Reclassement du cadeau d'Yseult
Les personnages de cette fiction ne m'appartiennent pas. Ils sont issus de l'imagination d'Yseult.
Un Jour Mon Prince Viendra
- Pourquoi tu es triste oncle Josh ?
- C’est ton Namoureux qui n’a pas été gentil ?
- Je n’ai pas de Namoureux Pierrot. D’ailleurs on ne dit pas un Namoureux… on dit un amoureux.
Les deux bambins se mirent à rire.
- Quoi ?
- Tu as dit : on ne dit pas un namoureux on dit un namoureux !
- Non… Je…
Puis Josh se mit à rire aussi en s’apercevant du quiproquo. Comment expliquer à deux garçonnets d’à peine trois ans les subtilités des liaisons.
- J’aime bien quand tu ris, s’exclama Pierre.
- Moi aussi, renchérit son jumeau qui ne voulait pas être en reste.
- Moi aussi j’aime bien rire.
- Pourtant tu ne ris plus beaucoup.
- Tu crois ?
- J’en suis sûr. C’est maman qui le dit.
Josh maudit son aînée qui ne savait décidément pas surveiller sa langue. Puis il sourit dans la foulée : elle était peut-être le seul être au monde qui se soucie de lui. Il n’allait tout de même pas lui en vouloir de s’en faire. Il était vrai que depuis son retour de mission il n’était pas des plus gais.
- Alors… Tu nous parles de lui ?
- De qui ?
- De ton Namoureux…
- Il n’y a pas de Namoureux Juju.
Les deux enfants le fixèrent, penchèrent un peu la tête et il sourit de nouveau au sérieux de leurs frimousses si semblables. Puis Pierrot, le plus déluré des deux regarda son jumeau et lui dit :
- Tu le crois toi ?
- Nan… Je suis sûr qu’il a un Namoureux. D’ailleurs maman l’a dit…
Pierre se retourna vers son oncle :
- Alors… Tu vois…
Puis les deux bambins se hissèrent sur le canapé, entourant leur oncle de leurs petits bras :
- Allez… Raconte oncle Josh….
Joshua sentit son cœur se gonfler de bonheur et de tristesse à la fois. Le bonheur d’avoir ces deux petits bouts dans sa vie, la tristesse de n’avoir plus qu’eux. Dans leurs yeux de tout petits, il n’y avait aucun jugement quant à son homosexualité : tout était normal. Il avait un « namoureux » comme leur mère en avait eu un avant, qui était la cause de leur présence sur terre. Et ils savaient que les namoureux ne restaient pas toujours : la preuve, leur père s’était évanoui depuis bien longtemps dans la nature… A peine le temps d’apprendre que sa petite amie était enceinte de jumeaux qu’il s’était évaporé dans les airs !
Pour autant, il n’était pas question de tout dire à ces petits. D’abord parce que pourraient-ils comprendre de son désarroi, de son chagrin, de sa colère aussi ? Ensuite parce qu’il y avait des choses que dans son métier, il valait mieux qu’il garde pour lui seul. Bien sûr il avait tout dit à Rachel : comment faire autrement ? Mais elle, il savait qu’elle ne le trahirait pas.
Depuis la naissance des jumeaux c’était lui qui leur tenait lieu de père, tout en espérant qu’un jour ils en trouveraient un vrai, un qui serait heureux de s’occuper d’eux, de recevoir et surtout de leur rendre tout l’amour qu’ils étaient prêts à offrir. Ils le méritaient, et Rachel aussi méritait de rencontrer un homme qui ne serait pas un lâche.
Un peu comme lui d’ailleurs…
- Alors !!! On attend !
Ainsi rappelé à l’ordre, il regarda les deux enfants, assis droits comme la justice de chaque côté de lui, les bras croisés, et visiblement bien déterminés à savoir pourquoi leur oncle était si triste depuis son retour.
Alors il commença :
- Il était une fois un prince*...
- Et ce prince, c'était toi*...
- Non… Enfin… Oui… Si on veut… Mais vous me laissez raconter ou je me tais.
Les deux enfants se regardèrent, mirent leur doigt sur leurs lèvres, hochèrent la tête ensemble et se tournèrent vers Josh :
- On t’écoute oncle Josh.
- ...qui devint amoureux.
- Ah ! Tu as vu que tu étais namoureux, triompha Pierrot tandis que Julien demandait :
- Est-ce que ça était difficile ?
- Ce fut très facile, je t'assure.
On ne voyait que trop que le prince était charmant,
Que je ne pouvais aimer que lui.
- Alors il y avait deux princes dans l’histoire ?
- Oui, répliqua Josh, se maudissant de rendre les choses si confuses.
- Toi tu es le prince namoureux ?
- Oui.
- Et l’autre prince ?
- Était-il fort et beau ?
- Était-il grand, très grand ?
Très grand ? Non pas vraiment… Il revoyait Capy en train de courir près de lui, il réentendait son rire. Fort et beau ? Oh oui ! Beau comme seul peut l’être un prince de conte de fées.
- Il n'a pas son égal, dans le monde entier...
Pas d’égal non ! Ni dans le monde, ni surtout dans son cœur. Josh avait eu beau lutter de toutes ses forces, le combat était perdu d’avance. Comment avait-il pu être assez stupide pour s’éprendre de son prince ? Que pensait-il qu’il adviendrait d’une idylle entre lui et l’héritier du royaume ?
Mais les enfants n’avaient pas l’intention de le laisser s’absorber dans ses souvenirs :
- A-t-il dit qu'il t’aimait* ?
- T’a*-t-il volé un baiser ?
Etonné, Josh regarda Pierre :
- D’où tu connais cette expression toi ?
- L’autre jour maman nous a lu un livre. Je me souviens que le prince volait un baiser à la princesse. Même que Juju a cru qu’il était un voleur…
- Même pas vrai ! Et puis toi aussi d’abord ! protesta Julien.
- Et maman nous a expliqué. C’est joli… Alors… Dis… Ton Namoureux : il t’a volé un baiser ?
- Il est si merveilleux. Comment résister ?
Oh oui, il lui avait volé un baiser, et même plus encore, tellement plus ! Il se souvenait de leurs étreintes, de leurs caresses, de leurs soupirs, de leurs peaux qui s’unissaient, de leurs mains qui s’enlaçaient, de leurs souffles qui se conjuguaient, de leurs cœurs qui battaient à l’unisson.
- Et il est parti ton prince ?
- Oui. Il est reparti pour son pays.
- Il ne reviendra pas ?
- Peut-être un jour…
- Et ce sera comment ?
- Je ne sais pas Juju…
- Tu seras heureux ?
- Bien sûr !
- Alors raconte… Raconte oncle Josh !
Après tout, qu’avait-il à perdre à rêver un peu, à partager ce rêve avec deux des êtres qu’il aimait le plus au monde et à y croire, juste l’espace de quelques minutes ?
Un jour mon prince viendra
Un jour on s'aimera
Dans son château heureux s'en allant
Goûter le bonheur qui nous attend
Il voyait Capy… pardon… le prince Charles venir vers lui et sourire de ce sourire qui le faisait craquer. Il voyait sa main se tendre vers lui, courir sur sa joue, faire le tour de ses lèvres avant que sa bouche ne se pose sur la sienne.
Ensuite… Ensuite bien sûr ils devraient parler. Il faudrait qu’il lui explique combien il avait voulu lui dire qui il était vraiment, combien il avait tenté de résister, combien ça avait été dur pour lui de se laisser aimer en sachant que le secret dévoilé sonnerait sans doute le glas de leur amour.
Pourquoi Charles n’avait-il pas voulu comprendre ? Pourquoi lui n’avait-il pas eu le cran de lui révéler son identité ? Après tout, s’il avait mis cartes sur table dès le départ, ça n’aurait peut-être pas empêché le prince de l’aimer et au moins les choses auraient été claires. Mais dans ce cas, l’héritier n’aurait-il pas fui pour échapper à la surveillance de son chaperon ? Et s’il lui était alors arrivé quelque chose ?
« Arrête de te faire des films », se morigéna-t-il.
Revenir à la réalité, à cette réalité où il était seul, le cœur en miettes et sans autre espoir qu’un rêve qu’il construisait pour deux enfants aux grands yeux limpides.
Quand le printemps, un jour
Ranimera l'amour
Les oiseaux chanteront
Les cloches sonneront
L'union de nos coeurs, un jour
Puis soudain il sursauta : un homme venait d’entrer dans la pièce. Il se leva d’un bond, le cœur battant la chamade et le teint blafard :
- Vous ici votre altesse… Mais comment…
- Il fut un temps où tu m’appelais Capy, répondit le prince en s’avançant un peu plus sans répondre à la question.
- Qui vous a laissé entrer ?
- On m’a donné une clé.
« On ? »
- Rachel ? Mais… comment… Qu’est-ce que…
- Chut… Plus tard… Moi aussi je voudrais connaître la fin de l’histoire.
Josh passa du blanc au rouge en comprenant que le prince avait entendu son histoire. Mais avant qu’il puisse trouver quelque chose à dire, les deux enfants, qui s’étaient levés à l’entrée de l’inconnu, se placèrent devant lui, observant le nouveau venu avec attention :
- C’est toi le prince de Josh ? demanda Pierrot.
- C’est toi son Namoureux ? ajouta Juju.
Capy s’accroupit, sourit le plus naturellement possible aux jumeaux avant de répliquer :
- Oui… Je suis le prince namoureux de votre oncle Josh.
- C’est toi qui l’a rendu malheureux alors…, reprocha Pierre d’un ton accusateur.
- Oui… J’en suis désolé. Je ne voulais pas le rendre malheureux. Mais parfois, les namoureux se disputent.
- Ce n’est pas gentil, affirma Julien. Est-ce que tu n’es pas gentil ?
Charles leva son regard vers Joshua qui regardait la scène sans réussir à y croire vraiment. Puis il le rabaissa vers le petit garçon :
- Si… Je suis gentil mais parfois, les grandes personnes sont compliquées.
Le regard du petit Pierre allait alternativement de son oncle au prince puis il fixa ce dernier :
- Et maintenant, tu ne feras plus de peine à mon oncle Josh ?
- Non… Plus jamais…
- Tu vas être son namoureux alors ?
- S’il le veut bien, oui, je vais être son namoureux.
Pierre se tourna vers son oncle :
- Tu veux bien oncle Josh ? Il me plaît ton namoureux. Et il a dit qu’il ne serait plus fâché avec toi.
- Tu veux bien oncle Josh ?
La voix grave de Capy le fit frissonner et il regarda le prince, qui s’était relevé, s’avancer vers lui tout en répétant la phrase du petit garçon. Et soudain il fut dans ses bras, ses lèvres sur les siennes et il n’y eu plus de doutes, plus de questions. Oh, bien sûr, il faudrait qu’ils s’expliquent et rien sans doute ne serait simple, mais pour le moment, tout ce qui lui importait c’était de savoir que Capy l’aimait toujours et qu’ils étaient réunis.
- Encore un bisou ! Encore un !
Rougissant il s’arracha à l’étreinte de son amant et jeta un regard vers les deux petits garçons qui le regardaient en riant, pas du tout choqués de voir deux hommes s’embrasser :
- Les enfants, balbutia-t-il, en cherchant à échapper aux bras de son « namoureux ».
- Et bien quoi les enfants ? Dans toutes les histoires de princes il y a des petits nains serviables : nous on a trouvé les nôtres ! Et puisqu’ils veulent encore un bisou….
Et de nouveau le monde s’évanouit tandis que leurs bouches retrouvaient leurs goûts.
- Viens… On va jouer dans notre chambre…, murmura Pierre à son frère. Laissons-les se faire des bisous.
Et les deux petits lutins porte-bonheur s’éclipsèrent sans même que les deux hommes s’en aperçoivent. A ce moment précis, ils étaient seuls au monde sur une planète appelée « Amour ».
FIN
Chanson extraite de « Blanche Neige » de Walt Disney
Paroles françaises de Marcel Ventura et Alfred A. Fatio
Musique de Franck Churchill
*paroles originales : princesse et vous