Je reclasse toujours.... et voici une petite songfic écrite pour l'anniversaire de Homer l'an passé.
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Ann Donahue & Anthony E. Zuiker. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Le premier pas
Mac regardait Don sortir de son bureau pour aller remplir la mission qu’il venait de lui confier. Il soupira, passa une main lasse sur son visage : pourquoi fallait-il que le boulot passe toujours avant tout ? Pourquoi devait-il garder pour lui les mots qui lui brûlaient parfois les lèvres, comme ce matin-là où il aurait préféré, plutôt que de lui confier une enquête, fondre sur ses lèvres et l’embrasser.
Mais bien sûr il ne le ferait pas.
Il y avait déjà bien longtemps qu’il savait que ce qu’il ressentait pour le lieutenant allait au-delà de la simple amitié. Très vite il s’était senti attiré par le jeune policier mais il n’avait tout d’abord pas voulu le croire : lui, l’ancien marine, marié à une femme qu’il avait adoré, ne pouvait en aucun cas s’éprendre d’un homme ! Il se trompait ! C’était simplement ses hormones qui lui jouaient des tours !
Puis lorsque Don avait été si grièvement blessé dans l’explosion de la bombe, la peur de le perdre l’avait obligé à ouvrir les yeux : oui il aimait cet homme, peut-être encore plus qu’il n’avait aimé Claire. Il l’aimait, mais jamais trouvé le courage de lui avouer ses sentiments. De toute façon, il ne faisait aucun doute que Don était hétéro : son aventure tragique avec Angel le prouvait. Il s’en était voulu à l’époque de ce fugitif sursaut de joie lorsque la jeune femme était morte, un sentiment aussi rapide qu’incontrôlé dont il avait encore des remords aujourd’hui. Comment Don aurait-il réagi s’il avait pu lire en lui à ce moment-là ? Très vite le chagrin de la perte d’une jeune vie, d’une collègue sympathique, avait remplacé ce bref moment d’égoïsme pur.
Ensuite il avait été là pour Don, l’aidant à passer le cap, l’empêchant de se noyer dans l’alcool, le forçant à se reprendre et à continuer, comme lui l’avait fait après Claire. Parfois, durant les mois qui avaient suivi, il avait été sur le point d’avouer au policier tout ce qu’il ressentait pour lui, mais à chaque fois les mots s’étaient arrêtés au bord de ses lèvres.
Il avait déjà tant de mal à exprimer ses sentiments quand il les savait partagés, alors dans de telles conditions, c’était tout bonnement impossible. Bien sûr, si Don lui avait adressé ne serait-ce que le plus petit signe, il aurait foncé dans la brèche.
Le premier pas,
J'aim'rais qu’il fasse le premier pas.
Je sais que cela ne se fait pas.
Pourtant j'aim'rais
Que ce soit lui qui vienne à moi,
Car, voyez vous, je n'ose pas
Rechercher la manière
De le voir, de lui plaire,
L'approcher, lui parler,
Et ne pas le brusquer,
Lui dire des mots d'amour
Sans savoir en retour
Si il m'aimera
Ou refusera ce premier pas.
Don referma la porte et marqua un temps d’arrêt sur le seuil. Il secoua la tête, s’en voulant des pensées fort peu professionnelles qui l’avaient assailli tandis qu’il écoutait Mac lui donner les indications pour l’interrogatoire d’un des protagonistes de leur affaire.
Depuis combien de temps ses sentiments pour le chef du laboratoire de la police scientifique avaient-ils évolué vers quelque chose de bien plus fort que la simple amitié ?
Lorsqu’il prenait vraiment le temps de se poser la question, le lieutenant Flack était bien obligé de répondre que très vite il avait été conquis par l’homme, sa probité, son grand professionnalisme, tout ce qu’il dégageait. Il n’avait fallu que quelques mois de collaboration pour que son cœur saute dans sa poitrine à l’approche de Mac. Mais il n’avait pas voulu, ou peut-être pas pu, voir ce qu’il en était.
Puis Angel était entrée dans sa vie et il l’avait aimée, vraiment aimée. Maintenant, avec le recul, il se demandait s’il ne s’était pas jetée dans cette liaison pour se rassurer lui-même quand à ses orientations sexuelles, pour écarter définitivement Mac de ses pensées. Et lorsqu’il s’autorisait à aller dans ce sens, le remords venait instantanément lui ronger les entrailles : si Angel avait vécu, aurait-il pu la rendre heureuse ou l’aurait-il un jour abandonnée pour voler vers d’autres aventures, simplement parce qu’au fond elle n’était pas tout à fait ce qu’elle voulait ?
D’un autre côté, s’il avait dû vivre avec une femme, il n’aurait pas pu en trouver de meilleure qu’elle : plus brave, plus attentive, plus aimante, plus volontaire, plus ardente… Non, sans doute auraient-ils été heureux ensemble, même si, peut-être, il y aurait toujours eu une part de lui qui aurait regretté de n’être pas étreint pas d’autres bras, embrassé par d’autres lèvres, soumis à un autre corps…
Toutes ces pensées ne l’avaient pas aidé à faire face à la disparition de la femme qu’il aimait et si Mac n’avait pas été là durant cette période de deuil, il était probable qu’il aurait rejoint la longue cohorte des flics alcooliques qu’on remise dans un coin du commissariat où ils ne peuvent pas faire trop de mal, qu’on invite à prendre leur retraite anticipée ou, suite à une bavure, qu’on révoque ignominieusement, à moins qu’on ne leur rende les honneurs pour avoir eu la bonne idée de tomber dans l’exercice de leur fonction avant que leur addiction ne jette l’opprobre sur toute la corporation.
Oui… Sans Mac, qui savait où il serait aujourd’hui. Et les sentiments qu’il éprouvait pour celui-ci n’avaient cessé de s’intensifier durant ces longs moments où ils se confiaient l’un à l’autre, se parlaient de leur peine respective, des femmes qu’ils avaient aimées… Mac lui avait dit qu’il n’oublierait certes pas mais qu’un jour le chagrin serait moins cruel et que petit à petit la vie reprendrait ses droits, qu’il rencontrerait quelqu’un qui ferait de nouveau battre son cœur et que le bonheur ne s’était pas éteint pour toujours.
La personne qui ferait battre son cœur elle était là, en face de lui, mais comment lui dire ? Le scientifique n’était pas gay, son mariage en attestait. Il ne faisait aucun doute que s’il se déclarait, il mettrait fin à leur belle amitié, et cela il n’en prendrait jamais le risque.
Pourtant parfois il se sentait sur le point de parler, comme ce matin où, tandis que Mac l’informait des derniers rebondissements de leur enquête, son regard s’était rivé à ses lèvres et qu’il avait eu bien de la peine à réfréner son envie de goûter à sa bouche. Mais évidemment il n’en était pas question : ce n’était ni le lieu, ni le moment et il était de plus en plus évident que ce ne serait jamais le cas.
Parfois il se prenait à rêver que Mac partage ses sentiments et qu’il vienne vers lui. Tout serait alors tellement plus facile !
Le premier pas,
J'aim'rais qu’il fasse le premier pas.
On peut s'attendre longtemps comme ça.
On peut rester
Des années à se contempler
Et vivre chacun de son coté.
Mac regarda la pendule : déjà vingt heures, la journée avait passé à une vitesse affolante. Mais il pouvait être fier du travail accompli : un meurtrier de plus était sous les verrous et une victime obtiendrait justice pour elle et ceux qu’elle laissait derrière elle.
En sortant de son bureau, son regard accrocha instantanément la silhouette du lieutenant Flack qui riait aux éclats à une boutade de Danny et Lindsey, sur le point de partir. De nouveau son cœur palpita à la vue de cet homme si insolemment beau dans ces moments de détente, quand il laissait le professionnel sérieux de côté. Il fit un pas vers le trio, puis s’arrêta : bien sûr il les considérait plus comme des amis que comme des collaborateurs, mais il restait leur supérieur et s’ils étaient en train de s’amuser entre eux, il ne voulait pas s’imposer.
Il vit Danny et Lindsey prendre congé de Don et s’engouffrer dans l’ascenseur, enlacés, visiblement pressés de retrouver leur petite fille et durant une fraction de seconde il envia leur bonheur tranquille.
Don sourit en regardant ses amis partir : ils lui avaient bien proposé de venir manger avec eux, mais il avait décliné. Il était fatigué et aspirait à un peu de calme. Une seule personne aurait pu venir déranger son intimité à cet instant précis, mais cette personne là ne serait jamais à lui.
En se détournant il vit justement Mac à quelques pas, qui le regardait, et ce qu’il lut durant une fraction de seconde dans le regard qui s’attachait sur lui fit battre son cœur plus vite. On aurait dit que c’était comme dans l’un de ses songes : le moment précis où le temps s’arrêtait et où tout devenait possible.
Je le rencontrerais
Au bas de l'escalier,
Puis, comme tous les jours,
Il me dira : "Bonjour".
Seulement cette fois,
Il me prendra le bras,
Me conduira dans sa maison
Ou nous ferons
Le premier pas d'amour,
Dans son lit, jour après jour.
Il me dévoilera son corps,
Me donnera tous les remords
De n'avoir pas dit plus tôt le premier mot.
- Mac…
- Don…
Les deux noms avaient jailli simultanément.
- Je ne vous avais pas vu.
- Vous rentrez ?
De nouveau leurs voix s’étaient chevauchées tandis qu’ils se rapprochaient l’un de l’autre.
- Oui, je…
- J’étais juste…
Ils s’arrêtèrent et se mirent à rire : c’était trop bête ! Ils ressemblaient à deux collégiens qui ressentent leurs premiers émois amoureux.
Cette même réflexion pensée au même moment coupa net le rire et ils se regardèrent sans plus parler, leurs yeux se disant bien plus de choses que leur bouche.
- Don… Je voudrais… Vous voulez… Si…
Devant l’embarras du scientifique, le policier inspira profondément et osa se lancer :
- Mac… On pourrait aller prendre un verre si ça vous dit.
Puis, devant le mutisme de son aîné il enchaîna :
- Bien sûr, si vous avez mieux à faire, ou si vous êtes trop fatigué, je comprendrai… On fera ça une autre fois.
- Non… Ca me convient parfaitement. Chez moi ou chez vous ?
- A votre guise, répondit Don d’une voix tremblante, ne s’attendant pas à cette proposition.
Il avait pensé que Mac l’entraînerait dans leur bar habituel, pas qu’il suggèrerait quelque chose de beaucoup plus discret.
- Allons chez moi alors, c’est plus près.
De ce qui se passa ensuite, aucun ne devait jamais garder un souvenir très précis. C’était juste flou mais si doux… Une soirée à se parler, à se confier, et ils se retrouvèrent blottis l’un contre l’autre, sans même savoir comment c’était arrivé.
Le premier mot,
J'aim'rais qu’il dise le premier mot.
La nuit j'en rêve et c'est idiot.
Si il voulait
Seulement me faire signe tout bas,
Alors je ferais je crois
Le premier pas.
Les deux hommes avaient cheminé sur des voies parallèles, ressentant les mêmes choses mais ne sachant pas comment les dire. Ils étaient à la fois proches et éloignés, se connaissant bien mais ignorant chacun les tendances de l’autre.
Mais en quelques secondes tout venait de basculer. Il avait suffit d’un regard, d’un mot, d’un geste…
- Je t’aime.
Ils avaient parlé ensemble une nouvelle fois, comme si, à cet instant précis, ils étaient parfaitement synchronisés.
Soudain leurs chemins se rejoignaient et, tandis qu’ils se rapprochaient l’un de l’autre, que, timidement d’abord, leurs lèvres se joignaient avant que le baiser ne se fasse plus exigeant et que leurs corps ne se soudent l’un à l’autre, ils savaient que leur solitude venait de prendre fin et que cet amour était celui qu’ils avaient toujours désiré au fond de leur cœur.
FIN
Claude-Michel Shönberg
Chanson originale écrite au féminin (j’aimerais qu’elle fasse… je la rencontrerai… etc.)