OK.... OK... pas de soucis... je dois avoir une suite quelque part! Tirez pas!!! C'est que comme personne ne réagissait je me suis dit que ce n'était pas intéressant.... ce qui n'aurais pas été une catastrophe non plus...
Bon, ben... une petite suite alors? Mais ne venez pas vous plaindre après...
Jour 2
- Rien de rien ! Aucune piste ne se recoupe ! Ils n’avaient pas les mêmes fréquentations, n’allaient pas à la même église, si tant est qu’ils y aillent, l’un faisait du sport, l’autre non, l’un était catholique, l’autre protestant et le troisième juif, l’un adorait les restaurants asiatiques et l’autre ne supportait pas cette cuisine… Chaque fois qu’on a cru avoir un lien on s’est retrouvé le bec dans l’eau ! rageait Flack.
- Je sais combien c’est frustrant, l’encouragea Mac en posant la main sur son épaule.
- Va-t-on vraiment en être réduits à attendre un nouveau meurtre pour trouver un lien ?
- On va continuer à creuser !
- Mais il n’y a rien à creuser Mac ! Rien du tout ! C’est le néant total ! Ces types menaient une vie tout ce qu’il y a de banal : ils travaillaient, payaient leurs impôts, sortaient de temps à autre, s’occupaient de leur famille pour Jones, multipliait les conquêtes pour Growford ou courait les castings pour Smokes mais rien ne semble les relier. Ils ne se connaissaient pas, ne s’étaient visiblement jamais croisés, ne fréquentaient aucun lieu en commun ! A part le fait qu’on les ait retrouvés dans Le Village, rien ne les rapproche !
- Il y a sans doute quelque chose à creuser de ce côté-là, répliqua Mac. Ce n’est sans doute pas par hasard que notre tueur les abandonne dans ce quartier.
- Quoi ? Vous pensez qu’il y a un message ?
- Peut-être.
- Ou peut-être simplement que c’est sa zone de confort ! contrat Don.
- Ne soyez pas défaitiste Flack ! Je suis sûr qu’il y a quelque chose qui relie nos trois victimes.
- En effet !
Surpris, les deux hommes se retournèrent vers la porte sur le seuil de laquelle se tenait un grand type blond, bien fait de sa personne et qui entra dans la pièce sans plus de façons, sans même s’excuser d’avoir apparemment écouté une conversation qui ne lui était pas destinée et de s’immiscer dans celle-ci.
- En effet, il y a quelque chose qui les relie. Et c’est pour ça que je suis là.
- Et je peux savoir à qui j’ai à faire ? questionna Mac du ton rogue qu’il employait à l’égard de ceux qui le dérangeaient.
- Agent spécial Alan Desmond Silesman, du FBI, répliqua le blond en lui serrant la main.
Puis il se tourna vers Flack qui était resté figé et dit avec un grand sourire :
- Alors Flackie ? Tu ne viens pas dire bonjour à ton vieux pote ?
Le lieutenant parut alors sortir de sa transe et il se précipita dans les bras du nouveau venu avec un sourire de bonheur qui fit mal à Mac. Celui-ci, en contemplant les deux hommes enlacés, sentit une boule se former dans sa gorge, sans qu’il en comprenne la raison. Il ne voyait pas ce qui pourrait le contrarier : apparemment Don et cet agent Silesman, semblaient se connaître, et même très bien, constata-t-il avec un goût amer dans la bouche en voyant les deux corps s’imbriquer tandis que les mains se crispaient dans les dos avant que les deux hommes ne se relâchent, s’envoyant mutuellement une bourrade avec toujours le même sourire ravi aux lèvres. Qu’y avait-il de désagréable à ce que Flack retrouve ce qui était vraisemblablement un ancien ami ? Pourquoi se sentait-il agacé de la complicité qu’on sentait entre ces deux-là, du fait que soudain il n’existait plus aux yeux du lieutenant ?
- FBI ? Tu es passé à l’ennemi ? riait Don tandis que son ami répliquait :
- Hé ! Je te signale que nous ne sommes pas vos ennemis.
- Vous êtes quand même du genre donneurs de leçon et à tirer la couverture à vous.
Il y avait un peu d’aigreur dans la voix du policier et le fédéral ne s’y trompa pas.
- Je sais que certains collègues sont de ce genre là, mais pas moi. T’inquiète. Et toi alors ? Toujours lieutenant ? Je t’avais dit que la criminelle ce n’était pas le meilleur moyen de monter en grade rapidement !
- Oui, mais c’est tout ce que j’aime. Comment es-tu devenu fédé ?
- Après les stups j’ai passé quelque temps à l’USV et j’ai eu l’occasion de mener une enquête conjointe avec les fédéraux. Il faut croire qu’ils ont apprécié mon savoir faire parce qu’ils m’ont proposé d’intégrer le stage de formation qui arrivait. Seize semaines à Quantico, deux ans comme agent junior dans différentes agences, et j’ai gravi les échelons à Los Angeles sous le commandement d’un type épatant qui porte d’ailleurs le même prénom que toi.
- Normal, les Don sont des types épatants ! rigola Flack.
- Je pourrai bien le croire. Eppes était vraiment un patron sensationnel. J’ai beaucoup appris avec lui. Mais New York me manquait et dès que j’ai appris qu’il se libérait un poste j’ai demandé ma mutation. Avec sa recommandation, j’ai été accepté.
- Tu veux dire qu’il était trop content de se débarrasser de toi ?
- Peut-être, rit à son tour l’agent spécial. En tout cas, voilà quinze mois que j’ai intégré l’agence de New York. Je suis maintenant responsable d’équipe.
- Félicitations, sourit Don.
- Désolé d’interrompre de si émouvantes retrouvailles, mais j’aimerais savoir ce que vous faites là et surtout ce que vous vouliez dire par « Il y a quelque chose qui les relie », coupa soudain la voix froide de Mac.
Un peu penauds de s’être laissés emporter par l’enthousiasme de la rencontre, les deux hommes se retournèrent vers le chef de l’unité scientifique qui les considérait froidement, presque désapprobateur. Un observateur lambda aurait conclu qu’il trouvait indécent de se réjouir alors qu’ils enquêtaient sur une affaire aussi sordide, l’agent Silesman, lui, après avoir observé quelques secondes l’emblématique directeur du laboratoire, réprima un léger sourire comme s’il avait perçu quelque chose dont même Mac n’était pas conscient. Reprenant un maintien plus professionnel, il expliqua :
- J’ai lu votre alerte sur ce cas il y a quelques heures.
- Quelques heures ? Ca fait plus de deux semaines que nous enquêtons.
- Oui, mais vous n’avez lancé la recherche en réseau qu’après le second meurtre et il se trouve qu’à ce moment-là j’étais absent. Je suis revenu hier et je suis donc tombé sur votre demande ce matin. J’ai aussitôt pris contact avec mon patron et me voilà.
- Et vous voilà… Et si vous nous expliquiez pourquoi vous voilà ?
Une note d’exaspération pointait dans la voix de Mac mais l’agent fédéral ne sembla nullement en être intimidé.
- C’est très simple : je connaissais la seconde victime, Tim Smokes. Et j’ai eu l’occasion de croiser la première.
- Comment ça vous le connaissiez ?
- Nous avons eu une liaison.
Mac regarda d’un air interdit l’homme qui venait tranquillement d’avouer son homosexualité. Un coup d’œil à Flack lui apprit que, pour lui, ce n’était pas une nouvelle et soudain il sentit de nouveau ce drôle de pincement au cœur en repassant les images des retrouvailles des deux hommes. Mais qu’est-ce qui lui arrivait ? se morigéna-t-il soudain. Quand bien même Flack et ce Silesman aurait eu une liaison, en quoi ça le regardait ? Pourquoi en aurait-il été contrarié ?
- J’en déduis que…, commença-t-il en tentant de gommer toute note accusatrice de sa voix.
- … que je suis gay, oui, compléta l’agent. Je suis gay et je l’assume.
- C’est plutôt courageux de votre part, admit Mac sachant combien il était difficile de s’affirmer homosexuel tant dans le milieu policier que dans celui des agences gouvernementales.
- Je ne vois pas en quoi c’est courageux, contra Alan. Mais nous aurons cette conversation un autre jour. Tout ce que je peux vous dire, c’est que j’ai rencontré Tim Smokes dans un bar gay : le Recto-Verso. Nous nous sommes plus et nous avons eu une liaison de quelques semaines. C’était un type bien. Je suis navré qu’il ait fini ainsi, il ne méritait pas ça.
- Personne ne mérite ça ! coupa Mac.
- Vous avez raison.
- Et pourquoi vous êtes vous quittés ? interrogea le policier.
- Parce que nous étions arrivés au bout de notre aventure : une parenthèse agréable entre deux adultes consentants, mais dès le départ nous savions, l’un comme l’autre, qu’il n’y avait pas de vrais sentiments entre nous. Un jour nous avons donc repris chacun notre route.
- Et vous connaissiez Ethan Jones ?
- Ne me regardez pas de cette façon là lieutenant Taylor. Je ne le connaissais pas, non, et surtout pas de la manière dont vous semblez l’entendre ! Sachez que je suis gay, que j’ai des aventures, mais que pour autant je ne saute pas sur tout ce qui bouge !
- Pardonnez-moi si je vous ai paru suffisant et accusateur, déclara aussitôt Mac. Je ne voulais pas sous-entendre que…
- Non… Ne vous inquiétez pas. Je crois que je sais pourquoi vous êtes un peu froid à mon égard.
- Quoi ? De quoi est-ce que… ?
- Laissez tomber. Ca aussi on pourra toujours en reparler plus tard. Et pour répondre à votre question, je ne connaissais pas vraiment Ethan Jones, mais je l’ai croisé plusieurs fois au Recto-Verso, seulement il n’était pas mon genre.
- Tu veux dire qu’il fréquentait un bar gay ? interrogea alors Don, s’immisçant enfin dans la conversation, sortant de son rôle d’observateur de la passe d’armes qui opposait Mac et Alan.
- Vous êtes en train de nous dire qu’Ethan Jones était homosexuel ? questionnait Mac simultanément.
- Effectivement, c’est juste ce que je suis en train de dire, confirma l’agent, répondant en même temps aux deux hommes.
- Ethan Jones était marié et père de famille, contra Mac.
- Lieutenant, ce n’est pas à vous que je vais apprendre qu’il y a beaucoup d’homosexuels qui ne s’assument pas du tout. Ils se marient, ils ont des enfants, et quand le désir est trop fort ils vont s’encanailler dans les clubs gays, font un petit tour dans les backrooms et retrouvent leur petite vie paisible. C’est pour cela que je n’ai rien tenté avec Jones. J’avais décelé en lui ce refus d’assumer sa sexualité, et je ne sors jamais avec ce type de mec : ce sont des sacs à embrouilles ! Et comme je ne suis pas du genre à me contenter d’un coup d’un soir à l’arrière d’un bar, même si physiquement il était tout à fait mon type, je n’ai rien tenté. Mais je suis formel : c’est bien lui que j’ai vu.
- Il va falloir interroger sa femme, savoir si elle peut confirmer les tendances de son mari, décida Mac.
- Pourquoi aller la bouleverser avec ça ? protesta l’agent fédéral. Vous pensez vraiment qu’il est nécessaire de salir l’image qu’elle a de son époux ?
- Ce n’est pas que j’en ai envie, contra Mac, mais vous savez aussi bien que moi que ça pourrait faire avancer l’enquête.
- Ma parole ne vous suffit pas ? Si je vous ai dit que j’ai vu ce type…
- Je suis sûr que vous me dites la vérité. Mais vous savez aussi bien que moi que les petits détails comptent. Et si madame Jones était au courant des penchants de son mari, elle pourra peut-être nous donner une piste…
- Et si elle n’était pas au courant, vous ajouterez de la souffrance à sa souffrance.
- Je préfère cela qu’ajouter encore un mort à la liste ! répliqua Mac avant d’enchaîner. Et Harry Growford ? Vous ne l’avez jamais croisé dans votre bar ?
- Non, je suis formel. Ca ne veut pas dire qu’il ne le fréquentait pas. Je ne suis pas toujours fourré dans ce bar. Mais il y a tellement d’établissements du genre au Village.
- On aurait dû y penser ! s’exclama soudain Flack. Les trois corps ont été retrouvés dans le quartier gay ! Mais comment n’a-t-on pas fait le lien ?
- Parce que tu te ramollis ma poule, plaisanta l’agent fédéral tandis que Mac répliquait :
- Parce que rien ne nous laissait supposer qu’ils soient gays. Jones était marié et Growford avait la réputation d’un homme à femmes.
- On aurait tout de même dû évoquer cette piste, déclara Don mécontent de lui.
- Même si vous aviez fait le lien, le rassura son ami, ça ne vous aurait pas avancés à grand-chose. Le quartier gay est vaste, il vous aurait fallu des semaines pour ratisser tous les bars et boîtes de nuits. Et rien ne dit qu’on les aurait reconnus, ou, qu’on aurait admis les connaître.
- Je vous remercie de nous avoir donné cet élément, dit Mac en se tournant vers l’agent. Ca n’a pas dû être facile pour vous, je vous suis donc particulièrement reconnaissant d’avoir entrepris cette démarche.
- Je ne vois pas en quoi c’était difficile, rétorqua Alan. Oh ! A moins que vous ne fassiez allusion au fait que je devais ainsi assumer mes penchants sexuels ? Mais il n’y a rien dont je doive avoir honte lieutenant Taylor, ne vous en déplaise. J’ai appris à faire avec les homophobes en tout genre.
- Je ne suis pas homophobe ! protesta Mac, le rouge au front.
- Ravi de l’entendre ! Ca n’aurait pas été la première fois que j’aurais travaillé avec un équipier homophobe, mais je préfère éviter.
- Comment ça, travailler ? interrogea Mac soudain suspicieux.
- Je ne suis pas venu simplement pour vos beaux yeux lieutenant. Vous avez à faire à un tueur en série. En tant que tel il tombe sous la juridiction fédérale.
Et, devançant les protestations qu’il voyait naître chez ses deux interlocuteurs, il leva la main en disant :
- Rassurez-vous, je n’ai nullement l’intention de vous reprendre l’enquête, pas plus que de tirer la couverture à moi, sourit-il à l’adresse de Don, mais je peux vous aider. Je connais parfaitement ce quartier et j’y suis connu. De plus il est toujours utile d’avoir les ressources fédérales à disposition.
Mac sembla ruminer quelques instants puis il répondit :
- Vous avez raison. Nos petites querelles de clocher n’ont aucune importance. Ce qu’il faut, c’est arrêter ce malade.
- Tout à fait d’accord avec vous.
- Alors bienvenue à bord, agent spécial Silesman, dit Mac avec un franc sourire en tendant la main à l’agent spécial.
- Merci de m’y accueillir, répliqua ce dernier avant de se tourner vers Don et de lui envoyer une bourrade : Alors mon pote ? Il paraît qu’on va de nouveau bosser ensemble ? Je vais voir si tu es toujours aussi minable !
- Minable toi-même, répliqua le policier en rendant la bourrade avec usure. Tu vas lécher mes semelles, comme autrefois ! Tu n’as jamais été capable de me suivre.
Les deux hommes éclatèrent d’un rire franc et s’enlacèrent à nouveau et à nouveau, Mac Taylor ressentit un pincement au cœur à les voir si proches, sans comprendre ce qui motivait sa réaction.
(à suivre)