Une songfic écrite pour l'anniversaire de Fanncis et basée sur sa fiction "nouvelle aube" que je vous invite à lire si vous ne l'avez pas encore fait...
iciEn bleu : la lettre de Tony à Gibbs (extraite de nouvelle aube), en italiques centré: la chanson "Je n'ai jamais su dire" de Michel Sardou.
Préambule :
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Donald P. Bellisario & Don McGill. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Personnage : Gibbs
Genre : P.O.V. - Songfic
Résumé : Tony est parti en laissant une lettre. Gibbs pense à ce qu'il a raté.
JE N’AI JAMAIS SU DIRE
« Gibbs… LJ
C’est peut être la dernière fois que je t’appelle ainsi… que j’ose t’appeler ainsi.Gibbs rentra chez son adjoint, serrant dans sa main la lettre froissée qu’il avait lue et relue cent fois depuis le matin. Il la connaissait par cœur :
Malgré tout, malgré les mots, malgré l’évidence, il fit le tour de la maison, espérant trouver des preuves que Tony allait revenir. Mais tout était propre, net : plus aucune trace d’éléments personnels. Une coque vide… Tony était bel et bien parti.
Il se laissa tomber sur le canapé plutôt qu’il ne s’assit : ses jambes ne le portaient plus. Il courba le dos, portant les mains à son visage dans un geste de désespoir.
Qu’avait-il fait ?
Je n'ai jamais su dire
Les mots que tu aimais,
Pourtant, je n'ai jamais
Cessé de t'aimer.
Il est temps pour moi de tourner définitivement la page de la plus belle aventure que j’ai vécue dans ma vie.Pourquoi avait-il voulu tout avoir ? Tony lui avait offert son amour sans restriction, de tout son cœur, avec toute l’intensité de sa jeunesse et de la foi qu’il avait en lui. Il lui avait tout donné et il avait accepté tellement de choses par amour.
Pourquoi n’avait-il pas pris conscience avant qu’il risquait de le perdre ? Mais sa suffisance, son égoïsme l’avaient amenés à ne faire aucun choix, à imposer à Tony ce ménage à trois contre nature.
Comme un enfant terrible,
J'ai cassé mon jouet.
Comme un enfant terrible,
Je mérite le fouet
Je souffre en silence depuis maintenant plusieurs mois et je ne supporte plus ton indécision. J’ai accepté une situation qui me permettait de te garder à mes côtés et j’ai respecté ton choix de vouloir nous garder tous les deux parce que je t’aimais plus que tout.Son amant avait attendu… des jours… des mois… Il avait presque tout accepté, lui faisant confiance pour prendre un jour une décision. Il avait foi en lui, foi en son intégrité, en sa droiture. Gibbs ne pouvait pas le trahir…
Parfois, lorsqu’il doutait, son chef le retenait. Il le cajolait, le consolait, lui susurrait qu’il allait bientôt trancher entre eux… et puis pour quelque temps il délaissait Jenny… pour quelque temps seulement. Dès que Tony était rassuré, il retournait se perdre aussi dans les bras de la belle.
Car je n'ai jamais su dire
Les mots que tu aimais.
Pourtant, je n'ai jamais
Cessé de t'aimer.
Mais depuis peu, la donne a changé. Un nouveau venu vient perturber notre petit monde à trois, un être innocent que l’on ne peut accuser de tous les maux. Je suis content pour Jenny à qui il manquait le statut de maman et je suis content pour toi parce que tu vas pouvoir retrouver celui de père.Et puis les choses avaient irrémédiablement changé.
Pourquoi son agent ne pouvait-il comprendre sa position ? Jenny portait son enfant, il se devait d’être là pour le petit être qu’il avait conçu. Ce n’était pas le moment de la quitter.
Si Tony n’était pas capable de comprendre ça !
Non… Il n’avait pas le droit de lui jeter la pierre. Qu’aurait-il dit, lui, si les rôles avaient été inversés ?
Il avait tout exigé de lui, il avait pris, pris, pris sans cesse en oubliant de donner en retour. Et il avait fini par épuiser son amour.
Je t'aime et je ne peux
Vivre sans ton sourire.
Je ne peux concevoir
Sans toi mon avenir.
Mais je ne peux plus assister à votre bonheur, au détriment du mien. Je ne me sens pas capable de vous voir tous les trois heureux tandis que moi, je serais malheureux. Je ne pourrais pas faire table rase de toutes ces années où nous avons partagé tant de choses, où j’ai vécu un bonheur total dans tes bras si je reste ici.Peut-être que s’il insistait Abby lui apprendrait où s’était réfugié son amant. Peut-être qu’il pourrait…
Mais il savait que ses espoirs étaient vains. Il avait foulé aux pieds la chose la plus pure, la plus précieuse qu’on lui ait jamais offerte et il en payait les conséquences. Il les paierait désormais jusqu’à la fin de ses jours.
Pris dans une tourmente,
Sans cesse ballotté
Loin d'une vie décente,
Je ne pouvais chanter
Que je t'aime et je ne peux
Vivre sans ton sourire.
Je ne peux concevoir
Sans toi mon avenir.
Tu m’as permis de me dépasser, tu as fait de moi un homme fort alors que j’étais un chien fou, un libertin, un gamin dans un corps d’homme, le « complexe Peter Pan » comme disait Kate. Je te remercie de m’avoir fait suffisamment confiance pour m’accepter dans ton équipe, de m’avoir ouvert ton cœur et ta porte.Gibbs se leva, courbé comme un vieillard. Il lui semblait avoir pris vingt ans d’un seul coup. Il se hasarda jusqu’à la chambre, comme ça, comme si, durant ce temps où il était resté prostré sur le canapé, il se pouvait que Tony soit revenu…
Il poussa la porte et il reçut comme une gifle sous le souffle glacé qui l’accueillit alors. Cette pièce qui avait vu leurs ébats, cette pièce qui avait été pour eux le paradis, elle était désormais vide, preuve vivante de leur naufrage… de son naufrage, corrigea-t-il.
Maintenant tu me quittes
Et je meurs lentement.
Mon univers s'effrite
Et je pleure doucement.
Aujourd’hui, je prends mon envol et mon indépendance. Je dois partir pour préserver ce que tu as fait de moi, pour ne pas devenir un homme aigri devant votre joie, pour tenter de vivre malgré tout.Une tache de couleur sur le matelas nu attira son attention.
Il s’avança et reconnut le tee-shirt qu’il avait offert à Tony au début de leur relation, l’un de ses anciens tee-shirts en fait.
Il se remémora ce jour, cette nuit… leur premier jour… leur première nuit… Leurs gestes un peu empruntés, timides, maladroits… La fièvre qui les avait saisis et l’intensité de leur étreinte… Cette découverte enivrante, envoutante, merveilleuse…
Et au matin Tony, dépité, avait découvert que son splendide tee-shirt n’avait pas résisté à leurs ébats. Gibbs lui avait alors permis d’en choisir un dans sa garde robe et son amant avait opté pour celui-là, déjà ancien, plutôt délavé mais dont il avait dit qu’il lui ressemblait : solide et rassurant…
Gibbs se demandait encore si c’était un compliment…
Par la suite, son compagnon n’avait jamais voulu se séparer de l’objet rendu informe et détendu par de multiples lessives mais qu’il mettait régulièrement comme un talisman, un rappel de leur amour.
Il ne me restera
Que de beau souvenirs
Du temps où le lilas
Fleurissait ton sourire.
Je te souhaite de vivre heureux avec Jenny et le bébé.Et de voir ce tee-shirt abandonné là, sur ce lit qu’ils avaient si souvent fait trembler, qui avait si souvent abrité leurs étreintes, comme une épave sur la plage, épave de leur amour, lui fit alors comprendre ce qu’il venait de perdre.
Plus que les mots, plus que le bureau déserté, plus que les médailles revenues dans son tiroir, cet affreux vêtement gisant sur le matelas lui disait que l’irrémédiable s’était bel et bien produit.
Mais maintenant,
Tu me quittes
Et je pleure lentement.
Mon univers s'effrite
Et je meurs doucement,
Doucement.
Adieu, Gibbs et bonne chance.
TonyGibbs saisit l’étoffe de ses mains tremblantes, s’affala sur le lit glacial et, enfouissant son visage dans le coton qui portait encore l’odeur de son amant, il éclata en longs sanglots douloureux.
FIN