Ah oui, c'est vrai!!! Elle a emballé le Gallois, ce qui explique qu'il n'y avait plus de place pour Natasia...
Allez un petit chapitre qui donne un début d'explication...
Chapitre 8
- Pourquoi Jack ? Pourquoi ?
Jack tressaillit : pourtant il attendait cette question depuis plusieurs minutes, depuis le moment où Ianto était apparu sur le seuil de la chambre qu’il louait dans un hôtel de Londres. Il aurait dû savoir que son époux ne se laisserait pas si facilement mettre à l’écart et que, tôt ou tard, il le retrouverait. Avec les ressources de l’agence, il savait qu’il finirait par découvrir où il se terrait et qu’il viendrait demander des explications. Il le savait et il n’avait rien fait pour s’y soustraire. Ianto en était d’ailleurs conscient.
Il y avait un peu plus de deux jours que Jack avait quitté leur maison sans un mot, sans leur donner l’ébauche de réponses quant à son comportement. S’il avait vraiment voulu mettre de la distance entre eux, il aurait eu largement le temps d’aller bien plus loin que Londres, plus loin même que la Terre si réellement son but était de fuir loin d’une famille devenue un fardeau trop lourd à porter. Alors le fait que Jack se soit simplement réfugié à Londres lui paraissait finalement plein de promesses : cela voulait dire que l’Immortel n’avait pas pu s’éloigner d’eux. Il n’était pas dupe sur le fait que si celui-ci n’avait pas voulu qu’il le retrouve, jamais il n’aurait pu le localiser si vite. Pour autant, cela ne répondait pas à ses questions et il était temps maintenant que son mari lui apporte les réponses dont il avait besoin. C’est pourquoi, après s’être assuré que celui-ci allait bien, même si sa pâleur et son épuisement étaient perceptibles, il avait posé la question qui le taraudait depuis trop longtemps.
- Je ne sais pas…
Cette fois-ci Ianto se mit en colère : ça ne pouvait plus durer ! Jack devait livrer ce qu’il avait sur le cœur et qui le rongeait. Attristé, le Gallois voyait sur son amant les stigmates de ce qu’il endurait : l’immortel avait maigri, de larges cernes soulignaient son regard éteint et son teint cireux était tiré.
- Non ! J’en ai assez des « Tout va bien », des « Je ne sais pas » ! Tout ne va pas bien et je suis certain que tu sais exactement pourquoi. Et cette fois-ci tu ne te défileras pas Jack Harkness-Jones ! Je veux des réponses précises, pas de vagues assurances qui ne me rassurent pas du tout ! Je veux savoir ce qui s’est passé, pourquoi tu es devenu ce que tu es, pourquoi tu es parti de la maison !
- Tu le sais bien pourquoi ! explosa alors le capitaine. J’ai frappé notre enfant ! Ca ne te suffit pas comme raison ? Quoi ? Il valait mieux que je reste et que je recommence, plus fort peut-être ? Tu as tant que cela envie de savoir si notre fille aussi est immortelle ?
Ce fut plus fort que lui, plus fort que sa volonté, plus fort que son amour : ce que la petite phrase de Jack sous-entendait pulvérisa instantanément le peu de calme que parvenait à conserver Ianto et il gifla sèchement l’immortel. L’énormité du geste les surprit tellement l’un et l’autre qu’ils restèrent pantois, se regardant fixement, incapables d’articuler le moindre son.
Ce fut cependant le Gallois qui se reprit le premier et balbutia :
- Oh Jack ! Je suis tellement, tellement désolé ! Ce n’était pas ce que je voulais… Je voulais juste qu’on parle, je voulais comprendre et tout ce que je sais faire…
- Non ! C’est ma faute ! Je l’ai mérité ! tenta de le rassurer l’immortel.
- Personne ne mérite qu’on le frappe Jack ! Personne ! Et surtout pas toi ! contra alors Ianto, puis il reprit d’un ton plus posé en s’asseyant sur le lit et en forçant son époux à s’asseoir à ses côtés :
- Ca ne peut plus durer Jack. Tout cela va nous détruire. Tu dois me dire ce qui ne va pas.
- C’est trop dur Ian…
- Non… Il te suffit juste de prendre une grande respiration et de te lancer. Je te promets que je ne me mettrais pas en colère si ça peut t’aider et en tout les cas, je te jure de ne pas te frapper.
Mais sa tentative d’humour était trop désespérée pour arracher le moindre sourire à Jack qui le regardait fixement, visiblement déchiré entre le besoin de se livrer et la crainte que ce qu’il allait dire ne détruise son amour. Alors ce fut Ianto qui reprit la parole, d’un ton calme et triste :
- Tu ne m’aimes plus, c’est ça ? Tu as rencontré quelqu’un d’autre, quelqu’un qui te rend plus heureux ? Ou alors la vie auprès de moi et de nos filles te pèse ? Tu te languis de tes aventures d’avant ?
Et devant le mutisme de son amant, il acheva, d’une voix presque inaudible :
- Tu veux nous quitter Jack ?
- Non ! Non ! Je ne veux pas vous quitter ! Vous êtes ce que j’ai de plus cher au monde ! s’écria alors l’immortel, et le cœur de Ianto tressaillit de joie à cette affirmation jetée sur un ton qui ne laissait pas le moindre doute quant à sa véracité.
C’est pourquoi la fin de la réplique le heurta de plein fouet :
- Je ne veux pas vous quitter, et pourtant je le dois, acheva Jack d’une voix désespérée.
- Tu le dois ? Pourquoi ? Que se passe-t-il Jack ? Pourquoi devrais-tu nous quitter si tu ne le souhaites pas ? Est-ce qu’on te fait chanter ?
Puis la colère enfla à nouveau dans son timbre devant l’apparente apathie de son époux :
- Bordel ! Tu vas me répondre ! Tu ne peux pas me dire des trucs pareils puis te taire ! Si on te menace on fera face ! Si…
Et soudain il s’arrêta net, blêmit tandis qu’une idée atroce lui traversait la tête. Pourtant non… Ca ne pouvait pas être possible… Ca ne pouvait pas…
Toute trace de colère disparue de sa voix, il questionna à nouveau, d’un ton empreint d’anxiété :
- Jack… Est-ce que tu es malade ? Est-ce que…
Bien sûr son époux était immortel, mais finalement, savaient-ils exactement ce que cela voulait dire ? Et si cette immortalité n’était en fait que « provisoire », finissant par disparaître, laissant Jack aussi démuni que n’importe quel humain face à la camarde ? Et si, ce qu’on pensait un don d’invincibilité était en fait une sorte de virus qui avait rongé petit à petit jusqu’à l’essence même de l’homme qu’il aimait ? Et si….
- Non… Non… Je ne suis pas malade… Enfin….
Et soudain Ianto se trouva propulsé quatre ans auparavant, se revoyant dans le jardin, questionnant anxieusement l’immortel qui ne trouvait pas ses mots pour lui annoncer ce qui était pourtant une merveilleuse nouvelle.
- Jack ! Est-ce que… Tu attends un enfant ? demanda-t-il précautionneusement, s’effarant que ce soit cette nouvelle qui ait pu mettre son amour dans cet état.
Il aurait compris qu’il soit nerveux à ce sujet, mais ce n’était pas comme si la venue d’un autre enfant était une malédiction. Cela faisait maintenant plusieurs mois qu’ils essayaient de donner une sœur ou de préférence un frère à leurs filles. Et soudain il se trouva stupide d’avoir posé cette question. Pourtant, ce qu’il lut alors dans le regard de son époux lui fit comprendre qu’il avait vu juste :
- C’est donc ça ! reprit-il. Tu es enceint. Mais Jack… C’est une merveilleuse nouvelle ! Pourquoi est-ce que…
- Je ne veux pas de cet enfant ! le coupa alors l’immortel.
Ianto le regarda, abasourdi, puis bientôt une chape de tristesse s’abattit sur ses épaules et il se releva :
- D’accord. J’ai compris… Inutile de m’en dire plus. J’aurais dû m’en douter.
L’immensité de la douleur dans la voix de son amant fit relever la tête à l’immortel, soudain plus inquiet de Ianto que de lui :
- Quoi ? Que veux-tu dire ? balbutia-t-il en tendant la main pour retenir son compagnon qui s’éloignait.
Mais celui-ci arrêta son geste d’un coup sec sur son bras, l’empêchant de le toucher et recula d’un pas :
- Tu ne m’aimes plus Jack, voilà ce qui arrive. Tu as eu beau me dire le contraire il y a quelques instants, je ne sais pas pourquoi ni comment, je ne sais même pas si ça a à voir avec ce qui s’est passé, mais tu ne m’aimes plus.
- Quoi ? Mais qu’est-ce que tu racontes ! Tu es toute ma vie cariad ! Si tu n’étais pas là je ne sais pas ce que je deviendrais ! Tu es celui qui me donne la force de me battre contre mes démons.
Ebranlé, le Gallois le regarda : il semblait y avoir tant de sincérité dans la voix de son amour ! Et pourtant s’il ne voulait pas de cet enfant qu’ils souhaitaient tous les deux depuis si longtemps, quelle autre conclusion pouvait-il tirer que celle que l’immortel se sentait à l’étroit entre lui et leurs filles et ne voulait pas qu’un nouvel enfant vienne le ligoter encore plus.
- Si tu m’aimais, tu considèrerais l’arrivée de ce bébé comme un bonheur.
Le visage de Jack se referma aussitôt et Ianto poursuivit :
- Comment veux-tu que je croie en ton amour quand tu me dis que tu refuses de mettre au monde cet enfant que nous voulions tant, notre enfant ?
Et soudain Jack explosa, tremblant de chagrin et de colère à la fois il s’écria :
- Tu ne comprends pas ! Je n’en veux pas parce que justement ce n’est pas notre enfant !
La foudre s’abattant à ses pieds n’aurait pas plus abasourdi le Gallois que cette déclaration. D’une voix blanche il murmura :
- Que veux-tu dire par : ce n’est pas notre enfant ?
Et devant les sanglots déchirants qui secouaient son amour, incapable de répondre, il s’agenouilla devant lui, releva son visage pour l’obliger à le regarder :
- Que voulais-tu dire Jack ? Pourquoi cet enfant ne serait-il pas le nôtre ? Tu m’as trompé ?
Son cœur saigna à l’immensité de la douleur qui se peignit sur les traits du capitaine tandis qu’il réussissait à articuler :
- Je ne voulais pas Ian… Je te jure que je ne voulais pas… J’ai essayé de l’empêcher…
Et soudain Ianto comprit. Son teint vira au blanc crayeux tandis qu’il regardait son compagnon avec épouvante : ce n’était pas possible, pas ça, pas lui, pas eux ! Puis l’urgence de calmer l’homme qu’il aimait lui apparut et il referma son étreinte sur celui-ci, le berçant tendrement en murmurant :
- Oh mon Dieu ! Jack… Pourquoi ne m’as-tu rien dit ? Pourquoi ?
Et tandis qu’il se laissait aller dans les bras de son amour, le capitaine réussit enfin à raconter.
(à suivre)