je ne serai jamais loin
- Pourquoi ne me l’as-tu jamais dit ?
Il n’était plus temps de se mentir, plus temps de se cacher. S’il avait une chance, c’était maintenant et tant pis pour les conséquences. Aussi, sans feindre de ne pas comprendre le sens de la question, blotti contre Danny, Don répondit :
- J’avais peur.
Le scientifique s’éloigna de lui pour planter ses yeux dans les siens :
- Peur de quoi ?
- Peur de perdre ton amitié. Tu étais amoureux de Lindsay, tu t’es marié avec elle. Et puis il y a Lucy… Je n’avais pas le droit.
- J’aurais pourtant aimé que tu m’en parles.
- Qu’est-ce que ça aurait changé ?
- Je ne sais pas : rien peut-être, ou alors tout… On ne récrit pas le passé.
- Mais on peut choisir son futur.
- Oui… Grâce à Lindsay.
Magnifique Lindsay qui avait su lire entre les lignes, qui avait assez d’amour pour son époux pour se rendre compte qu’auprès d’elle il n’était pas aussi heureux qu’il aurait dû l’être. Courageuse Lindsay qui avait fait fi de ses propres sentiments pour donner une chance à celui qu’elle aimait de choisir. Chaleureuse Lindsay qui n’avait pas retiré son amitié à Don, celui pour lequel battait le cœur de l’homme qu’elle-même aimait.
Les mêmes pensées tournaient dans les têtes des deux hommes et puis elles disparurent tandis qu’ils se fixaient à nouveau, sachant que c’était leur moment, celui où tout pouvait enfin commencer :
- Je t’aime.
- Je t’aime.
Tout était dit.
FIN
Chanson d’Amel Bent