Cette petite songfic était destinée à Lora...
Préambule :
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Erik Kripke & Robert Singer. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Personnages : Dean/Castiel
Genre : Romance – Songfic
Résumé : Tout est dans le titre.
Ils s’aiment
C’était tellement nouveau pour lui et tellement doux, tellement bon…
Pourtant il savait qu’il n’aurait pas dû, qu’il n’avait pas le droit, qu’on ne l’avait pas envoyé sur Terre pour se laisser aller à ce genre de sentiment, à ce type d’abandon…
Mais il ne pouvait pas s’en empêcher et tant pis si les archanges devaient le punir d’avoir aimé !
Parce qu’il aimait ! Il aimait, et ce sentiment l’emplissait d’une sérénité jamais égalée. Cela n’avait rien à voir avec l’amour qu’il avait pour Son Père… C’était tellement plus enivrant, tellement plus douloureux…
Il aimait… Il aimait d’un amour que Le Livre était censé réprouver… Mais de quel droit ? Quel était l’interprète obtus qui avait déclaré une telle relation contre nature, contre la religion…
Pêcher ? Lui ? Et bien s’il devait pêcher, il pêcherait… Il pêcherait parce que rien ne le ferait renoncer à son amour. Rien, ni la promesse de la damnation éternelle, ni la perte de ses ailes, ni les démons, ni tous les monstres qui pouvaient peupler cet univers et les autres…
Il aimait…
Ils s'aiment comme avant
Avant les menaces et les grands tourments
Ils s'aiment tout hésitants
Découvrant l'amour et découvrant le temps
Y'a quelqu'un qui se moque
J'entends quelqu'un qui se moque
Se moque de moi, se moque de qui?
Bon Dieu !!! Si on lui avait dit… Sans doute aurait-il ri au nez de l’impudent, à moins qu’il ne lui ait cassé la gueule pour lui apprendre à débiter des conneries !!!
Lui… Lui… le tombeur de ces dames, le cœur d’artichaut, la terreur des pères, le cauchemar des frères, l’obsession des maris… Lui qui avait butiné, de cœur en cœur, de corps en corps, depuis qu’il était en âge de ressentir ce désir, ce plaisir… Lui qui aimait les courbes féminines : les seins fermes et ronds, les fesses bien galbées, les lèvres pleines qu’il pouvait croquer à pleine dents…
Lui qui s’était juré que jamais, jamais il ne s’attacherait durablement parce que ce putain de monde n’était pas fait pour le bonheur… Il en avait trop vu, il en avait trop fait. Rien n’était jamais acquis, rien ne pouvait durer : il avait perdu sa mère et tant d’amis… Trop souvent il avait été témoin des bonheurs saccagés, des familles anéanties… Les regards vides du survivant, les paroles mornes de celui qui reste et ce désespoir collé à la peau comme une chape de plomb, il s’était promis que ça ne lui arriverait pas… Pas à lui…
Et pourtant, pourtant le destin dans un de ces coups foireux dont il avait le secret, lui avait jeté dans les pattes cet empaffé d’emplumé. Dieu ! Comme il les avait détestés, lui et son trench-coat douteux… Lui et ses sermons, et son sérieux, et son austérité… Lui et ses croyances à la con ! Son irrécupérable fidélité, sa stupide intégrité !
Quel était ce crétin qui avait dit un jour que de la haine à l’amour la frontière est mince ?
Il avait raison…
Parce que là, il devait bien s’avouer qu’il était pris, amoureux comme un gosse, s’épanouissant au contact de son amour, dépérissant lorsque celui-ci était loin !
Bordel ! S’il devait vraiment se maquer, fallait-il donc que ce soit avec un mec ? Qui plus est un mec censé n’avoir pas de sexe ? Tiens, encore une belle connerie que cette croyance populaire…
Mais il avait beau se débattre, essayer de s’en sortir de toutes les manières possibles et imaginables, il n’y avait rien à faire : désormais il le savait.
Il aimait…
Ils s'aiment comme des enfants
Amour plein d'espoir impatient
Et malgré les regards
Remplis de désespoir
Malgré les statistiques
Ils s'aiment comme des enfants
S’aimer dans ce siècle, dans ce monde ? Etait-ce raisonnable ? Etait-ce folie ?
Dean s’en foutait, comme il se foutait de tout ce qui tendait à restreindre sa liberté. Du moment où il avait admis être éperdument amoureux de son ange, rien n’aurait pu l’empêcher de vivre cet amour.
Et si le monde devait disparaître dans une apocalypse de feu et de sang, alors autant en profiter avant…
Il se souvenait de l’expression choquée de Castiel lorsqu’il lui avait dit cette phrase, et puis il avait penché la tête, semblant tenter de comprendre son point de vue…
Un peu de bonheur, un peu de douceur… Leur combat était peut-être voué à l’échec : n’avaient-ils pas le droit de connaître aussi la paix, le réconfort… Et s’ils le trouvaient dans les bras l’un de l’autre, dans cette autre forme de lutte qui rapprochait leurs corps et unissait leurs âmes, qui avaient le droit d’y trouver à redire ?
Ils s’aimaient…
Enfants de la bombe
Des catastrophes
De la menace qui gronde
Enfants du cynisme
Armés jusqu'aux dents
Ils se redécouvraient une âme d’adolescents : les fous-rires idiots, les baisers volés, les risques insensés, cette sensation d’être immortel et d’avoir tellement, tellement de chemin à parcourir qu’on n’en verrait jamais la fin !!! Le monde leur appartenait !
Malgré les horreurs qu’ils voyaient, malgré leur combat pour l’humanité, ils avaient puisé dans cet amour une nouvelle innocence, une nouvelle foi… Et ça les rendait plus forts, plus déterminés que jamais à remporter la victoire pour pouvoir vivre leur bonheur dans un monde, certes imparfait, mais où ils ne risqueraient pas leur vie à tout bout de champ...
Ou plutôt, où Dean ne risquerait pas sa vie à tout bout de champ… Mais Castiel savait qu’il y avait pire que la mort : parce qu’une éternité sans son amour, se retrouver dans un corps déserté par la lumière et la chaleur, n’être plus qu’une coquille vide sans espoir et sans joie, c’était sans doute un aperçu de l’enfer infini… Et c’était ce qui l’attendait si Dean tombait…
Alors il veillait sur lui, jalousement, précautionneusement, parfois jusqu’à agacer son amant, son amour, qui supportait mal d’entendre ses mots de sagesse, de prudence… et qui pourtant se soumettait.
Juste parce qu’il l’adorait autant que lui-même l’aimait.
Ils s'aiment comme des enfants
Comme avant les menaces et les grands tourments
Et si tout doit sauter,
S'écrouler sous nos pieds
Laissons-les, laissons-les, laissons-les
Laissons-les s'aimer
Combien de temps avaient-ils ? Combien de saisons ? Combien de mois ? Combien de jours ou d’heures ? Combien de minutes ?
Quand ils pensaient à toutes ces occasions qu’ils avaient eues, qu’ils avaient et qu’ils auraient de se perdre, la terreur les sidérait. La lutte était incessante : démons, anges déchus, humains dévoyés, tout ce que l’univers pouvait porter de créatures sans âme et sans conscience semblait se dresser contre eux…
Il y en avait tant et ils étaient si peu nombreux !
Alors ils avaient arrêté de penser aux si, aux mais, aux probabilités… Parce que sinon, ils seraient allés se cacher loin de tout, vivre leur petit bonheur en égoïstes et laisser le monde se débrouiller sans eux… Mais ça, aucun des deux n’en était capable ! Sans compter la raison qui leur murmurait que se cacher n’empêcherait pas le destin de s’abattre sur eux… sans compter qu’il est difficile de se cacher quand on est un ange.
Alors ils se battaient, encore et toujours, chacun veillant sur l’autre… et lorsqu’une bataille s’achevait, ils se retrouvaient, ensemble, et se ressourçaient à la vue, à l’odeur, au toucher, au goût, à l’écoute de l’autre…
Ils s’aimaient.
Et si tout doit sauter
S'écrouler sous nos pieds
Laissons-les, laissons-les
Laissons-les s'aimer
Et lorsque leurs âmes fusionnaient, quand cette chaleur, cette lumière les enveloppait, ils étaient plus forts que tout ! Plus forts que le destin, plus forts que Lucifer, plus forts que les archanges !
Lorsque leurs souffles se mêlaient, que leurs lèvres se touchaient, que leurs corps se fondaient l’un dans l’autre, rien ne pouvait les abattre.
De ces moments volés, de ces moments cachés, ils émergeaient plus forts, plus déterminés…
La lutte pour l’humanité était devenue plus personnelle en devenant la lutte pour leur amour, pour leur droit à vivre ensemble, à profiter l’un de l’autre tant que la vie le leur accorderait. Et malheur à qui essaierait de les séparer, quel qu’il soit !
Ils étaient des combattants aguerris, de redoutables adversaires et toute leur science, toute leur habileté, toute leur énergie ils la mettraient dans le combat pour défendre leurs sentiments.
Rien ne pourrait les empêcher de s’aimer.
Enfants de la bombe
Des catastrophes
De la menace qui gronde
Enfants du cynisme
Armés jusqu'aux dents
C’était le premier des sentiments… celui qui avait permis au monde d’éclore… celui qui avait guidé la main de Son Père…
Sentiment de toute éternité…
La plus belle chose qu’il soit donné de vivre, celle qu’on doit protéger coûte que coûte.
Sentiment effrayant et enivrant à la fois… tellement rassurant et douloureux…
Mieux vaut souffrir d’avoir aimé que de n’avoir pas aimé…
Ils comprenaient tout le sens de cette phrase et ils avaient décidé de ne pas penser aux risques, à l’échec, à la mort qui rôdait autour d’eux nuit et jour…
L’espoir… L’espoir qui habite le cœur de tout être humain les dirigeait et leur soufflait qu’ils devaient prendre le risque…
Refuser l’amour c’est refuser la vie… c’est refuser un cadeau du ciel, du destin, de Dieu si on y croit.
Ils croyaient, ils croyaient en leur chance, ils croyaient en leur amour… La foi peut soulever des montagnes. Leurs montagnes c’étaient toutes les embûches qui jalonnaient leur chemin. Mais, comme disait Castiel avec sa sagesse coutumière, que vaut la victoire si elle ne coûte rien ?
Ils combattaient pour la Terre, pour l’humanité, pour ceux qui comme eux avaient tant à perdre.
Ceux qui s’aimaient.
Ils s'aiment comme avant
Avant les menaces et les grands tourments
Ils s'aiment comme avant
Les yeux dans les yeux et les mains enlacées, ils regardaient le paysage qui s’étendait sous leurs yeux : cette plaine immense où devait avoir lieu la dernière bataille, celle qui déciderait de la vie ou de la mort, de la damnation ou du salut… Celle qui leur permettrait enfin de vivre ensemble ou de mourir, chacun à sa façon, l’un en perdant ce corps mortel, l’autre en perdant l’espoir et l’amour.
Pourtant en cet instant ils n’éprouvaient nulle crainte parce qu’ils étaient ensemble, parce qu’ils étaient forts, parce qu’à deux ils ne faisaient qu’un.
- Je t’aime Dean, murmura l’ange.
- Je t’aime Cas’, répondit le chasseur en écho.
Le baiser qui les unit était une promesse, un engagement formel que le soir ils seraient là, tous les deux, à ce même endroit, ce lieu où ils bâtiraient leur maison pour vivre dans la paix enfin retrouvée.
Main dans la main ils descendirent vers la bataille, vers leur destin.
Ils s’aimaient.
FIN
Chanson de Daniel Lavoie