Torchwood - Au coeur de la nuit - L'équipe - PG 13

Chapitre 6

Capturer la créature allait être plus compliqué que prévu et l’attirer dans un endroit désert encore plus. Ses apparitions la plaçaient uniquement dans des lieux habités. De plus, Jack ne pouvait pas prévoir la prochaine attaque, la zone de recherche étant trop vaste pour la couvrir alors qu’ils n’étaient que 5 membres.

– Owen, tu vas me faire une liste des déséquilibres hormonaux.
– En quoi cela va nous être utile ? Ce n’est pas comme si cette créature était humaine, répliqua le docteur Harper, intrigué.
– Je sais, mais nous savons quelles sont les substances que ce visiteur prélève sur ses victimes et c’est peut-être la seule piste qui nous permettra de le mettre hors état de nuire, à moins que tu te portes volontaire pour le guérir, renchérit le leader
– Certainement pas !
– Tosh, tu scannes le secteur autour de la zone, nous devons trouver son repère avant qu’il ne se mette en chasse.

Le médecin et l’informaticienne quittèrent la pièce. Jack se tourna vers la Galloise.

– Gwen, il nous faut le nombre exact d’habitants dans le périmètre de recherche.
– Je vais contacter un ami à la mairie, il me doit un service, fit-elle en sortant.

Le leader se tourna vers l’agent Jones qui n’avait pas dit un mot. Son silence cachait bien des pensées qu’il n’osait exprimer de vive voix. Sa fonction était de maintenir leur activité secrète en assurant la permanence à l’office de tourisme situé plusieurs centaines de mètres au-dessus du centre, et de s’occuper de l’intendance du Hub. Ianto n’accompagnait pas souvent l’équipe lors des missions d’interception et il était anxieux.

– Peux-tu préparer une autre tournée de café. Ensuite, retrouve-moi en salle de conférence.

Jack suivit du regard le Gallois pendant qu’il quittait la pièce. Après que ce dernier eut disparu de son champ de vision, il se leva et se posta devant la baie vitrée qui le séparait de la zone centrale. L’immortel ne comprenait pas pourquoi l’agent Jones restait en retrait alors que ses collègues étaient plus expansifs. Que fallait-il faire pour que Ianto s’ouvre davantage et s’intègre pleinement à l’équipe ?

Le capitaine voulait lui confier la sécurité de la base secrète, mais il devait en discuter avec les autres membres avant de rendre la promotion officielle, même s’il n’avait aucun doute sur leur approbation. Par ailleurs, il devait absolument former le jeune homme aux maniements des armes pour qu’il soit très vite opérationnel. Jack ne doutait pas de ses compétences, néanmoins il devait s’en assurer avant de le lâcher dans les rues de la cité. Le capitaine retourna s’asseoir et s’apprêtait à décrocher son téléphone lorsqu’il entendit un bruit de pas.

– Je dois me rendre en ville, lâcha Gwen en passant la tête dans l’embrasure de la porte.
– Tu as eu l’info ?
– Pas encore. Il doit bien y avoir des données que je pourrais récupérer sans toute cette paperasserie administrative, renchérit-elle.
– Fais au mieux et tiens-moi au courant s’il y a le moindre problème.
– OK, chef !

L’agent Cooper tourna les talons et traversa la roue de fer quelques instants plus tard. L’immortel passa son appel puis se rendit à la salle de conférence où l’attendait le Gallois. Ce dernier avait placé deux tasses sur la table et visionnait les bandes enregistrées sur le serveur. Il sursauta lorsqu’une main frôla son épaule.

– T’ai-je fait peur ?
– Pas du tout.

Jack n’était pas dupe, mais il ne releva pas. Se trouver si près de l’agent Jones le rendait également nerveux. Il ne savait comment s’y prendre avec son subordonné. Leurs relations de travail étaient meilleures depuis quelques semaines, même si Ianto ne parlait pas beaucoup. Il se confiait un peu à Tosh depuis leur périple dans ce village de cannibales. Une expédition qui avait mal tourné et qui s’était achevée par un bain de sang et beaucoup de sueurs froides. Le capitaine, très préoccupé par la blessure par arme à feu de Gwen, n’avait pas mesuré l’importance du traumatisme subi par le plus jeune. Depuis, il essayait par tous les moyens de lui redonner confiance.

– As-tu trouvé quelque chose ? demanda l’immortel en désignant les images affichées sur l’écran mural.
– Pas encore, pourtant il y a plusieurs caméras dans la zone, lâcha Ianto en tournant la tête vers son supérieur.
– Nous allons continuer à chercher, fit-il en s’installant près de l’agent Jones.

Jack saisit sa tasse et huma l’arôme avant de tremper ses lèvres dans la boisson chaude. Ianto fit de même et ils restèrent silencieux quelques minutes, le temps de déguster leur café. Plusieurs pensées traversaient l’esprit du plus jeune alors qu’il jetait des coups d’œil furtifs à son supérieur. Ce dernier regardait l’écran, ses yeux tentant de repérer un détail sur les images qui défilaient, le compteur égrainant les secondes lentement.

Son regard se porta vers le Gallois qui baissa les yeux rapidement, tel un enfant pris en flagrant délit et son visage prit une teinte rosée, virant au rouge, ce qui fit sourire l’immortel. Ce dernier devait résister pour ne pas effleurer la main de son subordonné, le lieu ne se prêtait pas à un rapprochement, la situation étant déjà assez compliquée. L’affaire devait retenir toute son attention pour pouvoir la résoudre sans faire plus de victimes.

– Il y en a pour un moment, annonça le capitaine.
– Il faut que j’ouvre l’office de tourisme, indiqua Ianto en regardant l’heure à sa montre.
– Nous allons laisser le bureau fermé aujourd’hui.

Le Gallois saisit le téléphone posé sur la table ovale et composa le numéro pour prévenir les services de la municipalité. L’immortel continua de visionner les bandes tout en écoutant l’agent Jones. Soudain, il fit un arrêt sur image, attendant que Ianto ait raccroché le combiné. Comment avait-il pu le rater ? Le Gallois fixait lui aussi l’écran, un frisson parcourut son corps lorsqu’il vit la silhouette de la créature qui avait attaqué son voisin. La représentation était à peine visible dans le halot lumineux, mais c’était bien le meurtrier entrant dans leur espace-temps, les deux hommes en étaient certains.

Jack regarda l’horaire et la date puis transmit les données à l’informaticienne avant de faire d’autres recherches. Il entra son code d’identification dans le serveur de l’institut, remonta quelques jours plus tôt et trouva l’information qu’il cherchait. Comment avaient-ils pu rater cette brèche ? Elle était certes infime, mais cela prouvait, sans l’ombre d’un doute, que le visiteur était d’un autre monde où le capitaine ne pourrait pas l’y renvoyer même s’il le voulait.

La distorsion du continuum espace-temps conduisait à d’autres univers et le retour sur Terre n’était pas garanti sans un vaisseau ou un manipulateur de vortex, ce dont le capitaine était dépourvu depuis que le Seigneur du Temps avait ôté cette fonction de son bracelet de cuir. L’immortel pourrait aussi jeter le visiteur dans un trou de ver, mais pour cela il devrait attendre qu’une singularité se forme et qu’elle soit stable le temps qu’ils parviennent jusqu’à elle, ce qui n’était pas gagné.

Le leader devait repérer ses déplacements grâce aux marquages que l’entité laissait sur son passage. Pour cela, il lui fallait encore visionner minutieusement plusieurs heures de bandes vidéo. Il n’avait pas vraiment besoin de la présence du Gallois, mais le savoir près de lui le réjouissait.

L’agent Sato avait affiché le réseau souterrain sur son écran et noté les cheminements du visiteur depuis son arrivée grâce aux marquages qu’il laissait sur son passage. Les zones à couvrir étaient importantes et les points de sortie des sous-sols peu nombreux. La présence de l’individu dans les égouts de la cité devait forcément pousser les Weevils à se déplacer, pensait-elle. Les bêtes à tête de loup étant des créatures nocturnes, l’organisation n’avait pas eu à intervenir depuis plusieurs semaines. Les capteurs placés dans les conduits étaient activés en permanence, pourtant il n’y avait pas plus de déplacement qu’en temps normal.

Le docteur Harper se rapprocha de sa collègue et prit place à ses côtés.

– Cet être doit bien se cacher quelque part, je doute qu’il se planque à la surface, fit-elle.
– Et pourquoi pas, après tout, son apparence n’est pas différente de la nôtre.
– Tu penses qu’il vit parmi nous, lâcha-t-elle effrayée.
– Je ne sais pas. Il sera difficile à appréhender, c’est pour cela que nous devons l’attirer vers une zone déserte.
– Tu n’y songes pas ! s’écria-t-elle en comprenant où voulait en venir le docteur Harper.
– Je suis persuadé que Jack y a déjà réfléchi, et même s’il ne…
– Il doit y avoir un autre moyen, le coupa-t-elle.
– Sa particularité fait de lui une proie idéale !
– Mais cela ne sera pas facile…

La jeune femme se tut, des larmes roulant sur ses joues. Elle avait vu le visage du Gallois se décomposer lors du dernier décès du capitaine. Ianto n’en parlait pas, mais elle savait qu’il en souffrait. La première fois que Jack avait été fauché par la mort, cela avait été un choc pour eux. Lors du retour à la vie du leader, ils avaient été déconcertés, puis soulagés quand le capitaine leur avait révélé la vérité sur son immortalité. Un bruit de pas détourna l’attention d’Owen. L’agent Jones quittait de la salle de conférence avec les tasses vides et se dirigeait vers la cuisine.

– Pour lui, finit-il.

L’informaticienne secoua la tête, essuyant ses yeux d’un revers de manche. Ils se tournèrent vers l’escalier qui menait à l’étage. Le capitaine se tenait sur le seuil de la salle. Son regard parcourait la zone comme si son esprit cherchait à s’imprégner de chaque détail du quartier général. Ils pressentaient que l’immortel avait pris sa décision et que l’agent Jones se doutait des projets du leader.

– Tu crois qu’il va…
– Y laisser sa vie, finit le docteur Harper. Ianto semble inquiet, je ne sais pas ce qui se passe entre ces deux-là, ajouta-t-il en observant son collègue qui sortait de la cuisine.

L’agent Jones restait silencieux comme à son habitude. Le médecin espérait que les décisions du capitaine ne plongeraient pas le plus jeune dans les abîmes qu’il venait de quitter.

A suivre…

Chapitre 7

Le Gallois avait déjà vécu l’enfer. Owen ne savait pas comment l’aider sans que Ianto s’enferme encore plus dans sa coquille. Le docteur Harper l’appréciait, même s’il ne le disait pas à haute voix. Il avait appris à le connaître depuis les derniers évènements qui avaient soudé les membres de l’équipe. Il était certain que leur supérieur avait à cœur le bien-être du jeune homme comme eux. La vie à Torchwood n’était pas un long fleuve tranquille et ils avaient affronté, ensemble, bien des épreuves pour la sauvegarde de la Terre.

– J’ai vu leurs regards, confia Tosh.
– Il faut être aveugle pour ne pas les voir.
– Tu crois qu’elle le sait.
– Gwen doit s’en douter, elle m’a posé des questions sur leurs relations.
– Et ?
– Je n’ai pas répondu, je ne veux pas me mêler de leurs histoires, gloussa le médecin.

La sirène de la roue de fer se déclencha et ils virent apparaître Gwen Cooper. Cette dernière était préoccupée par ce qu’elle avait appris, sans savoir ce que ses collègues avaient découvert de leur côté.

– Tu as du nouveau, demanda l’immortel.
– Il y a eu des disparitions inexpliquées dans cette zone. Je ne pense pas que cela soit un hasard, répliqua-t-elle.
– Combien ?
– Plus que les corps retrouvés et ce n’est pas une information que nous devons laisser fuiter, la presse n’est pas au courant. Le maire ne souhaite pas avoir des mouvements de panique parmi les habitants. J’ai réussi à le convaincre de ne pas alerter les militaires en lui assurant que nous pouvions résoudre cette affaire sans avoir de soldats patrouillant dans les rues de la cité.

La Galloise espérait que l’élu ne changerait pas d’avis avant qu’ils mettent un terme à cette affaire. Le capitaine descendit les marches et rejoignit ses subordonnés. Sa décision était prise et il devait l’annoncer aux membres de l’équipe. Il savait que les agents essaieraient de l’en dissuader, mais l’urgence de la situation ne lui en laissait pas le choix. Lui seul pouvait arrêter cette créature, même si pour cela...

***

– As-tu perdu la tête ? s’écria-t-elle.

Le capitaine avait annoncé sa décision aux agents et ils étaient soucieux des conséquences. Leur chef était face à un dilemme, ils en étaient conscients. La Galloise était sous le choc, elle ne pensait pas que l’immortel aurait mis sa vie en jeu dans cette affaire, pourtant elle savait que le leader n’avait pas d’autre alternative.

– Calme-toi, lâcha Owen, Jack sait ce qu’il fait.
– Et s’il se fait aspirer par cette chose, comment allons-nous l’éliminer…

Les mots s’arrêtèrent au bord de ses lèvres, des sanglots dans la gorge. Tosh se rapprocha d’elle, et lui tint la main, essayant de réconforter sa collègue du mieux qu’elle pouvait. Inquiète elle aussi des suites, elle avait confiance en les capacités du leader qui connaissait les enjeux d’une telle décision. Certes, il y avait un risque, mais cela pouvait marcher s’ils arrivaient à piéger la créature, le mécanisme ayant la capacité d’emprisonner le visiteur, le temps de trouver une solution.

– Es-tu sûr que cet artefact arrivera à le retenir ? L’as-tu déjà essayé ? interrogea Owen.
– Pas dans ce monde. Je sais que vous êtes inquiets, mais je ne peux pas laisser cette créature faire d’autres victimes.
– Comment fonctionne-t-il ? demanda Tosh.
– Je vais vous montrer.

Jack prit place devant le poste de travail de l’agent Sato, entra son code d’identification et ouvrit un dossier sécurisé. Une pierre en forme de triangle pas plus grande qu’un scanneur portable apparut à l’écran. Les membres se rapprochèrent et suivirent avec attention les explications de leur supérieur. Ils étaient stupéfaits devant une telle technologie qui n’existait pas dans leur siècle. Le petit dispositif créait un champ de force bleu autour de n'importe quel objet donné, agissant comme une cellule portable de prison. Cependant, le champ de force avait une durée de vie courte, sa batterie se déchargeant rapidement.

Plusieurs heures passèrent avant qu’une alarme retentisse dans la base secrète. Les appareils qui balayaient la zone avaient repéré les mouvements de l’alien aux premières lueurs de la nuit comme les agents s’y attendaient. L’informaticienne nota les coordonnées et se tourna vers le leader qui se tenait derrière elle. L’obscurité se faisait plus dense dans la cité, les habitants rentraient dans leur foyer ignorant du danger qu’ils courent à s’attarder dans les artères de la ville. La zone d’interception ne couvrait que quelques arpents et les membres de l’organisation réglèrent les derniers préparatifs avant de quitter le centre à bord du SUV.

L’anxiété était à son comble lorsqu’ils arrivèrent à destination. Jack retira son manteau militaire et enfila une combinaison étanche, puis il se tourna vers le médecin qui ouvrait une mallette remplie de fluides divers. Le leader, même s’il échouait, reviendrait parmi eux, pensait Owen. Au pire, ils auraient une scène à nettoyer et le moment était venu d’arrêter la créature assoiffée de chair.

– Tu me passes le flacon, fit Jack.
– Tu es certain qu’il n’existe pas une autre solution, tenta Gwen.

Le capitaine lui adressa un regard attendri, conscient de son émoi. Il savait que son choix terrifiait la Galloise, mais il ne pouvait pas faire autrement. Il devait appâter la créature pour qu’elle ne s’attaque pas à un autre humain. Son terrain de chasse était trop vaste pour que le leader hésite plus longtemps. L’agent Jones soupira plus fort qu’il le voulait, attirant l’attention de l’immortel. S’il l’avait pu, Jack aurait bien pris le plus jeune dans ses bras pour tenter d’apaiser ses craintes, mais le temps était compté, alors il n’en fit rien, espérant avoir bientôt un tête-à-tête avec son subordonné.

– Vous savez quoi faire, annonça-t-il en ouvrant le récipient.

L’odeur qui se répandit dans l’air fit grimacer les membres de l’organisation, les faisant reculer de quelques pas.

– C’est sûr que cela ne sent pas la rose, mais au moins ce visiteur ne pourra pas te rater, lâcha le docteur Harper. Tu t’imbibes de ce fluide et il sera attiré vers toi comme un aimant.
– Pendant ce temps, vous positionnez les capteurs pour confiner la zone, ajouta le capitaine en mettant des gants pour ne pas exposer sa peau au liquide visqueux.

L’informaticienne distribua les dispositifs aux agents, laissant la pierre au leader qui la glissa dans sa poche de combinaison.

– J’ai augmenté la puissance de la batterie, elle tiendra plus d’une heure avant que le mécanisme cède à la pression.
– Merci, Tosh.

Un grondement résonna dans les airs alors qu’un éclair déchirait le ciel subitement faisant craindre le pire aux agents qui n’avaient pas prévu les perturbations du temps dans leur plan. La pluie tomba peu après, rendant la mission plus périlleuse. Tout le monde se mit en place, laissant le capitaine seul au milieu de l’artère faiblement éclairée. Les gouttes d’eau coulaient le long de son visage et échouaient aux pieds de ses rangers, le rendant plus vulnérable aux yeux de ses compagnons.

Le visiteur avait flairé l’odeur des fluides humains, l’énergie qui lui permettait de rester en vie. Son besoin de chair était si fort qu’il se déplaçait vite, telle une ombre maléfique planant sur la ville. La pluie avait cessé, comme si le ciel leur laissait une chance d’accomplir la mission. L’intervention devait être une réussite s’ils voulaient arrêter cet être venu d’ailleurs.

Ianto avait le regard vissé sur Jack, espérant que son chef ait le temps d’enclencher le dispositif de confinement avant de se faire aspirer par la créature. Le jeune homme n’oubliait pas les images de la dernière attaque. Il se sentait impuissant face au visiteur qui fonçait maintenant droit sur le capitaine. La créature ralentit sentant la présence d’autres personnes dans le secteur avant de s’arrêter à quelques mètres de l’immortel.

Celui qui se trouvait en face d’elle dégageait une énergie si forte qu’elle pourrait s’en repaître durant des heures, voire des jours. L’homme ne bougeait pas alors que la transformation de l’alien aurait fait fuir un aveugle ! Sa bouche était ouverte, ses tentacules, désormais visibles, menaçaient leur proie qui ne cillait pas, se contentant de le fixer sans broncher. Le visiteur émit un grognement avant de s’élancer vers le capitaine tout en faisant apparaître ses mandibules.

Soudain, un halo entoura l’agresseur alors que le caillou prison retombait à ses pieds, déclenchant le mécanisme de confinement. Les membres s’approchèrent de l’assaillant privé de ses mouvements. Jack avait eu une fraction de seconde pour réagir et il était soulagé que le piège ait fonctionné, ne l’ayant jamais testé dans cet espace-temps.

– Et maintenant, que faisons-nous ? s’inquiéta Tosh.

Le leader ne pouvait pas libérer le visiteur, surtout sous cette forme et le laisser à la vue d’éventuels témoins était risqué. Il devait trouver un moyen de le neutraliser sans se faire aspirer par cet appendice en forme de bec de perroquet. Il ôta sa combinaison et la tendit à l’agent Jones qui la glissa dans un sac de déchets, prenant soin de ne pas imprégner ses vêtements de la substance fétide.

– Il faut l’endormir, c’est le seul moyen pour l’emmener hors de cette rue.
– Et comment comptes-tu t’y prendre ? S’inquiéta Gwen.
– Avec un puissant anesthésiant, répliqua Owen en fouillant dans sa mallette à la recherche de la substance.

Le médecin n’avait pas prévu d’endormir le visiteur, mais étant donné les créatures auxquelles ils étaient confrontés quotidiennement, le docteur Harper avait toujours de la Kétamine avec lui au cas où il aurait à s’en servir.

– Qui va le lui administrer ?

Tous se tournèrent vers l’agent Jones. Le capitaine lui sourit, repensant à la capture de Myfawny, le ptérodactyle qu’ils avaient attrapé dans l’entrepôt où il s’était réfugié après avoir traversé la faille. L’agent Jones se remémorait également cette nuit où il avait réussi à capter l’attention du leader après des jours à essayer de le convaincre de l’embaucher à l’institut de Cardiff.

– On tire à la courte paille, annonça l’immortel.
– T’es sérieux ? s’inquiéta Gwen en reculant de quelques pas.

A suivre…

Chapitre 8

Un éclat de rire s’éleva suivi d’autres avant que le capitaine saisisse la seringue que lui tendait le docteur Harper. Même Tosh ne put masquer son hilarité après la remarque de sa collègue.

– Crétin, gronda-t-elle en tapant sur l’épaule de son supérieur, contrariée d’être la risée du groupe.
– Doucement, répliqua Jack, nous n’avons droit qu’à un seul essai.

La créature avait arrêté de se débattre et reprenait une forme humaine lorsque l’agent Sato désactiva le champ de force de la cellule de confinement. L’immortel en profita pour injecter le produit dans le bras du visiteur qui poussa un grognement à réveiller les morts, des fluides s’écoulant de son corps lentement. L’effet fut immédiat et l’individu tomba lourdement par terre. Owen ne connaissait pas les effets de l’anesthésiant sur l’assaillant, il espérait juste que ce dernier ne reprendrait pas connaissance avant qu’ils aient trouvé une solution.

– Et maintenant, que fait-on ? demanda-t-il.
– On l’embarque, répliqua Jack.
– Es-tu certain qu’il ne se réveillera pas ?

Gwen n’était pas tranquille, elle ne voulait pas courir le risque que la créature s’en prenne à l’un d’eux sur le chemin du retour.

– Il est inconscient, nous avons largement le temps de le ramener à la base, lâcha Owen.
– Allons-y, avant que quelqu’un débarque, annonça l’immortel.

L’agent Jones et le médecin chargèrent le corps inerte enveloppé dans une bâche dans le coffre du SUV puis ils rejoignirent les autres membres de l’organisation qui les attendait à son bord. Le trafic étant fluide à cette heure de la nuit, ils arrivèrent rapidement devant l’entrée souterraine. Le véhicule se glissa dans le tunnel et parcourut quelques mètres avant de stopper près d’une plate forme.

Ianto alla chercher un transbordeur pour le prisonnier toujours inconscient. La créature fut transférée dans une cellule protégée par un champ de force où le docteur Harper lui administra une autre dose de tranquillisant, le temps de décider de son sort.

– Comment vas-tu l’éliminer ? demanda Gwen
– Je ne vais pas l’exterminer, lâcha le capitaine.
– Tu vas le laisser en vie !
– Je sais que c’est un prédateur, mais l’abattre n’est pas la solution, répliqua le leader.
– Et pour les victimes ?
– Nous avons mis cette créature hors état de nuire, elle ne pourra plus s’en prendre aux humains, renchérit l’immortel avant de quitter la zone de détention laissant ses subordonnés songeurs.

Les membres restèrent silencieux quelques minutes, le temps de digérer l’information. Tosh et Gwen retournèrent à leur poste de travail. Le Gallois commença à remplir une fiche de renseignements notant les caractéristiques du prisonnier, pendant que le docteur Harper examinait la créature endormie. Ianto ne savait pas comment la nommer n’ayant jamais croisé un tel être auparavant.

– Qu’en penses-tu ? demanda le médecin.

Ianto leva les yeux du document. Il était également étonné de la résolution prise par l’immortel.

– Le capitaine doit avoir une raison, lâcha-t-il.
– J’espère que ce sera la bonne, répliqua Owen.

Ils ne pouvaient pas garder l’alien à l’institut même sous bonne garde, car c'était trop dangereux pour ceux qui seraient en contact avec lui. La seule alternative du capitaine était de faire appel au Seigneur du Temps. Il venait de contacter le docteur Jones qui était en relation avec l’homme de Gallifrey.

Gwen n’arrivait pas à accepter la décision du leader. Dès que ses collègues revinrent en zone centrale, ils se rendirent au bureau du leader. Jack croisa les bras, se renfonçant dans son fauteuil.

– Cette créature se nourrit de fluides humains ! attaqua l’agent Cooper
– Je sais, répliqua le capitaine, mais c’est une forme de vie qui ne représente plus un danger. Nous ne savons rien d’elle et je ne peux, en toute conscience, l’éliminer sans savoir ce qu’elle est. J’ai contacté Martha, ils ne vont pas tarder.
– L’UNIT va se pointer ! fit Gwen surprise.

L’immortel ne répondit pas, se contentant de sourire en entendant le son distinctif du TARDIS qui se matérialisa soudainement dans la zone centrale. Il se leva et alla à la rencontre des visiteurs. Les membres lui emboitèrent le pas et découvrirent enfin la fameuse cabine téléphonique de police bleue.

– Martha, toujours aussi resplendissante, déclara le capitaine en l’enlaçant.
– Jack, tu n’as pas changé, gloussa la jeune femme.

Le leader la relâcha puis s’approcha du Seigneur du Temps qui le fixait, permettant aux agents de saluer le docteur Jones.

– Doc.
– Bonjour Captain.

Ledit Jack attira vers lui l’homme de Gallifrey l’enlaçant à son tour. L’agent Jones avait entendu des histoires sur le Docteur, il assistait aux retrouvailles entre son supérieur et le Seigneur du Temps. Gwen se rapprocha de son collègue.

– Ils sont complices, souffla-t-elle.
– Ils sont amis depuis longtemps.
– Si tu le dis !

Le Gallois ne renchérit pas, il savait au fond de lui que les deux hommes n’étaient pas que de simples amis. Il ne se faisait pas d’illusions, le capitaine Harkness avait eu une longue vie et de nombreuses liaisons. Les autres membres se rapprochèrent du Docteur pour le saluer tandis que l’agent Jones resta en retrait et observait l’assemblée.

– Où se trouve-t-il ? demanda le Seigneur du Temps.
– En cellule confinée, répondit l’immortel.
– Qu’allez-vous en faire ?

L’homme de Gallifrey ressentait les inquiétudes bien légitimes des agents, lui-même en avait après avoir appris du docteur Jones les méfaits de la créature.

– Je dois l’examiner.
– Je vous accompagne.

Jack escorta le visiteur vers la zone de détention suivi du docteur Harper tandis que les femmes s’installèrent sur le canapé où le Gallois leur servit une tasse de café. Ianto prit place à côté d’elles en attendant le retour du leader. Ce dernier déverrouilla la cellule, permettant au Docteur de pénétrer dans le cachot.

– Il semble paisible, fit Owen.
– Il ne l’est pas, annonça le Seigneur du Temps en scannant le prisonnier avec son tournevis sonique.
– Connaissez-vous cette créature ? demanda Jack.
– C’est un alien mangeur d'hommes qui rôde sous l'apparence d'un humain. Un être hybride, constitué de chair, de fluides et de larves, finit-il en se tournant vers le capitaine.

Le Docteur était soucieux, pensant que ces êtres avaient été éradiqués depuis des décennies. Sa présence à Cardiff prouvait que ce parasite était un survivant et il espérait que c’était le seul rescapé de son espèce.

– Que proposez-vous ? demanda l’immortel.
– Je vais l’emmener loin d’ici, répliqua le Seigneur du Temps
– Bien, renchérit le docteur Harper qui n’avait pas envie de s’attarder plus auprès du prédateur.

L’homme de Gallifrey devait transférer le détenu sur un monde dépourvu d’animaux de chair et de sang sans attendre. Après en avoir discuté avec le capitaine et le médecin, la créature fut placée dans un caisson cryogénique et transportée dans une chambre du TARDIS. Le pilote et le docteur Jones s’en allèrent peu après.

Les agents retournèrent à leur poste pour remplir leur rapport de mission. Ils étaient soulagés d’avoir résolu l’affaire même si le danger que d’autres rescapés traversent la faille était grand. Le capitaine recueillit les documents, les signa avant de les ranger dans son tiroir. Le chien couché sous le bureau se manifesta, attirant son attention.

– Que vas-tu faire de lui ?

Jack leva les yeux vers la jeune femme postée au seuil de la pièce.

– Je vais le garder, il semble se plaire ici.
– C’est une bonne idée.

L’agent Sato sourit et tourna les talons. Elle comprenait que le capitaine puisse vouloir de la compagnie car il restait seul le soir dans cette immense base alors qu’eux rentraient dans leur appartement loin de cet institut et de ses pensionnaires.

– Je boirai bien un coup, lâcha Owen.
– Moi aussi, répliqua Gwen, vous venez, ajouta-t-elle en direction des autres membres.
– Je vous suis, fit Tosh.

L’informaticienne enfila sa veste et éteignit sa session, le médecin était déjà près de la roue de fer attendant ses collègues. Il fut rejoint par l’agent Cooper et l’immortel. Ce dernier se tourna vers le Gallois qui ramassait les tasses vides.

– Tu rangeras plus tard, Ianto, viens !

Ledit Ianto ne se fit pas prier pour le plus grand bonheur de son supérieur qui comptait bien en savoir plus sur son subordonné. Quoi de mieux qu’un rassemblement autour d’un verre pour délier les langues ! Ils sortirent de l’Office de Tourisme quelques minutes plus tard et se dirigèrent vers le centre-ville à la recherche du premier pub ouvert.

Une fois à l’intérieur de l’établissement, Owen alla commander les boissons tandis que les autres s’installèrent dans un box à l’écart. L’ambiance était détendue et tous oublièrent l’espace que quelques heures la dernière intervention. Jack fut agréablement surpris de l’entente entre les agents et ils passèrent une bonne soirée à relater les différents incidents auxquels ils avaient été confrontés durant leurs missions.

Après une promenade au clair de lune le long de la baie de Cardiff, ils se quittèrent au cœur de la nuit.

Fin