Torchwood - Au coeur de la nuit - L'équipe - PG 13

Merci pour vos coms

Chapitre 4

Tosh leva les yeux et aperçut l’agent Jones. Ce dernier avait croisé Gwen et savait que la jeune femme allait interroger leur supérieur ; il ne voulait pas y être mêlé, de près ou de loin. Ianto n’ignorait pas que la Galloise avait une attirance pour leur chef, il fallait être aveugle pour ne pas le voir. Jack était un homme charmant qui aimait flirter. Cependant, l’agent Cooper était fiancé à Rhys Williams et l’immortel avait cessé son petit jeu de séduction lorsqu’il l’avait su, une autre personne occupant ses pensées.

La jeune femme entra sans que le capitaine lève les yeux du dossier qu’il lisait. Il avait senti son parfum envoutant et savait qui pénétrait dans son bureau. Il sourit, attendant la réaction de l’agent Cooper lorsqu’elle se rendrait compte qu’ils n’étaient pas seuls dans la pièce. Très vite, un grondement se fit entendre arrêtant les pas de Gwen. Elle fronça les sourcils, cherchant d’où provenaient ces sons. Un grognement plus fort la fit pencher la tête et elle aperçut l’origine du bruit sourd.

– Un chien, ici ? s’étonna-t-elle en avançant vers l’animal.
– C’est celui de la victime, précisa le leader en s’appuyant sur le dossier de son fauteuil.
– Il m’a l’air dangereux, lâcha-t-elle en reculant.

Le chien montra les crocs en quittant sa place. Jack se pencha et caressa la tête de l’animal qui remua la queue, ravi de l’attention qu’il lui portait.

– Tu vois, il est doux comme un agneau, fit le leader en se relevant.
– Si tu le dis ! répliqua la jeune femme. Je vais contacter la fourrière, ajouta-t-elle en prenant place sur la chaise près de la table de travail.
– Tu n’en feras rien. Il a un tatouage et probablement une puce d’identification.
– Tu ne vas quand même pas le garder.
– Je n’ai pas encore décidé de son sort.

La Galloise se retint de renchérir, comprenant qu’elle n’aurait pas gain de cause connaissant le caractère de l’homme du 51e siècle. Elle avait une autre question qui lui brûlait les lèvres. Après un regard vers la porte, elle se lança : que vas-tu faire pour Ianto ?

Jack la fixa quelques minutes, stupéfait par sa demande. Gwen avait cette manie de se mêler d’affaires ne la concernant pas. Il ne voulait plus de friction dans son équipe. Les relations entre membres étaient meilleures depuis que le médecin et l’ex-agent de police avaient mis fin à leur liaison.

– Il a assisté à la scène et devrait se confier…
– Ianto va bien, l’interrompit son supérieur.
– Tu es devin, maintenant, persifla-t-elle.
– S’il veut en parler, il sait où me trouver, répliqua le leader.
– Crois-tu être le mieux placé pour l’aider ?

Jack n’aimait pas la tournure que prenait cette conversation. Il ne souhaitait pas discuter de l’agent Jones avec elle ou tout autre membre de l’organisation. Gwen continuait à le fixer attendant sa réponse, persuadée qu’il se rendrait à son avis comme souvent cela avait été le cas au cours des derniers mois.

– Pourquoi ne le serais-je pas ? J’ai vu la créature…
– Et elle est encore en vie ! ironisa-t-elle.
– Je ne pouvais pas la neutraliser. Nous étions dans un quartier résidentiel et tes anciens collègues allaient débarquer. C’est étrange, je n’ai aperçu aucun membre des forces de l’ordre, ajouta-t-il, ils devaient avoir plus urgent à gérer !

La remarque du capitaine l’a fit soupirer. Elle savait que les rapports étaient tendus entre le dirigeant de Torchwood et le chef de district, son ancien patron.

– De quoi avait-elle l’air ? Comment pouvons-nous l’attraper ? Devons-nous prévenir UNIT ? Je…
– Chaque chose en son temps, la coupa-t-il, arrêtant ainsi son flot de questions. D’abord, nous cherchons où ce visiteur apparaît dans la cité, ensuite nous l’attirerons vers une zone déserte où nous pourrons l’appréhender sans faire d’autres victimes.
– Et comment comptes-tu la piéger ? Je te signale que cette créature est dangereuse, ses victimes ont toutes fini à la morgue.
– Je ne sais pas encore comment, mais je t’assure que nous l’arrêterons, d’une façon ou d’une autre !

L’agent Cooper savait qu’elle ne pourrait plus rien en tirer lorsque le capitaine croisait les bras sur sa poitrine, mettant ainsi un peu plus d’écart entre eux. En quelques semaines, leurs relations s’étaient peu à peu dégradées, ils ne restaient plus que des partenaires de travail. Elle avait bien vu que Jack évitait de rester seul avec elle le soir et cela la peinait. Elle regrettait leurs discussions et les moments passés ensemble au Hub.

Oubliés les fous rires, les allusions à peine voilées et les clins d’œil lorsque les autres membres n’étaient pas dans les parages. Gwen ne reconnaissait plus l’homme en face d’elle, celui qui la complimentait, qui effleurait sa main ou son cou dès qu’il en avait l’occasion, se mettant à sourire lorsqu’elle apparaissait dans son champ de vision.

L’attention du capitaine se porta sur l’agent qui distribuait les tasses de café s’attardant un instant auprès de l’informaticienne. Ianto leva les yeux et croisa le regard de son chef. Ce dernier le fixait intensément comme s’il était le plus beau joyau de la couronne britannique. Gwen observait la scène, ses doutes se confirmant sur l’identité de celui qui occupait les pensées de leur supérieur. La jeune femme soupira ; quoi qu’elle fasse, jamais Jack ne succomberait à son charme pourtant ensorcelant.

Être dévisagé de la sorte rendait le Gallois mal à l’aise. Il devait contrôler les battements de son cœur pour ne pas rougir comme un adolescent. Il laissa échapper un son indescriptible lorsque la main de Tosh frôla la sienne. Cette dernière était ravie, souhaitant un rapprochement entre le jeune homme et leur chef. L’agent Jones vit le sourire de l’informaticienne et fut déconcerté. Ses pensées étaient-elles si visibles ?

Ianto ne devait pas laisser son esprit vagabonder, surtout sur son lieu de travail. Il était très soucieux des conséquences qu’aurait un flirt trop poussé avec le leader. De plus, une liaison avec l’immortel fragiliserait sa relation de travail avec ce dernier. Il avait trop galéré pour détruire cette confiance si chèrement regagnée.

Quelle personne, saine d’esprit, pourrait tomber dans les filets de ce séducteur sans y perdre son âme ? Quel avenir pourrait-il avoir auprès d’un homme qui resterait jeune alors que lui, fatalement, vieillirait, enfin s’il avait la chance de ne pas rencontrer la grande faucheuse lors d’une mission, bien évidemment ? Et puis, qu’en tirerait-il ? Des moments de plaisir et sans doute le cœur brisé. La souffrance faisait partie de son quotidien et il pensait que c’était son châtiment pour ses actions passées. L’amour était un sentiment éphémère, une émotion qu’il ne croyait plus pouvoir ressentir de nouveau. Lisa avait embelli son existence avant que ces machines ne viennent lui ravir ce bonheur et il l’avait chérie jusqu’à la mort.

Jack se leva, mettant fin à sa conversation avec l’agent Cooper. Il traversa la zone rapidement et se planta devant Ianto. Le sourire ravageur qu'il lui adressa eut raison de ce dernier. Une main se posa sur son bras, sortant le Gallois de ses pensées.

– Peux-tu apporter du café en salle de conférence ? Nous devons discuter d’un plan pour capturer cette créature.
– Bien, Monsieur.
– Monsieur, répéta l’immortel, un brin amusé.

Son cœur battait si fort que le plus jeune pensait que l’organe allait transpercer sa poitrine. La paume du capitaine était si douce, si tendre qu’il en frémit de la tête aux pieds. Jack capta son trouble, il se mordit les lèvres pour ne pas lui voler un baiser. S’ils avaient été seuls, peut-être aurait-il agi, sans penser aux conséquences, mais ils avaient une affaire délicate sur les bras et il ne pouvait pas se laisser distraire par son envie, aussi pressante fût-elle.

Les autres membres emboîtèrent le pas du leader et se rendirent dans la pièce vitrée surplombant la zone centrale. Le Gallois se dirigea vers le coin cuisine pour préparer la boisson, puis il monta à l’étage, un plateau chargé entre les mains. Après avoir distribué les tasses chaudes, il prit place près du médecin à la grande surprise de ce dernier.

Le capitaine en fut tout aussi surpris, mais n’en laissa rien paraître. Il savait qu'il faisait de l’effet au Gallois : sa réaction en était la preuve. Plus tard, lorsque l’affaire serait classée, Jack avait l’intention de tenter sa chance et voir où ce flirt pourrait les mener. Tosh ajusta ses lunettes, consciente de la tension palpable entre les deux hommes.

Le dirigeant exposa les faits dans le plus grand silence, chacun suspendu à ses mots jusqu’à ce qu’il se taise, permettant à chaque agent de donner son opinion. Le débat dura un certain temps avant que la réunion prenne fin sur plus d’interrogations. Soucieux, les membres regagnèrent leurs postes de travail.

Comment allaient-ils pouvoir piéger cette créature sans mettre leur vie en danger ?

A suivre...

Chapitre 5

Le capitaine avait bien une idée, mais il hésitait à la mettre en œuvre conscient de l’impact que ses décisions avaient sur les membres de son unité. Mourir aspiré de son essence vitale par un être venu d’ailleurs n’était pas ce qu’il voulait, même s’il savait que son état ne serait pas permanent. Aurait-il le choix si l’un de ses agents était en danger ? Jack ne voulait pas y penser. Malgré tout, il savait que chaque mission était risquée, que le destin pouvait le priver d’une personne à qui il tenait vraiment.

Au fil du temps, il avait appris à connaître les membres de son équipe et à les apprécier. Chacun avait son caractère, son franc parlé et cela lui plaisait, même s’il ne leur avouait pour rien au monde. Il devait parfois garder des distances avec les hommes et femmes qui partageaient ces activités ô combien dangereuses ! Il était leur chef, celui qui devait prendre des décisions difficiles auxquelles sa fonction de leader ne laissait pas toujours le choix. Pourtant, il avait beaucoup de mal à résister à l’attrait du Gallois.

Jack ne savait pas quoi penser de ces sentiments qui l’assaillaient en présence de Jones. Il avait déjà eu des flirts, des aventures d’une nuit, mais aucun ne lui avait laissé cette impression. Il était attiré par l’homme secret qui ne laissait que rarement apercevoir sa vraie nature, cet homme courageux qui n’avait pas hésité à mettre sa vie en danger pour sa défunte fiancée, cet être ingénieux et compétent dans bien des domaines. Un agent qui avait de la valeur et qui avait mérité sa place, malgré ses erreurs de jugement.

Le capitaine retourna à son bureau et s’installa dans son fauteuil. Le chien se coucha à ses pieds, satisfait de retrouver sa place. Jack prit une grande inspiration avant d’allumer l’écran de la CCTV. Il parcourut les images de nuit stockées dans le serveur à la recherche de détails qui lui auraient échappé lors des précédentes visions. Il devait bien y avoir une trace de cette créature !

Gwen décrocha son téléphone et appela son ancien collègue Andy. Ce dernier lui divulgua les derniers renseignements récoltés sur l’affaire. Elle le remercia, lui promettant un déjeuner en ville prochainement. Tosh avait les yeux rivés sur son écran. Soudain, elle poussa un cri qui fit sursauter sa collègue.

– Que se passe-t-il ?
– Je pense avoir trouvé un indice, fit l’informaticienne en se ruant vers le bureau du leader.

L’agent Cooper lui emboîta le pas, intriguée par l’information qui mettait la Japonaise dans tous ses états. L’immortel leva les yeux vers la jeune femme.

– J’ai relu les dossiers des victimes, commença-t-elle, je pense avoir trouvé une piste.

Le capitaine appuya sur l’interphone et enjoignit au médecin de les retrouver dans son bureau. Gwen s’installa sur une chaise, à l’écart de la table de travail du leader, ne voulant pas attirer l’attention du chien qui s’y trouvait. L’animal ne broncha pas au grand étonnement de l’agent Cooper. Jack demanda également à Ianto de venir. Il ne fut pas surpris de le voir apparaître quelques instants après.

– Nous t’écoutons, Tosh.
– Nous savons que les victimes ont toutes été attaquées de nuit, alors que les lieux étaient déserts…
– Tu ne nous apprends rien, la coupa Gwen.

L’informaticienne lui lança un regard noir, excédée d’avoir été interrompue par sa collègue. Cette dernière se mordit la lèvre inférieure telle une enfant prise en faute. L’agent Jones jeta un coup d’œil à son supérieur, attendant la réaction du capitaine. Celle-ci tarda, comme si l’intéressé était ailleurs. Une idée venait de germer dans l’esprit de l’immortel et il se demandait si celle-ci valait le coup de risquer la sécurité de son équipe. Le docteur Harper incita du regard Tosh à poursuivre son analyse.

– J’ai fait un relevé topographique de la zone et j’ai remarqué que l’assaillant sévit dans un périmètre limité. Les corps ont tous été retrouvés dans un rayon de 5 km et toujours proches d’immeuble d’habitation comme si cette créature était attirée par les victimes.
– Ces attaques n’ont lieu que la nuit, demanda le capitaine.
– En effet, renchérit Tosh.

Le leader parut intrigué par cette information. La journée, les artères grouillaient de monde et aucune alerte n’avait été déclenchée, mais la nuit il n’en était pas de même. Il y avait plus de chance de croiser des Weevils dans les rues obscures de la cité que cette créature. De plus, la faille n’avait pas fait des siennes depuis plusieurs jours.

– Que savons-nous du dernier défunt, Owen ?

Ledit Owen se tourna vers l’immortel. Le médecin avait pu récupérer le dossier médical du corps reposant à l’infirmerie grâce à son identité. Il énuméra rapidement les éléments relevés, ne trouvant pas en quoi ces derniers pouvaient faire avancer l’enquête avant de stopper net, se traitant intérieurement d’idiot. Il quitta précipitamment, sous le regard surpris des autres membres, la pièce pour y revenir tout aussi vite.

– J’aurai dû le voir plus tôt, s’écria-t-il.
– Voir quoi ? s’impatienta le leader.
– La masse corporelle est identique…

Owen s’interrompit réalisant que ses vis-à-vis ne comprenaient pas où il voulait en venir. Il devait trouver un moyen pour que les agents suivent son raisonnement. Après quelques instants, il reprit son explication.

– C’est peut-être un hasard, mais les victimes, enfin pour ce qu’il en reste, ont une masse corporelle identique, alors que c’est scientifiquement impossible. Elles devaient avoir le même poids à quelques grammes près lorsqu’elles étaient de chair et d’os.
– Tu penses vraiment que c’est leur poids qui a en fait des proies ?

La question de Gwen fusa tel un éclair, surprenant le groupe agglutiné dans la pièce.

– Oui et non. Ce n’est pas comme si j’avais une boule magique, répliqua le médecin. Il aspire toute l’essence vitale de ses victimes et doit forcément dégager une odeur de putréfaction. Nous avons croisé plusieurs visiteurs ayant des déséquilibres hormonaux, mais celui-ci est différent, je n’ai aucun doute. Au regard des différentes autopsies réalisées, j’ai relevé des détails qui m’amènent à penser que cette créature a besoin d’une certaine quantité de fluides pour survivre.

– Tu en es certain ? interrogea le capitaine.
– Oui, néanmoins il faudrait que Jones confirme mon hypothèse. Après tout, il était présent lors de la dernière attaque.

Le jeune agent ne voyait pas comment il pouvait faire avancer l’enquête. De plus, il se sentait mal à l’aise d’être le point de mire des membres présents. Le médecin l’encouragea du regard, comprenant sans que son jeune collègue ait besoin de le dire, son embarras. Il est vrai que le Gallois prenait rarement la parole depuis les fâcheux évènements qui avaient conduit à sa mise à pied pour les avoir tous mis en danger.

– Tu as vu la créature avant qu’il s’en prenne à ton voisin ?
– Oui.
– As-tu senti quelque chose ?
– Comme ?
– Une forte odeur comme si tu étais tombé dans une bouche d’égout.

Le Gallois prit quelques instants pour réfléchir. Il avait bien senti un fort relent, mais habitué à côtoyer les bêtes à tête de loup, il n’y avait pas prêté plus attention à ce détail.

– Les émanations provenant de cet être étaient fortes, confirma-t-il.
– Cela nous mène où ? demanda le leader. Nous ne pouvons pas prévoir quand cette chose va frapper à nouveau. Les forces de police n’ont pas pu établir de correspondances entre les autres victimes, car elles n’ont pas pu découvrir leurs identités. Avoir accès à leurs données personnelles ne va pas être évident si nous n’avons pas de patronymes, poursuivit-il.
– C’est en effet un problème, renchérit le médecin.
– Nous avons un élément commun aux scènes de crime, déclara soudainement l’informaticienne. Je ne pensais pas que cela était important, mais après avoir entendu les conclusions d’Owen, cela ne peut pas être une coïncidence !

Tous se tournèrent vers l’agent Sato. Cette dernière réajusta ses lunettes et tapota sur le clavier devant elle. Après quelques secondes, elle releva la tête et afficha des données sur l’écran mural.

– Là, vous voyez, fit-elle.
– Voir quoi ? demanda Gwen qui ne comprenait pas où sa collègue voulait en venir.
– Sur les lieux de chaque cas, les relevés indiquent un taux élevé de liquide biologique. Au début, je n’avais pas fait le rapprochement, mais cet indice est présent sur chaque site.
– Comme si elle avait marqué son territoire, laissa échapper le Gallois.

Ses collègues levèrent les yeux vers lui, troublés par sa remarque. Tout laissait à penser que le visiteur était un prédateur et que quiconque croisait son chemin rendait l’âme dans l’instant. L’immortel porta son regard sur les dossiers posés devant lui. Il avait enfin une piste à exploiter…

A suivre…