Encore une songfic anniversaire: celle-ci était destinée à Terryjones
Préambule : Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Donald P. Bellisario & Don McGill. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
CEUX QUI MANGENT LES FRUITS DEFENDUS
- Est-ce que tu m’aimes vraiment ?
Le regard dur comme l’acier se tourna vers celui qui venait de poser la question tandis que la voix froide répondait en questionnant à son tour :
- Qu’est-ce que c’est que cette question à la con Tony ? Tu le sais très bien !
- Non je ne le sais pas… Enfin oui, je le sais mais… Jethro, ça fait plus de six mois et tu ne me l’as jamais dit.
- Mais il me semble t’avoir montré plus d’une fois que tu étais loin de me laisser de glace, répliqua l’aîné avec un petit sourire légèrement fat qui déclencha la colère de son amant :
- Effectivement je sais que tu me désires, répondit le brun sans sourire. Mais désir et amour sont deux choses différentes.
- Enfin, je ne vois pas ce que quelques mots pourraient changer, se défendit le supérieur, buté.
- Si tu ne vois pas, alors je me demande vraiment ce que nous faisons ensemble.
Et avant que l’aîné n’ait pu ajouter un mot, Tony était parti en claquant la porte laissant son amant réfléchir à ses actes et à ses mots.
Comme il est difficile de passer la journée à côté de celui qu’on aime sans que celui-ci paraisse s’apercevoir de votre existence ! Dans de telles conditions, les heures semblent durer des siècles et durant ces siècles Leroy Jethro Gibbs eut tout le loisir de réfléchir à ce qu’il voulait, à ce qu’il espérait, à ce qu’il attendait de la vie auprès de cet homme qui la lui avait rendue tellement plus belle ces derniers mois.
Le soir, lorsque Tony passa le seuil de la maison, à peine eut-il mis un pied dans la pièce à vivre qu’une douce mélodie s’éleva.
Ils ont des « Je t’aime » au bord des yeux à n’en plus finir,
Des silences blêmes et des adieux, à n’en plus partir.
Ils ont des regards qui durent à s’enraciner,
Et des mots qui transfigurent à n’en plus parler !
Etonné il jeta un regard autour de lui, hésitant à reconnaître l’intérieur propre mais désordonné qu’il avait quitté le matin, Jethro et lui étant tout sauf des hommes de ménage.
La pièce avait été briquée apparemment du sol au plafond et débarrassée des différents journaux, dossiers, vidéos et autres CD et DVD qui s’empilaient un peu partout et, au centre, une petite table était dressée, recouverte d’une nappe blanche sur laquelle était posés deux assiettes de porcelaine fine flanquées de verres à pieds en cristal et de couverts en argent. Entre les deux, dans un soliflore, une magnifique rose rouge égayait la table d’une touche de couleur et des effluves délicieux embaumaient la pièce tandis que Tony, interdit, prêtait l’oreille à la chanson et s’imprégnait de ses paroles.
Ceux qui s’aiment au paradis perdu,
Ceux qui mangent les fruits défendus.
Loin des indiscrets et des voyeurs,
Loin des rétrécis du côté cœur,
Ceux qui bravent les remparts des interdits
Ceux qui s’aiment à la mesure de leur folie !
- Viens… Installe-toi.
Gibbs était arrivé devant lui, avait déposé un léger baiser sur ses lèvres avant de l’aider à ôter son pardessus et le guidait vers l’une des chaises sans qu’il pense même à résister un tant soi peu, trop estomaqué que son si peu romantique amant ait pu lui préparer une telle surprise.
Cependant, une fois assis, il regarda à nouveau autour de lui, comme pour bien s’assurer qu’il ne s’était pas trompé de maison, puis leva les yeux vers son amant qui le couvait d’un regard qui fit courir plus vite le sang dans ses veines en même temps qu’il lui mettait les larmes aux yeux tant il y avait d’amour au fond des prunelles d’habitude si froides.
- Qu’est-ce que…
- Chut…, murmura Gibbs en posant une main douce sur ses lèvres sur lesquelles un doigt s’attarda un peu plus que nécessaire tandis qu’il finissait : ne dis rien… Profite juste du moment… Accepte mon pardon avec ce message.
Et avant que Tony n’ait pu ajouter quoi que ce soit, il disparut dans la cuisine. Alors le plus jeune décida de tout simplement se laisser porter et, comme le lui avait conseillé l’homme qu’il aimait, de profiter du moment présent, sans se soucier du reste.
Ils ont des caresses au creux des mains à n’en plus dormir,
Un flot de promesses à l’horizon de leur avenir,
Ils ont des élans sauvages à tout immoler,
Un désir de faire naufrage à s’écarteler !
Dans la cuisine, l’aîné s’afférait, les mains un peu tremblantes, le cœur battant la chamade.
Cette longue journée de bouderie lui avait permis de réfléchir et surtout de prendre conscience qu’il ne pourrait jamais se passer de Tony dans sa vie.
Alors qu’importaient ses réticences de marine, tout ce que son éducation militaire lui avait inculqué : ne montre pas tes sentiments, un homme ne pleure pas, la romance c’est une histoire de gonzesse…, et tout à l’avenant. Qu’importait qu’il soit ridicule aux yeux de certains ! Ce qui comptait pour lui c’était cet homme, entré par effraction dans sa vie, et dont désormais il ne pourrait plus se passer.
Ceux qui s’aiment au paradis perdu,
Ceux qui mangent les fruits défendus.
Loin des indiscrets et des voyeurs,
Loin des rétrécis du côté cœur,
Ceux qui bravent les remparts des interdits
Ceux qui s’aiment à la mesure de leur folie !
Ce que sa raison refusait, son cœur le lui avait soufflé. Il savait combien, sous ses dehors hâbleurs et ironiques, Tony cachait de sensibilité presque féminine, de romantisme exacerbé et il avait compris qu’il devait lui prouver, une fois pour toute combien il était important pour lui et que l’amour qu’il lui portait était partagé.
Il avait quitté le NCIS plus tôt, sous couvert d’une réunion, était passé chez leur traiteur préféré pour y acheter des mets que Tony adorait, avait fait l’acquisition de vaisselle plus raffinée que ce qui traînait dans leurs placards, avait retrouvé sur l’ordinateur, malgré sa détestation de l’objet, cette mélodie qu’un jour Tony, qui venait de la découvrir au hasard de ses pérégrinations sur le net, lui avait fait écouter avant de l’enregistrer tant il l’avait aimée, et, après une dernière halte, était rentré préparer sa surprise.
Il n’avait désormais qu’une crainte : que la brèche ouverte le matin par sa bêtise ne se referme jamais complètement et qu’avec le temps elle aille en s’agrandissant jusqu’au jour où elle les séparerait par un fossé infranchissable.
Alors il devait tout faire pour la refermer et il se battrait avec toutes les armes à sa disposition pour y parvenir.
Ils ont une écharde au fond du cœur à n’en plus souffrir,
Toute une aventure au fil des heures à n’en plus vieillir,
Ils ont toujours un bonheur à recommencer
Et l’espoir de vivre ensemble des milliers d’années !
Ils mangeaient en silence, se parlant du regard. Leurs mains se touchaient par-dessus la table et leurs doigts s’entrelaçaient se disant tout ce que leurs bouches ne prononçaient pas.
Le repas était délicieux et le vin qui l’accompagnait de toute première qualité et chacun savourait, avec les nourritures terrestres, ce moment de quiétude où l’amour qu’ils se portaient semblait envahir tout leur espace : à ce moment-là, Tony ne doutait plus.
Gibbs se releva, planta un énième baiser sur les lèvres de son amant en débarrassant la table pour apporter le dessert.
- Jethro…
- Non… Pas encore. Sois un peu patient.
Ce sourire, Tony ne pensait pas l’avoir déjà vu : tant de douceur, tant de tendresse et cet amour à fleur de peau… Dans ses rêves les plus fous de moments intimes partagés autrement que par l’amour physique, il n’avait jamais osé aller aussi loin, pensant que son compagnon ne pourrait définitivement pas faire preuve de la moindre parcelle de romantisme.
Comme quoi…
Et tandis qu’il dégustait la crème glacée délicieusement citronnée, les paroles qui passaient en boucle en sourdine depuis le début de la soirée chantaient en écho dans sa tête.
Ceux qui s’aiment au paradis perdu,
Ceux qui mangent les fruits défendus.
Loin des indiscrets et des voyeurs,
Loin des rétrécis du côté cœur,
Ceux qui bravent les remparts des interdits
Ceux qui s’aiment à la mesure de leur folie !
Soudain quelque chose sous ses dents l’arracha à son songe éveillé. Il récupéra l’objet incongru qui venait gâcher son moment de félicité et, lorsqu’il l’eut identifié, il resta médusé, le cerveau bloqué, son regard naviguant de l’intrus de la crème glacée au grand ordonnateur de cette soirée de rêve qui, soudain, se leva et vint s’agenouiller près de sa chaise, prenant sa main pour y recueillir l’anneau d’or glissé subrepticement dans la coupe de crème :
- Anthony Di Nozzo : il y a sept ans, lorsque je t’ai embauché dans mon équipe, si on m’avait dit qu’un jour tu finirais dans mon lit j’aurais vraisemblablement assommé l’idiot prétendant cela avant de te renvoyer, par mesure de précaution. Et j’aurais été le plus fieffé imbécile que la Terre ait jamais portée en plus de l’homme le plus malheureux au monde puisque je serais passé, sans même le savoir, à côté du bonheur. Depuis six mois, tu m’as rendu plus heureux que je n’aie jamais été auparavant : je ne peux pas imaginer la vie sans toi et je veux que tu deviennes officiellement mon époux. Je veux que tu acceptes cette alliance en signe de notre engagement l’un envers l’autre. Le veux-tu ?
Au bord des larmes, incapable de prononcer un mot, Tony se contenta de hocher la tête et son amant, un sourire radieux aux lèvres lui passa la bague au doigt avant de le prendre dans ses bras et de se mettre à danser avec lui au rythme de la musique tout en lui susurrant à l’oreille :
- Je t’aime Tony… Je t’aime comme un fou et je te défends de penser que ce n’est pas le cas.
- Je ne le penserai plus jamais, balbutia le plus jeune en se laissant porter par l’ivresse du moment.
Puis, s’éloignant un peu pour plonger ses yeux dans ceux de son compagnon, il quémanda avec un sourire mutin :
- Dis-le moi encore s’il te plaît.
- Quoi donc ? questionna Jethro, ne pouvant pas s’empêcher de le taquiner.
- Tu le sais bien, rétorqua le plus jeune avec une moue irrésistible. J’ai tellement attendu que tu me le dises… Je ne me lasserai jamais de t’entendre le répéter.
Alors Gibbs abdiqua et, serrant plus fort l’homme de sa vie contre lui, tandis que le désir les emportait, il répéta :
- Je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime…
FIN
Chanson de Mannick