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Zodiaque : Signe Chinois : Messages : 18922 Date d'inscription : 20/06/2009 Age : 62 Localisation : Normandie
Sujet: [Numb3rs] - Cauchemar - ??? - PG13 Dim 21 Juin 2009 - 1:28
Toute première fiction inspirée de Numb3rs que j'ai écrite. Je préfère mettre un PG-13 eu égard à certaines scènes difficiles.
Préambule :
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sontla propriété exclusive de : Cheryl Heuton & Nicolas Falacci. Jene tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction. Personnages : Don - Charlie - Alan - L'équipe
Genre : Angst - Hurt - Comfort
Résumé : Don est enlevé pour faire pression sur Charlie.
CAUCHEMAR
Prologue
Quelque part dans Los Angeles
Il commençait à ne plus rien sentir. La douleur avait disparu et même le froid s’atténuait.
Quelques heures plus tôt, il souffrait terriblement : ses poignets, tordus dans le dos, entamés par le métal des menottes, et ses chevilles, dans lesquelles la cordelette de nylon mordait cruellement, le taraudaient. Son épaule gauche, vraisemblablement démise, le lançait douloureusement à chacun de ses gestes et la souffrance provoquée par sa blessure à la tempe et les lacérations de ses jambes ne lui laissait pas de répit.
Le bâillon, sauvagement serré, lui blessait la commissure des lèvres et il sentait le goût du sang dans sa bouche. Ils lui avaient pris sa veste, ses chaussures et ses chaussettes, le laissant vêtu d’une simple chemise de coton et de son jean qui ne lui étaient pas d’une très grande protection contre le froid qui augmentait d’heure en heure s’insinuait dans tout son être, le mordait, le fouaillait, le tenaillait, sans qu’il puisse rien faire pour y échapper.
Il n’aurait jamais cru possible qu’on puisse autant souffrir : l’impression qu’on lui plantait mille aiguilles sous la peau. Son ventre était tordu par des spasmes terribles. Il aurait tout donné pour sombrer dans l’inconscience, mais cela même lui était refusé. Depuis combien de temps ce calvaire durait-il ? Il avait totalement perdu la notion du temps. Il avait l’impression d’être étendu là, sur ce sol glacial, depuis des jours et des jours. Il restait assez lucide cependant pour comprendre que, vraisemblablement, il ne s’était guère écoulé plus de quarante-huit ou soixante-douze heures depuis son enlèvement.
Au départ, il avait géré la souffrance. La température était fraîche, mais presque agréable finalement par rapport à la canicule extérieure. La douleur provoquée par sa blessure à la tempe était supportable et seule son épaule lui envoyait de longues ondes de souffrances durant lesquelles il serrait les dents, attendant qu’elles passent.
Et puis, petit à petit, les autres douleurs s’étaient ajoutées : les menottes, la corde, le sang qui n’irriguait plus assez ses mains et ses pieds qui s’étaient mis à le torturer, les coups reçus qui avaient aggravé son état, les élancements de son épaule qui ne lui laissaient plus de répit et surtout le froid, augmentant à mesure que le temps passait.
La soif enfin s’était mise de la partie : depuis sa capture on ne lui avait donné ni à manger ni à boire. Sa bouche, desséchée déjà par le bâillon, lui donnait l’impression d’être remplie d’étoupe. Et puis il lui semblait respirer de plus en plus difficilement aussi : avaient-ils coupé l’arrivée d’air ? Il avait essayé de bouger, de se rouler par terre, malgré ses liens, pour tenter de conserver une certaine température corporelle. Mais il avait dû y renoncer à cause de la souffrance que le mouvement engendrait à son épaule. Il savait pourtant que l’immobilité c’était la mort, mais il n’avait plus la force de lutter.
Maintenant, il se sentait bien : la douleur et le froid avaient disparu. Son cerveau s’apaisait : il lui semblait qu’il s’assoupissait. Quelque part en lui, une petite lueur de conscience essayait bien de lui faire comprendre qu’il devait se battre encore, que s’il s’endormait il ne se réveillerait pas, mais il n’avait plus le courage de l’écouter. Il savait qu’il abandonnait, il savait qu’il n’en avait pas le droit mais il n’y pouvait rien ; il était allé au-delà de ses forces, au-delà de sa volonté et il n’avait plus qu’une envie : dormir et tout oublier.
Avant de sombrer dans l’inconscience il murmura : « Désolé, papa, Charlie. Je suis désolé, j’ai essayé, mais je n’en peux plus ! ».
Dernière édition par Cissy le Mar 2 Nov 2010 - 15:59, édité 1 fois
Cissy Moderatrice générale
Zodiaque : Signe Chinois : Messages : 18922 Date d'inscription : 20/06/2009 Age : 62 Localisation : Normandie
Sujet: Cauchemar - Chapitre I Dim 21 Juin 2009 - 17:20
CHAPITRE 1
Siège du F.B.I.
« Et bien, voilà encore une affaire bouclée !
- Et sans l’aide de Charlie, une fois de plus.
- Dieu sait pourtant qu’il nous aurait été utile.
- Ça c’est sûr : on aurait pu gagner beaucoup de temps.
- C’est bon les gars ! Vous savez bien que depuis qu’il a perdu son accréditation, Charlie ne veut plus travailler pour le F. B. I.
- Il ne travaillait pas pour le F.B.I mais pour toi plutôt, non ?
- Justement, je ne me sens pas le droit de l’obliger à s’impliquer s’il n’y tient pas. Il a des choses bien plus importantes et passionnantes à faire à l’université. D’ailleurs, on ne m’ôtera pas de l’idée qu’il a, plus ou moins consciemment, perdu son accréditation à cause de ça aussi.
- Bon, de toute façon, c’est ton frère. C’est toi qui décides.
- Sans compter que tu es le patron.
- Exactement : je suis le patron, c’est mon frère, c’est moi qui décide. Et d’ailleurs, on s’en est plutôt bien tiré, cette fois encore non ?
- Bien sûr. »
Les agents Eppes, Sinclair et Granger finissaient de ramasser les éléments du dossier qu’ils venaient de boucler : une sombre affaire de blanchiment d’argent doublée de manœuvres d’intimidation dont ils avaient enfin démêlé toutes les ficelles. Alors que Granger emportait le carton contenant les pièces rassemblées, David interrogea son chef et ami :
« Tu ne comptes vraiment plus jamais faire appel à Charlie ?
- Ecoute, je ne sais pas. On verra… Il est sûr que si la situation l’exigeait, je ferai sans doute appel à lui. Mais les choses sont plus compliquées maintenant qu’il n’est plus accrédité.
- On n’est pas non plus obligé de lui fournir des éléments top secrets. Le plus souvent, ses analyses peuvent se réaliser avec juste les éléments de l’enquête et ceux-ci ne sont pas si souvent en rapport avec la sécurité nationale.
- De toute façon, l’attitude de Charlie était dictée par sa logique et son empathie envers son collège. Jamais il ne mettrait une enquête en péril, j’en suis certain. Et jamais il ne divulguerait des secrets que nous devrions lui confier. J’ai entièrement confiance en lui.
- Malgré ce qu’il a fait ? C’était tout de même un peu te trahir non ?
- C’est vrai que, sur le moment, j’ai un peu eu cette impression. Puis j’ai compris que je me trompais. Charlie a agi en harmonie avec sa conscience : il est incapable de faire autrement. Et c’est aussi pour ça que je l’aime.
- Alors, tout va bien entre vous finalement.
- Oui. Pourquoi ? tu en doutais ?
- Et bien, disons qu’on se posait des questions. Vu qu’il ne vient plus jamais…
- Ça, c’est sa décision.
- … Et que tu ne parles pas beaucoup de lui non plus, il faut dire.
- David, Charlie est mon petit frère. Je n’ai pas à vous faire de compte-rendu sur sa vie il me semble ?
- Non c’est sûr. Mais j’avais l’impression…
- Quoi ? L’impression que quoi ?
- Et bien, que tu n’allais plus très souvent chez lui non plus à vrai dire.
- Disons que les premiers temps, ça a un peu été le cas. C’est vrai, je ne savais pas trop quoi lui dire. Je n’osais pas lui parler de mes enquêtes, de peur qu’il s’imagine que je cherchais à lui forcer la main pour qu’il m’aide, ou qu’il culpabilise de ne plus pouvoir m’apporter son soutien. Et puis j’ai réalisé que, si ça continuait, nous allions de nouveau nous éloigner l’un de l’autre, que chacun d’entre nous allait retrouver son monde : lui les maths, moi le F.B.I. et que, si nous n’y prenions pas garde, nous nous retrouverions bientôt aussi étrangers l’un à l’autre que nous l’avons été de notre entrée à l’université à la mort de notre mère. Et ça, je ne le voulais surtout pas. Alors j’ai repris le chemin de la maison et depuis trois semaines, j’y vais presqu’autant qu’avant.
- Presqu’autant seulement…
- On croirait entendre mon père ! Attends, je ne vais tout de même pas te rappeler la masse de travail qui nous est tombée dessus ces six dernières semaines !
- Pas la peine, j’étais là.
- Bien, agent Sinclair. Si votre interrogatoire est terminé, je vais peut-être pouvoir y aller. Justement, je suis attendu de pied ferme par mon père et Charlie ce soir.
- A bon ?
- Oui, on regarde le match de basket : Rockets contre Lakers et, bien entendu, Charlie a une analyse mathématique qui lui permet de définir le vainqueur. Quant à moi, ma propre analyse de terrain m’amène à m’opposer à son jugement.
- Une fois de plus !
- Que veux-tu ? Charlie et moi on s’opposera toujours : c’est dans notre nature.
- La fameuse rivalité fraternelle !
- Exactement ! Au fait, ça te dit de te joindre à nous ? Je pourrais demander à Colby de venir aussi. Ça fait un sacré bout de temps que vous n’êtes pas passés à la maison.
- Je dirais environ six semaines… Ecoute, je ne suis pas sûr que Charlie serait très heureux de nous voir.
- Et pourquoi pas ? Il ne vous en veut pas du tout. Ce n’est pas vous qui êtes en cause, tout comme ce n’était pas moi, ce que j’ai eu, il faut l’avouer, un peu de mal à comprendre.
- Et bien, si Colby est partant, pourquoi pas ?
- Si Colby est partant pour quoi ? demanda celui-ci qui revenait.
- Pour venir regarder le match de basket avec mon père et Charlie.
- Tu crois qu’on sera les bienvenus ?
- Oh non ! Toi aussi ?
- Moi aussi quoi ?
- David vient de me poser exactement la même question. Donc, comme à lui, je t’assure que Charlie n’est absolument pas en colère contre vous.
- Alors je viendrai volontiers. Mais je préfèrerai tout de même que tu t’assures qu’on ne dérangera pas.
- Moi aussi.
- OK. Puisque ma parole ne vous suffit pas… »
Don décrocha le portable de sa ceinture et appuya sur la touche qui mémorisait le numéro de Charlie.
« Charlie, c’est moi.
- Toi, je te vois venir. Tu viens m’annoncer que tu ne peux plus venir. Je l’aurais parié !
- Non, non, on a terminé. Je serai là pour le début du match.
- Sans rire ?
- Ben oui, qu’est-ce que tu croyais ? Que j’allais te laisser gagner vingt dollars aussi facilement ?
- Quels vingt dollars ? s’enquit Colby.
- Les vingt dollars que nous avons parié lui sur Houston, moi sur LA.
- A qui parles-tu ?
- A Colby. Justement, je me demandais si tu voyais un inconvénient à ce que lui et David viennent assister au match à la maison.
- Je vois. Tu as peur d’être mis en minorité.
- Comment ça en minorité ?
- Toi contre papa, Larry et moi. Si tu n’appelles pas ça une minorité !
- Au contraire, à trois contre un, je ramasserai soixante dollars.
- C’est ça, tu peux rêver !
- Bon alors c’est d’accord ?
- Quoi ?
- Pour Colby et David ?
- Ben évidemment que c’est d’accord. Je ne vois d’ailleurs pas pourquoi tu le demandes. Tu sais très bien qu’ils sont toujours les bienvenus ici.
- Ah, vous voyez ce que je vous disais ! lança Don à l’intention de ses subordonnés qui écoutaient la conversation retransmise par l’écoute amplifiée.
- Robin vient aussi ? demanda Charlie.
- Non, tu sais bien qu’elle est retenue par la préparation de son procès.
- Oh c’est vrai, il commence dans deux jours n’est-ce pas ?
- Exactement, et c’est un gros morceau. Elle passe son temps dans ses dossiers.
- Bon, écoute, vous pensez être là dans combien de temps ?
- Vingt à trente minutes je pense. On aura le temps de prendre une bière avant le coup d’envoi, comme je te le disais.
- On vous attend.
- A tout de suite.
- D’ac. »
Don raccrocha et se tourna vers David et Colby.
« Rassurés ?
- Oui, ça va.
- Dommage que Liz ait pris quelques jours de congés, regretta Colby.
- Bah, elle se joindra à nous une autre fois.
- C’est sûr.
- Juste une chose : on est obligé de prendre ton parti ou on peut se ranger à l’avis de Charlie pour le match ?
- Vous êtes libres les gars. Si vous préférez la théorie à la pratique, c’est votre droit. Mais vous ne viendrez pas pleurer lorsque vous aurez perdu vos vingt dollars.
- Parce qu’on parie nous aussi ?
- Obligé, sinon vous n’êtes plus invités !
- C’est de l’extorsion !
- Et oui ! Il faut bien arrondir ses fins de mois. »
Un franc éclat de rire secoua les trois hommes tandis qu’ils sortaient du bureau. Ils se sentaient bien, leur affaire terminée, leur équipe soudée malgré le départ de Megan et la confiance mutuelle qu’ils se portaient renforcée par les épreuves endurées ensemble. C’était bon de décompresser de temps à autre, de pouvoir être autre chose que des agents spéciaux risquant leur vie pour servir et protéger.
Alors qu’ils arrivaient à l’ascenseur, un agent interpella Don :
« Agent Eppes, le directeur vous demande dans son bureau.
- Oh non ! Tout de suite ?
- Apparemment oui.
- Et il vous a dit pourquoi ?
- Non.
- Bon, désolé les gars mais il faut que j’y aille.
- Tu n’en as peut-être pas pour très longtemps.
- Oui, il veut peut-être simplement connaître les conclusions de notre affaire.
- J’espère bien. Pour une fois qu’on ne finissait pas trop tard.
- Tu veux qu’on t’attende ?
- Non, si jamais il y en avait pour un moment, ce serait idiot que nous manquions tous le début du match. Filez et excusez moi auprès de papa et de Charlie. Mais dites-leur surtout qu’ils ne se fassent pas d’illusion. J’arriverai toujours assez tôt pour les délester de leur mise.
- On fera la commission, t’inquiète.
- Bon, ben à tout à l’heure.
- Avec un peu de chance, le directeur voudra aussi voir le match et il ne te retiendra que quelques minutes.
- Le ciel t’entende ! J’espère simplement qu’il ne va pas me demander de plancher sur une nouvelle affaire immédiatement.
- En tout cas, si c’est ça, tu nous oublies jusqu’à la fin de la rencontre, OK ?
- Ben voyons !… »
Les deux hommes s’engouffrèrent dans l’ascenseur qui descendait tandis que Don attendait qu’il en monte un pour se rendre au bureau du directeur.
Sujet: Re: [Numb3rs] - Cauchemar - ??? - PG13 Dim 21 Juin 2009 - 18:47
Je suis fan ! J'adore la façon dont tu écris :svvvvp:
Je veux la suite!
Dernière édition par Cali le Mer 24 Juin 2009 - 21:50, édité 1 fois
Cissy Moderatrice générale
Zodiaque : Signe Chinois : Messages : 18922 Date d'inscription : 20/06/2009 Age : 62 Localisation : Normandie
Sujet: Cauchemar - chapitre II Lun 22 Juin 2009 - 21:44
CHAPITRE 2
Maison des Eppes
Charlie referma son portable d’un coup sec, le sourire aux lèvres. Son père demanda :
« C’était Don ?
- Oui, il arrive avec Colby et David.
- Tu vois, je te l’avais dit. Tu me dois dix dollars.
- Et pourquoi ça mon cher père ?
- Je te rappelle que j’avais parié que ce soir ton frère serait à l’heure. J’ai gagné.
- Oui et bien attends tout de même qu’il soit là.
- Et tu dis qu’il vient avec David et Colby ?
- Exact !
- C’est bien. Ça faisait un sacré bout de temps qu’on ne les avait pas vus.
- Depuis que j’ai perdu mon accréditation en fait.
- Et ça ne te gêne pas de les revoir ?
- Non ! Pourquoi ? Ça devrait ?
- Non, non bien sûr mais…
- Mais quoi ?… Ecoute papa, ce que j’ai fait, je l’assume. Je savais que ça aurait forcément des conséquences. Mais ni Colby, ni David, ni personne de l’équipe n’y est pour rien. La décision vient de moi et de moi seul. Pourquoi devrai-je en vouloir à quelqu’un dans ce cas ?
- C’est toi qui a raison.
- Comme toujours.
- Sur ce point, je me permettrais d’émettre quelques retenues si tu permets.
- Non, sérieusement, la seule chose que je craignais, tu vois, c’est que le retrait de mon accréditation ne dresse un mur entre Don et moi.
- Je l’ai craint aussi, je l’avoue. Surtout les premières semaines.
- Tu l’as remarqué aussi hein ? Il ne venait plus aussi souvent.
- C’est vrai. Je crois que lui aussi avait peur que quelque chose change entre vous.
- Il te l’a dit ?
- Allons, tu connais ton frère ; il ne parle jamais franchement de tout ce qui touche aux sentiments.
- Ça, c’est sûr.
- Bon, c’est pas tout ça mais avec Larry en plus, ça nous met à six ce soir. Je dois préparer un peu plus de salades.
- Tu as besoin d’un coup de main ?
- Pense-tu ! Finis ce que tu étais en train de faire, je me débrouille très bien sans toi ! »
Son père disparu dans la cuisine, Charlie reprit pensivement sa craie. Mais il savait déjà qu’il n’écrirait rien : sa concentration avait disparu avec l’appel de Don. Il repensait à ces semaines passées, à ce risque qu’il avait pris pour Phil Sanjrany. Ou plutôt, pour ce qu’il croyait juste. Il ne pouvait pas admettre que son ami et collègue soit emprisonné alors qu’il n’avait violé aucune loi. En cela il différait de Don. D’ailleurs, il différait de lui sur tellement de plans que, parfois, il en venait à se dire que s’ils n’avaient pas été frères, ils n’auraient jamais pu se supporter.
En fait, ç’avait été presque le cas, finalement, durant leurs années de lycée. Son frère, si populaire, si aimé et lui, la « grosse tête » de service qu’on ne faisait que tolérer, et encore. A cette époque là, si on lui avait dit qu’un jour ils travailleraient côte à côte et deviendraient amis, il aurait bien ri. Pourtant, Dieu sait qu’il en rêvait de cette amitié avec ce grand frère tant admiré : tellement souvent il avait cherché à exister à ses yeux autrement que comme un phénomène de foire. Et voilà, qu’alors qu’il y était enfin parvenu, il avait tout mis en danger au nom de la science et de l’amitié.
Sur le moment, il n’avait pas réfléchi plus loin que son indignation et sa passion. Après il avait compris combien son geste, même s’il lui ressemblait, même s’il ne pouvait pas le regretter, avait mis en danger sa relation avec Don. Et il s’était alors demandé si ça en valait la peine. Surtout durant ces trois semaines où les visites de son frère s’étaient espacées. Il avait eu l’impression d’être reporté près de cinq ans auparavant, lorsque Don était revenu d’Albuquerque.
Et puis leur relation s’était de nouveau normalisée : Don avait repris ses visites régulières et ils avaient recommencé à sortir ensemble faire leur jogging ou jouer au bowling et même au golf ; ce n’est pas qu’il adorait ce sport, mais ça lui permettait de partager du temps avec ce grand frère si occupé. Finalement, ces moments partagés étaient peut-être encore meilleurs que ceux qu’ils passaient ensemble à traquer les criminels, car c’était des moments choisis durant lesquels ils parlaient de tout et de rien, sans but précis, juste comme le font deux frères, deux amis.
Cependant, il se demandait toujours s’il avait fait le bon choix. Bien sûr, il le savait maintenant, Don ne lui gardait pas rigueur de son attitude, mais lui ferait-il ne nouveau confiance s’ils devaient, un jour, retravailler ensemble ? Pourrait-il oublier sa « trahison » ?
En fait, Charlie s’apercevait que depuis six semaines lui et son frère avaient parlé de tout : de leur travail respectif, d’Amita et Robin, de sport, de leurs parents… mais qu’à aucun moment ils n’avaient, ni l’un ni l’autre, osé aborder le sujet qu’ils avaient sur le cœur. Peur, de part et d’autre, de briser l’équilibre qui s’était instauré entre eux. Peur de s’apercevoir qu’ils avaient des positions irréconciliables qui pourraient peut-être les amener au point de rupture. Pourtant, Charlie savait que, tôt ou tard, il leur faudrait vider l’abcès, qu’il devrait exiger de Don qu’il lui dise enfin franchement comment il avait ressenti son action et s’il pensait que cela affecterait dorénavant leur collaboration.
D’ailleurs, y aurait-il même une collaboration future, en tout cas pour ce qui concernait le F.B.I. ? Son accréditation retirée lui interdisait, théoriquement, de travailler pour toute agence gouvernementale : pour elles, il n’était plus sûr. Et de toute façon, il n’était pas certain d’avoir envie de travailler de nouveau pour un gouvernement capable, au nom du principe de précaution, d’emprisonner des innocents. Peut-être devrait-il travailler sur les probabilités d’un retour à la normale ?
Il s’extirpa du canapé et saisit de nouveau sa craie, ses doigts se mirent à courir sur le tableau noir jusqu’à ce que son père l’interrompe en lui disant qu’il était temps qu’il les rejoigne au salon : Larry venait d’arriver et Don, David et Colby n’allaient sûrement pas tarder.
Cissy Moderatrice générale
Zodiaque : Signe Chinois : Messages : 18922 Date d'inscription : 20/06/2009 Age : 62 Localisation : Normandie
Sujet: Cauchemar - Chapitre III Mer 24 Juin 2009 - 18:36
CHAPITRE 3
Maison des Eppes « Colby, David, ravi de vous revoir !
- Nous aussi M. Eppes
- Alan !
- Pardon, Alan.
- Ho ! Colby, David, ça faisait un bail ! Vous aviez perdu l’adresse ou quoi ? les interpella Charlie.
- A vrai dire, on a été plutôt occupés ces temps-ci, répondit David.
- Larry, enchanté de vous revoir, dit Colby. Comment va Megan ?
- Ecoutez, aux dernières nouvelles il me semble qu’elle allait bien.
- Dites-lui qu’elle pourrait nous appeler cette lâcheuse !
- Vous savez, son travail, son sacerdoce devrai-je dire, l’accapare entièrement.
- Je plaisantais Larry. Megan sait très bien qu’on pense à elle.
- Vous l’embrasserez de notre part quand vous irez à Washington.
- Je n’y manquerai pas.
- Au fait, Don n’est pas avec vous ? s’inquiéta soudain Alan.
- Ne vous inquiétez pas, il va arriver.
- Oui, le directeur l’a fait appeler dans son bureau juste comme nous partions.
- Oh ! Le directeur hein ? Rien de sérieux j’espère ?
- Ça, je l’ignore. De toute façon, on ne devrait pas tarder à le savoir.
- Oui, ajouta Colby. Soit il arrive, soit il nous appelle pour le rejoindre…
- Mais tout allait bien n’est-ce pas ?
- Bien sûr, aucun souci, je vous assure.
- Si vous le dites.
- En fait, intervint Charlie, tel que vous le voyez, ce qui inquiète papa ce n’est pas tant ce qui aurait pu arriver à Don que la perspective de perdre dix dollars.
- Comment ça ?
- Oui, figurez-vous que lui et moi nous avons parié sur le fait que Don serait ou non présent au moment du coup d’envoi.
- Oh ! Je comprends maintenant. A mon avis, ce sera le cas.
- Bon et bien, en l’attendant, si nous prenions quelque chose. Bière pour tout le monde ? »
Les bouteilles passèrent de main et main et chacun s’installa confortablement, qui dans un fauteuil, qui sur le canapé, piochant dans les amuse-gueules disposés sur la table. Chacun se mit à parler du match à venir, discutant des mérites de chaque joueur, débattant des chances de chacune des équipes et l’assemblée dut se résigner à subir un cours de statistiques sportives dispensé par le professeur Charles Eppes en personne. Vers vingt heures Alan s’inquiéta de nouveau :
« Je devrai peut-être appeler Don pour savoir ce qui le retarde. »
Charlie regarda affectueusement son père, il comprenait soudain que son inquiétude était réelle : son fils aurait dû être parmi eux depuis près d’une heure et il avait beau être largement adulte et qui plus est agent spécial au F.B.I. Alan restait un père inquiet dès que l’absence d’un de ses rejetons semblait inexpliquée.
« Ne t’inquiète pas, je suis sûr que Don va très bien. Il ne va pas tarder à arriver, tu vas voir.
- Je présume que tu préfèrerais tout de même qu’il n’arrive pas avant encore une bonne demi-heure, de manière à gagner ton pari.
- Ecoute, si je mets en balance la perspective de gagner dix dollars et celle de te voir te ronger les sangs pour… »
Le bruit de la porte qui s’ouvrait interrompit net la phrase de Charlie.
« Et bien, je vois que tout le monde est déjà là. Désolé pour le retard, dit Don en pénétrant dans la pièce.
- Pas de problème ! répliqua son père en le suivant du regard. Tout va bien ?
- Tout va très bien oui. Le match n’est pas encore commencé ?
- Pas encore, et tu viens tout juste de me faire gagner dix dollars. Charlie, passe la monnaie je te prie.
- Tu n’aurais pas pu arriver un peu plus tard non ? maugréa Charlie en tendant le billet à son père.
- Désolé cher petit frère. La prochaine fois, j’essaierai de faire durer mon entretien avec le chef.
- Au fait, s’enquit Colby, qu’est-ce qu’il te voulait ? »
Le visage de Don se ferma : « Je vous en parlerai plus tard, ce n’est pas vraiment le moment.
- Quelque chose ne va pas ? demanda Alan, alerté par le ton de son fils.
- Non, non, tout va bien… Je t’assure, insista Don en voyant le regard soucieux que son père posait sur lui. Mais on n’est pas venu parler boulot mais regarder le match et il n’y a rien d’urgent alors… Si vous n’avez pas tout bu, je prendrai bien une petite bière continua-t-il en prenant un ton plus léger.
- Je te l’apporte tout de suite, proposa Charlie. Qui d’autre en veut ? » Il compta rapidement les mains qui se levaient. « Larry, tu es volontaire d’office pour m’aider à ravitailler ces soiffards !
- Pourquoi moi ?
- Parce que tu es le seul dans cette pièce, en dehors de papa et moi, à ne pas porter un flingue. Et comme papa est déjà occupé avec les amuse-gueules…
- Justification logique mais oh combien insolite Charles ! En quoi le fait de porter une arme te dispense-t-elle de porter aussi une bouteille de bière ? » protesta Larry tout en suivant Charlie dans la cuisine.
Les trois agents du F.B.I. restés dans le salon éclatèrent de rire. Don s’installa dans le fauteuil libéré par son frère, ce qui provoqua une passe d’armes joyeuse entre les deux garçons sous l’œil résigné de leur père.
Finalement, le cadet, comme cela était prévisible, céda sa place à son aîné et, chacun s’étant installé de son mieux, tous les regards se tournèrent vers l’écran de télévision. Tous, sauf celui d’Alan qui resta encore un long moment fixé avec inquiétude sur son fils aîné ; il le connaissait trop bien pour ne pas déceler, sous l’entrain plus ou moins factice, la préoccupation qui le rongeait : qu’avait donc bien pu lui dire son supérieur pour qu’il ait l’air aussi soucieux ?
Cissy Moderatrice générale
Zodiaque : Signe Chinois : Messages : 18922 Date d'inscription : 20/06/2009 Age : 62 Localisation : Normandie
Sujet: Cauchemar - Chapitre IV Mer 24 Juin 2009 - 18:39
CHAPITRE 4
Maison des Eppes « Et voilà ! Par ici la monnaie ! annonça Don à la cantonade. Ça vous apprendra à écouter les vrais spécialistes ! Je vous avais dit que je ne pouvais pas me tromper !
- Au moins, tu as le triomphe modeste ! ronchonna Charlie.
- Et voilà ! Mon cher petit frère est vexé parce que ses sacro-saintes mathématiques n’ont pas fait le bon pronostic.
- Elles ont fait le bon pronostic ! Seulement, entre temps, les paramètres ont changé. Si j’avais su qu’ils ne feraient jouer Bynum finalement…
- Et si tu avais su qu’il y aurait une coupure de courant…
- Exactement ! La perte de concentration subie n’entrait pas dans mes calculs.
- Désolé petit frère ! Tu auras beau trouver toutes les excuses que tu voudras, le fait est que tu t’es planté et que tu as planté avec toi tous ceux qui avaient eu l’imprudence de te suivre aveuglément. Comme quoi les gens de terrain ont encore de l’avenir face aux grosses têtes !
- Cesse de m’appeler grosse tête ! Tu sais que je déteste cela !
- Bon, les interrompit David, ce n’est pas qu’on s’ennuie, mais il est déjà plus de onze heures et je me lève tôt demain alors si vous le permettez, je vais rentrer. Encore merci pour cette soirée. Je te raccompagne Colby ?
- Volontiers. Merci pour la soirée Charlie, M. Eppes. Larry à très bientôt j’espère. A demain patron, lança-t-il à l’intention de Don.
- Vous croyez peut-être que vous êtes les seuls à vous lever tôt ? Moi aussi je dois être aux aurores à l’université alors, si vous le permettez, je vais vous emboîter le pas. On se retrouve demain Charlie ?
- OK Larry, à demain, bonne nuit ! »
La porte s’étant refermée sur les trois visiteurs, Alan, Don et Charlie remirent un peu d’ordre dans le salon.
« Et bien, je crois que je vais y aller aussi, déclara Don lorsque la pièce eut repris son apparence habituelle.
- Il est tard, répliqua son père en jetant un coup d’œil à la pendule. Tu ne préfères pas coucher là ? Tu as encore près d’une heure de route pour rentrer chez toi. Et c’est d’autant plus idiot que de dormir là te rapproche de ton bureau.
- Je ne sais pas trop… hésita Don en jetant un regard vers son frère.
- Papa a raison, intervint à son tour Charlie. Vue l’heure qu’il est, ta nuit risque d’être sérieusement raccourcie. En restant ici tu pourras dormir un peu plus longtemps. De plus, tu sais bien que ta chambre est toujours prête à t’accueillir.
- Alors dans ce cas, j’accepte volontiers. C’est vrai que je suis vanné.
- Bon, je te prépare des serviettes dans la salle de bain. Bonne nuit mes garçons.
- Bonne nuit papa, répondirent-ils en chœur.
*****
- Tu ne montes pas te coucher ? demanda Don en voyant son frère se diriger vers le garage.
- Si, dans quelques minutes. J’ai juste quelques papiers à ranger pour demain.
- Et tu vas te mettre à analyser je ne sais pas trop quoi. Total, tu y seras encore à trois heures du mat’ !
- Ça ne risque pas, crois-moi. Je suis mort !
- Tiens donc. Tu sais que j’ai vu des morts qui avaient bien moins bonne mine que toi !
- Très drôle ! Tiens, au fait, c’était quoi alors la cause de ton retard ? Tu avais tout de même l’air bien préoccupé en arrivant. A moins que tu ne puisses pas en parler, bien sûr, continua Charlie en voyant l’hésitation se peindre sur le visage de son frère.
- Non, au contraire, s’il y a quelqu’un a qui je dois en parler, c’est bien toi. Mais je ne suis pas sûr que le moment soit adéquat.
- Ah non ? Et pourquoi pas ? Allez, vas-y, de quoi s’agit-il ?
- Ben… en fait, le directeur me demandait si je pensais que l’on pouvait te rendre ton accréditation. Apparemment, cela gêne beaucoup de monde de ne plus pouvoir faire appel à toi.»
Don remarqua aussitôt le raidissement de son frère.
« Tiens donc ! Et que lui as-tu répondu ?
- Que je n’en savais rien !
- Sympa ! Ça fait plaisir de voir que tu me fais confiance.
- Arrête Charlie ! Ce n’est pas du tout ça !
- Ah non ! Alors c’est quoi je te prie ?
- C’est… c’est beaucoup plus compliqué que ça. Bien sûr que je te fais confiance !
- Ravi de l’entendre.
- Mais je ne suis pas sûr que, toi, tu veuilles la récupérer cette accréditation !
- Content de voir que tu es capable de savoir ce que je pense.
- Oh Charlie ! Tu sais bien ce que je veux dire.
- Alors là, vois-tu, pas du tout. Tu peux développer un peu ? »
Ils se faisaient face, debout de chaque côté du bureau et l’un comme l’autre sentaient confusément qu’ils y étaient : cette fois-ci, l’explication qu’ils avaient à la fois tant espérée et tant redoutée allait avoir lieu et ils devraient faire face à ses conséquences.
« Ecoute Charlie. Tu sais très bien que, si tu avais voulu, tu aurais pu conserver ton accréditation.
- Il suffisait simplement que je me plie à tes diktats !
- Mes diktats ! Non mais écoute toi ! Il ne s’agit pas de moi ! Il ne s’agit même pas de toi, ni de ton ami Phil ! Il s’agit de savoir si on peut faire n’importe quoi, n’importe quand, n’importe comment au gré de ses émotions !
- C’est marrant que ce soit toi qui tienne ce genre de discours !
- Charlie, tu as pensé à ce qui pourrait arriver si cette invention tombait en de mauvaises mains ?
- Et toi, tu as pensé à ce que pouvait ressentir Phil, enfermé arbitrairement, traité comme un criminel alors qu’il n’a fait qu’essayer de rendre le monde meilleur ?
- Rien que ça !
- Tu n’écoutes rien Don. Je ne voulais pas perdre mon accréditation. Mais entre mon accréditation et mes convictions, entre elle et mon intégrité, je n’ai pas hésité une seconde c’est vrai. Et puis, sois aussi un peu cohérent avec toi-même, pour une fois dans ta vie !
- Pardon ?
- Tu te souviens, lors de l’affaire Bonnie Parks ?
- Oui, tu t’es fait tirer dessus. C’est à cause de ça que … ?
- Non. D’accord j’ai eu très peur mais… Tu ne te souviens pas de ce que tu m’as dit, juste après ? Au sujet de mon travail avec toi ?
- Si bien sûr. Mais, je ne vois pas le rapport.
- Tu ne vois pas ? Seigneur, Don, réfléchis un peu ! Et si c’était vers cette découverte que je devais avancer ? Si, effectivement, dans ce cas précis mon travail avec toi m’avait été une entrave : je n’ai fait que reprendre ma liberté.
- Ta liberté… Le ton de Don était amer. Charlie sentit le danger.
- Don…
- Non, c’est bon, j’ai compris. En fait, depuis le début tu te sens enfermé dans mon monde. Tu ne fais ça que pour me faire plaisir mais, de ton côté tu as l’impression d’être privé de quelque chose d’essentiel.
- Non, pas du tout. Don, je te l’ai déjà dit : j’adorais travailler avec toi.
- Tu adorais…, il insista sur le passé.
- Non, j’adore… Oh et puis tu m’agaces à la fin ! On croirait que tu fais exprès de chercher à me faire culpabiliser. Je n’ai rien fait de mal !
- Tu n’as rien fait de mal, non Charlie. Tu n’as jamais rien fait de mal… Ecoute, on en reparlera demain. Je rentre chez moi.
- Mais je croyais que tu dormais ici ?
- Là tu vois, je n’en ai plus très envie ! ».
Sur ces mots, il quitta la pièce. Charlie envoya promener la pile de dossier qui se trouvait devant lui et se jeta dans le canapé à la fois furieux et malheureux. Son frère exagérait : pourquoi ne voulait-il pas comprendre ? Pourquoi continuait-il à prétendre avoir eu raison ? Pourquoi… ?
Tous ces pourquoi ne menaient à rien, il en était conscient. Bon sang ! qu’aurait-il pu dire de plus ou de moins pour se faire comprendre ? Au fur et à mesure que la colère le quittait, il se sentait coupable : il avait l’impression d’avoir terriblement déçu son frère et il ne pouvait le supporter.
Il ramassa son portable et posa l’index sur la touche mémoire lui permettant d’appeler Don directement. Puis il y renonça. C’était trop tôt. Il sentait encore la colère au fond de lui et, s’il parlait maintenant à son frère, il risquait de dire des choses qu’il ne pensait pas, des choses qu’il regretterait ensuite. Bon sang ! Pourquoi leurs rapports étaient-ils toujours aussi compliqués ? Comment pouvait-ils à la fois être si complices et si peu se comprendre ? Ne leur suffisait-il pas de s’aimer ?
Son téléphone sonnait : l’affichage lui indiqua que c’était Don. Il hésita un instant puis au lieu de décrocher, il éteignit son portable. Il n’était pas encore prêt. Il ignorait qu’il venait de faire un geste qui le hanterait longtemps.
(à suivre)
Cissy Moderatrice générale
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Sujet: Cauchemar - Chapitre V Jeu 25 Juin 2009 - 22:09
CHAPITRE 5
Maison des Eppes A peine dans l’escalier, Charlie sentit les odeurs du café fraîchement préparé : apparemment son père était déjà debout. Il grimaça : il aurait préféré pouvoir partir sans le rencontrer. Il ne tenait pas, dès le matin, à se lancer dans une conversation dont il devinait les tenants si son père apprenait sa dispute de la veille avec Don.
« Salut p’pa ! Déjà debout ? Il est à peine six heures ! Vu l’heure à laquelle tu t’es couché, j’imaginais que tu ne serais pas levé avant encore une heure d’ici.
- Dis tout de suite que tu me prends pour un vieux croulant incapable d’assumer une soirée qui se prolonge un peu.
- Pas du tout, tu sais bien. Non, sérieusement, comment se fait-il que tu sois déjà debout ?
- J’ai une tonne de choses à faire aujourd’hui. Et puis, fiston, souviens-toi que le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt.
- Oui, j’ai déjà entendu ça quelque part.
- Café ?
- Volontiers.
- Et ton frère ? Il n’est pas encore levé ?»
C’était la question que Charlie redoutait.
« Et bien, finalement il est rentré dormir chez lui.
- Comment ça ?
- Ben oui quoi, il a préféré rentrer. C’est son droit tout de même. »
Alan posa la tartine sur laquelle il était en train d’étaler de la confiture et fixa son fils cadet qui, de son côté, gardait les yeux obstinément fixés sur son bol de café, comme s’il pensait y trouver la réponse au problème de P = non P.
« Charlie !
- …
- Charlie, j’aimerai bien que tu me regardes lorsque je te parle !
- Quoi ? répliqua presque agressivement le mathématicien en croisant enfin le regard de son père. Tu veux savoir pourquoi il est parti ? Si on s’est disputé ? Et bien oui ! Voilà, tu es content ?
- Charlie, je te rappelle que je suis ton père et je te prierai de me parler sur un autre ton, c’est clair ?
- Désolé papa mais…
- Mais quoi ? Bon, tu t’es disputé avec ton frère : ce n’est ni la première, ni la dernière fois que cela arrive. C’était quoi cette fois ?
- Rien…
- Ah bon ! Vous vous êtes disputés pour rien. Original !
- Non, mais… Enfin… Voilà : il m’a dit que le F.B.I envisageait de me rendre mon accréditation.
- Ah !
- Qu’est ce que tu veux dire avec ce ah ?
- Rien. Rien de plus que ce que j’ai dit. Et toi, que penses-tu de cette éventualité ?
- Je ne sais pas. C’est vrai, d’un côté je serai très heureux de retravailler avec Don mais bon, je n’ai pas vraiment besoin d’une accréditation officielle pour ça.
- Ça simplifierait tout de même les choses : pour lui notamment.
- Oui, bien sûr. D’un autre côté….
- Quoi donc ?
- Je ne sais pas trop. Tu comprends, j’ai été tellement déçu par leur réaction à tous. J’ai peut-être peur d’être à nouveau déçu.
- Ne t’es-tu pas demandé si, de son côté, ton frère n’avait pas, lui aussi, été déçu de ta réaction ?
- Si, évidemment. Mais ça ne rend pas le dilemme plus simple à résoudre, crois-moi.
- Donc, vous vous êtes disputés.
- Tu nous connais, un mot en entraînant un autre…
- Et tu l’as laissé repartir chez lui ?
- Que voulais-tu que je fasse ? Je n’allais pas le retenir de force.
- Charlie… Ton frère avait vraiment l’air épuisé hier. Tu aurais pu trouver un moyen de le retenir si tu l’avais réellement voulu.
- J’aurais dû me douter que tu serais de son côté !
- Alors écoute-moi bien ! Je ne suis du côté de personne. Seulement, en tant que père, je pense avoir le droit de m’inquiéter si l’un de mes fils prend le volant passé minuit alors qu’il est recru de fatigue, d’accord ? Et ça n’a rien à voir avec le fait de prendre le parti de l’un ou de l’autre !
- Excuse-moi. Mais je suis sûr que tout va bien. Tu sais bien que Don est habitué à avoir des journées à rallonge.
- Oui malheureusement. Ah… Je vais tout de même essayer de l’appeler, juste pour m’assurer que tout va bien.
- Arrête papa ! Il est à peine six heures ! Il dort sans doute encore.
- Tu as raison, admis Alan en reposant le portable qu’il avait déjà en main. Je vais attendre encore une petite heure.
- Et puis, je te promets de l’appeler aussi dès que j’aurai un moment de libre.
- Journée chargée pour toi aussi ?
- C’est rien de le dire ! D’ailleurs, il faut que je file ! Au fait, je risque de rentrer assez tard ce soir alors ne m’attends pas.
- D’accord. Bonne journée fiston.
- Bonne journée. »
Charlie alla dans le garage récupérer sa serviette et son ordinateur portable. Les dossiers qu’il avait envoyés valser la veille au soir traînaient encore au sol. Il soupira en se rappelant sa dispute avec son frère. Il détestait ce poids qu’il avait sur la poitrine, cette impression d’avoir tout faux, une fois de plus.
Il se mit à ramasser les papiers épars et les reposa sur le coin du bureau. Son regard tomba alors sur son téléphone éteint et il se souvint de l’appel de Don. Il ralluma son appareil et appela sa boîte vocale. La voix de son frère résonna à son oreille, lasse, tendue : « Ecoute Charlie, c’est trop bête. Je ne supporte pas de me disputer avec toi. Moi aussi j’adore qu’on travaille en équipe et, accréditation ou pas, je n’ai pas envie que ça change. Maintenant, c’est à toi de voir petit frère. Je ne veux surtout pas que tu te sentes frustré par notre collaboration. Il faudra vraiment qu’on en parle calmement tous les deux. Je comprends que tu ne veuilles pas me parler pour le moment, mais, s’il te plaît, rappelle-moi dès que possible. S’il te plaît Charlie… »
Une boule obstrua un instant la gorge de Charlie tandis qu’il sentait les larmes lui monter aux yeux. Don avait l’air tellement perdu ! Quel idiot il était ! Si seulement il avait décroché son téléphone hier, il aurait pu convaincre son frère de revenir, et ils auraient fini par se comprendre, c’était certain. Après tout, tant pis pour l’heure matinale.
Il appuya sur le numéro de son frère, le cœur battant. Deux sonneries et puis la voix si familière « Vous êtes bien sur la boîte vocale de l’agent spécial Don Eppes. Je ne peux pas vous répondre pour le moment. Merci de me laisser un message, je vous rappellerai dès que possible. »
Charlie se racla la gorge. « Don, salut, c’est moi. Je voulais m’excuser pour hier. Là, je n’ai pas beaucoup de temps, je dois filer à l’université, j’ai des cours toute la matinée. Mais on pourrait peut-être déjeuner ensemble non ? Rappelle-moi. »
(à suivre)
Cissy Moderatrice générale
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Sujet: Cauchemar - Chapitre VI Ven 26 Juin 2009 - 20:04
CHAPITRE 6
Calsci
Après avoir stationné sa voiture à l’endroit habituel, Charlie gagna son bureau, presque en courant. Bien qu’il se soit levé aux aurores, il n’était pas en avance. Il avait toute une pile de copies à corriger avant le cours de neuf heures et il n’était pas sûr d’avoir assez de deux heures pour ça. Aussi, quand il vit un inconnu faisant le pied de grue devant la porte de son bureau, il eut une grimace d’impatience. Ah non ! Pas ce matin ! Ce n’était vraiment pas le moment : il n’avait vraiment pas une minute à accorder à qui que ce soit, d’autant moins si Don pouvait se libérer pour le déjeuner. Sa voix n’était donc pas particulièrement cordiale lorsqu’il s’enquit :
« Je peux quelque chose pour vous ?
- Vous êtes bien le professeurs Charles Eppes ?
- En effet. Mais si vous désirez un entretien, je vous prierai de prendre rendez-vous auprès du secrétariat. Je n’ai vraiment pas une minute à vous accorder. Désolé ! »
Il pénétra dans son bureau, pensant que la conversation était close. Quelle ne fut pas sa surprise et son agacement, en s’apercevant que l’inconnu lui emboîtait tranquillement le pas.
« Ecoutez monsieur…
- Travers, Ben Travers !
- Ecoutez, monsieur Travers. Comme je viens de vous le dire, je n’ai vraiment pas une minute à moi alors…
- Laissez-moi juste vous exposer le motif de ma visite. Je suis sûr que vous changerez d’avis.
- C’est vraiment impossible aujourd’hui, je vous le répète. Si vous y tenez, nous pouvons fixer un rendez-vous… attendez… »
Il se dirigea vers son bureau et ouvrit l’agenda qui s’y trouvait. L’homme s’approcha de lui et ferma le cahier.
« Pardonnez-moi professeur, mais ce que j’ai à vous dire ne souffre d’aucun retard. Donc, si vous voulez bien cesser de perdre du temps…
- Monsieur Travers, vous devez comprendre que…
- C’est vous qui ne comprenez pas professeur ! Mais peut-être que ceci vous permettra de réaliser que vous auriez grand tort de ne pas m’accorder l’entrevue que je sollicite : rendez-vous ou pas ! »
Il jeta sur le bureau un porte-carte que Charlie reconnut aussitôt : c’était le genre d’accessoire que portent tous les agents fédéraux. Il pensa alors avoir à faire au représentant d’une agence gouvernementale quelconque, qui avait besoin de ses services. Décidément, depuis la veille, il était particulièrement demandé, se dit-il, non sans un brin d’ironie. Il secoua la tête en repoussant le porte-carte, sans l’ouvrir.
« Je vois, fit-il. Si vous appartenez au gouvernement, vous devez savoir que je n’ai plus aucune accréditation pour travailler avec ses agences. Donc, quoi que vous vouliez, je suis désolé de vous dire que je ne pourrai vous être d’aucune aide. Sur ce, vous m’excuserez mais…
- Je ne suis pas agent fédéral.
- Ah non ? Pourtant, ce porte-carte…
- Vous n’avez même pas pris la peine de l’ouvrir. Vous ne l’avez d’ailleurs pas vraiment regardé, sinon vous l’auriez sans doute reconnu.
- Reconnu ? »
Un terrible pressentiment le saisit et son regard se porta à nouveau sur l’objet. Sa main tremblait en l’attirant à nouveau vers lui. Il prit une profonde inspiration et s’efforça de se détendre : il n’allait pas se mettre martel en tête voyons ? Pourtant, plus il le regardait, plus il avait l’impression de le voir, accroché à la poitrine de l’un des hommes qu’il aimait le plus au monde. « N’importe quoi ! » lui soufflait sa raison. « Tous ces insignes se ressemblent, quelles sont les probabilités que… »
« Et bien, professeur ? Vous ne l’ouvrez pas ? »
Le ton de l’homme était plein de sous-entendus. Charlie inspira à nouveau profondément et, d’un geste plus assuré, il prit le porte-cartes en main et l’ouvrit.
Il se laissa tomber dans le fauteuil qui était derrière lui, le cerveau à la dérive, le cœur battant la chamade. Il avait l’impression que le sol tanguait sous ses pieds et que les murs du bureau dansaient une sarabande endiablée. Lorsque son malaise fut dissipé, il regarda à nouveau l’insigne qu’il tenait dans les mains : celui de son frère !
*****
Son cerveau entra en ébullition : voyons, il y avait mille raisons pour que cet insigne soit entre les mains de cet homme. Mille vraiment ? Non, il ne voulait pas croire que… Don avait dû oublier sa carte et cet homme ne faisait que la rapporter. Bien sûr, inutile d’aller chercher d’autres explications.
« Je vous remercie de m’avoir rapporté cette carte. Où l’avez-vous trouvée ?
- Voyons professeur, soyons sérieux. Vous imaginez vraiment que votre frère aurait pu égarer son insigne ? »
Bien sûr que non ! Don était beaucoup trop consciencieux, trop professionnel pour commettre une telle faute. Peut-être, simplement, la carte avait-elle été volée : il la laissait dans la poche intérieure de sa veste alors…
« Bien, je pense que nous avons perdu assez de temps professeur Eppes. Vous savez très bien ce que cela veut dire : si je détiens l’insigne, je détiens obligatoirement aussi son propriétaire, vous me suivez ?
- Où est mon frère ? Que lui avez-vous fait ?
- Vous imaginez bien que je ne répondrai pas à la première question. Pour la seconde, nous ne lui avons rien fait que l’inviter à passer quelques jours avec nous. Ça n’a pas été sans mal, il faut le dire. Mais les membres de mon équipe savent être persuasifs…
- Si vous lui avez fait du mal…
- Rien qu’il ne soit en mesure de supporter, rassurez-vous !
- Je veux lui parler !
- Plus tard professeur. Vous n’êtes donc pas curieux de savoir ce que nous voulons ?
- Que voulez-vous ?
- Votre collaboration pour un projet qui nous tient à cœur. Mais nous pensions que vous nous la refuseriez si nous n’avions pas d’arguments suffisamment pertinents à vous opposer. Voyez-vous, notre projet n’est pas tout à fait légal.
- Vous m’étonnez ! railla Charlie avec amertume.
- C’est bien, vous gardez le sens de l’humour. Je sens que je vais adorer collaborer avec vous !
- Ecoutez, il est encore temps de vous en tirer. Je ne sais pas si vous vous rendez réellement compte de ce dans quoi vous êtes impliqué.
- Ah non ? Expliquez-moi donc professeur : je suis tout ouïe !
- Vous avez kidnappé un agent du F.B.I. Comment croyez-vous que cela va se passer pour vous ?
- Première erreur. Ce n’est pas un agent du F.B.I. que j’ai enlevé, si tant est que j’ai enlevé quelqu’un d’ailleurs.
- Que voulez-vous dire ?
- La personne qui a été enlevée n’est pas l’agent spécial Don Eppes, du F.B.I., mais Don Eppes, frère du génial professeur Charles Eppes ! C’est pourtant simple à comprendre. Et le génial professeur Charles Eppes a tout intérêt à mettre son génie à ma disposition s’il veut avoir un jour la chance de revoir son frère chéri. Et à faire tout ce que je lui dirai, notamment ne pas prévenir le F.B. I., ni quiconque d’ailleurs, de cet hypothétique enlèvement. Est-ce clair ?
- C’est impossible voyons. On va s’étonner de ne pas le voir arriver, c’est certain, et ses collègues vont se renseigner pour savoir où il est.
- Evidemment. Mais voyez-vous, sans avoir la prétention d’être aussi intelligent que vous, j’avais déjà pensé à ce risque et je l’ai contourné. Tenez, voici un papier qui nous évitera les questions dérangeantes. »
Il tendit à Charlie un document que celui-ci saisit : c’était un arrêt maladie au nom de Don, pour une durée de cinq jours. Il eut l’impression que son cœur s’arrêtait de battre : cinq jours ! Ils comptaient retenir son frère pour au moins cette durée. Il savait qu’il ne le supporterait pas : ne pas savoir ce qu’il devenait, s’il était blessé, s’il était bien traité… C’était impossible.
« Voyez, c’est tout simple. Il vous suffit de faxer ce certificat et personne ne s’inquiétera de l’absence de votre frère avant mercredi matin. Astucieux n’est-ce pas ?
- Et vous pensez vraiment que personne ne prendra de ses nouvelles ? Que ses collègues ne chercheront pas à le joindre ?
- A vous de les décourager. Dites-leur qu’il a besoin de repos, qu’il dort, qu’il est sous la douche... Bref, ce que vous voulez, mais personne ne doit savoir ce qui s’est réellement passé. Ce serait dommage pour lui, très dommage… Si tout se passe bien, et il n’y a pas de raison qu’il en soit autrement, votre frère vous sera rendu dès que vous aurez fini le petit travail que je souhaite vous confier.
- Qu’attendez-vous de moi ?
- Enfin une question intelligente, à laquelle je vais me faire un devoir de répondre. Mais d’abord, vous allez faxer ce certificat au F.B.I. avant que l’absence de votre frère ne les inquiète. Et, comme je vous l’ai dit, personne d’autre que vous et moi ne doit savoir ce qui se passe réellement.
- Je dois en parler à mon père.
- Personne je vous dis !
- Soyez raisonnable ! Vous avez dit vous-même qu’il fallait écarter les collègues de Don. Or, où croyez-vous qu’ils vont prendre des nouvelles de lui ? Et que se passera-t-il quand mon père leur répondra que Don se porte comme un charme, du moins à sa connaissance ?
- D’accord, mais votre père seulement c’est bien clair ? Et tâchez de bien lui faire comprendre qu’il a tout intérêt à garder précieusement ce secret s’il ne veut pas se retrouver avec un fils unique ! »
Un frisson glacé parcourut Charlie en entendant cette voix froide et sarcastique énoncer cette phrase si lourde de sous-entendus. Il se leva pour aller faxer le certificat et rédigea quelques lignes pour expliquer que Don lui avait demandé de le faire parvenir parce qu’il se sentait vraiment très mal ce matin. Il ajouta qu’il valait mieux éviter de le déranger avant le lendemain : il avait avant tout besoin de repos. Ce serait toujours vingt-quatre heures de gagnées. Mais gagnées sur quoi ?
« Parfait professeur, dit l’homme qui avait suivi tous ses mouvements et lisait par-dessus son épaule. Maintenant, nous allons pouvoir discuter de ce que vous allez pouvoir faire pour moi en échange de ce que je peux faire pour vous. »
(à suivre)
Cissy Moderatrice générale
Zodiaque : Signe Chinois : Messages : 18922 Date d'inscription : 20/06/2009 Age : 62 Localisation : Normandie
Sujet: Cauchemar - Chapitre VII Ven 26 Juin 2009 - 20:31
CHAPITRE 7
La veille, dans Los Angeles
Don avait saisi sa veste, récupéré son arme et ses menottes dans le tiroir où il les rangeait lorsqu’il passait la soirée avec son père et Charlie, et était sorti précipitamment, ulcéré. Décidément, Charlie ne changerait jamais : toujours vouloir avoir raison, entêté comme pas permis ; et cette manière de le prendre systématiquement de haut, comme s’il était totalement stupide ! On l’y reprendrait, tiens, à vouloir essayer de discuter avec lui ! Cette fois-ci c’était clair : chacun de son côté et basta !
Et puis, petit à petit, tandis qu’il roulait, l’absurdité de cette querelle lui apparut. Bien sûr Charlie était entêté et sûr de lui, mais aurait-il été ce qu’il était sans ces défauts ? D’ailleurs, on pouvait très bien lui attribuer exactement les mêmes. C’était vraisemblablement pourquoi ils se heurtaient si souvent.
Il se souvint de sa mère qui s’emportait parfois contre leurs querelles et finissait pas s’écrier « Mais qu’est-ce que j’ai fait pour mettre au monde deux pareilles têtes de mules ? Vous finirez par me rendre folle ! »
Finalement, Charlie avait simplement été fidèle à lui-même, fidèle en amitié, fidèle à ses convictions, et si quelqu’un avait eu tort dans cette histoire, c’était lui, Don. Non pas qu’il remette en question sa décision : même s’il en admettait l’injustice, il restait convaincu de son bien fondé, c’était ainsi. Par contre, connaissant son jeune frère, il aurait dû envisager une telle réaction et tout faire pour l’en empêcher. Quoique… lorsque Charlie avait quelque chose dans la tête… Il frappa impatiemment son volant du plat de la main : c’était trop bête à la fin !
Attrapant son portable, il appuya sur le numéro de son frère puis raccrocha aussitôt. Tel qu’il le connaissait, Charlie ne décrocherait pas : il devait encore être trop furieux et avec son entêtement coutumier… Il sourit à cette même réflexion qui l’ulcérait un quart d’heure plus tôt.
Après avoir jeté un coup d’œil à son rétroviseur, il fit demi-tour sur l’avenue, décidé à retourner s’expliquer avec son frère : et sans s’énerver cette fois-ci. Puis, au bout de quelques centaines de mètres il s’arrêta le long du trottoir, indécis. Etait-il vraiment judicieux de revenir maintenant ? Il était tard et ils étaient fatigués tous les deux, ce qui était sans doute entré en jeu dans leur incapacité à communiquer sereinement. D’autre part, rien de démontrait que Charlie aurait envie de lui parler si tôt après leur prise de bec.
Il eut un rire bref, sans joie : qui aurait dit que lui, Don Eppes, aurait le trac de se retrouver face à son petit frère ? Pourtant c’était un peu ça : il craignait que leur querelle ne laisse des traces indélébiles, non pas tant par sa violence (Dieu sait qu’ils en avaient eu d’autrement plus animées !) que par tout ce qu’elle sous entendait de confiance à reconstruire de part et d’autre.
Et si Charlie était déjà couché ? Le mieux était encore de l’appeler pour voir sa réaction. Il décrocha le téléphone de sa ceinture et composa le numéro de son frère. « Vous êtes bien sur le téléphone de Charles Eppes. Je suis actuellement indisponible : vous savez ce qui vous reste à faire…
- Ecoute Charlie, c’est trop bête. Je ne supporte pas de me disputer avec toi. Moi aussi j’adore qu’on travaille en équipe et, accréditation ou pas, je n’ai pas envie que ça change. Maintenant, c’est à toi de voir petit frère. Je ne veux surtout pas que tu te sentes frustré par notre collaboration. Il faudra vraiment qu’on en parle calmement tous les deux. Je comprends que tu ne veuilles pas me parler pour le moment, mais, s’il te plaît, rappelle-moi dès que possible. S’il te plaît Charlie… »
Don raccrocha son téléphone, le tripota quelques instants puis, d’un geste machinal, il le glissa dans la poche de sa veste. Pourquoi Charlie n’avait-il pas décroché ? Etait-il déjà monté se coucher ? Oui mais, le connaissant, il savait très bien qu’il n’aurait pas encore été endormi. Il avait pu, tout bonnement, laisser son portable en bas et ne pas l’avoir entendu sonner. Ou bien il était sous la douche. Ou bien… et c’était ce que Don redoutait, il avait simplement refusé l’appel, ne désirant pas lui parler.
De toute façon, quelle que soit la raison pour laquelle son frère n’avait pas répondu, cela ne l’avançait pas plus : devait-il ou non retourner chez celui-ci ? D’autant que la fatigue, un moment dissipée par l’énervement, lui tombait à nouveau dessus. Il n’était qu’à une dizaine de minutes de la maison et à plus de quarante de son appartement. D’un autre côté, il n’avait vraiment pas envie de se prendre à nouveau la tête avec Charlie.
Don détestait cette indécision qui lui ressemblait si peu : retourner ? Rentrer chez lui ? Attendre et voir venir ? Après tout, Charlie allait avoir son message, la balle était dans son camp. Mais n’était-ce pas plutôt à lui de faire le premier pas ? Comment arriver à faire le bon choix ?
*****
Le choix fut fait à sa place de manière brutale.
Sa portière s’ouvrit violemment et, avant qu’il ait eu le temps de réagir, un jet âcre lui inonda le visage, le faisant tousser et suffoquer. Il s’efforça de retenir sa respiration afin d’inhaler le moins possible de l’anesthésique et il tenta de porter la main à son arme mais, avant qu’il ait achevé ce geste, il sentit qu’on la lui enlevait : un homme qu’il n’avait même pas vu entrer dans l’habitacle était à ses côtés et, après avoir saisit l’arme, débouclait sa ceinture de sécurité. Il sentit une main qui fouillait dans sa poche et comprit qu’on lui arrachait son portable. Il essaya de se débattre tandis qu’on l’arrachait à son siège mais ses forces l’abandonnèrent et il se laissa propulser à l’intérieur d’un van qui venait de se garer à côté de son véhicule. Dans une demi-conscience il entendit un homme donner l’ordre de démarrer puis plus rien.
Lorsqu’il revint à lui, il comprit qu’ils étaient en train de rouler. Il était allongé dans un coin du van, la radio diffusait du rap à tue-tête : il avait toujours détesté cette musique. Ce soir, il avait une bonne raison pour ça. Il essaya de bouger prudemment les membres et s’aperçut qu’il n’était pas entravé : ses ravisseurs semblaient bien sûrs d’eux !
Il entrouvrit les yeux et jeta un coup d’œil à travers ses cils, feignant d’être toujours évanoui. Un homme était debout à l’avant du fourgon, s’accrochant aux sièges sur lesquels étaient assis deux autres individus. A sa ceinture était passée une arme que Don reconnut comme étant la sienne. Trois hommes, plus le chauffeur, cela faisait beaucoup !
Il décida d’attendre un peu, de récupérer ses forces avant de tenter quoi que ce soit. En tout cas, il ne leur laisserait pas le plaisir de le prendre sans se défendre. Qui pouvait l’avoir enlevé ?
Il passa en revue les dossiers sur lesquels il travaillait actuellement : rien qui pouvait laisser présager un tel risque : kidnapper un agent du F.B.I. était plutôt une manœuvre suicidaire ! Alors, une vengeance ? Un criminel qu’il aurait arrêté ? La famille d’un malfrat emprisonné ?
Ses pensées furent interrompues par l’arrêt du van. Un bruit de porte qu’on ouvre et le véhicule roula encore quelques mètres puis s’arrêta, moteur coupé. La portière latérale du van fut ouverte de l’extérieur. Don comprit qu’ils étaient arrivés et qu’il devait saisir sa chance maintenant.
Il se détendit d’un seul coup, et, de ses deux poings réunis, il frappa à la nuque l’homme qui lui tournait le dos, l’étourdissant. Il essaya ensuite de se saisir de son arme mais, avant qu’il ait pu achever ce geste, l’un des hommes assis à l’avant était sur lui. Ils s’empoignèrent dans un corps à corps féroce.
Don remonta son genou qui vint heurter violemment les testicules de celui qui tentait de le ceinturer. Ce dernier poussa un cri de douleur et bascula sur le côté. L’agent se releva aussitôt et se précipita vers la portière ouverte, bousculant celui qui se tenait dans l’embrasure. Ce dernier perdit l’équilibre et Don en profita pour s’extraire du véhicule et s’élancer à l’extérieur.
Il s’aperçut alors qu’il était dans un entrepôt. Il devait trouver la sortie, au plus vite ! Il contourna un camion frigorifique qui se trouvait-là, sur lequel était écrit : « Fields et fils, viande en gros ». Fébrilement, sa main alla chercher le biper à sa ceinture pour actionner le bouton de déclenchement du GPS : on pourrait ainsi le localiser, où qu’il soit. Heureusement, ses ravisseurs n’avaient pas penser à cet objet. Il le saisit, l’arma et le ramena dans sa poche tout en avançant à la recherche d’une issue.
« Attrapez-le bon sang !
- Pourquoi n’était-il pas attaché ?
- Ce truc était censé le faire dormir près d’une heure !
- Ne le laissez pas filer !
- Rappelez-vous qu’il me le faut vivant ! »
Il entendait les exclamations qui s’entrecroisaient. La dernière phrase le fit respirer : au moins, il savait que sa vie n’était pas en danger, du moins pas dans l’immédiat. Quoi que veuillent ses kidnappeurs, il n’avaient pas l’intention de le tuer tout de suite et il comptait bien profiter de l’avantage, tout relatif, que cela lui donnait.
Comme il se retournait, un coup violent à la tempe le rejeta en arrière, à demi-inconscient : un cinquième homme, qu’il n’avait pas vu, sans doute resté dans l’entrepôt à attendre ses complices, venait de le frapper, l’envoyant au sol. Plus que la volonté, ce fut alors son entraînement de combattant, comme une seconde nature, qui prit le relais. Sa jambe se détendit alors, dure comme une barre à mine et son pied vint frapper ce nouvel agresseur juste sous la rotule. L’homme poussa un hurlement de douleur et s’effondra au sol en tenant son genou à deux mains. Mais il était déjà trop tard. Le chauffeur et deux des autres hommes étaient sur lui.
Il sentit qu’on bloquait son bras dans une clé brutale et il hurla à son tour en sentant son épaule se déboîter sous la pression. Des larmes de souffrance se mirent à ruisseler sur son visage tandis que l’un des hommes le maintenait au sol d’un genou douloureusement enfoncé dans ses reins pendant que l’autre lui arrachait sa veste avant de lui tordre violemment les bras dans le dos. Des menottes vinrent encercler ses poignets, et un gémissement lui échappa lorsque ses tortionnaires les serrèrent au maximum. Puis ils le redressèrent sur les genoux.
Un coup de poing en plein visage lui arracha un cri de douleur tandis qu’un coup, porté à la nuque le précipitait à nouveau à terre. Il vit le sol venir à sa rencontre dans une brume ensanglantée.
« Ce salopard m’a niqué le genou ! »
Un coup de pied dans les côtes vint ponctuer la réflexion.
« Ça suffit maintenant ! Mort il ne nous sert à rien ! »
Juste avant de perdre connaissance, Don se demanda à quoi il pouvait bien servir.
*****
(à suivre)
Cissy Moderatrice générale
Zodiaque : Signe Chinois : Messages : 18922 Date d'inscription : 20/06/2009 Age : 62 Localisation : Normandie
Sujet: Cauchemar - Chapitre VII (suite) Ven 26 Juin 2009 - 20:31
Combien de temps s’était écoulé lorsqu’il reprit conscience ? Il n’en avait pas la moindre idée. Il essaya de se redresser et le mouvement lui arracha une plainte : son épaule le faisait terriblement souffrir. Il resta étendu, attendant que la douleur se calme, essayant d’analyser la situation.
Il était allongé sur un sol froid et dur et un vrombissement incessant, dont il ne parvenait pas à déterminer l’origine, résonnait à ses oreilles. Ses poignets étaient étroitement entravés par des menottes et un bâillon obstruait sa bouche. Il secoua la tête, tentant de dissiper le voile qu’il avait devant les yeux. Ce mouvement déclencha une sourde douleur au niveau de la nuque et de la tempe. Il se souvint alors qu’il avait été frappé et aperçut qu’une traînée de sang sur le plancher où il gisait : apparemment sa blessure à la tempe avait beaucoup saigné et, à ce qu’il pouvait en juger, elle ne saignait plus ; c’était plutôt bon signe.
Il essaya une nouvelle fois de se relever en serrant les dents pour dompter la souffrance de son épaule blessée : il devait absolument faire le point sur sa situation. Il se rendit alors compte qu’il était pieds nus et que ses chevilles étaient entravées par une fine cordelette de nylon, serrée elle aussi au maximum. Décidément, ses ravisseurs avaient décidé de ne plus lui donner une chance cette fois-ci ! Au prix d’un terrible effort, il parvint à s’asseoir et s’appuya contre ce qui, dans un premier temps, lui sembla être un mur. Il regarda alors autour de lui.
Il se trouvait dans une petite pièce : deux mètres sur trois à vue de nez, quoiqu’il n’ait jamais été particulièrement doué pour estimer les superficies. Il faisait frais, presque froid. Pas un meuble : au plafond, et sur les murs, une série de esses pendaient sur des sortes de portiques. Et le ronronnement ne cessait pas.
Un choc brutal le projeta au sol, lui occasionnant un nouvel élan de douleur à l’épaule. Il comprit alors : il se trouvait dans un camion réfrigéré qui roulait ! Qui roulait et dont la climatisation fonctionnait ! Don venait de se rendre compte que la température semblait avoir baissé depuis son réveil. Ou peut-être que, sous l’action conjuguée de la douleur et de la perte de sang, il était plus sensible au froid, d’autant qu’il avait fait extrêmement chaud ces derniers jours.
Il réussit à nouveau à s’adosser à la paroi, serrant les dents pour résister aux longs élancements de son épaule. Malgré la douleur et l’inconfort de sa position, ses idées s’éclaircissaient, il lui semblait qu’il redevenait capable de penser.
Qui l’avait enlevé et pourquoi ? C’était la question qui le taraudait. Si on avait voulu le tuer, il serait déjà mort. D’ailleurs, les mots surpris dans l’entrepôt semblaient confirmer qu’on n’en voulait pas à sa vie pour le moment. Mais que voulait-on de lui ? Où l’emmenait-on ? Il se mit à nouveau à passer en revue les dossiers sur lesquels il avait travaillés et ceux en cours, essayant de faire émerger un nom de cette trop longue liste.
Si seulement il avait pu joindre Charlie ! Celui-ci aurait bien trouvé un moyen de circonscrire cette liste à deux ou trois noms seulement. Cette pensée, à la fois logique et incongrue étant donné sa situation, fit dévier sa réflexion sur les réactions qu’allait engendrer sa disparition.
Ses collègues allaient vite déclencher l’alerte : dès qu’ils se rendraient compte de son absence, ils partiraient en chasse. Et leur ténacité habituelle serait décuplée par la volonté de sortir un équipier d’une situation précaire. Bien évidemment, ils feraient appel à Charlie pour faire le tri auquel il pensait quelques secondes plus tôt et aussi pour permettre de le localiser.
Il eut alors l’une de ces intuitions fulgurantes auxquelles il avait appris à faire confiance : on ne l’emmenait nulle part ; on allait le détenir dans ce camion, sans doute celui qu’il avait entrevu dans l’entrepôt, pour égarer les recherches.
Ses kidnappeurs avaient dû faire le même raisonnement que lui et aboutir aux mêmes conclusions : le F.BI. allait solliciter l’aide de Charlie pour le retrouver et celui-ci aurait beaucoup plus de mal à le localiser s’il changeait sans arrêt d’endroit : il est en effet bien plus difficile de débusquer une proie en mouvement qu’une proie statique. Mais il pouvait avoir confiance : s’il y avait un homme au monde capable de cerner les tenants et les aboutissants de cette affaire, c’était Charlie. Et celui-ci serait d’autant plus efficace qu’il se sentirait plus impliqué.
Et si au contraire, cette implication trop profonde le perturbait au point qu’il en perdre son habituelle efficacité ?
Don imaginait très bien l’angoisse qui serait celle de son frère lorsqu’il apprendrait son enlèvement. Il savait ce qu’il aurait ressenti à sa place. Peut-être au fond valait-il mieux qu’on ne le mêle pas à cette enquête. Comment, sensible comme il l’était, Charlie pourrait-il gérer un échec étant donné l’implication funeste que celui-ci risquait d’avoir ? Don savait très bien que jamais Charlie ne se pardonnerait de n’avoir pas pu permettre de le retrouver.
Et son père ? Il avait toujours essayé de lui cacher les facettes les plus noires de son métier, sachant combien ce père aimant pourrait s’inquiéter s’il était au courant de certains détails. Comment allait-il supporter la disparition de son fils ? Il ne voulait pas que sa famille souffre à cause de lui.
Le camion freina brutalement. Don fut à nouveau douloureusement projeté au sol. Il gémit. Il sentait le sang couler sur ses poignets entamés par l’acier des menottes trop serrées. La cordelette de nylon commençait à s’incruster dans les chairs de ses chevilles ajoutant à son calvaire. Il se doutait que celui-ci ne faisait malheureusement que commencer, sans soupçonner pour autant ce qu’il allait endurer dans les heures à venir.
Sujet: Re: [Numb3rs] - Cauchemar - ??? - PG13 Ven 26 Juin 2009 - 21:21
Super :mangachatsucet, toujours aussi rondement mené.
Et en plus on n'a pas attendre les lustres pour la suite :mangayoupi.: :mangayoupi.:
Donc à demain? :manganeutre:
et un dernier rien que pour toi ^^ :mangachatsucet
Cissy Moderatrice générale
Zodiaque : Signe Chinois : Messages : 18922 Date d'inscription : 20/06/2009 Age : 62 Localisation : Normandie
Sujet: C'est pas bientôt fini? Ven 26 Juin 2009 - 23:27
Tu arrêtes de me donner des idées oui... :mangacolére: En tout cas merci de tes compliments... :mangaj\'aime:
Cissy Moderatrice générale
Zodiaque : Signe Chinois : Messages : 18922 Date d'inscription : 20/06/2009 Age : 62 Localisation : Normandie
Sujet: Cauchemar - Chapitre VIII Sam 27 Juin 2009 - 22:57
CHAPITRE 8
Dans Los Angeles.
Alan raccrocha son téléphone d’un geste impatient et consulta sa montre : il était déjà près de dix heures trente et c’était la troisième fois qu’il laissait un message à Don, toujours sans réponse. Il n’aurait su expliquer pourquoi il se sentait confusément inquiet. Ce n’était pourtant pas la première fois qu’il ne parvenait pas à joindre son fils, toujours si occupé.
Il avait tenté de l’appeler dès huit heures, sûr qu’à cette heure-là il ne risquait plus de le réveiller après sa courte nuit. Environ une heure après, il avait de nouveau essayé et puis, libéré par l’annulation d’un rendez-vous, il venait à nouveau de tenter sa chance. Toujours pas de réponse. Il avait beau se raisonner en se disant que, s’il était arrivé quelque chose, il en aurait été le premier informé, il ne pouvait se débarrasser de cette espèce d’angoisse qui le poursuivait depuis le matin : cette impression qu’une catastrophe était en marche dont rien ne pourrait arrêter la progression.
Après tout, puisqu’il était désormais libre jusqu’au début de l’après-midi, il pouvait bien en avoir le cœur net. Il décida donc de se rendre au siège du F.B.I. pour y voir son fils : ainsi, si l’absence de réponse venait du fait que ce dernier refusait de lui parler, craignant peut-être un sermon, il ne pourrait pas l’éviter s’il se présentait devant lui. Evidemment Don risquait de s’agacer de voir son père débarquer sans prévenir, telle une mère poule soucieuse de l’absence d’un de ses poussins, mais Alan était prêt à en courir le risque.
De toute façon, il savait très bien comment gérer les colères de son garçon. Il suffisait qu’il trouve une bonne excuse à sa présence : une invitation à déjeuner par exemple. Bon, évidemment, il était encore un peu tôt pour déjeuner, mais il pourrait toujours prétendre qu’étant libre (ce qui était vrai), il venait s’enquérir de l’heure à laquelle un déjeuner commun serait éventuellement possible. Et puis, la circulation étant ce jour-là plutôt dense, il mettrait bien trois quart d’heures avant d’arriver au F.B.I. et sa demande semblerait alors moins incongrue.
Siège du F.B.I. Après avoir retiré un badge visiteur à l’accueil, Alan s’engouffra dans l’ascenseur qui montait à l’étage où se trouvait le bureau de Don. Il pénétra dans le lieu qui lui était devenu si familier et chercha à localiser son fils. Il n’était pas à son bureau et il ne l’apercevait dans aucune des pièces dont les baies vitrées s’ouvraient sur l’alignement central des box.
« Tiens M. Eppes… Qu’est-ce que vous faites-là ? Comment va Don ?
L’apparition brusque de David Sinclair et de Colby Granger auprès de lui le fit tressaillir. Puis, l’étrangeté de la question qui venait de lui être posée lui apparut soudain.
- Comment ça : comment va Don ? demanda-t-il, le cœur étreint par un mauvais pressentiment.
- Ben oui, reprit Colby. Il a quoi exactement ? Il semblait pourtant en forme hier soir.
- Qu’est-ce que vous voulez dire ? Don n’est pas là ?
- Je pensais que vous le saviez : son arrêt maladie nous est parvenu vers sept heures trente. Il est arrêté pour cinq jours. Je croyais qu’il était chez vous d’ailleurs puisque le fax venait du bureau de Charlie.
- Du bureau de Charlie ?… A vrai dire, je n’ai pas vu Don ce matin, alors peut-être que… Excusez-moi. »
Son portable venait de sonner, il s’aperçut que l’appel venait de Charlie et décrocha, fébrile :
« Charlie ? Est-ce que tu vas me dire ce qui se passe ?
- Comment ça ?
- Oui, je suis au F.B.I et…
- Tu es où ?
Alan eut un choc en percevant une véritable panique dans la voix de son cadet.
- Je suis au bureau, je voulais voir Don et David me dit qu’il est malade.
- Oui, c’est un peu compliqué. Rentre à la maison qu’on en parle.
- Qu’est ce qui se passe ?
- Ecoute papa, il faut que je te parle, maintenant. Dis à David, dis lui que…
- Que quoi ?
- Je ne sais pas. Papa, tu dois rentrer. Je t’attends à la maison. Et… papa…
- Oui ?
- Surtout fais en sorte que ni David ni Colby ne t’accompagnent.
- D’accord, j’arrive. »
Il raccrocha et se tourna vers les deux agents qui avaient suivi la conversation à la fois intrigués et inquiets.
« Tout va bien ? s’enquit David, alarmé par la soudaine pâleur qui avait envahi le teint d’Alan.
- Oui, oui… Enfin je crois. Charlie m’attend à la maison.
- Don est là-bas ?
- Sans doute. Je n’y comprends rien. En tout cas, il se passe quelque chose.
- Oui, enfin… vous avez sans doute mieux à faire. Ecoutez, je vous tiens au courant. A plus tard. »
Il sortit, laissant les deux agents passablement désarçonnés.
« Tu y comprends quelque chose toi ? demanda Colby à son équipier.
- Pas grand-chose mais ça me paraît louche tout de même.
- Tu crois qu’il est arrivé quelque chose à Don, quelque chose que ni Alan ni Charlie ne voudraient que l’on sache ?
- En tout cas, Alan n’avait pas l’air au courant non plus.
- Oui, tout de même, ça me paraît bizarre.
- Tu as raison, dit David en se dirigeant vers le bureau et en décrochant le téléphone.
- Tu fais quoi ?
- Je lance une recherche sur la voiture de Don. On verra bien.
- Attends… Tu crois que c’est vraiment nécessaire ? Tu imagines la réaction de Don s’il l’apprend ?
- Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse ? Toi aussi tu penses qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond, n’est-ce pas ?
- Oui mais de là à…
- Ecoute, si on se plante, on en sera quitte pour un savon. Et si vraiment il est arrivé quelque chose, tu sais bien que, plus tôt on le saura, plus vite on pourra se mettre en chasse et plus on aura de chance de succès.
- D’accord. Vas-y. »
A onze heures trente, l’agent David Sinclair, du bureau du F.B.I de Los Angeles lançait une recherche sur un véhicule tout terrain de couleur noire dont il précisa soigneusement l’immatriculation et les caractéristiques à son interlocuteur. A onze heures quarante cinq, un appel en provenance de la police locale lui apprit que le véhicule avait été localisé devant un cinéma : aucun mouvement alentours. Colby et lui se précipitèrent à l’adresse indiquée.
*****
Maison des Eppes
Alan arriva chez lui dans un état d’inquiétude extrême. Don malade ? Il ne se souvenait même plus de la dernière fois où c’était arrivé. Don détestait par-dessus tout être malade ou diminué et il faisait tout pour le dissimuler. Si vraiment il avait dû s’arrêter, c’est que son état était sérieux. Mais était-il vraiment malade ? Que cachait la panique perceptible dans la voix de Charlie ? Si la maladie de Don était grave à ce point, il aurait été hospitalisé et lui-même aurait été prévenu. Il ne parvenait plus à se raisonner et se laissait aller aux théories les plus pessimistes. Il ne prit même pas la peine de fermer son véhicule à clé et se précipita à l’intérieur de la maison.
« Donnie ? Charlie ? Vous êtes-là ? »
Il se rua à l’étage, vers la chambre qu’occupait Don lorsqu’il couchait chez eux, son ancienne chambre d’enfant. Il espérait de tout son cœur qu’il y trouverait son fils endormi. Il lui sembla que son cœur s’arrêtait lorsqu’il constata que la chambre était vide. A moins que Don ne se soit assoupi dans une autre pièce…
« Papa, c’est toi ? »
La voix de Charlie, lui parvenant du bas de l’escalier le stoppa dans son élan alors qu’il s’apprêtait à ouvrir les autres portes.
« Oui Charlie, j’arrive ! s’exclama-t-il en dévalant les marches. Où est Donnie ? Où est-il ? »
Le visage décomposé de son fils le stoppa net à trois marches du bas de l’escalier, figé. La peur se mit à lui tordre le ventre : un simple coup d’œil sur Charlie lui confirmait qu’il était arrivé quelque chose de grave, d’irrémédiable peut-être.
« Parle Charlie ! Dis-moi où est ton frère !
- Viens t’asseoir par ici.
- Je ne veux pas m’asseoir c’est clair ! Je ne suis pas un vieil impotent que l’on doit ménager ! Je veux savoir où est mon fils et je veux le savoir maintenant, tu m’entends !
- On l’a enlevé.
- Comment ? Mais non… c’est… c’est impossible !
- Malheureusement non.
- Mais qui ? Pourquoi ? Et comment es-tu au courant ?
- Un homme m’attendait à l’université. »
Entraînant son père vers le salon, Charlie entreprit de lui raconter par le détail ce qu’il savait. C’était finalement si peu de choses. L’homme lui avait expliqué qu’ils attendaient de lui qu’il craque un code dont il avait vite compris qu’il s’agissait d’un code militaire. Il était évident que, quel que soit ce que recherchaient ces hommes, ils ne reculeraient devant rien pour mettre leurs projets à exécution.
« On doit prévenir David et Colby. Ils sauront quoi faire !
- Non papa, non ! Il m’a prévenu que si le F.B.I était alerté, Don en subirait les conséquences !
- Et que comptes-tu faire alors ?
- Leur décrypter leur maudit code et l’échanger contre mon frère !
- Parce que tu crois qu’il le libèreront lorsqu’ils auront ce qu’ils voudront ?
- Que veux-tu que je fasse d’autre ? Je refuse de mettre la vie de mon frère en danger !
- Ton frère est aussi mon fils je te rappelle ! N’as-tu donc rien appris de lui depuis le temps que vous travaillez ensemble ?
- Que veux-tu dire ?
- Tu sais très bien que, dans la majorité des cas, lorsque les ravisseurs ont obtenu gain de cause, ils tuent leur otage pour ne pas laisser de témoin.
- Oui et dans beaucoup de cas, lorsque la famille de coopère pas, ils le tuent aussi, avant même la fin du délai accordé.
- Toi qui es expert en probabilités : à ton avis, quelle est celle qui a le plus fort pourcentage de se vérifier ?
- Qu’est-ce que tu attends de moi ? Que je te dise quelles sont les probabilités pour Don de se sortir indemne de cette épreuve ?
- Charlie, tu sais très bien ce que je veux dire.
- Non je ne le sais pas. Et si tu veux savoir, je ne te comprends pas non plus. Cet homme m’a donné soixante-douze heures pour craquer le code et j’ai l’intention de le faire. Je ne risquerai pas la vie de mon frère sur des probabilités, c’est clair ?
- Et si tu te trompes…
- Je ne peux pas me tromper tu m’entends ! Je ne le peux pas ! »
La voix de Charlie dérapait dans les aigus, indiquant son degré de nervosité, à la limite de l’hystérie. Alan comprit qu’il devait temporiser s’il ne voulait pas voir son fils perdre totalement son sang froid.
« D’accord Charlie, on fait comme tu veux. Au moins pendant les prochaines vingt-quatre heures. Mais à une condition.
- Laquelle ?
- Tu exiges d’avoir la preuve que ton frère est encore vivant et qu’il est bien traité.
- D’accord, tout ce que tu veux du moment que tu laisses le F.B.I. en dehors de tout ça.
- Ne t’inquiète pas. Je ferai ce qui est le mieux pour ton frère.
- Alors j’y vais : je dois me remettre au travail si je veux avoir une chance d’aboutir.
- C’est ça, vas-y. Et… Charlie…
- Quoi ?
- Ton frère va s’en sortir, tu verras.
- Le ciel t’entende ! »
Charlie s’engouffra dans le garage et Alan resta quelques minutes prostré sur le canapé où il avait pris place : son petit garçon aux mains de malfrats prêts à tout ! Comment pourrait-il supporter cette incertitude : ne pas savoir s’il allait bien, s’il était bien traité.
La vie était bizarre : il s’était parfois inquiété de la possibilité que l’on cherche à kidnapper Charlie à cause des ses grandes capacités. Un cerveau comme le sien était incomparable et plus d’une organisation, amie ou non, aurait été heureuse d’en profiter. Mais jamais, jamais il n’avait, ne serait-ce que l’ombre d’une seconde, imaginé que l’on pourrait enlever Don.
Oh bien sûr, depuis qu’il était entré au F.B.I, il avait bien pensé qu’il pourrait être blessé ou pire, mais kidnappé, ça non ! Peut-être justement parce qu’il était du F.B.I. : qui serait assez inconscient pour tenter un tel coup, sachant que cela jetterait sur ses traces l’une des meilleure police du monde ? Et voilà que c’était ce qui arrivait. Que pouvait-il faire ? Que devait-il faire pour que son garçon lui soit rendu sain et sauf ?
Il se leva lourdement et se dirigea vers le bahut sur lequel trônaient les photos qui figeaient tous les moments heureux qu’ils avaient traversé ensemble. Sa main tremblante s’empara d’un portrait de Don à sa sortie de Quantico. Il posait fièrement devant l’objectif, la main sur sa toute nouvelle arme, sa plaque crânement accrochée au tee-shirt marqué à l’effigie de l’agence où il venait d’être accepté avec les félicitations. Il se souvenait d’avoir été si fier de lui, lui l’ancien activiste qui s’était tellement opposé à cette administration où ce jour-là son fils aîné faisait ses premiers pas. Son doigt couru le long du visage qui lui souriait sur le papier glacé. Son petit, son garçon à lui, l’une des plus grandes joies de sa vie, lorsqu’il l’avait pris pour la première fois dans ses bras, petit paquet hurleur auquel il avait juré de toujours le protéger, de toujours faire de son mieux pour lui.
Alan reposa le cadre, la main plus sûre, le visage marqué d’une farouche détermination. Il savait ce qu’il devait faire. Il prit ses clés de voiture et quitta la maison rapidement.
(à suivre)
Cissy Moderatrice générale
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Sujet: Cauchemar - Chapitre IX Sam 27 Juin 2009 - 23:03
CHAPITRE 9
Rues de Los Angeles
David et Colby s’étaient rapidement rendus sur les lieux où la voiture de Don avait été signalée. A leur arrivée, un officier de police leur indiqua que le véhicule était garé normalement et n’avait subi aucun dommage. Les deux agents s’approchèrent et David tenta d’ouvrir la portière conducteur, sans grande conviction. A sa vive stupeur, celle-ci s’ouvrit sans problème. Colby fit la même constatation côté passager : perplexes, les deux hommes comprirent que le véhicule n’était pas fermé à clé, ce qui n’était vraiment pas dans les habitudes de leur collègue. Leur perplexité s’accrut puis se transforma en inquiétude lorsqu’ils se rendirent compte que les clés étaient restées sur le contact : apparemment, Don avait quitté la voiture précipitamment sans avoir l’opportunité de la fermer. De là à conclure qu’il ne l’avait pas quitté de son plein gré…
« Tu y comprends quelque chose toi ? demanda David.
- Rien du tout, mais ça ne me dit rien qui vaille.
- Aucune trace de lutte, rien…
- Non bien sûr. Mais tu imagines Don abandonnant son véhicule avec les clés sur le contact toi ?
- Pas une seconde !
- Qu’a-t-il bien pu se passer alors ?
- Ça je n’en sais rien, mais j’ai bien l’intention de le savoir, figure-toi.
- Qu’est-ce qu’on fait, là ?
- D’abord je vais demander qu’on remorque la voiture jusqu’au garage : peut-être les techniciens y découvriront-ils quelque chose. Ensuite…
- Ensuite quoi ?
- Je ne sais pas très bien à vrai dire. Quelqu’un doit bien savoir ce qui est arrivé.
- A mon avis, il y a au moins une personne qui le sait.
- Qui donc ?
- Charlie.
- Tu as raison. Et bien, allons lui demander ce qu’il sait.
- Hum… Tu connais Charlie, s’il a décidé de ne rien dire…
- Enfin, s’il était arrivé quelque chose à son frère, il nous le dirait tout de même.
- Oui, sauf si on lui a demandé de ne pas le faire.
- Qu’est-ce que tu sous-entends ?
- Ecoute David, tu penses comme moi qu’il est vraisemblablement arrivé quelque chose de pas clair à Don.
- Et bien ça paraît assez vraisemblable.
- Attends : hier soir il était en pleine forme et ce matin Charlie nous faxe un arrêt de travail de cinq jours, ça te paraît logique ça ? Et pourquoi cet arrêt vient-il de Charlie ? Don aurait pu appeler non ? Tu crois un instant qu’il puisse se sentir si mal qu’il n’en soit pas capable ?
- A mon avis, s’il se sentait si mal que ça, il serait à l’hôpital. Je l’ai vu travailler avec plus de trente-neuf de fièvre une fois. Il a fallu que le patron se fâche pour qu’il consente à quitter le bureau. Et il était de retour à peine vingt-quatre heures plus tard !
- On est bien d’accord. Donc cet arrêt maladie sent mauvais. Et puisque c’est Charlie qui l’a faxé…
- Charlie sait quelque chose. Mais c’est là que je ne te suis plus. Jamais Charlie ne mettrait son frère en danger, il l’adore.
- Justement. Et si on faisait pression sur lui ?
- Je vois, du genre : si tu parles au F.B.I., ton frère est mort !
- Tout juste.
- Seulement, dans ce cas, rien ne le fera parler. Lorsque Charlie a quelque chose dans la tête…
- Tu as raison. On aura du mal à le convaincre que, si c’est bien ce que nous pensons, il fait le mauvais choix.
- Alors quoi ?
- Attends, et si on essayait de localiser le portable de Don ? Il n’est pas dans la voiture n’est-ce pas ?
- Je ne l’ai pas vu, mais je n’ai pas regardé en détail.
Mais à peine avaient-ils commencé à fouiller, que Colby poussa un soupir de découragement en plongeant le bras sous le siège passager. Il en ramena le portable de son collègue et les deux agents échangèrent un regard pessimiste : une autre chance de comprendre qui s’évanouissait. Soudain David eut comme une illumination :
- Et son biper ? Tu l’as vu ?
- Non ! Attends, cherchons bien ! »
Les deux agents fouillèrent minutieusement l’habitacle et se retrouvèrent bredouilles. Le biper dont disposait chaque agent n’était pas là. Or une touche permettait, en cas de danger, de déclencher un signal GPS permettant de retrouver l’agent.
« Si Don a son biper avec lui, ça pourrait être notre chance.
- Tu veux essayer de le localiser ?
- Tout juste.
- Mais s’il a vraiment été enlevé, ses ravisseurs l’auront coupé, à moins qu’ils ne soient complètement idiots.
- Ils le sont peut-être. D’ailleurs si vraiment ils s’en sont pris à lui, ça ne prouve pas une très grande intelligence si tu veux mon avis.
- De toute façon, on n’a rien à perdre à tenter le coup. J’appelle le bureau pour qu’ils lancent la recherche le temps qu’on y retourne. »
Tout en regagnant la voiture, David lança l’appel annoncé et les deux agents reprirent le chemin du bureau.
« Il y a encore une chose qui m’étonne, dit soudain Colby.
- Quoi donc ?
- Tu as remarqué l’orientation de la voiture ?
- Comment ça ?
- Ben oui, elle était garée dans la direction de la maison de Charlie.
- Et alors ?
- Ça me paraît bizarre. Si Don rentrait chez lui et elle aurait dû être dans le sens inverse.
- Rien n’indique qu’il rentrait chez lui. On n’a aucune idée de l’heure à laquelle il a disparu. Ce pouvait être hier soir ou ce matin.
- Tu as raison. D’ailleurs c’est un détail. Par contre, je me demande comment ils ont fait pour l’obliger à s’arrêter.
- Il est certain que, s’il s’était senti en danger, il aurait passé un appel. Conclusion…
- Il ne s’est pas senti en danger.
- Tout ça est bizarre.
- Tout ça ne me dit rien de bon surtout. »
Ils roulèrent en silence jusqu’à leur immeuble, chacun ressassant ses propres pensées, inquiets du sort réservé à leur ami.
*****
Siège du F.B.I.
La première personne qu’ils virent en entrant dans le bureau, c’était Alan. Un seul coup d’œil à son visage défait leur confirma que leurs craintes n’étaient pas vaines.
« Je dois vous parler, tout de suite.
- C’est au sujet de Don ?
- Comment le savez-vous ?
- Et bien, disons que le coup de fil de Charlie tout à l’heure, nous a mis la puce à l’oreille.
- Venez par ici, ajouta David en entraînant Alan dans une petite pièce à l’écart.
- Alors, que se passe-t-il, reprit Colby lorsqu’ils furent installés.
La voix d’Alan tremblait lorsqu’il avoua :
- Don a été enlevé.
- C’est bien ce qu’on craignait.
- Comment ça ?
- On a retrouvé sa voiture garé à une dizaine de minutes de chez vous, portières ouvertes et clés sur le contact. Don n’aurait jamais été aussi négligent à moins d’y avoir été contraint.
- Vous avez retrouvé sa voiture ? Est-ce que… ? Alan n’arrivait pas à terminer la question mais les deux hommes comprirent tout de suite ce qui le préoccupait.
- Non, rassurez-vous, rien n’indique que Don soit blessé. Il n’y avait aucune trace de lutte. On a dû le menacer d’une arme pour qu’il obéisse mais, apparemment, on ne lui a fait aucun mal.
David se retint d’ajouter : en tout cas à ce moment-là.
- Dieu soit loué !
- Et maintenant, si vous nous racontiez ce que vous savez.
- Juste ce que Charlie m’a dit. Un homme est venu le trouver ce matin à l’université pour lui dire que lui et ses complices détenaient Don et qu’ils exigeaient de Charlie qu’il décrypte un code pour eux en échange de son frère. Il lui a donné le certificat médical que vous avez reçu en lui ordonnant de vous le faxer et a instamment demandé que le F.B.I. ne soit pas mis au courant de l’enlèvement, sous peine de s’en prendre à Don.
- Et Charlie a décidé de jouer le jeu ?
- Il est terrifié à l’idée qu’il puisse arriver quelque chose à son frère. Il se sent fautif de ce qui arrive. Il m’a demandé de ne rien vous dire.
- Et pourtant vous êtes là.
- Oui, parce que j’ai le sentiment que jamais ces hommes ne relâcheront mon fils, que Charlie parvienne ou non à faire ce qu’ils lui demandent. Je sais que Don souhaiterait que vous soyez mis au courant.
- Vous avez fait le bon choix M. Eppes. Et ce d’autant plus que nous nous doutions déjà de quelque chose et que nous n’aurions pas lâché l’affaire, avec ou sans votre accord.
- Mais qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
- Tout d’abord, Charlie vous a-t-il dit quelle preuve il avait que son frère était détenu par ces hommes ?
- Ils lui ont remis son insigne.
- Mais lui ont-ils apporté la preuve qu’il était toujours en vie ?
- Que voulez-vous dire ? Vous pensez que… Alan était devenu livide.
- Non, non, rassurez-vous. C’est la procédure. Je ne pense pas qu’il soit arrivé quoi que ce soit à Don, pas pour l’instant. Ils ont tout intérêt à le garder en vie tant que Charlie n’a pas rempli son office. Après…
- Après, ils le tueront, c’est ce que vous pensez n’est-ce pas ?
- M. Eppes, je ne vous ferai pas l’affront de vous mentir. C’est en effet le plus probable. Il leur sera difficile de relâcher quelqu’un qui pourrait les identifier, qui plus est, un agent fédéral. Ses chances d’être libéré ne sont pas nulles mais…
- C’est pourquoi vous avez bien fait de venir nous trouver. Ensemble nous trouverons une solution. »
A ce moment-là, un agent entra dans la pièce, les interrompant.
« Agent Sinclair, nous avons localisé le biper.
- Quoi ? Je viens avec vous !
- De quel biper s’agit-il ? s’enquit Alan auprès de Colby, resté près de lui.
- De celui de Don. Nous avions lancé une recherche lorsque nous avons retrouvé son véhicule.
- Mais alors, vous allez le retrouver.
- Ne vous emballez pas. Rien ne dit qu’il a toujours son biper sur lui.
- Mais c’est possible n’est-ce pas ?
- Oui, c’est possible. Ecoutez M. Eppes, attendez-nous là. Je vous promets de vous tenir au courant. »
Colby quitta à son tour la pièce, mécontent de lui-même. Il s’en voulait d’avoir laissé un tel espoir à Alan, mais il n’avait pu se résoudre à lui faire part de sa réserve. Que le portable ait été localisé n’indiquait pas forcément que Don était au même endroit : on avait pu le jeter n’importe où. Et même si l’otage était là, rien n’indiquait qu’il serait encore vivant. Il était tout de même bizarre que les ravisseurs n’aient pas pensé à se débarrasser de l’objet. Mais comment se résoudre à infliger ce raisonnement à un père en proie à l’angoisse ?
*****
Cissy Moderatrice générale
Zodiaque : Signe Chinois : Messages : 18922 Date d'inscription : 20/06/2009 Age : 62 Localisation : Normandie
Sujet: Cauchemar - Chapitre IX (suite) Sam 27 Juin 2009 - 23:04
Un entrepôt dans la zone portuaire
Un groupe d’intervention mené par les deux agents se rendit immédiatement à l’adresse localisée. C’était un entrepôt dans la zone portuaire, un de ces nombreux bâtiments désaffectés qui abritaient régulièrement les opérations les plus louches.
L’édifice fut encerclé puis investi rapidement. La déconvenue de David et Colby fut complète lorsqu’ils s’aperçurent qu’il n’y avait âme qui vive à l’intérieur. Un van était abandonné au milieu. Ils se dirigèrent prudemment vers lui en lançant les sommations d’usage : aucune réponse. Les portières ouvertes révélaient qu’il n’était pas occupé.
Ils rengainèrent leurs armes tandis que le groupe se dispersait, à la recherche d’indices.
« Agent Sinclair !
- Oui ?
- On m’indique que le biper est toujours dans le bâtiment.
- Quoi ?
- D’après le technicien, le signal vient d’ici.
- Attends une seconde. »
Colby s’empara de son téléphone et appuya sur une touche. Une sonnerie retentit dans le bâtiment. Les hommes se dirigèrent vers elle. Elle sortait d’un amas d’immondices accumulé le long d’une paroi, non loin du van. Colby se pencha et tira sur un bout de tissu roulé en boule : c’était une veste.
« C’est celle de Don, je la reconnais, s’exclama Colby. Et voici son biper, ajouta-t-il d’une voix découragée en retirant l’objet de la poche de la veste.
- Et là, on dirait ses chaussures, renchérit David la voix blanche.
- Ce sont bien les siennes, confirma Colby qui s’était baissé pour examiner la trouvaille de son équipier.
- Agent Sinclair, on dirait qu’il y a du sang ici ! »
David et Colby se précipitèrent vers le policier qui venait de les interpeller. Celui-ci s’était arrêté devant une flaque noirâtre qui maculait le sol à quelques mètres du van. David se baissa et effleura la tache du bout des doigts.
« C’est bien du sang ! »
Les deux hommes échangèrent un regard angoissé : la veste, les chaussures et cette flaque de sang, tout indiquait qu’il s’était passé quelque chose de terrible à cet endroit. Don y était venu, c’était certain, mais qu’était-il advenu de lui ? Ils continuèrent la fouille de longues minutes, terriblement inquiets de ce qu’ils pourraient découvrir, s’attendant, à chaque instant à trouver le corps de leur ami recroquevillé dans un coin du bâtiment.
Finalement, avec un soupir de soulagement, ils se rendirent compte qu’il n’en était rien. Mais l’angoisse n’avait pas disparu pour autant : si Don avait été tué, rien n’empêchait ses meurtriers de se débarrasser du corps dans l’océan à moins de cent mètres de là. Et dans ce cas, qui sait si on le retrouverait un jour ?
D’un autre côté, rien n’indiquait que le sang était le sien : le prélèvement effectué permettrait d’en avoir le cœur net. Mais l’un comme l’autre avaient l’intuition que c’était le cas. Ils espéraient simplement que leur équipier était simplement blessé : il y avait vraisemblablement eu lutte mais cela n’impliquait pas forcément que le pire ce soit produit. D’ailleurs, pour tuer un homme on n’a pas besoin de le dépouiller de ses vêtements : le pourquoi de ce geste ne leur apparaissait pas, mais il semblait plutôt pencher vers l’hypothèse que Don était toujours en vie.
Les deux hommes quittèrent les lieux le cœur lourd, laissant les techniciens prendre possession du site à la recherche d’éventuels indices qui leur permettraient de trouver une piste. Le voyage de retour se fit dans le silence le plus complet. Tous les deux pensaient à leur ami, prisonnier de gens sans scrupule qui n’hésiteraient sans doute pas à l’éliminer s’ils se sentaient menacés.
Ce ne fut qu’à leur arrivée qu’ils songèrent soudain qu’Alan devait les attendre à l’étage, à la fois angoissé et plein d’espoir. Ils se regardèrent, chacun cherchant dans les yeux de l’autre la solution pour rendre le moins dur possible le coup qu’ils allaient asséner à cet homme. Il espérait de bonnes nouvelles de son fils et ils n’avaient à lui apporter que de nouvelles angoisses. D’un commun accord, ils décidèrent de ne pas parler du sang retrouvé dans l’entrepôt : après tout, tant que l’on était pas certain qu’il s’agissait de celui de Don, pourquoi inquiéter son père encore davantage ?
*****
Siège du F.B.I.
Ils étaient à peine sortis de l’ascenseur que déjà Alan était auprès d’eux. Ils n’eurent pas besoin de lui dire un mot : il lut sur leurs visages qu’ils n’avaient rien. Il se contenta alors de les regarder et il virent que dans ses yeux venait de s’éteindre une lueur tandis que son visage se décomposait. Colby n’eut que le temps de le rattraper alors qu’il chancelait. Les deux hommes le soutirent jusqu’à la salle de repos et l’obligèrent à absorber une tasse de café.
« Vous allez mieux ? questionna David d’un ton anxieux.
- Oui ça va maintenant. Je suis désolé.
- Il n’y a vraiment pas de quoi.
- Alors, vous n’avez rien trouvé ?
- Et bien, on a retrouvé des vêtements appartenant à Don mais…
- Des vêtements ?
- Oui, sa veste, ses chaussures et ses chaussettes.
- Mais qu’est-ce que ça veut dire ?
- Je ne sais pas M. Eppes, je ne sais vraiment pas.
- Mais il y a un point positif, ajouta Colby, s’efforçant de prendre un ton encourageant. Cela veut dire que Don est vraisemblablement toujours vivant.
- Vraisemblablement…, la voix d’Alan était presqu’inaudible.
- Ecoutez M. Eppes, vous savez bien qu’ils n’ont aucun intérêt à l’éliminer avant que Charlie n’ait fini son analyse.
- Je sais bien. Mais pourquoi lui enlever ses chaussures ? Que lui ont-ils fait ? Mon Dieu, qu’est-il arrivé à mon petit ? »
Il mit sa tête dans ses mains, courbé sur son fauteuil. Les deux agents ne savaient plus comment réagir devant la douleur de cet homme qu’ils appréciaient. Que dire pour le réconforter ? Comment lui apporter un espoir qu’eux-mêmes n’avaient pas ?
Et puis Alan se redressa, au prix d’un effort surhumain : il ne voulait pas se donner en spectacle. Et surtout, il n’avait pas le droit de se laisser aller au désespoir : pas encore. Son fils était vivant, quelque part, et il était de son devoir de tout faire pour le ramener à la maison. Ce n’était pas en gémissant qu’il y arriverait.
« Et le biper ? demanda-t-il d’une voix plus ferme.
- Il était dans la poche de la veste.
- Ah… Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ?
- Il faut que Charlie coopère avec nous. Les ravisseurs vont garder le contact avec lui. Il doit exiger une preuve que Don est toujours en vie.
- Et s’ils refusent ?
- Ils ne refuseront pas si il déclare qu’il ne fera plus rien tant qu’il n’aura pas cette preuve.
- Et s’ils s’en prennent à Don ?
- M. Eppes, je ne vais pas vous mentir. Ça pourrait arriver, c’est un risque à courir. Mais c’est notre seule chance de remonter la piste.
- Vous avez raison. Je vais parler à Charlie.
- Nous vous accompagnons. »
Les trois hommes quittèrent ensemble le bureau, bien décidés à faire front commun pour obtenir la preuve que rien n’était encore perdu.
(à suivre)
Cissy Moderatrice générale
Zodiaque : Signe Chinois : Messages : 18922 Date d'inscription : 20/06/2009 Age : 62 Localisation : Normandie
Sujet: Cauchemar - Chapitre X Dim 28 Juin 2009 - 19:22
CHAPITRE 10
Maison des Eppes
Charlie était plongé dans des calculs élaborés, s’absorbant dans sa tâche pour éviter de penser à ce qui était en train de se passer. Il tentait de toutes ses forces de se concentrer uniquement sur son travail, essayant vainement d’occulter le sort réservé à son frère. Mais, régulièrement, des images venaient perturber sa réflexion et il perdait le fil. Il se rendait compte du danger mais ne pouvait pas faire autrement.
Son esprit ne parvenait pas à se détacher de son frère : comment allait-il ? Où était-il ? Etait-il convenablement traité ? A quoi pouvait-il bien penser, aux mains de ces malfrats depuis au moins sept heures (il s’était rendu compte qu’il ignorait totalement à quel moment on avait enlevé Don). Comptait-il sur lui pour aider à le retrouver ? Et lui, Charlie, faisait-il le bon choix en décidant de laisser le F.B.I. à l’écart ? N’était-ce pas son père qui avait raison ? Ces pensées tournaient en boucle dans sa tête, l’empêchant d’être totalement investi dans le décodage qui était pourtant le seul moyen de s’assurer que son frère serait libéré.
Mais le libèrerait-on vraiment ? Les mots d’Alan résonnaient dans sa tête : « dans la majorité des cas, lorsque les ravisseurs ont obtenu gain de cause, ils tuent leur otage pour ne pas laisser de témoin ». Il savait que c’était la réalité. Mais quel autre choix avait-il que de jouer le jeu ? Travers lui avait donné rendez-vous à son bureau à seize heures, lui intimant d’avoir à ce moment-là des résultats concrets à lui fournir. Comment serait-il capable d’y arriver alors qu’il ne parvenait pas à se concentrer plus de cinq minutes d’affilée ?
Il se laissa tomber sur la chaise et posa les coudes sur son bureau, en proie à une panique grandissante : il avait l’impression que, quelque part, son frère l’appelait au secours, comptait sur lui pour le sortir du pétrin et qu’il ne faisait rien dans ce sens.
« Charlie, tu es là ? »
La voix de son père le fit sursauter. Il se souvint alors s’être demandé où celui-ci avait disparu : il l’avait cherché quelque temps auparavant ; il avait besoin de discuter avec lui, de se justifier à nouveau de son refus d’avertir le F.B.I. Mais Alan n’était nulle part. Il s’était alors dit que son père avait besoin de solitude, préférant ne pas afficher son désarroi devant lui, cela lui ressemblait tellement !
« Je suis là papa ! Je n’y arrive pas ! J’ai l’impression de ne plus rien savoir ! s’exclama-t-il sans se retourner lorsqu’il entendit la porte s’ouvrir.
Il n’osait pas affronter le regard de son père : comment réussir à lui avouer qu’il se sentait impuissant à trouver la solution qui pouvait leur rendre Don ?
« Charlie, écoute… »
Il se retourna et s’aperçut qu’Alan n’était pas seul. David et Colby venaient d’entrer derrière lui.
« Quoi ? Mais qu’est-ce qu’ils font là ? Tu les as prévenus ? Papa ! Tu m’avais promis de ne pas le faire.
- Non Charlie, je n’ai rien promis.
- Tu m’as dit que…
- Je t’ai dit que je ferai ce qui était le mieux pour ton frère et, à mon avis, le mieux était de prévenir le F.B.I.
- Ils ont dit qu’ils s’en prendraient à lui !
- Charlie, ils disent toujours ça, intervint Colby. C’est ce qui leur permet de s’assurer la collaboration entière des familles.
- Mais le plus souvent, ajouta David, ça ne change rien. S’ils ont décidé de maltraiter leur otage, ils le feront, quoi qu’il se passe : ils trouveront toujours une justification pour ça.
- Et c’est censé me rassurer ? s’emporta Charlie.
- C’est leur technique, reprit son collègue, faire en sorte que ce soient les victimes qui se sentent coupables.
- Ecoute-les Charlie, reprit Alan. Je sais que tu es terrifié à l’idée de ce qui pourrait arriver à ton frère. Crois-moi, je le suis tout autant que toi. Don est mon fils avant d’être ton frère. Mais je ne pense pas que jouer le jeu de ses ravisseurs soit le meilleur moyen de le sauver. Tu viens toi-même d’avouer que tu n’es pas sûr de trouver la solution qu’ils te demandent. Que feront-ils alors ?
- Tu as raison, admit Charlie d’une voix tremblante. Mais papa, j’ai si peur, si peur pour lui ! »
Il s’abattit en pleurant dans les bras de son père qui le serra longuement contre lui :
« Ça va aller Charlie, tu verras. A nous tous on arrivera bien à le sortir de là. Mais il ne faut surtout pas baisser les bras.
- Tu as raison, répéta Charlie en se reprenant. Il s’efforça de raffermir sa voix et demanda aux deux agents :
- Que dois-je faire ?
- Avant tout, dis-nous exactement ce que tu sais. Alan nous en a retracé les grandes lignes, mais on aimerait l’entendre de ta bouche. »
*****
Charlie leur narra alors son entrevue avec le dénommé Travers, les menaces que celui-ci avaient proférées à l’encontre de Don et le travail qu’il lui avait confié.
« Il t’a remis l’insigne de Don ? Tu l’as ici ?
- Oui. Tiens. Que veux-tu en faire ?
Puis, voyant Colby déposer le porte-carte dans un petit sac plastique qu’il avait retiré de sa poche :
- Oh ! tu veux voir si vous trouvez ses empreintes ?
- Et surtout si elles sont dans notre fichier.
- Il n’y a pas beaucoup de chances pour qu’il ait commis une telle imprudence.
- Peut-être pas, intervint David, mais on ne perdra rien à essayer. Bon, est-ce qu’il t’a dit dans quelles conditions Don avait été enlevé, à quel moment ?
- Rien du tout : c’est forcément entre le moment où il a quitté la maison et sept heures ce matin.
- Il est parti à quelle heure ?
Colby s’adressait à Alan qui, d’un signe de tête, fit comprendre qu’il l’ignorait.
- Il devait être aux alentours de une heure quinze. Et attends…
Charlie se précipita vers son téléphone et interrogea la mémoire :
- C’est ça, il m’a appelé à une heure vingt-sept !
- Il t’a appelé ? Mais pour quoi faire ? Vous veniez de vous quitter ! s’étonna David.
- Nous nous étions disputés…
La voix de Charlie tremblait.
- Il m’a laissé un message.
- Un message ?
- Oui, je n’ai pas pris son appel. »
Il jeta un regard contrit et inquiet vers son père.
« J’étais encore trop énervé par notre accrochage, je me suis dit que je le rappellerais plus tard.
- Ça pourrait expliquer pourquoi la voiture était dans cette direction, dit soudain Colby.
- Que voulez-vous dire ? demanda Alan.
- Oui, lorsque nous avons retrouvé sa voiture, elle était garée en direction de chez vous. Ça nous avait paru bizarre mais bon, ça ne semblait pas non plus essentiel.
- Vous pensez qu’il était en train de revenir ici ? la voix de Charlie était atone.
- C’est vraisemblable. Vous vous êtes disputés. Il a fait demi-tour pour revenir s’expliquer puis il s’est arrêté pour t’appeler et vérifier que tu étais toujours debout.
- Ou, inversement, il a appelé puis fait demi-tour parce que tu ne répondais pas, compléta David.
- Et pendant qu’il était arrêté, ses ravisseurs en ont profité pour passer à l’attaque.
- Ça veut dire que, si j’avais répondu rien ne se serait passé ? Que sans notre dispute…
- Arrête Charlie, ce que tu fais-là est stupide. Ces hommes n’ont pas monté leur plan en cinq minutes. Hier ou aujourd’hui, ils auraient enlevé Don pour s’assurer ta collaboration. Et une dispute n’y aurait rien changé, tenta de le raisonner David.
Mais Charlie semblait de pas entendre, il continuait à parler, sans s’adresser à qui que ce soit en particulier :
- Il revenait et il voulait me parler. Il m’a appelé et je n’ai pas décroché. Oh Seigneur ! Si ça se trouve, je n’aurai plus jamais l’occasion de lui parler et j’ai refusé son dernier appel. Comment est-ce que je pourrai me pardonner ça hein ? Dites-le moi vous autres.
- Cesse de dire des sottises Charlie, ça n’avance à rien !
La voix d’Alan, cinglante, fit sortir Charlie de cet espèce d’état second dans lequel il se trouvait.
- D’autant, ajouta Colby, que je ne pense pas que ça aurait changé quoi que ce soit. A mon avis, ses ravisseurs devaient le suivre, attendant l’occasion de s’emparer de lui.
- Mais si j’avais répondu…
- Et alors ? Au pire tu aurais assisté à son enlèvement en direct.
- Justement, j’aurais pu alerter les secours plus vite et …
- Charlie, avec des si et des mais, on referait le monde ! Alors arrête. Tu n’es coupable de rien, mais si tu es incapable de t’en convaincre, tu vas te détruire et ça n’aidera pas ton frère.
Le ton de David était ferme.
- C’est vrai. Excusez-moi mais, quand je pense à ce que Don est peut-être en train de vivre…
Sa voix se brisa.
- Ça non plus ça n’avance à rien Charlie. Ce n’est pas en se lamentant qu’on le sortira de ce guêpier.
- Mais que dois-je faire ?
- Ce Travers, il a bien dû prévoir de reprendre contact avec toi, ne serait-ce que pour savoir où tu en es ?
- On doit se retrouver à mon bureau à seize heures.
- Pourquoi pas ici ?
- Aucune idée. Il s’est peut-être dit que l’université était un endroit plus sûr parce que plus difficile à surveiller. Je n’en sais rien en fait.
- De toute façon, ça n’a pas grande importance. Ce qui compte, c’est que tu exiges de lui la preuve que Don est encore en vie.
- Mais quel genre de preuve ?
- Demande à lui parler !
- Et s’ils s’en prennent à Don parce que je ne joue pas le jeu ?
- Ecoute Charlie, comme je l’ai déjà dit à ton père, c’est malheureusement un risque qu’il nous faut courir si nous voulons avoir une chance de renouer la piste. Pour le moment on n’a rien ! Nous avons retrouvé des traces dans un entrepôt sur la zone portuaire mais ça ne mène nulle part. Alors, il faut les obliger à bouger.
- De toute façon, il est logique que tu t’assures que ton frère va bien. Ils ont forcément dû prévoir cette éventualité.
- Sans doute oui.
Charlie n’avait pas l’air convaincu.
- Et toi papa, qu’est-ce que tu en penses ?
- Je pense comme eux Charlie. Si vos déductions sont exactes, voilà maintenant un peu plus de douze heures que ton frère est entre leurs mains.
Il faut qu’on sache s’il est en vie.
- Même si c’est risqué pour lui ?
- Même si c’est risqué pour lui, oui.
Alan s’efforçait de rendre sa voix ferme, mais Charlie décela la fêlure au fond, et il comprit que son père vivait le même calvaire que lui, peut-être pire encore parce que, comme il l’avait dit, Don était son fils avant d’être le frère de Charlie.
- D’accord. Je ferai comme vous voulez. Maintenant, s’il vous plaît, laissez-moi travailler. Je dois impérativement avancer pour pouvoir leur présenter des résultats qui les satisferont.
- Justement, il nous faudrait aussi une copie de ce qu’ils t’ont demandé.
- Pourquoi ?
- Le fait de savoir de quoi il retourne peut nous permettre de savoir qui est derrière tout ça.
- Bien sûr ! Je n’y avais même pas pensé ! Tenez, tout est là, dit-il en leur tendant un dossier bleu.
- D’accord Charlie. Tu peux t’en passer pour le moment ?
- Oui, la chaîne de calcul sur laquelle je travaille est déconnectée du reste. Mais je dois impérativement l’avoir avec moi lorsque je rencontrerai Travers.
- Ne t’inquiète pas. On file au bureau faire une photocopie de tout ça et les confier à nos techniciens. Puis on revient avec du matériel.
- Du matériel ?
- Oui, on va mettre vos téléphones sur écoute, on ne sait jamais. On va aussi te confier un micro pour enregistrer ta conversation avec Travers. Et j’envoie une équipe installer du matériel de vidéo surveillance dans ton bureau dès maintenant.
- Je ne suis pas sûr…
- Charlie, tu as confiance en nous ou pas ?
- Oui mais…
- Ecoute, des affaires d’enlèvement et de chantage, on en a traité quelques dizaines alors crois-moi, on sait ce qu’on fait.
- Et s’ils s’en aperçoivent ? J’ai peur de ce qu’ils pourraient faire à mon frère.
- Je sais Charlie, je sais. Mais on n’a pas le choix.
- Vous avez raison, on n’a pas le choix.
- Bien, on n’a pas beaucoup de temps : si tu dois être à ton bureau à seize heures, on a moins de deux heures pour tout mettre en place. On te laisse.
- Oui. A tout à l’heure. »
Lorsque les deux agents eurent quitté la maison, Charlie regarda son père :
« Crois-tu vraiment que nous avons fait le bon choix papa ?
- Je pense que oui Charlie. En tout cas nous avons fait le choix que ton frère aurait fait.
- C’est vrai. C’est ce que Don aurait fait. »
Alors que son père s’apprêtait à quitter le garage, Charlie demanda :
« Papa, est-ce que tu m’en veux ?
- Est-ce que je t’en veux pour quoi Charlie ?
- Pour m’être disputé avec Don et ne l’avoir pas empêché de quitter la maison ? Pour n’avoir pas décroché ce téléphone ?
- Charlie, on en a déjà parlé : ça n’aurait rien changé. Si ton frère avait couché là, ses ravisseurs l’auraient enlevé ce matin ou plus tard, mais comme David et Colby l’ont dit, ils le suivaient et rien n’aurait pu les empêcher de s’emparer de lui. Comment pourrai-je t’en vouloir ? Tu n’y es pour rien, tu m’entends, pour rien du tout !
- Tu en es vraiment sûr ?
- J’en suis tout à fait sûr Charlie. Cesse de te torturer ainsi : Don ne le supporterait pas, et moi non plus.
- Don… Il va s’en sortir papa, n’est-ce pas ?
- J’espère Charlie, je l’espère de tout mon cœur. »
Alan serra rapidement son fils contre lui et sortit précipitamment du garage : il ne voulait pas que Charlie voit ses yeux se remplir de larmes.
(à suivre)
Cissy Moderatrice générale
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Sujet: Cauchemar - Chapitre XI Dim 28 Juin 2009 - 19:30
CHAPITRE 11
Calsci, bureau de Charlie
Charlie arriva à son bureau dans un état d’agitation extrême : il était quatre heures moins dix. Il n’y avait aucune trace de Travers. Il jeta un coup d’œil circulaire pour s’assurer que le matériel de vidéo surveillance n’était pas détectable : rien n’apparaissait et, si lui-même n’avait pas vu le schéma de leur disposition, il aurait été absolument incapable de déceler les deux caméras et les trois micros dissimulés à des endroits stratégiques de manière à avoir une vue et une écoute parfaites sous tous les angles. Au cas où Travers l’entraînerait à l’extérieur, on lui avait aussi fourni un micro qu’il portait dans la poche poitrine de son veston.
Il rajusta l’oreillette que David l’avait convaincu de porter pour pouvoir, le cas échéant, lui souffler des commentaires, orienter ses réponses ou simplement l’aider à faire face au chantage que le ravisseur de manquerait pas d’utiliser contre lui. L’agent s’était installé avec deux techniciens et Colby dans un van garé sur le parking de l’université.
Alan, après une lutte serrée, avait obtenu de prendre place à bord : il voulait être le plus près possible de son fils, avoir l’impression de faire quelque chose pour Don. Il n’aurait pu supporter de rester chez lui à attendre. Ainsi, si les déductions des agents se révélaient exactes, il pourrait entendre la voix de son garçon, s’assurer qu’il allait bien et que tout espoir n’était pas perdu.
Charlie avait peur : peur de ce qui avait pu arriver à son frère, peur de ce qui pourrait lui arriver s’il commettait une imprudence. Avait-il eu raison d’accepter de coopérer avec le F.B.I. ? Et s’il avait refusé, les choses auraient-elles eu plus de chances de s’améliorer ? Il aurait pu formuler tout cela en équations mais il lui apparaissait brusquement que les mathématiques n’avaient pas le pouvoir de prendre le pas sur l’anxiété et le bouleversement causé par la disparition d’un proche. Ses plus belles équations ne seraient jamais aussi précieuses que le bien-être et la vie de son frère.
*****
Il était seize heures douze lorsque Travers arriva : une tactique destinée à porter à son paroxysme la fébrilité et l’inquiétude de Charlie. Toute l’équipe présente dans le véhicule de contrôle se raidit : le temps de l’attente faisait enfin place au temps de l’action. Le visage de l’homme était goguenard lorsqu’il aborda son interlocuteur.
« Re-bonjour professeur. J’espère que vous avez quelque chose pour moi.
Dans le cas contraire, il pourrait arriver des choses regrettables à l’agent Eppes.
- Je veux d’abord lui parler !
- Il me semble que vous n’êtes pas en mesure de dicter vos conditions, professeur.
- Peut-être mais, comme vous le signaliez ce matin, il s’agit d’un marché : dans un marché, c’est donnant-donnant. Vous voulez quelque chose, moi aussi. J’ai peut-être en effet des résultats à vous proposer mais, en échange, je veux parler à mon frère : m’assurer qu’il va bien et qu’il est bien traité.
- Sinon quoi ? Que feriez-vous professeur ? Vous refuseriez de me donner vos résultats, si résultats il y a ? Et alors ? Que pensez-vous qu’il arriverait alors à votre cher frère ? Que pensez-vous que votre attitude puisse lui valoir ? Avez-vous bien réfléchi ?
- Je dois parler à mon frère ! »
Mais la voix de Charlie était déjà moins assurée. Les mots et surtout le ton de Travers faisaient couler une sueur froide dans son dos. La détermination du malfrat, les menaces qu’il proférait le paralysaient. S’il l’avait menacé, lui, cela n’aurait pas eu d’importance ; mais il menaçait Don, Don retenu prisonnier il ne savait où : il était en mesure de lui faire subir n’importe quoi s’il ne suivait pas ses instructions et il ne pouvait supporter cette idée. David sentit le danger :
« Tiens bon Charlie, il essaie de t’intimider mais si tu t’entêtes, il sera bien obligé de céder ! »
Les mots murmurés à son oreille lui rendirent un peu de sang froid. Ce fut d’une voix plus ferme qu’il continua.
« Soit vous me laissez lui parler, soit vous quittez ce bureau immédiatement.
- Vous vous rendez compte du risque que vous prenez en me demandant ça ?
- Parfaitement et je l’assume. De toute façon, si vous ne voulez pas me laisser parler à mon frère, ça ne peut que signifier que vous n’êtes pas en mesure de le faire, et si Don est…
Il fut incapable de prononcer le mot redouté ; il reprit :
- Si vous ne pouvez pas me prouver que vous le détenez, je n’ai aucune raison de continuer à travailler pour vous.
- Très bien professeur. Vous avez gagné ! »
Charlie sentit un poids énorme libérer sa poitrine tandis que, dans le van de contrôle, des pouces se levaient et des mains s’entrechoquaient. Leur triomphe fut de courte durée.
« A vrai dire, j’avais prévu que vous me demanderiez cela. Le F.B.I a dû vous convaincre de le faire, quoi qu’il puisse vous en coûter, ou plutôt en coûter à votre frère. Je présume qu’ils vous ont dit que c’était un risque à courir.
- Le F.B.I. ?
La voix de Charlie était blanche, la chape de plomb qui pesait sur ses épaules venait d’un coup de s’alourdir encore. Je n’ai pas mis le F.B.I. au courant, ils ne savent rien.
- Si ce n’est vous, c’est donc votre père, persifla l’homme en paraphrasant La Fontaine.
- Mais de quoi parlez-vous ?
- Allons professeur : vous avez cherché à me rouler dans la farine. Je peux l’accepter, c’est de bonne guerre ! Mais faites-moi la grâce de ne pas me prendre pour un débile profond ! Croyez-vous vraiment que nous n’exerçons aucune surveillance sur vous ? Sans compter que j’ai été prévenu qu’une descente avait eu lieu à l’entrepôt où nous avions tout d’abord emmené votre frère. A votre avis, comment le F.B.I. serait-il arrivé là si vous ou votre père ne l’aviez pas prévenu ?
- Nous n’y sommes pour rien ! J’ignorais que le F.B.I était au courant, je vous l’assure !
- Evidemment ! Et ils ont deviné tout seuls, comme des grands, qu’on avait kidnappé votre frère.
- Je vous avais prévenu qu’on s’inquièterait de son absence. Votre certificat médical leur a paru suspect et ils ont remonté la filière : d’abord à la voiture de mon frère, puis à son biper !
- Son biper ?
- Oui, il l’avait sur lui quand il a été enlevé.
- Les imbéciles ! Je leur avais bien précisé de laisser le portable dans la voiture, mais comme je n’ai pas parlé du biper… Il faudrait tout faire soi-même !
- Vous voyez, j’ai respecté vos instructions : ce n’est pas moi qui ai averti le F.B.I.
- Mais vous leur avez parlé. Ils sont venus chez vous n’est-ce pas ? Ils vous ont demandé d’exiger la preuve que votre frère est encore en vie ? Sans doute y a-t-il un système d’écoute dans votre bureau ? Alors professeur, vous ne répondez pas ? »
Charlie, l’esprit à la dérive, était incapable d’articuler un mot. Les terribles implications de la situation le paralysaient. Il se reprochait d’avoir si gravement sous-estimé ses adversaires et il en voulait aux agents d’expérience qu’étaient Colby et David de n’avoir pas plus envisagé ce cas de figure. Il n’entendait même plus les suggestions que David lui faisaient parvenir par l’intermédiaire de l’oreillette ; toutes ses pensées n’étaient focalisées que sur une seule question : qu’allait-il advenir de Don maintenant ? Il avait joué avec la vie de son frère et il se liquéfiait littéralement à l’idée d’avoir perdu.
« Reprends-toi Charlie, nie tout en bloc. Tu dois parvenir à le convaincre que la découverte de l’entrepôt était un coup de chance et que nous n’en savons pas plus. Secoue-toi, la vie de Don dépend de toi mon vieux ! »
Les mots parvinrent à son esprit et le frappèrent comme un coup de fouet. Il réussit à faire face à Travers.
« Vous vous trompez. Oui le F.B.I. a bien découvert l’entrepôt. Oui, deux des collègues de mon frère sont venus chez moi à deux reprises aujourd’hui pour m’aviser de leurs recherches et tenter de me convaincre de collaborer. Mais j’ai refusé, vous m’entendez, j’ai refusé ! Jamais je ne ferai rien qui mettrait la vie de mon frère en danger ! »
L’homme le scruta longuement et Charlie s’efforça de croiser son regard pour tenter de le convaincre de sa sincérité. Sur la dernière phrase, ce ne fut pas difficile et le moins psychologue des hommes n’aurait pu qu’y déceler la vérité.
« Peut-être que oui, peut-être que non. Allez savoir. De toute façon, quand bien même il y aurait un système d’écoute, ils ne peuvent qu’écouter n’est-ce pas ? Parce qu’intervenir signifierait la mort certaine pour votre frère. S’il m’arrivait quoi que ce soit, mes complices s’occuperaient de lui, et je peux vous préciser que ce serait fort long et douloureux avant qu’ils n’en aient fini.
- Je vous assure qu’on ne tentera rien contre vous. S’il vous plaît, laissez-moi parler à mon frère.
- A vrai dire, j’avais prévu votre demande, voyez-vous. Qu’elle vienne de vous ou du F.B.I. est finalement peu important. A la limite, il serait tout aussi bien qu’ils soient à l’écoute, ainsi ils comprendront que nous ne plaisantons pas et ce à quoi ils exposent leur collègue avec leurs demandes déraisonnables. »
Le sang de Charlie se glaça dans ses veines tandis que les occupants du van échangeaient un regard angoissé.
« Que voulez-vous dire ?
- Vous allez le voir professeur. Comme je vous l’ai dit, j’avais prévu que vous demanderiez à parler à votre frère. Cela étant, vous n’avez pas joué le jeu et je vous avais prévenu d’entrée que cela aurait des conséquences.
- Que comptez-vous faire ?
- Tout d’abord, j’ai apporté mon propre ordinateur portable. Je ne veux pas, qu’à partir du vôtre, vous puissiez ensuite nous tracer : comme vous le voyez, moi, je ne vous sous-estime pas !
- De quoi parlez-vous ?
- Non seulement vous allez pouvoir parler à votre frère, mais je vais aussi vous permettre de le voir, professeur. Ainsi, vous saurez qu’il est en vie et vous pourrez vous concentrer sur votre travail. Au fait, inutile de tenter une localisation : je ne suis pas un amateur dans ce domaine ! »
Charlie aurait dû se sentir soulagé : il allait pouvoir voir et entendre Don, s’assurer qu’il allait le mieux possible étant donné les circonstances. Pourtant, les menaces proférées par Travers le hantaient : il avait l’intuition que quelque chose d’horrible se préparait, quelque chose qui concernait son frère, quelque chose qu’il aurait provoqué par son refus de suivre les règles édictées dès le départ. Dans le van, on était partagé entre le soulagement de voir le ravisseur accéder à l’exigence de Charlie et qui prouvait que Don était effectivement en vie, et l’appréhension provoquée par les paroles du maître chanteur.
(à suivre)
Cissy Moderatrice générale
Zodiaque : Signe Chinois : Messages : 18922 Date d'inscription : 20/06/2009 Age : 62 Localisation : Normandie
Sujet: Cauchemar - chapitre XI (suite) Dim 28 Juin 2009 - 19:36
*****
Travers avait procédé à la connexion de son ordinateur et installé un micro sur le bureau de Charlie puis il avait demandé à celui-ci de s’installer à sa place. L’une des caméra du F.B.I., idéalement placée derrière le bureau, leur permettait de suivre en direct l’image qui s’affichait sur l’écran.
D’abord floue, celle-ci se précisa : une petite pièce de quelques mètres carrés sans aucun ameublement où des tringles supportaient des crochets. Ils reconnurent une chambre froide et leur cœur se serra en pensant à leur fils, frère ou ami enfermé depuis plusieurs heures dans ce réduit glacial. Puis la caméra se focalisa sur une silhouette adossée à l’une des parois : un homme ligoté et bâillonné dans lequel, pleins d’émotion, ils reconnurent Don.
Charlie étouffa un gémissement : son frère paraissait si fatigué ! Son visage était extrêmement pâle et une barbe naissance recouvrait déjà ses joues. Le côté droit de son visage était maculé du sang ayant coulé de la blessure qu’il portait à la tempe. Il paraissait souffrir.
« Oh mon Dieu ! Don ! Mais que lui avez-vous fait ? »
Dans le van, les agents du F.B.I bouillaient de colère de voir dans quel état on avait réduit leur ami et la manière dont on le traitait tandis qu’Alan, au bord des larmes, se sentait le cœur déchiré à la vue de son fils dans cette situation.
« Comme je vous l’ai dit, votre frère n’a pas été très coopératif lors de son… invitation.
- Mais pourquoi l’enfermer dans une chambre froide ? C’est inhumain.
- Vous avez demandé à lui parler non ? dit Travers, négligeant de répondre à la question de Charlie. C’est le moment : vous avez une minute, pas plus. »
Charlie s’aperçut qu’on avait ôté le bâillon qui couvrait la bouche de son frère. Celui-ci essayait de se redresser face à la caméra, pressentant sans doute que ceux qui le regardaient avaient besoin de s’assurer qu’il tenait le coup.
« Donnie, tu m’entends, c’est Charlie. Comment vas-tu ?
- Charlie ! Ça va, ne t’inquiète pas, j’en ai vu d’autres.
- Don… »
Les larmes coulaient sur les joues de Charlie, et l’émotion qui lui serrait la gorge l’empêchait de parler.
- Don, on va te sortir de là, tu vas voir.
- Je sais bien petit frère. J’ai confiance en toi, tu le sais.
- Est-ce qu’ils te traitent bien au moins ? »
A peine avait-il fini de formuler sa phrase que Charlie s’aperçut de la profonde bêtise de celle-ci : bien sûr qu’ils ne le traitaient pas bien ! Il n’y avait qu’à voir sa prison, il n’y avait qu’à observer la pâleur de son teint et ces rictus de douleur qu’il ne parvenait pas toujours à réprimer, il n’y avait qu’à écouter sa voix lasse, sans compter le fait qu’il était étroitement entravé.
Don eut cette sorte de petit sourire qu’il avait lorsque lui était déjà adolescent et que son frère, encore enfant, lui posait une question qu’il jugeait parfaitement absurde.
« Et bien, je ne recommanderais pas l’hôtel, même à des routiers.
Franchement, aucun guide ne lui décernerait de médaille. Mais j’y survivrai, ne t’en fais pas. Et surtout, dis à papa de ne pas s’inquiéter. Tout roule ! Et Charlie…
- Quoi ?
- Tu n’es pas responsable de ce qui arrive, tu m’entends ?
- La minute est terminée professeur, intervint Travers.
- Encore une seconde, je vous en prie !
- Désolé, il est temps de passer à la suite !
- Don, je… »
Mais Travers venait de débrancher le micro. L’image continuait cependant à défiler : deux hommes cagoulés s’étaient approchés de Don. L’un d’eux tenait une corde à la main.
« Qu’est-ce qu’ils font ? Travers, dites-moi ce qui se passe ! s’affola Charlie. »
Dans le van, tous les occupants se raidirent.
« Je vous avais prévenu professeur : vous deviez simplement suivre mes instructions. Ce n’était pas plus compliqué que ça. Vous avez voulu jouer au plus malin, comme convenu c’est votre frère qui va en assumer les conséquences. Vous saviez à quoi vous l’exposiez.
- Non, non ! Je vous en supplie, il n’y est pour rien. Prenez-vous en à moi !
- Si vous lui faites du mal, vous ne tirerez rien de moi !
- Allons, vous voulez encore me provoquer ? Cela pourrait aggraver la punition, mais si vous vous en moquez…
- Je vous en supplie ! Ne lui faites pas de mal ! Je suivrai toutes vos instructions.
- Mais j’en suis sûr professeur. Seulement, pour m’en assurer encore plus, je vais vous montrer ce qui arrivera chaque fois que vous me défierez. Maintenant asseyez-vous et appréciez le spectacle !
« Il faut intervenir, il faut faire quelque chose ! tempêta Colby.
- Et que veux-tu qu’on fasse ? lui demanda David.
- On entre, on l’arrête et on exige de ses complices qu’ils libèrent Don en échange de sa relaxe.
- Tu sais très bien qu’on ne pourra plus le relâcher et si ses complices savent qu’on l’a arrêté, il est plus que probable qu’il tueront leur otage.
- Et bien on le cravate et on lui fait avouer où ils le retiennent. Et tant pis pour les conséquences.
- Arrête de dire n’importe quoi Colby.
- Je vous en prie, faites quelque chose ! Vous ne pouvez pas les laisser lui faire du mal !
Alan était livide, les yeux rivés sur l’écran, se tordant les mains, impuissant à regarder ces hommes qui s’approchaient de son garçon dans le but évident de lui faire subir des violences.
- M. Eppes, vous ne devriez pas rester ici. Jesse, raccompagne-le chez lui.
- Non ! C’est mon fils ! je dois rester, voir ce qui lui arrive. Ici au moins j’ai un peu l’impression d’être avec lui. »
Résignés, les occupants du van reportèrent leurs regards sur l’écran pour assister à la scène qu’aucun d’eux ne pourrait plus effacer de sa mémoire.
(à suivre)
Cissy Moderatrice générale
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Sujet: Cauchemar - chapitre XII Lun 29 Juin 2009 - 20:31
CHAPITRE 12
Camion frigorifique, dans Los Angeles
Lorsque le camion s’était arrêté, Don, retombé à terre depuis un moment déjà, avait réussi à s’adosser de nouveau à la paroi avant que la porte ne s’ouvre. Il ne savait pas depuis combien de temps il était là, il commençait à perdre la notion du temps. Ils avaient roulé sans arrêt, ne s’arrêtant qu’une fois : pour refaire le plein vraisemblablement. Personne n’était rentré dans la cabine où le froid s’intensifiait. Il s’était roulé sur lui-même pour ne pas s’assoupir mais il avait dû y renoncer à cause de la douleur que ce mouvement provoquait à son épaule ainsi qu’à ses poignets et à ses côtes. Le coup de pied reçu dans l’entrepôt avait dû en abîmer au moins une et la douleur, qu’il ne ressentait pas au début, allait en grandissant.
Il s’était alors allongé sur le dos, malgré l’inconfort de la position du à ses poignets entravés et s’il s’était contraint à lever et baisser les jambes régulièrement de manière a ne pas s’engourdir. Il faisait une vingtaine de mouvements puis s’arrêtait pour se reposer en roulant sur le côté droit pour soulager ses bras écrasés par son poids lors de l’exercice. Par moment, il réussissait à s’accroupir et s’obligeait alors à des flexions. Il était même parvenu à se lever en se calant dans un angle, mais un coup de frein brutal l’avait rejeté douloureusement au sol et il avait compris qu’il risquait de se blesser sérieusement s’il s’obstinait dans cette voie : menotté comme il l’était, il ne pouvait en effet amortir sa chute.
L’arrêt l’avait surpris alors qu’il prenait un temps de repos. Il s’était demandé si on était arrivé à destination avant de se remémorer le fait que le camion lui-même était vraisemblablement sa destination. Trois hommes étaient entrés à l’intérieur du véhicule. Il se dit alors qu’il allait peut-être enfin savoir pourquoi on l’avait enlevé, et qui. Mais les trois hommes ne lui adressèrent même pas la parole, s’afférant en silence.
Il les regardait avec curiosité tandis qu’ils installaient du matériel dont il comprit soudain qu’il s’agissait de matériel vidéo relié à un ordinateur. Un élan d’espoir le souleva : s’ils avaient l’intention de le mettre en contact avec quelqu’un, il essaierait d’en profiter pour faire comprendre où il était retenu. L’un des hommes s’approcha, tandis qu’un deuxième fixait juste en face de lui une webcam et un micro. C’était bien ça : on allait le mettre en relation avec quelqu’un.
Il réalisa alors qu’il servait d’otage : pour qui ? pourquoi ? il était bien déterminé à le comprendre. Le premier homme se pencha vers lui et lui dit :
« Bien, alors écoute. Tu vas avoir une minute pour parler à ton petit frère. Alors pas d’entourloupe : tu lui dis que tout va bien et que tout continuera comme ça tant qu’il fera ce qu’on lui dira. Et surtout, pas un mot au sujet du camion sinon il pourrait t’en cuire, ou plutôt, ajouta-t-il, se rendant peut-être compte que Don risquait fort de penser que, dans sa situation, il n’avait rien à perdre et qu’à ce titre, la menace ne l’effraierait pas outre mesure, ou plutôt, il pourrait en cuire à ton frère. Le gars qui est avec lui n’est pas particulièrement un tendre, compris ? »
Don acquiesça de la tête. Son cerveau fonctionnait à toute vitesse : ainsi on l’avait enlevé pour faire pression sur Charlie ? C’était logique au fond. Son génie de petit frère était précieux pour toutes sortes de gens, y compris les pires des malfaiteurs : qu’est-ce que ceux-là pouvaient bien attendre de lui ?
En tout cas, il devait trouver un moyen de faire comprendre à son frère où on le détenait. Il se souvenait avoir vu la raison sociale sur le camion lorsqu’il avait tenté de s’échapper de l’entrepôt. Il se torturait les méninges pour faire rejaillir ce nom : il savait qu’il n’aurait pas d’autre chance de mettre son frère sur la voie. Il imaginait les affres que devait traverser Charlie, oubliant les siennes. Sachant combien son frère était sensible, il pouvait ressentir le poids de l’angoisse qui devait s’être abattu sur lui. Et sans doute celui de la culpabilité aussi : il connaissait assez Charlie pour savoir que celui-ci devait se sentir coupable de son enlèvement en estimant que, s’il n’avait pas été en mesure d’aider les bandits, ceux-ci ne s’en seraient pas pris à son frère. C’était tout à fait dans son style d’inverser les rôles entre coupable et victime.
*****
En entendant la voix de son frère, il eut la confirmation de ce qu’il pensait. Lorsque la communication fut coupée, il espéra avoir été assez clair, sur tous les points.
Il s’attendait à ce que les hommes débarrassent leur matériel avant de reprendre la route puis il s’aperçut que, si la communication était coupée de Charlie vers lui, il n’en était pas de même dans l’autre sens. La webcam restait fixée sur lui et le micro branché. Il comprit pourquoi lorsqu’il vit les hommes s’approcher de lui, une corde à la main : les mots prononcés par l’homme qui se tenait près de son frère, et qu’il avait parfaitement entendus, prirent alors tout leur sens : ils allaient vraisemblablement s’en prendre à lui pour contraindre le mathématicien à leur obéir au doigt et à l’œil. Et, dans le même temps, faire en sorte de lui instiller un tel sentiment de culpabilité qu’il n’oserait plus jamais aller à l’encontre des règles qu’ils édicteraient.
On passa la corde autour de son torse avant de la remonter sous les aisselles. En un rien de temps, il se trouva suspendu au plafond du camion, les pieds ne touchant plus terre : un gémissement de souffrance lui échappa alors qu’on le hissait, son épaule malmenée lui renvoyant de longues ondes douloureuses. L’un des hommes s’approcha à nouveau de lui et déboucla sa ceinture avant de déboutonner le haut de son pantalon.
La peur s’insinua en lui comme un serpent tandis que l’homme abaissait la fermeture éclair de sa braguette et descendait son pantalon jusqu’au dessous des genoux, forçant douloureusement sur ses chevilles garrottées. Il commençait à paniquer à l’idée de ce qui semblait se préparer et il tenta de se débattre, s’infligeant une souffrance qu’il savait pourtant inutile : quelles étaient ses chances de contrer ses agresseurs, garrotté comme il l’était, de surcroît suspendu sans aucun appui ?
Il ferma les yeux et son cerveau ne fut plus capable que d’émettre une litanie affolée : « Pas ça, oh ! mon Dieu ! pas ça ! »
Il ne savait pas, qu’à des kilomètres de là, la même prière envahissait les pensées de ceux qui assistaient à son calvaire. Et puis il se rendit compte que l’homme s’était éloigné. Il rouvrit les yeux et il vit la cravache dans les mains du troisième comparse, resté jusque-là à la porte du camion. Il comprit, alors que le premier coup, porté avec violence, s’abattait sur le haut de ses cuisses, laissant une marque livide : sous le coup de la surprise autant que de la douleur, il ne put empêcher un cri de franchir ses lèvres. Puis il se rappela que Charlie regardait, de l’autre côté de la caméra et imagina ce qu’il pouvait ressentir à assister au spectacle de cette horreur : il devait au moins essayer de lui rendre l’épreuve un peu plus supportable, en maîtrisant sa propre souffrance.
Il se concentra donc au maximum pour tenter de ne pas laisser échapper ni gémissement, ni cri, témoignant de ce qu’il endurait, tandis que les coups continuaient de pleuvoir, finissant par ouvrir de profondes lacérations sur ses cuisses et ses genoux martyrisés. Cependant, la douleur eut raison de sa volonté et après les gémissements, des cris lui montèrent aux lèvres sur les derniers coups. Combien y en eut-il ? Il aurait été incapable de le dire, pas plus que le temps durant lequel dura la torture. Il avait l’impression qu’on le coupait en deux tellement la souffrance était atroce.
Au moment où il sentait qu’il ne pourrait pas en supporter plus, le calvaire cessa. L’un des hommes s’approcha de lui, remonta son pantalon sur ses jambes ensanglantées et d’un coup de couteau assuré, il trancha la corde qui le retenait au plafond. Il s’effondra, incapable de contrôler sa chute à cause de ses liens, mais aussi de la douleur qui lui coupait les jambes et l’aurait rendu incapable de se tenir debout, même s’il n’avait pas été entravé. Il poussa un nouveau cri en s’effondrant au sol, tout en se reprochant de n’être pas capable de se maîtriser plus.
Il se recroquevilla en position fœtale et ne bougea plus, s’efforçant de chasser la souffrance au loin. Il ne s’aperçut pas que les hommes quittaient la cabine et que le camion redémarrait, trop occupé à tenter de gérer les ondes insoutenables qui remontaient de ses jambes lacérées. Avant de sombrer dans une demi-inconscience, il eut une pensée pour Charlie, plein de compassion à l’idée de ce que pouvait ressentir son petit frère à ce moment précis.
(à suivre)
Dernière édition par Cissy le Lun 29 Juin 2009 - 20:36, édité 1 fois
Cissy Moderatrice générale
Zodiaque : Signe Chinois : Messages : 18922 Date d'inscription : 20/06/2009 Age : 62 Localisation : Normandie
Sujet: Cauchemar - chapitre XIII Lun 29 Juin 2009 - 20:35
CHAPITRE 13
Calsci, bureau de Charlie
Don était bien loin de se rendre compte à quel point l’effroyable scène avait dévasté Charlie et son père qui avaient assisté, impuissants, à son calvaire. Ça n’avait pas duré plus de dix minutes et pourtant ils avaient l’impression que ça avait duré des heures : ils auraient aimé arrêter le temps, revenir en arrière et inverser les choses pour épargner cet homme qu’ils aimaient autant l’un que l’autre et ils ne pouvaient que le regarder, des larmes plein les yeux, être torturé.
Lorsqu’il avait vu les ravisseurs s’approcher de lui avec la corde au bout de laquelle il avait repéré le nœud coulant, Charlie avait senti son cœur bondir dans sa poitrine : ses supplications n’y feraient rien, Travers irait jusqu’au bout de son plan ; il l’avait compris en voyant le sourire sadique de son vis-à-vis tandis qu’il le forçait à s’installer derrière son bureau pour assister à ce qu’il appelait la punition. On passa la corde autour du cou de Don et Charlie entendit, dans son oreillette, un cri d’angoisse : il comprit qu’il s’agissait de son père qui, lui aussi, il s’en rendait compte maintenant, allait devoir regarder. La voix de David retentit soudain :
« Charlie, passe-le moi, tout de suite !
- Quoi ? »
Travers le regarda, intrigué.
« Que se passe-t-il professeur ?
- Passe-le moi Charlie !
- Mais comment ?
- A qui parlez-vous professeur ? soudain il comprit. Oh, j’y suis ! Le F.B.I. est bien au courant n’est-ce pas ? Et vous êtes en contact avec lui en direct. Une oreillette je présume…
- L’agent Sinclair veut vous parler. »
Au point où ils en étaient, il n’était plus temps de ruser ou de dissimuler la vérité.
- Qui est l’agent Sinclair, ou plutôt, plus important, où est-il ?
- Sur le parking de l’université, avec une équipe d’intervention.
- Et bien passez-le moi, ça peut-être intéressant. »
Charlie forma le numéro de David sur son portable et passa l’appareil à Travers qui le mit sur haut-parleur.
« Et bien agent Sinclair, qu’avez-vous de si important à me dire ?
- M. Travers, vous n’avez aucun intérêt à faire du mal à l’agent Eppes. Cela ne fera qu’aggraver votre cas.
- Excusez moi, agent Sinclair mais je me dois de me faire respecter non ? Si je laisse n’importe qui faire n’importe quoi, je n’y arriverai pas.
- Savez-vous à quoi vous vous exposez ?
- Je suis un homme d’affaires et j’ai l’habitude de m’exposer à beaucoup de choses. Maintenant, agent Sinclair, si vous n’avez rien de plus à me dire, je ne voudrais pas manquer le spectacle. Oh, et si vous pensez que venir m’arrêter y changera quelque chose, vous faites fausse route : cela ne pourra au contraire, que rendre la situation encore plus inconfortable pour votre collègue. »
Travers raccrocha, laissant les agents en proie à un mélange de fureur et d’appréhension conjugué à un sentiment d’impuissance terriblement frustrant. Ils ne purent que continuer à visionner les images tandis que Charlie, après un instant d’espoir, replongeait dans l’horreur.
*****
Il s’aperçut qu’on venait de passer la corde autour des aisselles de son frère qui fut ensuite hissé au plafond du local. Un gémissement de douleur lui échappa qui tordit le cœur du mathématicien.
« Je vous en prie… » souffla-t-il encore.
Mais il savait que c’était inutile : ces hommes prenaient autant de plaisir à torturer son frère qu’à le torturer, lui et tous ceux qui aimaient Don. Ils iraient jusqu’au bout pour leur démontrer qu’ils avaient tout intérêt à ne pas les contrarier. Lorsque l’homme descendit le pantalon sur les chevilles de son frère, il lui sembla que tout son sang se figeait à l’idée de ce qui allait se passer ensuite. Dans le véhicule du F.B.I., les agents, confrontés à toute sorte d’horreurs, retinrent leur respiration, ne voulant pas croire à ce qui leur semblait devoir arriver sous leurs yeux tandis qu’Alan fermait les yeux, en proie à une nausée dévastatrice.
Ce fut presque avec soulagement qu’ils assistèrent au premier coup de cravache. Charlie, de son côté, poussa une plainte tandis que le fouet s’abattait pour la première fois sur les cuisses de son frère, y laissant une longue traînée d’abord livide qui ne tarda pas à se transformer en boursouflure violacée. Il lui avait semblé ressentir le coup dans sa chair. Il ne pouvait pas savoir que, effondré sur sa chaise devant le moniteur du van, Alan ressentait exactement la même chose, que la même plainte lui avait échappé, se confondant avec le cri de Don. Les agents tentèrent vainement de l’éloigner de l’abominable spectacle, mais il lui semblait qu’il trahirait son fils s’il quittait les lieux et il resta jusqu’au bout, souffrant plus que si on l’avait lui-même frappé, sous l’œil impuissant des agents qui auraient tout donné pour sortir leur collègue des mains de ses tortionnaires et ne pouvaient que les regarder le supplicier sans pouvoir intervenir.
Charlie aurait voulu détourner ses yeux de l’effroyable réalité qu’ils enregistraient à travers l’écran. Le visage de son frère qui pâlissait encore, ses lèvres serrées qui ne purent s’empêcher de laisser passer des gémissements de douleur à partir du septième coup, ses jambes où la cravache laissait d’horribles marques qui s’ouvrirent bientôt sous les cinglements redoublés. Malgré tout le courage, toute la détermination qu’il lisait dans les yeux de son aîné, celui-ci ne put empêcher un cri de franchir le barrage de ses lèvres lorsque le douzième coup s’abattit, puis le treizième, le quatorzième et le quinzième.
Alors qu’il était au bord du malaise, le visage baigné de larmes, secoué de sanglots, Charlie s’aperçut que les coups avaient cessé. La « punition » venait de prendre fin. Après avoir remonté son pantalon, un homme coupa la corde qui maintenait son frère en hauteur et il vit Don s’abattre sur le sol froid où il resta allongé tandis qu’on rajustait son bâillon. La dernière image que vit Charlie, le cœur déchiré, fut son frère, couché en position fœtale, comme pour chasser la douleur qui devait le fouailler. Puis la connexion fut interrompue.
*****
« Vous avez compris cette fois-ci professeur ? Alors écoutez-moi bien. Je sais que le F.B.I. est au courant : à vous de les gérer, de leur faire comprendre de garder leur distance. Sinon il se pourrait que j’organise une seconde connexion avec votre frère, et je peux vous garantir que ce qu’il vient de subir ne serait rien à côté de ce qui lui arriverait alors. J’espère que c’est bien clair aussi pour vous agent Sinclair, précisa-t-il.
- Je ferai ce que vous voudrez. »
Charlie était anéanti, brisé, rongé par la culpabilité : on avait torturé son frère, il devait souffrir le martyr et c’était entièrement sa faute ! Jamais Don n’aurait agi de la même façon dans les mêmes circonstances, lui aurait réussi à le protéger, à le retrouver et pour sa part, tout ce qu’il avait su faire, c’était d’aggraver sa situation déjà si douloureuse.
« Tout d’abord vous allez me donner ce que vous avez fait. Je l’emporte pour le faire examiner et j’espère pour vous que vous n’avez pas essayé de me refiler n’importe quoi !
- Non, je vous en donne ma parole.
- Très bien. C’est tout ? demanda-t-il alors que Charlie lui remettait la liasse de feuilles.
- Ce n’est pas si simple : j’ai encore beaucoup de travail pour parvenir à un décryptage, ne serait-ce que partiel.
- Alors, il vaudrait mieux éviter d’en perdre avec des enfantillages, ne croyez-vous pas ? Le temps est votre ennemi professeur Eppes.
- Que voulez-vous dire ?
- Vous m’avez demandé, tout à l’heure, pourquoi votre frère se trouvait enfermé dans une chambre froide. Je vais vous répondre. Nous l’y avons enfermé à deux heures ce matin. La température était alors de 18°C. Sachant qu’elle descend de un degré toutes les quatre heures, je pense que vous n’aurez aucun mal à déterminer le temps qu’il faudra avant que votre frère ne soit complètement gelé !
- Oh mon Dieu ! Vous ne pouvez pas faire ça !
- Je le peux parfaitement puisque je l’ai fait. La balle est dans votre camp professeur, mais ne perdez pas trop de temps. Je reprends contact demain matin : huit heures ici même. Et évitez le F.B.I. Agent Sinclair, ajouta-t-il, je ne sais pas trop si vous êtes caché dans la lampe ou dans le combiné du téléphone ; quoi qu’il en soit, évitez de me faire suivre, cela pourrait coûter très cher à l’agent Eppes et de toute façon cela ne vous mènerait à rien : je ne compte pas rejoindre l’endroit où il est détenu. Et si jamais vous éprouviez le besoin de revoir votre frère ou de vous rappeler de ce qui lui arrivera si vous ne nous obéissez pas, je vous laisse un petit souvenir, ajouta-t-il en s’adressant de nouveau à Charlie sur le bureau duquel il déposa ce qui semblait être un DVD. Adieu.
- Oh non mon vieux ! A bientôt, et peut-être plus tôt que tu ne crois ! » marmonna David.
Il était pâle, ainsi que tous les autre occupants du van : avoir vu leur ami maltraité sans rien pouvoir faire les avait terriblement ébranlés. Quant à Alan, il était prostré sur sa chaise, les joues inondées de larmes et son bras gauche saignait là où il avait enfoncé ses ongles pour s’empêcher de hurler au spectacle de ce que son enfant était en train de subir sans qu’il puisse faire quoi que ce soit pour le soulager.
On avait battu son petit ! Lui qui n’avait quasi-jamais levé la main sur lui ! Bien sûr, surtout quand il était petit, il y avait bien eu une ou deux fessées, mais ça avait été si rare. Et, à chaque fois, il s’en était rendu plus malheureux que le petit. La dernière fois qu’il avait levé la main sur lui, il devait avoir environ treize ans et s’était montré particulièrement odieux et injurieux : la gifle était partie malgré lui. Il se souvenait encore du mécontentement de Margaret qui, lorsqu’ils avaient été seuls, lui avait reproché son geste en lui disant que ce n’était pas ainsi qu’il règlerait le conflit avec son fils pré-adolescent qui cherchait d’autant plus ses repères que ceux-ci étaient brouillés par la précocité de son petit frère, qui lui faisait sans doute souvent se sentir délaissé et dévalorisé. Elle n’avait pas besoin de lui dire tout ça : à peine la gifle partie, il avait déjà regretté son geste mais, trop fier pour s’en excuser, d’autant plus qu’il fallait être honnête, Don l’avait bien cherchée, il n’avait jamais reparlé de ceci avec son fils. Il n’avait jamais levé de nouveau la main sur lui non plus. Et cette gifle, il la regrettait encore aujourd’hui. Alors comment supporter de l’avoir vu ainsi battu ?
Les agents du F.B.I. le regardaient avec inquiétude, se reprochant de ne l’avoir pas fait sortir de force : il n’aurait jamais dû voir ça.
« M. Eppes, ça va aller ? Colby avait posé la main sur son épaule.
- Comment voulez-vous que ça aille ? Ils l’ont battu et vous, vous… vous n’avez rien fait !
- M. Eppes… David ne trouvait pas ses mots.
- Non ! Laissez-nous tranquille maintenant. Je n’aurais jamais dû vous prévenir ! Jamais dû vous écouter ! Un risque à courir, hein ? Mais qui le courait le risque ? Pas vous, pas moi ! C’était Don, juste Don. C’est lui que j’ai accepté que vous exposiez ! Tout ça, c’est ma faute ! »
Colby fit le geste de le retenir alors qu’il se ruait hors du van.
« Non, laisse-le Colby, je crois qu’il a besoin de rester seul
- Mais on ne peut pas le laisser repartir seul dans cet état ! Il pourrait lui arriver n’importe quoi !
- On va juste le suivre, et on verra. »
Ils ne le suivirent pas loin. Alan s’engouffra dans le bâtiment et monta quatre à quatre jusqu’au bureau de Charlie. Il le trouva affalé sur son bureau, la tête dans les bras, secoué de violents sanglots.
« Charlie !
- Papa ! »
Les deux hommes se jetèrent dans les bras l’un de l’autre, mêlant leurs larmes, faisant passer dans leur étreinte toute leur douleur, toute leur angoisse pour leur fils et frère qu’ils n’avaient su ni l’un ni l’autre protéger. Leur impuissance les réunissait dans la même détresse amplifié par un sentiment de culpabilité dont il leur semblait qu’ils ne pourraient jamais se débarrasser.
Zodiaque : Signe Chinois : Messages : 18922 Date d'inscription : 20/06/2009 Age : 62 Localisation : Normandie
Sujet: Re: [Numb3rs] - Cauchemar - ??? - PG13 Mar 30 Juin 2009 - 19:42
Et du calme! Ca vient! Faut me laisser le temps tout de même! :mangagéné:
Cissy Moderatrice générale
Zodiaque : Signe Chinois : Messages : 18922 Date d'inscription : 20/06/2009 Age : 62 Localisation : Normandie
Sujet: Cauchemar - Chapitre XIV Mar 30 Juin 2009 - 19:44
CHAPITRE 14
Calsci, bureau de Charlie
Travers retrouva Charlie à l’heure convenue : le mathématicien faisait peine à voir. Il n’avait visiblement pas fermé l’œil de la nuit et une barbe naissante avait envahi ses joues, dissimulant un peu leur pâleur. Ses cheveux en bataille et ses vêtements froissés et salis témoignaient qu’il n’avait pas pris le temps de se laver non plus, pas plus, très certainement que de manger. Par contre, les nombreux gobelets épars dans le bureau prouvaient qu’il avait absorbé un maximum de caféine.
« Comment va Don ?
La question avait jailli à peine Travers avait-il passé la porte.
- Vous n’allez pas me demander à nouveau de lui parler j’espère ?
- Je vous demande simplement comment il va. Au nom du ciel, il n’y a donc aucun sentiment humain en vous ?
- Ne vous fâchez pas professeur. Votre frère va aussi bien que possible et vous devrez vous contenter de cela. Maintenant où en sommes-nous de notre petite affaire ? Visiblement, ça a l’air de marcher : comme quoi une bonne motivation est toujours payante ! »
Travers venait de commettre une erreur. Chez Charlie, l’anxiété et la culpabilité firent place, à ce moment précis à une colère froide et à la profonde détermination de faire payer à cet individu, coûte que coûte, toutes les souffrances qu’il avait causé, à son frère d’abord mais aussi à son père, à lui-même et à tous ceux qui tenaient à Don.
Rien dans son attitude ne le trahit tandis qu’il expliquait à Travers les tenants et les aboutissants de ses recherches : il avançait bien mais ne s’attendait pas pour autant à ce que, pour l’encourager ou le récompenser, on lui permette de voir son frère ou simplement qu’on humanise un peu les conditions de détention de celui-ci. Il savait, sans qu’on eut besoin de lui dire, que la situation de Don n’avait pas changé, ce qui impliquait qu’elle avait forcément empiré depuis la veille. Ils l’avaient vraisemblablement laissé pieds et poings liés, bâillonné, sans soins, sans nourriture ou boisson dans cette chambre où le froid augmentait d’heure en heure et ils s’en réjouissaient.
Charlie comprit qu’ils n’avaient pas l’intention de lui rendre son frère, pas en vie en tout cas. Il lui avait fallu moins d’une minute pour calculer que la température atteindrait 0°C au bout de soixante-douze heures. Pourquoi, dans ce cas, le faux arrêt de travail mentionnait-il cinq jours ? A ce moment-là, Don serait mort depuis bien longtemps. Sa priorité maintenant, c’était de faire obstacle à ces malfrats : il ne sauverait peut-être pas Don, mais eux, ils paieraient.
A peine Travers eut-il tourné les talons que Charlie appela Larry et Amita : il avait besoin d’eux. Ses deux amis furent horrifiés d’apprendre les derniers événements : toutes leurs pensées se tournèrent vers le prisonnier, retenu dans des conditions atroces en même temps qu’une grande compassion les envahissait pour Charlie et son père. Mieux que personne ils savaient que ni l’un ni l’autre ne se remettrait de la perte de Don. Celui-ci était le ciment autour duquel s’était rebâtie la famille après la mort de Margaret. Sans lui, tout s’effondrerait.
Ils acceptèrent sur le champ de relayer Charlie dans ses recherches sur le décryptage pendant que, de son côté, il rentrait chez lui pour prendre une douche et manger un peu, peut-être se reposer aussi, si l’inquiétude qui le tenaillait lui laissait un peu de répit. Il avait compris qu’il devait retrouver des idées claires pour se lancer, à sa façon, sur les traces des ravisseurs de son frère. Ce n’était pas en se laissant dominer par les sentiments qu’il serait efficace. Il eut un sourire amer en pensant que cette réflexion était celle de Don : combien de fois s’étaient-ils affrontés à ce sujet ?
*****
Maison des Eppes
En arrivant à la maison, il commença par chercher son père : ils ne s’étaient pas parlé depuis la veille. David et Colby avaient raccompagné Alan effondré tandis qu’il se plongeait dans ses calculs. Il n’arrivait pas à se souvenir totalement des propos échangés avec les deux agents : il se souvenait simplement leur avoir dit qu’il refusait qu’ils s’occupent encore de cette affaire et qu’il ne voulait plus ni les voir, ni les entendre, les tenant pour responsables de ce qui venait d’arriver. A ce moment-là, il était incapable de raisonner plus loin que la profonde détresse dans laquelle l’avait plongée à la fois le calvaire enduré par son frère mais aussi le chagrin incommensurable qui en avait résulté pour son père.
Les deux hommes, eux-mêmes terriblement affectés par les événements, n’avaient pas insisté. Ils étaient partis et avaient raccompagné Alan. Celui-ci, à son tour, les avait suppliés de rester à l’écart des recherches : il ne pouvait supporter l’idée qu’on fasse de nouveau souffrir son fils ; il se sentait déjà suffisamment responsable de ce qui était arrivé : c’était lui qui avait décidé d’outrepasser les instructions des ravisseurs, et c’était Don qui en avait fait les frais. La culpabilité qui le rongeait l’empêchait de se souvenir que le F.B.I. était sur la piste avant même qu’il ne les eut averti et ce fut en vain que les deux agents s’efforcèrent de le lui rappeler. Il était resté prostré sur sa douleur et ses remords.
Il s’était effondré dans le canapé, tenant serré entre ses mains une photo de Don souriant, éclatant de santé et de joie prise quelques semaines plus tôt alors qu’il venait de se réconcilier avec Robin. C’est à ce moment-là qu’il s’aperçut que la jeune femme ignorait vraisemblablement tout de ce qui était en train de se passer. Devait-il la prévenir ? Il s’aperçut qu’il n’en aurait pas le courage : comment lui expliquer l’horreur de ce qui s’était produit ? D’ailleurs, il n’avait plus la force de rien, sauf de rester là, agrippé à l’image qui ne faisait que le renvoyer encore plus à sa détresse. Les heures défilèrent sans qu’il en eut conscience : peut-être s’était-il un peu assoupi, il n’en gardait aucun souvenir.
Ce fut dans cette position que Charlie le découvrit : son cœur se serra en voyant combien ce père, toujours si maître de lui, était abattu. Il semblait avoir vieilli de vingt ans en quelques heures.
« Papa !
Alan leva vers lui un regard vide, perdu, comme s’il ne le reconnaissait pas.
- Papa, c’est moi. Il faut qu’on parle. »
Il ne souhaitait pas parler, il n’en avait pas le courage, une seule chose lui importait :
« Est-ce que tu as des nouvelles de Donnie ? Charlie, dis-moi !
La voix était suppliante et Charlie réprima l’envie de le serrer dans ses bras pour le consoler : il n’en avait pas le temps, ni la force ; il craignait, s’il se laissait aller, de perdre cet élan qui le poussait à agir, quelles qu’en soient les conséquences.
- Pas plus de nouvelles non. Il est en vie, c’est tout ce que je sais.
- Mais est-ce qu’ils se sont occupés de ses blessures ? Ils ne peuvent pas l’avoir laissé ainsi. Oh Seigneur ! Pourquoi est-ce que je ne t’ai pas écouté ? Pourquoi a-t-il fallu que je n’en fasse qu’à ma tête ? C’est à cause de moi que…
- Papa, non ! Pas ça ! Tu n’y est pour rien ! Je suis persuadé que, dès le début, ils avaient l’intention d’en venir là. Si NOUS (et il insista sur le nous) n’avions pas prévenu le F.B.I, ils auraient trouvé une autre raison de le battre : que je n’avais pas assez avancé dans mon travail, que je leur avais parlé de travers, n’importe quoi pour se justifier. Cesse de te torturer ! C’est ce qu’ils cherchent. Que nous nous sentions tellement perdus, tellement coupables que nous ne soyons capables que de leur obéir, comme de gentils petits pantins. Mais ces salopards vont déchanter ! »
Le ton âpre et vindicatif de Charlie parvint à percer le mur d’angoisse qui emprisonnait Alan. Il n’avait jamais entendu son fils s’exprimer ni avec ces mots, ni avec ce ton plein d’une détermination froide et violente. A ce moment-là, il ressemblait tellement à son frère qu’Alan eut l’impression d’avoir Don devant lui pendant une seconde et cette sensation lui donna un coup de fouet salutaire.
« Que comptes-tu faire ?
- J’ai demandé à Larry et Amita de reprendre la recherche sur le décryptage.
- Tu les as mis au courant ?
- Il le fallait. Je ne pouvais pas en même temps travailler sur le décodage et sur la localisation de ces ordures.
- Mais comment vas-tu t’y prendre ? On ignore tout d’eux et du lieu où ils se trouvent.
- C’est pour ça que je vais aller au F.B.I.
- Charlie, s’ils te surveillent, ils se vengeront sur Don !
- Papa, quoi que je fasse ils s’en prendront à Don. Je suis persuadé qu’ils n’ont pas l’intention de le libérer, tu comprends.
- Tu ne peux pas en être sûr. C’est trop dangereux Charlie.
- Papa, c’est toi qui m’a persuadé qu’il fallait parler à David et Colby.
- Oui, et tu as vu ce qui en a résulté. Imagine ce qu’ils lui feront s’ils apprennent que tu collabores avec eux ! Rappelle-toi ce qu’il a dit : ils lui feront subir pire encore. Et il ne le supportera pas ! Ils le tueront, Charlie ! Ils tueront mon petit ! »
Les rôles s’inversaient, c’était Charlie qui devait rassurer ce père sur lequel il s’était toujours appuyé ; c’était lui qui, à son tour, devait trouver les mots qui lui feraient prendre conscience qu’il se fourvoyait ; et c’était un exercice pour lequel Charlie ne se sentait ni prêt, ni doué.
« Papa, je sais ce que tu ressens. Don est mon frère et je l’aime, et je ne supporte pas l’idée qu’on lui fasse du mal. Mais je sais aussi qu’on lui a déjà fait du mal et qu’en ce moment même il souffre et qu’il espère qu’on va le trouver. Tu comprends, Don m’a dit qu’il avait confiance en moi ! Il compte sur moi pour aider le F.B.I. à le retrouver.
- D’accord, mais, au moins, ne va pas à leur siège ! Appelle David et Colby : qu’ils viennent ici.
- Qu’est-ce que ça changera ? On sait déjà qu’ils me surveillent. Ils les verront venir de toute façon.
- Justement. S’ils viennent, il sera toujours possible de leur faire croire que nous refusons de collaborer. Si tu y vas…
- Je comprends. Tu as raison, je vais les appeler.
- Charlie…
- Oui.
- Tu es sûr de ce que tu…, il se reprit, de ce que nous faisons ?
Charlie se sentit soulagé d’un terrible poids à l’audition de ce nous : il lui prouvait que son père serait à ses côtés, qu’il le soutenait dans sa démarche. C’était plus facile que d’imaginer, en plus de ce qui pouvait arriver, que son père ne puisse jamais lui pardonner d’être allé contre sa volonté avec les conséquences tragiques qu’il en aurait alors découlé.
- Oui papa. Je suis sûr que c’est la seule solution, celle que Don aurait choisi.
- Celle que Don aurait choisie, c’est vrai.
- Alors, on y va ? Pour Don ?
- On y va, pour Don. »
L’étreinte fut rapide : le temps n’était plus aux lamentations mais à l’action.
*****
(à suivre)
Cissy Moderatrice générale
Zodiaque : Signe Chinois : Messages : 18922 Date d'inscription : 20/06/2009 Age : 62 Localisation : Normandie
Sujet: Cauchemar - chapitre XIV (suite) Mar 30 Juin 2009 - 19:49
Moins d’une demi-heure plus tard, les deux agents étaient sur place.
« Vous avez des nouvelles ? demanda David, à peine passé le seuil.
- Non, rien de nouveau.
- Mais alors, pourquoi…
- Parce que je veux qu’on coince ces salopards, et pour ça, j’ai besoin de renseignements. »
Les trois hommes se concertèrent longuement sous le regard attentif d’Alan qui se sentait reprendre espoir depuis qu’ils avaient décidé d’agir plutôt que de se résigner à attendre. Le F.B.I. n’avait pas grand-chose : les empreintes de Travers ne figuraient dans aucune base de donnée : c’était l’homme invisible. Des techniciens étudiaient la vidéo, tentant d’y trouver des indices.
« La vidéo ? De quoi parlez-vous ?
- Tu ne te souviens pas ?
- David, bon sang, tu as finis de jouer aux devinettes ?
- Travers t’a laissé un DVD hier en te quittant. »
Charlie se remémora la fin de leur dialogue.
« En effet, oui, je me souviens. Sur le moment, je n’y ai pas prêté attention.
- Nous l’avons récupéré.
- Et qu’y a-t-il dessus ? David hésita un instant :
- Il a filmé la connexion.
- Tu veux dire…
- Exactement.
- Quelle horreur ! » gémit Alan.
Les quatre hommes se turent un moment, replongés dans l’affreuse scène de la veille. L’idée qu’on ait pu en garder une trace emplissait littéralement Alan d’une rage incontrôlable. Charlie, quant à lui, eut une réaction inattendue.
« Je dois la revoir.
- Non Charlie, je ne crois pas que ce soit une bonne idée.
- Colby, je dois absolument revoir cette vidéo. Je suis persuadé qu’il y a des éléments qui me permettront d’avancer dans ma recherche.
- Charlie, Colby a raison. On ne peut pas te laisser voir ça à nouveau. Nous avons des techniciens qui travaillent sur la bande. S’il y a quelque chose à trouver, ils le trouveront. Ils utilisent le programme que tu nous as installé.
- Mais ils ne sauront pas orienter les recherches aussi bien que moi. Et puis, ils ne connaissent pas Don comme moi. Je suis sûr qu’il a tenté de me faire passer un message pour me mettre sur la voie, mais je n’étais pas en état de le comprendre hier. Aujourd’hui je suis prêt.
- Non Charlie, je regrette. Ton frère refuserait que tu visionnes à nouveau cette horreur.
- Mais il le faut ! Vous comprenez, il le faut ! C’est peut-être la seule chance qu’on a de le retrouver vivant.
- Charlie a raison, intervint Alan. Si Donnie a laissé une piste, il n’y a que nous qui puissions la découvrir.
- Pas toi papa, c’est hors de question ! l’interrompit Charlie.
- Et pourquoi pas moi ? En quoi suis-je moins capable que toi de revoir ce qui s’est passé ?
- Parce que je le regarderai d’un point de vue mathématiques, tu comprends. Je crois que je pourrai faire abstraction de tout l’émotionnel. Mais toi, ce serait t’infliger une torture bien inutile.
- Si tu penses que le fait de connaître Don mieux que ses collègues est un atout pour comprendre ce qu’il pourrait avoir voulu nous faire savoir, alors je te rappelle que celui qui le connaît le mieux, c’est moi. Et je te rappelle aussi que je suis assez grand pour savoir ce que j’ai à faire.
- Papa…
Mais Alan ne l’écoutait plus.
- Allez donc chercher cette vidéo, David. S’il y a quelque chose à y trouver, nous le trouverons. »
*****
C’est ainsi qu’environ une heure plus tard, ils se trouvaient tous les quatre devant l’écran d’ordinateur de Charlie à repasser la scène. Sur la suggestion de Colby, qui souhaitait épargner au maximum la famille de Don, ils se concentrèrent sur le dialogue entre les deux frères. De toute façon, le reste de l’abominable scène n’avait aucun intérêt : les malfaiteurs cagoulés n’étaient pas identifiables, aucun signe distinctif n’était apparu aux différents agents qui avaient scruté attentivement chaque millimètre carré d’image, essayant de se concentrer autant que faire se pouvait sur les lieux et les bandits et d’oublier l’image insoutenable de leur collègue maltraité. Rien sur les hommes et rien de nouveau sur le lieu : vraisemblablement une chambre froide dans n’importe quel bâtiment ; beaucoup trop vague pour en tirer quelque chose de constructif. Ce n’était donc pas la peine d’infliger à Alan et Charlie la torture de revoir ce qui avait succédé à l’entretien entre les deux frères.
De toute façon, si Don avait cherché à faire passer un message, c’était forcément à cet endroit. Le cœur serré, Charlie entendit, encore et encore, son frère lui affirmer qu’il avait confiance en lui. Et il se demandait de plus en plus intensément si cette confiance était vraiment bien placée. Parce qu’il ne trouvait rien, rien du tout.
Il allait se résigner à demander à Colby d’avancer plus loin, non plus pour déceler un message de Don mais pour tenter d’identifier le lieu ou il se trouvait ou l’un de ses tortionnaires lorsqu’Alan demanda brusquement :
« Pourquoi parle-t-il de routiers ?
- Comment ça ?
- Quand tu lui as demandé comment il allait, pourquoi te répondre par cette phrase : « Je ne recommanderais pas l’hôtel à des routiers. »
- C’est vrai, la réponse semble un peu bizarre, appuya David.
- Ou alors, il cherche à nous dire quelque chose. Mais quoi ? s’interrogea Colby.
- Attendez, ensuite… Tout roule. Oh mon Dieu ! Je crois que j’ai compris, s’exclama soudain Charlie. Je le savais ! Je savais qu’il tenterait de nous faire passer un message. Donnie c’est toi le vrai génie de la famille !
- Quoi ? Qu’est-ce que tu as compris bon sang ?
- C’est un camion ! Un camion frigorifique ! Il n’est pas enfermé dans une maison mais dans un camion !
- Attends Charlie, ça paraît un peu tiré par les cheveux. Tu es sûr de toi ?
- Certain ! C’est le sens de ses phrases : les routiers, puis tout roule ! Ce n’est pas une expression de Don ça, vous le savez bien.
- Mais si tu as raison, je ne vois malheureusement pas à quoi ça nous avance.
- Sans vouloir vous décourager, j’ai même plutôt l’impression que ça complique sérieusement notre tâche. Comment voulez-vous qu’on retrouve un camion frigorifique parmi tous les véhicules qui roulent à Los Angeles ?
- C’est évidemment le calcul qu’ils ont fait.
- Tout est perdu alors ?
Alan semblait encore plus abattu qu’avant, comme si on venait de lui retirer son ultime espoir.
- Non, on va dresser des barrages et même s’il faut arrêter tous les camions frigorifiques du comté, on le fera.
- Mais ce sera trop long ! Moi aussi je sais calculer figurez-vous ! Si la température baisse réellement d’un degré toutes les quatre heures, comme Travers l’a dit, il fait déjà moins de dix degrés dans sa prison : il va geler ! Le temps que vous fouilliez tous les véhicules réfrigérés, à supposer que cela soit possible, mon fils sera mort !
- Il ne s’agit pas de tous les fouiller. D’après les dimensions de la chambre froide, voici à peu près le gabarit du camion, s’interposa Charlie en notant ses conclusions sur une feuille.
- Mais ça laisse encore des milliers de possibilités.
- Et on n’a aucune indication sur la direction qu’ils suivent.
- Et si on arrêtait Travers ? suggéra soudain Colby. Je présume qu’il est en contact avec ses complices : en traçant les appels de son téléphone, on pourrait peut-être remonter jusqu’à eux.
- Oui, c’est une idée !
- C’est trop dangereux, s’opposa Charlie.
- Mais c’est notre seule chance.
- Ils ont raison Charlie, intervint Alan.
- Il est vrai que ça nous donnerait un périmètre de recherche. Mais imaginez qu’ils s’aperçoivent qu’on a arrêté Travers : ils ont peut-être des signes entre eux pour s’assurer que tout va bien.
- Du genre, Travers leur téléphone à intervalle régulier ?
- Par exemple.
- Je crois qu’il faudra courir le risque Charlie, on n’a rien d’autre.
- Ce n’est pas possible, Don a dû nous donner autre chose.
- Charlie, Don nous a déjà donné beaucoup, et, dans l’état où il était, c’était déjà un exploit !
- Mais je suis sûr qu’il y a autre chose !
- La médaille ! laissa soudain échapper Colby.
- Quoi ? Quelle médaille ?
- Attendez, c’est là ! Il remonta le film jusqu’au moment où Don affirmait « Franchement, aucun guide ne leur décernerait de médaille. »
- Oui, et bien il a confondu, objecta David. Il voulait dire étoile.
- Tu confondrais étoile et médaille toi ? décréta son collègue.
- Dans la situation dans laquelle il était, peut-être oui.
- Moi je pense que Colby a raison, s’interposa soudain Alan. Don n’a pas dit cela par hasard, pas plus que les routiers ou le ça roule. Il y a quelque chose derrière. Quelque chose qui est censé nous parler.
- D’accord, je veux bien vous suivre sur ce point, abdiqua David. Mais ça reste très vague, de quel genre de médaille veut-il parler ?
- Il veut peut-être dire qu’il y a des médailles sur la caisse du camion.
- Comment les aurait-il vues ?
- Quand ils l’ont changé de véhicule, à l’entrepôt, par exemple.
- Ça se tient, admit David.
- Non, ça ne peut pas être aussi simple, sinon ses ravisseurs auraient réagi lorsqu’il a mentionné les médailles, déclara Charlie.
- Ils n’ont peut-être tout simplement pas fait attention.
- On les a déjà sous- estimé une fois, et c’est Don qui en a souffert. Je n’ai pas l’intention de refaire la même erreur.
- Je crois que Charlie a raison, dit à son tour Alan. S’il y a quelque chose dans cette histoire de médaille, et je crois que, sur ce point, Colby ne se trompe pas, ce ne peut pas être aussi simple.
- Alors quoi ? interrogea David. Qu’est-ce que cette médaille peut représenter pour vous ?
- Une médaille qu’il aurait reçu ? au base-ball peut-être ? ou à l’école ?
- Il a reçu des tas de médailles au base-ball, admis Charlie.
- A l’école, je ne me souviens pas qu’il ait reçu une médaille.
- Si, rappelle-toi, lors des championnats inter-scolaires, l’année de ses dix ans.
- Ah oui, elle est avec celles de base-ball.
- Et puis, il a reçu la médaille du mérite.
- Ah oui ? Je l’ignorais, s’étonna David.
- Ce n’est pas le genre de Don de se pavaner en se vantant de ses actions, déclara Alan.
- Vous avez raison. Bon, mais avec tout ça, comment savoir si l’une de ces médailles peut nous conduire à une piste.
- Il faut aller les regarder, conclut Charlie.
- Toutes ? Mais ça va prendre des heures.
- Sans compter que, comme nous ne savons pas exactement ce que nous cherchons, nous pouvons passer à côté.
- Mais nous n’avons pas le choix ! »
Les trois autres en convinrent et les quatre hommes quittèrent le garage pour se regrouper au salon où Alan leur apporta toutes les médailles qu’avait reçues son fils et que lui conservait fièrement.
*****
Au bout de deux heures de recherches, David laissa tomber la médaille qu’il tenait et dit d’un ton découragé :
« Ça ne mène à rien. On ne sait pas ce qu’on cherche.
- Tu as raison, admis Colby.
- Pourtant je suis sûr que Donnie voulait dire quelque chose, quelque chose qu’il pensait qu’on comprendrait.
- On peut toujours lancer une recherche sur le mot médaille et voir ce que ça donne.
- C’est déjà fait, intervint Charlie, je l’ai lancée avant de quitter le garage.
- Alors allons voir si on a quelque chose d’un peu plus probant. »
Il n’y avait rien d’exploitable : trop de données et trop peu de temps pour les trier. Ils étaient conscients que chaque minute qui passait était précieuse : le temps leur était compté pour retrouver Don avant qu’il ne meure de froid et d’épuisement. Les quatre hommes eurent un moment de découragement.
« Je crois qu’il faudra suivre le plan de Colby, proposa Alan.
- Non, attendons encore un peu. Je pense qu’il ne faudra y recourir qu’en dernier ressort, objecta Charlie.
Parce que, même si tout se passe bien, si on l’arrête, si ses complices ne s’en aperçoivent pas, si son téléphone nous permet de les localiser dans un périmètre restreint, et cela fait déjà un nombre considérable de si, le temps que le périmètre soit bouclé, le camion aura eu le temps de passer et nous ne serons pas plus avancés. Et même s’il restait dans le périmètre, on se retrouverait confronté au même problème : comment l’identifier parmi les centaines de véhicules du même type qui rouleraient dans le même secteur au même moment ?
- Je sais Charlie, je sais que c’est risqué et si tu as autre chose, crois-moi, je suis preneur.
- Non, rien d’autre, admit Charlie.
- Alors il faut tenter le coup, on n’a pas le choix.
- Ecoute-les Charlie, supplia son père.
- D’accord. On tente le coup.
- Quand revois-tu Travers ?
- Demain, à quatorze heures.
- En attendant, nous allons lancer un contrôle sur les camions frigorifiques. On ne sait jamais, avec un peu de chance !
- Avec beaucoup de chance, tu veux dire, énonça Charlie d’un ton amer. Les chances de retrouver ce camion de cette façon sont de l’ordre d’une sur plusieurs millions. On n’est même pas sûr qu’il roule à Los Angeles. Depuis hier matin, il a très bien pu quitter le comté.
- Mais on n’a rien d’autre Charlie.
- Tu as raison, on n’a rien d’autre. »
Les quatre hommes se regardèrent, découragés et alarmés. Ils ne pouvaient rien faire de plus qu’attendre et espérer. Attendre que vienne l’heure du prochain rendez-vous et espérer que la chance leur sourirait enfin, espérer que Don tiendrait bon malgré ses blessures et la température qui, à quatorze heures le lendemain serait tombée à 4°C.