Un couple un peu inhabituel pour l'anniversaire d'UldAses
Préambule :
Les personnages des séries ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Jeff Davis d’une part et de Cheryl Heuton & Nicolas Falacci d’autre part. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Personnages : Don/Hotch
Genre : romance – Songfic
Résumé : Parti sur un petit délire, je me suis attachée à ce couple, voici donc un troisième volet sur eux, un peu plus construit que les deux précédents.
Je ne regrette rien
La vie leur avait fait un merveilleux cadeau : ils s’étaient rencontrés et malgré les difficultés, malgré leurs métiers tellement prenants, tellement dangereux, ils s’étaient appréciés, s’étaient entendus, s’étaient aimés.
Aaron Hotchner, superviseur du Bureau d’Etudes Comportementales de Quantico et Donald Alan Eppes, superviseur de la section des crimes violents de Los Angeles avaient su, avec cet instinct aiguisé aux aléas de leur métier, qu’ils étaient destinés l’un à l’autre et qu’ils devaient sans doute forcer un peu le destin pour vivre celui qu’ils avaient le droit d’exiger.
Non! Rien de rien ...
Non ! Je ne regrette rien
Ni le bien qu'on m'a fait
Ni le mal tout ça m'est bien égal !
Ca n’avait pas été si facile, l’un sur la côte Est, l’autre à l’Ouest, mais ils s’étaient battus, avec cette pugnacité qui faisaient d’eux les grands professionnels reconnus dans leur métier. Finalement Hotch avait obtenu sa mutation : une cellule d’étude du comportement était créée à Los Angeles et il en avait exigé la direction ; bien sûr c’était une sorte de rétrogradation, mais il était prêt à cela plutôt que d’abandonner son amour. Il avait déjà trop donné à son métier, il ne lui donnerait pas son bonheur et le marché qu’il avait proposé était clair : ou on le laissait prendre la tête de cette nouvelle section ou il demandait une affectation d’agent de terrain dans n’importe quelle unité de Los Angeles et ses compétences exceptionnelles dans la traque des tueurs en série seraient définitivement perdues.
Très vite ses supérieurs avaient compris qu’ils avaient intérêt à céder, d’autant qu’ils n’étaient pas dupes : étant donné ses capacités, l’agent Hotchner pouvait tout aussi bien passer à une autre agence ou dans le privé et étant donnée la guerre qui se jouait pour l’obtention des crédits, basée en grande partie sur les résultats, le FBI n’avait aucun intérêt à perdre quelqu’un de cette valeur, pas plus que l’agent Eppes d’ailleurs. Et la hiérarchie des deux hommes n’était pas stupide : si on ne les laissait pas se rapprocher, et puisqu’il paraissait évident que l’agent Eppes n’avait aucunement l’intention d’aller se baser en Virginie en laissant sa famille derrière lui, ils risquaient tout bonnement de donner leur démission ; ils n’étaient ni l'un ni l'autre en manque de propositions dans le privé qui leur rapporteraient un salaire bien plus élevé que celui qu’ils touchaient au service de l’état fédéral, et celui-ci perdrait alors deux éléments de valeur. Ou plutôt trois, car il était évident que le professeur Eppes emboîterait le pas à son aîné. Et si ce dernier et son amant décidaient de monter leur propre équipe d’enquêteurs , comme cela s’était déjà vu dans le passé, nul doute qu’un bon nombre de leurs subordonnés actuels les suivraient dans l’aventure tant les deux chefs étaient appréciés de ceux qui les côtoyaient au quotidien. Ce serait donc un véritable coup dur pour le bureau et aucun des grands pontes, qu’il soit à Los Angeles, à Quantico ou à Washington, n’était prêt à courir ce risque.
Non ! Rien de rien ...
Non ! Je ne regrette rien...
C'est payé, balayé, oublié
Je me fous du passé!
Bien évidemment, l’agent Hotchner était conscient qu’une équipe, fut-elle excellente, à Los Angeles, n’était pas une avancée dans sa carrière : de chef du Bureau des Etudes Comportementales, il redevenait simple chef d’équipe, mais la réussite de sa vie privée ne serait plus jamais conditionnée à celle de sa carrière, il se l’était promis à la mort de Haley. Certes il continuait d’adorer son métier si difficile, mais plus jamais il n’accepterait de le faire passer avant sa famille : Jack et maintenant Don comptaient pour lui plus que tout le reste. D’ailleurs, son compagnon avait lui aussi accepté de redescendre l’échelle du pouvoir lorsqu’il avait tenu à revenir auprès de sa mère malade pour vivre avec sa famille cette période tellement difficile. Il ne pouvait pas faire moins. De toute façon, ni l’un ni l’autre n’était carriériste. Tout ce qui leur importait, c’était de faire leur travail convenablement et d’aider les victimes autant qu’ils le pouvaient. Dès lors, la décision avait été très facile à prendre.
Avec mes souvenirs
J'ai allumé le feu
Mes chagrins, mes plaisirs
Je n'ai plus besoin d'eux !
Alors, dix mois plus tôt, après avoir formé l’équipe remplaçante placée sous la direction de Derek qu’il avait fortement incité à accepter cette promotion, même si elle impliquait voir partir ses collègues qui, tous, avaient postulé pour la nouvelle section, Hotch avait enfin posé ses bagages à Los Angeles, au ravissement extrême de son petit garçon qui avait très vite adopté la famille Eppes et y avait été adopté en retour, Alan se montrant particulièrement ravi d’avoir enfin un petit fils sinon de sang, du moins de cœur, à chérir et à gâter, lui qui en rêvait depuis si longtemps.
Alors parfois les deux hommes confiaient le bambin au grand-père et prenaient du temps juste pour eux. Bien sûr, ces moments leur étaient chichement comptés : chacun avait un travail plus que prenant, qui ne leur permettait pas d’horaires réguliers, de projets à court ou long termes. Combien de fois avaient-ils dû décommander une sortie prévue, une soirée projetée, un week-end attendu avec impatience ? Mais chacun d’eux savait trop l’exigence de leur métier pour le reprocher à l’autre. C’était ça aussi qui faisait leur force : ils n’exigeaient rien, étaient à l’écoute, attentifs, ne s’indignaient pas d’un rendez-vous reporté à la dernière seconde, de retards accumulés, de plaisirs non partagés parce que l’un des deux était retenu.
De plus, Hotch restait régulièrement consulté sur des cas dans tout le pays. Certes l’unité dont il avait la charge était censée n'agir que sur le quart sud-ouest des Etats-Unis, ce qui représentait déjà une belle superficie et un nombre non négligeable d’états, mais son expérience passée faisait qu’on n’hésitait pas à recourir à son analyse sur des cas particulièrement compliqués, où qu’ils se trouvent. Et il n’était pas rare que Don reçoive un appel de son homme parti pour telle ou telle ville du pays sans savoir quand il reviendrait. Hotch partait rassuré, sachant que Jack était en de bonnes mains et que, même si Don à son tour était accaparé par une enquête, Alan et Charlie ne demanderaient pas mieux que de veiller sur le gamin qui faisait d’eux ce qu’il voulait en bon petit manipulateur qu’il était devenu, les seuls qu’ils ne menaient pas par le bout du nez étant son père et son « dadou », comme il appelait désormais Don, pour le différencier de son « papa ».
Mais même lorsqu’ils n’avaient que quelques minutes, les deux hommes s’arrangeaient pour en profiter à fond : ils savaient que rien n’était écrit, que rien n’était certain et que dans les professions exigeantes et dangereuses qui étaient les leurs, chaque instant partagé était un cadeau qui pourrait ne plus jamais se représenter et dont il fallait jouir sans perdre une minute et sans se projeter dans un après.
Balayés les amours
Avec tous leurs trémolos
Balayés pour toujours
Je repars à zéro ...
Jour après jour ils se découvraient, se ressourçaient, se réchauffaient l’un auprès de l’autre.
Ils auraient pu, avec ce qu’ils vivaient au quotidien avoir perdu la foi, la capacité d’aimer, la volonté d’espérer, mais non…
Ensemble ils arrivaient encore à rêver d’un monde meilleur, pour eux, pour tous ceux qu’ils portaient dans leurs cœurs.
Se réveiller au petit matin dans la chaleur de l’autre, plonger dans ses yeux sombres et voir fleurir ce sourire, si rare pour Hotch, si magnifique pour Don, qui éclairait leurs visages et en atténuait les rides d’expressions, c’était l’un des moments qu’ils préféraient. Dans la chaleur de leurs corps enlacés, ils sentaient battre leurs cœurs à l’unisson et savait qu’ils ne formaient qu’un. Chacun d’eux savait lire en son compagnon, connaissait la signification de chaque ride, de chaque voile sur les yeux, de chaque frémissement des lèvres. Ils savaient leurs cauchemars, leurs erreurs, leurs angoisses. Et lorsque l’un n’allait pas bien à la suite d’une enquête qui s’était mal terminée, il suffisait que l’autre lui ouvre les bras pour que la vie sourie de nouveaux.
Aucun des deux ne se souvenait s’être senti si bien depuis très longtemps. Après dix mois partagés, malgré les aléas de la vie, malgré les horreurs qu’ils côtoyaient au quotidien, ils avaient redécouvert la joie de vivre, la confiance, le bonheur simple de rentrer le soir et de retrouver celui qu’ils aimaient, d’échanger quelques mots banals, de se vautrer sur le canapé devant une émission insipide ou un match quelconque dont ils ne se souvenaient plus le lendemain matin, ou bien de partager des moments privilégiés avec leur fils : lui faire faire ses leçons, lui expliquer ce qu’il ne comprenait pas, le consoler lorsque ses camarades n’avaient pas été tendres ou que le souvenir de sa mère venait alimenter ses cauchemars…
Parfois, bien sûr, ils parlaient boutique, cherchant auprès de l’autre un conseil, un soutien, l’assurance qu’ils avaient fait le bon choix au bon moment, que cet enfant mort, cette mère violée, ce témoin assassiné, ils n’auraient rien pu faire de plus pour l’éviter. Et toujours ils en ressortaient plus forts, rassurés, réconfortés.
Non ! Rien de rien ...
Non ! Je ne regrette rien ...
Ni le bien, qu'on m'a fait
Ni le mal, tout ça m'est bien égal !
Et en ce dimanche d’un merveilleux mois de mai, devant leurs familles et leurs équipes réunies, ils avaient décidé de s’engager, pour le meilleur et pour ce pire qui était leur pain quotidien. Un Jack rayonnant de joie et de fierté, magnifique dans le smoking offert par son grand-père, tenait le coussin sur lequel reposaient les alliances d’or blanc, toutes simples, portant chacune le prénom de l’autre et la date de leur union gravés à l’intérieur.
Le rabbin disait des mots qu’ils n’écoutaient pas, perdus dans les yeux de celui qu’ils aimaient, insoucieux de la foule qui était là et dont les visages resplendissaient de bonheur pour eux : s’il y avait deux personnes qui méritaient de vivre heureuses, c’était bien ces deux hommes et chacun faisait des prières pour que ce que le sort leur accordait il ne le leur reprenne pas bien trop vite. Tous deux avaient déjà traversé bien des épreuves et ils avaient le droit de connaître la sérénité.
Ils avaient prononcé leurs vœux d’une voix empreinte d’émotion et, sous les vivats des leurs ils échangèrent un baiser avant de se tourner vers ceux qui applaudissaient. Jack se jeta dans leurs bras et ils le soulevèrent ensemble, le faisant rire aux éclats.
Alan sentit son cœur se gonfler de joie à la vue de son fils radieux comme il ne l’avait jamais vu auparavant. Il eut un petit pincement de nostalgie en pensant à Margaret : comme elle aurait aimé être là pour voir le bonheur de leur enfant ! Il chassa le souvenir du geste de la main : son épouse était auprès d’eux, il en était persuadé, et c’était par elle que les bonnes choses arrivaient. Et l’une des meilleures choses qui lui soient arrivées durant ces derniers mois, c’était celle-ci : voir son garçon heureux avec cet homme qui était devenu son fils par alliance, le voir à son tour père de ce charmant bambin qui avait fait leur conquête à tous: c’était une récompense pour lui, le signe qu’il avait rempli son devoir de père et que désormais il pourrait partir tranquille.
Mais pas avant bien longtemps, corrigea-t-il en s’avançant pour prendre ses enfants dans ses bras. Les sourires qu’ils échangèrent alors valaient mieux que tous les discours.
Non ! Rien de rien ...
Non ! Je ne regrette rien ...
Car ma vie, car mes joies
Aujourd'hui, ça commence avec toi !
Et la nuit tombée, serrés l’un contre l’autre après s’être aimés, ils s’endormirent le corps et le cœur apaisés, se rejoignant dans leurs songes là où rien de mal de les atteindrait jamais.
FIN
Chanson D’Edith Piaf