The night shift - Sans regret - Nick/Drew - G

Reclassement de l'anniversaire de Natasia

Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Gabe Sachs & Jeff Judah. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
 
 
 
Drew regardait le ciel bleu au-dessus de sa tête, ce ciel implacable, sans un nuage qu’aucune brise ne pousserait. Il passa sa langue sur ses lèvres craquelées et se dit qu’il devrait bouger, se relever et aller plus loin, marcher encore s’il voulait vivre. Mais il n’en avait plus la force.

A perte de vue il n’y avait que le sable, le sable et encore le sable. Le sable et ce soleil de plomb. Il ne pourrait jamais plus voir le soleil, c’était terminé ! S’il s’en sortait, il irait s’exiler quelque part en Alaska, là où le soleil ne le brûlerait plus jamais.

S’il s’en sortait…

Une toux rauque le saisit et un peu de sang coula à la commissure de ses lèvres. Il était le dernier, le seul qui restait.

Ca n’aurait pas dû se passer comme ça, non, ça n’aurait pas dû. Et à cet instant précis, au lieu de penser à survivre, au lieu de penser à ceux qui étaient tombés, au lieu de penser que c’était désormais son tour, la seule chose à laquelle il pensait c’était à Rick et à sa foutue incapacité de dire les choses !

Lorsqu’il était parti, ils n’avaient pas encore complètement repris leur vie commune. Trop de non dits les séparaient. Lui marchait encore sur des œufs quant à ce qu’il pouvait aborder ou non avec son amant : l’amputation, la rééducation, leur séparation, leurs retrouvailles… Il ne savait pas vraiment où il en était, il ne savait pas vraiment s’ils auraient la force de s’en sortir.

Bien sûr il avait fait son coming-out, y compris devant les médias, bien sûr Rick était revenu vers lui dès qu’il l’avait su en difficultés, mais tant de choses entre eux restait encore sans réponse.
 
 
Il avait toujours pensé qu’ils auraient le temps. Que le moment viendrait où ils pourraient aborder tous les sujets qui fâchent sans se fâcher pour autant. Il parlerait librement à Rick de son ressenti quant à son handicap, son incapacité à retourner au front, la nécessité de se réorienter, de trouver une autre passion. Il saurait entendre les reproches de son amour si celui-ci voulait lui en faire pour n’avoir pas tenu sa promesse de sauver sa jambe, pour avoir mis tellement de temps à se dévoiler devant les autres.

Il ne voulait pas être le médecin gay de service, il ne voulait pas que des abrutis d’homophobes refusent d’être soignés par lui, il ne voulait pas qu’on chuchote dans son dos. Il voulait simplement être lui, vivre sa vie pleinement auprès de celui qu’il aimait, sans plus ni moins de regards sur lui que n’importe quel autre couple.
Alors il n’osait pas se dévoiler.

Les mois passés loin de Rick l’avaient changé. Il savait qu’il l’aimait mais il n’était pas sûr d’avoir assez de force pour se battre au quotidien pour tout et n’importe quoi. Rick rêvait d’être à nouveau admis dans une unité active et lui n’était pas prêt à la voir repartir, si tant était que l’armée lui donne son feu vert.

Trop de choses à gérer, trop peu de temps…

Et d’un seul coup le destin qui vient frapper à votre porte et vous signifie que votre temps est écoulé. C’est alors que les choses importantes prennent leur vraie place.
 
 
Cette mission, il ne l’avait pas choisie. Il avait su, dès qu’il avait signé son contrat, que c’était possible, qu’on pouvait à tout moment l’arracher à son hôpital pour l’envoyer en mission. Il avait toujours pensé qu’il aurait le temps de le voir venir, qu’il pourrait s’y préparer.

Et puis il s’était retrouvé sur le terrain, seul, sans T.C., sans Topher, sans Jordan et sans Krista. Il avait dû prendre ses décisions, mettre en œuvre tout ce qu’il avait appris. Il avait sauvé des vies, perdu des soldats, il était devenu un autre, un de ceux qu’on est fier de côtoyer. Il aurait aimé que Rick soit là pour le voir.

Mais Rick était resté à Los Angeles et il était seul, perdu au milieu du désert après que toute son unité ait été anéantie par un tir de rocket venu d’il ne savait où. Les trois blessés qu’ils transportaient étaient morts sur le coup, finalement c’étaient peut-être eux les mieux lotis. Le conducteur et le radio avaient agonisé durant deux jours sans qu’il puisse rien faire pour les extraire de leur prison d’acier. Son infirmier et son collègue avaient survécu quelques heures de plus au prix de terribles souffrances.

Et lui il était là… Seul au milieu de cette immensité, desséché par la soif, le visage rongé par le sable, les yeux brouillés par la réverbération. Il avait marché longtemps, cherchant un salut qui ne viendrait pas.

Et là… Il voulait simplement penser à Rick parce que c’était lui qui l’avait soutenu durant ces jours, lui qui tenait sa main, lui qui guidait ses pas, lui qui lui fermerait bientôt les yeux.
 
 
Il avait marché longtemps puis il était tombé, à bout de forces, à bout d’espoir. Il n’y avait plus rien qu’il puisse faire, plus rien qui puisse le sauver.

Il avait marché des jours, s’abritant aux heures les plus chaudes, s’obligeant à avancer dans la nuit glaciale, malgré la fatigue, malgré sa jambe qui lui faisait de plus en plus mal. Est-ce que lui aussi allait devoir être amputé ? Ah ils feraient un beau couple tous les deux, chacun avec sa jambe en moins ! Avec deux jambes pour deux, va-t-on plus loin sur le chemin ? Emprunte-t-on plus facilement la même voie ?

De toute façon il s’en foutait de cette jambe. Ce n’était pas le pire de ses soucis. La soif le tuerait avant la gangrène. Jusque là il avait survécu grâce à la réserve d’eau du camion. A se demander quel dieu facétieux ou cruel avait tué sept hommes mais laissé intact les deux bidons de 75 litres placés sur le toit ! Le premier lui avait permis de maintenir en vie les quatre survivants, du second il avait soutiré cinq gourdes pleines avant de partir pour ce voyage sans retour, abandonnant au désert les corps de ses camarades de combat.

Il avait fini la dernière gourde la veille, à moins que ce ne soit le jour d’avant. Il ne savait plus. Il ignorait désormais depuis combien de jours il était là, perdu au milieu de nulle part. Il aurait sans doute mieux fait de rester auprès de leur véhicule. C’était ce qu’on leur apprenait pourtant ! A quoi est-ce qu’il pensait ? A la pestilence des corps qui commençaient à se décomposer ? A l’horrible agonie de ses camardes ? Se pensait-il plus fort que n’importe qui, capable de vaincre le désert ?

Ou n’avait-il pensé qu’à Rick, qu’au chagrin qu’il aurait à le savoir tombé ? Rick…
 
 
- Drew… Drew… Je suis là… Tiens bon… Tu vas t’en sortir.

Il ne voulait pas ouvrir les yeux. Il voulait juste se laisser couler et dormir… dormir et ne plus se réveiller. Mais cette voix qui l’appelait, qui le suppliait, qui le commandait :

- Drew ! Regarde-moi ! Je suis là ! Regarde-moi ! Dis-moi quelque chose !

Alors il s’efforça de soulever ses paupières d’une tonne chacune et, incrédule, il fixa le visage de Rick penché sur lui. Ca y était, c’était la fin, il délirait, voyant dans son dernier soupir celui qu’il aimait.

- Non ! Ne te rendors pas ! Tiens bon ! On va te sortir de là !

Il y avait la voix de T.C., celle de Topher aussi. Mais que foutaient-ils tous là, au milieu de ce putain de désert ? Il aurait aimé leur demander mais il n’avait plus de voix. Et puis il y eu ce liquide salvateur dans sa gorge. Il en voulait encore et encore.

- Non… Ca suffit. Plus tard.

Il aurait aimé protester, il n’en avait pas la force.

Plus tard, revenu à Los Angeles, il apprendrait comment ils s’étaient lancés à sa recherche dès que la nouvelle de la disparition de son unité leur était parvenue. Rick avait fait des pieds et de mains pour être admis sur le terrain, il avait fait joué toutes ses relations, assiégé son ancien général qui lui devait une faveur, T.C. et Topher s’étaient portés volontaires.

Plus tard il apprendrait qu’ils avaient retrouvé son équipe et quel avait été le désespoir de son amour lorsqu’il ne l’avait pas retrouvé, lui, leur quête insensée dans l’immensité brûlante et la main du destin qui les avait guidés dans la bonne direction.

Plus tard il poserait les questions, il entendrait les réponses, mais à cet instant précis, tout ce qu’il savait c’est que Rick était là, près de lui et qu’il pouvait mourir en paix.

- Je t’aime…, parvint-il à murmurer d’une voix rauque.

Dans un sanglot, Rick répondit :

- Je t’aime aussi. Alors ne me refais plus jamais une peur pareille.

Drew referma les yeux. Plus tard… Pour l’instant tout était dit.
 

Merci beaucoup Homer!

Houla tu as des actions dans les mouchoirs?

Ce texte est magnifique, tu nous prends dans tes filets et on ne peut en sortir qu'à la fin. Bravo, ta plume est une plume d'or

Que de compliments! Je suis touchée! Une plume en or? Faudrait que je pense à la vendre... je suis un peu ric-rac en ce moment... 
Sincèrement, un grand merci à toi!

très beau

Merci beaucoup!  
Et tu n'oublieras pas, le temps venu, d'embrasser Pandi, son homme et ses filles de ma part!

Je connais pas la série, alors j'ai commencé par m'y intéresser, comprendre un petit peu qui est qui et hop je lis ton texte, c'est splendide.

Merci beaucoup Choupy.  
Ce n'est sans doute pas la série du siècle, mais elle se laisse regarder, et surtout le couple gay Drew/Rick est très attachant. Ce n'est pas si souvent qu'on nous présente un couple gay qui ne soit pas composé de deux folles finies et, en l'occurrence, dont chaque membre exerce une profession que les imbéciles n'imaginent pas à leur portée... Juste dommage que finalement on les voit si peu.

Oui quand j'ai lu le pitch, j'étais surprise des descriptions et de la profession, surprise en bien.