Pour l'anniversaire 2010 de Stéphanie
Préambule:
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sontla propriété exclusive de : Anthony E. Zuiker. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cettefiction.
Personnages : Hotch - Reid
Genre : Angst - P.O.V. - Songfic
Résumé : Au chevet de Reid, Hotch fait le point.
NE ME QUITTE PAS
- Je t’en supplie, je t’en supplie, bats-toi. Je sais que le toubib a dit que tu as très peu de chances, mais je sais aussi que tu es fort, bien plus fort que ce qu’on croit, bien plus fort que moi, malgré les apparences. Ne me laisse pas, je suis perdu sans toi…
Ne me quitte pas,
Il faut oublier
Tout peut s’oublier
Qui s’enfuit déjà
Oublier le temps
Des malentendus
Et le temps perdu
A savoir comment
Il lui tenait la main et lui parlait doucement, s’accrochant à l’espoir que là où il était il l’entendait. Des larmes roulaient sur ses joues sans qu’il s’en aperçoive. Il se foutait bien qu’on puisse les voir, qu’on puisse le voir lui, Aaron Hotchner, le patron de l’unité spéciale de profilage, réputé froid et imperturbable, en train de pleurer au chevet de l’un de ses agents.
Pourquoi ? Pourquoi s’était-il interposé entre lui et la balle qui lui était destinée ? Pourquoi lui-même n’avait pas réagi assez vite ? Pourquoi lui ? Pourquoi Reid ?
- Je suis là, près de toi… Je sais que tu m’entends. Ouvre tes yeux mon amour, regarde-moi…
Oublier ces heures
Qui tuaient parfois
A coup de pourquoi
Le cœur du bonheur
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Dans une ronde lancinante et étourdissante, il revivait les dernières heures, les derniers jours, les derniers mois.
Il leur avait fallu tant de temps pour enfin se trouver, se parler, se toucher, s’apprivoiser jour après jour.
Cela avait commencé au retour d’une mission difficile. Hotch avait remarqué la mine sombre et tourmentée du plus jeune membre de l’équipe et il l’avait raccompagné chez lui pour lui parler, le raisonner, le rassurer…
- Tu sais, maintenant je crois qu’ils savent et je m’en fous !!! Si on veut ma démission et bien je la donnerai, mais désormais je resterai près de toi, toujours.
Moi je t’offrirai
Des perles de pluie
Venues de pays
Où il ne pleut pas
Je creuserai la terre
Jusqu’après ma mort
Pour couvrir ton corps
D’or et de lumière
Et peu à peu d’autres mots que ceux froidement professionnels qu’il avait préparés avaient fusé entre ses lèvres. Les yeux de Spencer étaient fixés sur lui et petit à petit un sourire était apparu dans ses prunelles tandis que son attention se concentrait enfin entièrement sur ce que lui disait son chef.
Parce qu’à ce moment-là ce n’était plus des formules toutes faites, des mots de réconforts tels qu’il aurait pu en adresser à n’importe quel membre de l’équipe. Non, ces mots-là ils étaient pour lui, exclusivement pour lui. Et il n’aurait pas été le professionnel de grande valeur qu’il était s’il n’avait pas entendu d’autres mots, derrière ceux qui s’échappait des lèvres sur lesquelles son regard avait fini par s’aimanter tandis qu’il sentait un désir insidieux s’insinuer en lui.
Il y avait longtemps qu’il se savait amoureux de son supérieur, mais jusqu’à ce soir-là, cela lui avait paru sans espoir.
- N’oublie pas nos projets pour l’été. Tu te souviens qu’on doit aller à Hawaï ensemble. La mer bleue, le sable chaud, rien que toi et moi… Mais pour ça il faut que tu reviennes…
Je ferai un domaine
Où l’amour sera roi
Où l’amour sera loi
Où la joie s’ra reine*
Oui, ce soir-là tout avait commencé. Un mot qu’on n’attendait pas et qui vous heurte avant de vous réchauffer le cœur, des yeux qui se fondent dans les vôtres, une main qui vient s’appesantir sur votre bras…
Hotch revivait toute cette scène, six mois plus tôt, il y avait une éternité…
- Je n’y arriverai pas sans toi amour, je n’aurai pas la force…
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Il avait su, il avait accepté. Ca n’avait pas été si facile : il ne s’était jamais considéré comme gay. Mais il avait bien fallu qu’il accepte de mettre un nom sur ce sentiment qui le poussait vers Spencer. Il avait baissé les armes et plié devant ce qui lui semblait la destinée.
C’est son jeune ami qui l’avait aidé à franchir le pas. Aujourd’hui encore il se demandait comment autant de sagesse pouvait nicher dans tant de jeunesse.
Il avait accepté et ne le regrettait pas.
- Morgan dit que si tu pars il te le fera payer très cher et Pénélope passe son temps à renifler dans un mouchoir… Même Page t’attend et tout le monde veut que tu reprennes ta place. Et moi… Moi…
Ne me quitte pas
Je t’inventerai
Des mots insensés
Que tu comprendras
Il leur avait fallu plus d’une semaine avant qu’un soir leurs lèvres se rencontrent, presque par hasard, dans un baiser chaste et doux où pourtant déjà sourdait le désir. Mais aucun des deux ne souhaitait se précipiter, aucun ne voulait risquer de commettre une erreur.
Ils avaient décidé de parier sur le temps, sur l’avenir…
- L’appartement de nos rêves va bientôt se libérer, souviens-toi. A quoi ça rimerait si tu n’étais plus là pour l’aménager, pour t’installer avec moi ? Toi et moi Spence, aux yeux du monde, et tant pis pour ceux qui ne comprendront pas. Désormais je ne te laisserai plus t’éloigner de moi.
Je te parlerai
De ces amants là
Qui ont vu deux fois
Leurs cœurs s’embraser
L’avenir…
Avaient-ils encore un avenir alors qu’il était là, au chevet de l’homme qu’il aimait, contemplant son teint cireux, le regardant relié à toutes ces machines qui le maintenaient en vie.
- Pourquoi, pourquoi mon amour ? Cette balle elle était pour moi, tu n’aurais pas dû… Je sais… Je sais que tu n’as sans doute pas réfléchi. Je sais que quand tu te réveilleras tu me diras que j’en aurais fait autant. Sans doute… sûrement… Mais… C’est moi qui devrait être là, sur ce lit. Comment veux-tu que je vive avec ça ?
Je te raconterai
L’histoire de ce roi
Mort de n’avoir pas
Pu te rencontrer
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Six mois… une éternité, une oasis de paix et de bonheur pour lui qui s’était enfin laissé aller à espérer ! Quelle bêtise… Il aurait pourtant dû savoir que le bonheur se paie toujours au prix fort !
- Repose-toi le temps qu’il faudra, tu étais si fatigué… Je t’attendrai, autant que tu voudras. Je resterai auprès de toi jusqu’à ce que tu me regardes enfin. Je veux revoir l’éclat de tes yeux magnifiques, sentir ta main sur la mienne et embrasser tes lèvres encore et encore… J’ai besoin de toi Spence, besoin à en crever !!!! Alors ne t’en va pas, non, tu ne peux pas t’en aller.
On a vu souvent
Rejaillir le feu
D’un ancien volcan
Qu’on croyait trop vieux
Il est paraît-il
Des terres brûlées
Donnant plus de blé
Qu’un meilleur avril
Six mois d’une liaison faite d’amour, de tendresse, de respect mutuel. Ils s’étaient découverts et avaient pris le temps…
Ils voulaient être sûrs, se donner une chance de réussir. Dormir ensemble, l’un contre l’autre, simplement pour ne plus se sentir seul, et puis se donner du plaisir, découvrir le corps de l’autre de la main et de la bouche, sans aller plus loin…
Il y avait combien de temps qu’ils avaient décidé de « sauter le pas » ? Il n’était pas sûr parce que tout avait été si progressif…
Si, bien sûr, il le savait : cinq semaines… cinq semaines le lendemain que Reid s’était donné à lui entièrement et qu’il avait découvert une volupté qu’il n’aurait jamais cru pouvoir atteindre…
- J’ai retrouvé le CD que tu aimes tant : tu l’entends ? On t’attend amour, tout le monde t’attend, je t’attends…
Et quand vient le soir
Pour qu’un ciel flamboie
Le rouge et le noir
Ne s’épousent-ils pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ce n’était pas juste !!!! N’auraient-ils donc jamais droit à un peu de bonheur ?
Pourtant ils avaient caché leur union, justement pour préserver cette oasis de paix qu’ils s’étaient fabriquée. Mais tout avait volé en éclat, juste par la faute de l’un de ces malades qu’ils traquaient.
- Ca fait moins de deux jours que tu es là et j’ai l’impression que ça fait des années. Je suis vide sans toi, je n’ai plus envie de parler, de marcher, de manger… Je ne dors pas pour ne pas rater ton réveil… Parce que tu vas te réveiller, je le sais, il le faut…
Ne me quitte pas
Je ne vais plus pleurer
Je ne vais plus parler
Je me cacherai là
A te regarder
Danser et sourire
Et à t’écouter
Chanter et puis rire
Comme dans un éclair Hotch revoyait l’arme pointée sur lui, il entendait le cri de Reid, le voyait se dresser devant lui et sentait encore son corps s’écraser contre le sien. Mais ça n’avait rien à voir avec l’abandon de leurs étreintes.
Il se souvenait avoir hurlé, avoir pleuré en serrant contre lui le corps inanimé et sanglant de son jeune amant. Il revoyait l’air atterré de ses coéquipiers. Ils avaient dû littéralement l’arracher à son étreinte et il s’était débattu comme un beau diable.
Désormais chacun savait ce qu’il y avait entre eux et il s’en moquait, tout ce qui lui importait, c’était que son amour vive.
- Je t’en supplie bébé, je t’en supplie, parle-moi.
Laisse-moi devenir
L’ombre de ton ombre
L’ombre de ta main
L’ombre de ton chien
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Il sursauta.
Une main légère venait de se poser sur son bras. Ne voulant pas y croire, il leva les yeux vers le visage pâle et son cœur s’emballa lorsqu’il s’aperçut que les prunelles limpides étaient fixées sur lui tandis qu’un sourire exténué distendait les lèvres décolorées.
- Ne pleure pas, je n’ai pas l’intention de te quitter, jamais…
FIN
*Les puristes connaisseurs de cette chanson de Jacques Brel se seront aperçu que j'ai fait un tout petit changement de paroles et comprendront évidemment pourquoi...